ft. Kyl'rian — jungle cruise... without the cruise, but with the jungle.

Les voyageurs venant se perdre dans cette profonde jungle se font plutôt rares. Raison pour laquelle le Vastaya apprécie s’y rendre, afin de s’y ressourcer tout en faisant attention à ne pas croiser l’un des membres de son clan. Ou de son ancien clan, puisque la cheffe Vaa’Ti a choisi de le bannir de celui-ci. Une décision qu’il a toujours au travers de la gorge, mais qu’il accepte. Plutôt mourir que d’admettre avoir eu tort devant cette pimbêche.
Pour une fois, il avait laissé tomber l’imperméable, puisque l’humidité et la chaleur des environs satisfaisaient son organisme de sang-froid, jugeant qu’il n’y avait aucune raison d’étouffer ses écailles colorées dans son vêtement de prédilection. Il marchait dans une direction bien précise. Un lieu qui lui plaisait tout particulièrement et suffisamment caché pour réussir à se détendre.

Néanmoins sa route croise celle d’un jaguar alerte, fuyant visiblement quelque chose. Son premier réflexe fut de bondir pour se mettre à l’abri, car il n’avait pas spécialement envie de finir en casse-croûte de consolation. Son épiderme sombre réagit à son état alerte et sa magie se met à rejeter la lumière sur celle-ci, jusqu’à totalement disparaître dans le décor. Son dos se plaque contre le tronc d’un arbre voisin, s’assurant ainsi être en dehors de la route du félin gigantesque. Son attitude pousse néanmoins Kyl’rian à rester sur ses gardes et à s’interroger. Qui, ou quoi, avait fait fuir cet animal ? Sous son voile d’invisibilité, le vastaya serpent s’avance prudemment jusqu’à arriver à la destination qu’il souhaitait atteindre. Une humaine. Sérieux ?

Une grimace de dégoût fait sortir sa langue fourchue de sa bouche et déforme son visage. Ils en perdent, les prédateurs de cette forêt, s’il fuit devant une femelle humaine à poil.
Une femelle humaine qui squatte son lieu de repos, en plus.

Cette touche de mépris sans réelle mesure faite, il y a néanmoins du bon sens qui le traverse. Il cesse sa mimique déplaisante, invisible tout comme lui et s’attarde un peu plus sur les affaires laissées par celle-ci. Un sourire taquin s’effectue et il ne semble pas résister à l’envie d’essayer de la faire fuir à son tour. Sa posture sur sa branche se fait plus animale. Il est à quatre pattes, autant que ses mains et ses pieds servent à assurer un appui solide, et il se rapproche de l’extrémité de la branche.
Elle semble en alerte, alors le vastaya fait attention à sa manœuvre. Son appendice se déroule et le bout de sa queue forme un crochet. Celui-ci harponne les vêtements de cette humaine, puis remonte jusqu’au vastaya, qui se met à accrocher ces secondes peaux dans l’arbre, cachant ses morceaux de tissus dans les feuillages.

La réaction n’est pas tout à fait celle à laquelle il s’attendait, mais elle a le mérite de le faire rire. Un ricanement très particulièrement qui s’entend, qui n’a rien de celui d’un singe ou d’un enfant, puisque celui-ci est digne d’une hyène. S’il est capable de se rendre invisible, il est incapable de se rendre inaudible. Il lui faut quelques instants pour réaliser toute l’étendue de sa bêtise, avant de se demander si s’en était véritablement une. Cette primate avait compris qu’un voleur était dans le coin et il n’y a plus aucun intérêt à rester caché, lorsque l’on est démasqué. Malgré tout, il ne l’avait pas fait suffisamment tourner en bourrique à son gout.

Ce n’est donc pas immédiatement que le Vastaya décide de lui rendre service.

Avant cela, il fait d’abord la sourde oreille et ne se prive pas pour faire les poches de ses vêtements. Ne serait-ce que pour avoir un nom à lui donner, une origine quelconque ou un objet plus intéressant que ses babioles dont elle s’était rééquipée.

La première fois qu’il l’avait entendu, il avait pensé à un travers de son esprit. La seconde en revanche pique sa curiosité, car cette demoiselle ne doit probablement pas s’adresser à une seule entité invisible dans ces lieux, ce qui le pousse à croire que quelque chose ne tournait pas rond chez-elle.
« Tu parles souvent toute seule, humaine ? Vu que je ne t’ai rien dit jusqu’à maintenant, je doute que le “ta gueule, toi” m’étais adressé. » Des feuilles se mettent à tomber de l’arbre sous lequel l’humaine à poil se trouvait, signe qu’il n’était pas loin et qu’il venait de se mettre à l’aise en s’allongeant sur une branche et en croisant ses bras derrière sa tête. Une tenue qui n’avait ni l’air de choqué le vastaya, ni de le troubler et encore moins de l’intéresser. Elle pouvait même traverser la jungle dans cet accoutrement si elle le voulait, ça ne le choquerait pas plus que de raison. « Je n’ai pas l’impression qu’ils te manquent. Tu m’as l’air très à l’aise sans cette seconde peau. Assez pour me donner des ordres, héhé. »

Ont-ils une valeur particulière ? Est-ce que c’est une sorte d’armure ? Peu importe. L’invisible ne semblait pas décidé à lui rendre son bien et il se permet même de commenter : « Si tu y tiens tant, vient les chercher. Ils ne sont pas à ma taille, de toute façon. Qu’est-ce que j’en ferais, si ce n’est te les mettre à l’abri des insectes et des batraciens qui se planquent au sol ? » Il a suffisamment fait d’effort. C’est difficile de planquer convenablement des habits, il ne faut pas croire !

Restes à savoir si elle se prêtera au jeu ou bien si elle cherchera d’abord à lui en coller une.