strangers talk only about the weather — vi

Son regard dubitatif fut la seule réponse à sa remarque. Pas de signe ? Ses yeux, sa voix, son aura. Même sa manière de respirer étaient des signes que la nuit avait été chaotique, et beaucoup trop courte.
Et parler des Atlas ne permettrait pas un changement assez long, certes, Vi pouvait en parler pendant des heures entières, mais Caitlyn ne l’aurait pas sur ce terrain, mais la remarque était si douce que la Zaunite s' engouffra tout de même.

Les yeux fermés. Je te servirai de bouclier !

Un duo de choc, assez violent et efficace. Mais il est vrai que sans ses gants, Vi paraissait moins impressionnante, moins violente peut-être. Si seulement ils savaient, les criminels, que même sans cela, ses poings se fracasseraient contre des dents. Haussant les sourcils, la question qui lui traversa l’esprit fut “Pourquoi doivent-ils se hâter ?” Une légère inquiétude envahit son esprit. Des plans sur la comète, de plus en plus l’ombre de ses soupçons planent. Et si cela la rend plus directe et sans détour, la réponse fait sourire Vi.

Ce n’est pas si dur à croire. Tu en trouves toujours de nouveaux à feuilleter.


Cependant l’air sérieux revint bien vite.

Tu sais bien qu’on peut parler de tout. Qu’est ce qui te préoccupe à ce point?

La Zaunite ne bougeait pas, fixe, sur ses pieds, dans sa posture. Son regard perçant cherchant le moindre signe sur le visage tiré. Un sourire, des yeux tantôt fuyards, tantôt plongé dans le sien.
Ce fut un choc, légèrement interdite elle fixa la Piltovienne sans rien dire. Pourquoi fallait il que ses soupçons soient réel ? Parfois elle aimerais que ses talents de flics se résument à sa… manière de frapper.
Croisant les mains, elle soupira à son tour :

Peu de choses, des rumeurs que j’ai entendues ici et là.

Elle ne mentionnera pas qu’elle en a entendu parler dans des endroits peu fréquentables, les rumeurs circulant partout, ce n’était pas le moment. Au début, elle pensais que c’était le nouveau nom de l’air vicié de Zaun, mais non. C’était plus loin, plus vicieux aussi, et plus mortel.

Pourquoi ?

Dans son esprit, c’était une légère anarchie. Beaucoup de questions lui venaient, mais commencer par ce simple pourquoi l'empêchait de toutes les lancer en un instant.

Laisse moi deviner. Le conseil en a parlé.

Lorsque le conseil parle de ce genre de choses, c’est que du sérieux. Secouant la tête afin de remettre une de ses mèches loin de ses yeux, son air était sérieux, mais pas grave. Et si en temps normal elle aurait critiquer ce dernier, il n’était pas le temps à ce genre de stupidité.

Merde avoir raison, ca craint. Et ce n’est malheureusement pas le doux sourire de Cupcake qu’elle allait oublier le reste. D’un certain coté, elle pourrait lancer l’idée de fuir, d’aller loin, embarquer Caitlyn avec elle, la kidnapper surement à ce stade, aller vivre dans des contrées lointaine. Mais comment fuir un chaos qui veut englober tout Runeterra ? Est ce même possible ?

Un peu sèche, Vi soupire pour éviter de dire des choses qu’elle ne pense pas. Le conseil et elle, c’est une affaire un peu compliqué, et si Cait n’était pas la, il était certain qu’elle aurait finie exilée, ou pire, emprisonnée. Hochant la tête aux mots de la shérif il inspira.

Ouai, il traîne comme rumeurs que des Démacian arrivent en masse partout. Ils se cachent, sont terrorisés, mais ne parlent pas.

Voila ce qu’elle avait entendu, des gens apeurés qui se cachent, même dans les tréfonds de Zaun. Cela avait attiré son attention, qui viendrait protéger sa vie à ZAUN. Personne. Elle se retint de dire que le Conseil avait été gentil de se tenir au courant, et se contenta d’écouter avec horreur la suite des mots.

Il y aurait des survivants ? Leur dragon carrément ?
Soupirant elle s’installa plus au fond du siège encore. C’était grave, violent, et inquiétant. Si Vi ne connaissais Demacia que de nom et pour leurs pratiques politiquement discutables, elle ne souhaitait la destruction à personne. La phrase de la Shérif lui donna un frisson.


Son regard se posa sur les livres, et un sourire doux étira ses lèvres, elle avait quand même lu toute la nuit, en plus de cela. Fermant les yeux elle secoue la tête. Si seulement elle avait les réponses à cette question. Une réponse toute faite, joyeuse, et qui amène à un Happy-Ending. Elles se marièrent et eurent une vie magnifique.

Comme si cela ne suffisait pas que ce sois tendu pour tout et rien…  

Daignant se pencher pour regarder un des livres les plus prêt, elle abandonna bien vites les mots pour replonger son regard dans celui de la femme face à elle.

Tu as fait des recherches pour comprendre ce que c’était, n’est ce pas ?

Lançant un regard équivoque sur les livres et montrant d’un doigt les cernes sous les yeux de la Piltovienne elle se réinstalla :

Tu as trouvé quoi comme genre d’informations  ?

Si Vi était une tête brulée, elle savait, à force de travail avec la police et avec la rigide Kiraman, que se préparer à toute éventualité était la seule option.

On ne va pas attendre les bras croisés. On va faire ce qu’on peut pour se défendre contre ce nouvel enemi…

Elle ne promet rien, mais elle en sais toujours moins qu’elle.

Mais il faudra que tu dormes un peu, à un moment.

Lui faisant signe de lui passer un des poussiéreux livres, la concentration était marquée sur son visage.

Malheureusement, tu ne peux que valider ce qu’elle soupire. Qui parlerait ? C’est trop dur, trop récent peut être pour que cela soit facile, d’expliquer que l’on a vu son pays sombrer. Et si cela arrivait ici ? Non, il ne fallait pas l'imaginer, il ne fallait pas y penser. Mais c’était déjà trop tard, de nombreuses images dans l’esprit de la Zaunite firent irruption. Du passé, des possibilités macabres. Son coeur se serra alors qu’elle imaginait perdre les dernières personnes à qui elle tenait. Non. Elle ne laissera jamais cela se produire. Jamais.

Ils auront besoin d’aide… c’est injuste.

Et si toi, tu penses que Piltover pourrait aider, tu te rappelles qu’ils n’ont pas forcement voulu, pu tout simplement aider Zaun. Démacia était un peuple étrange, mais ils ne méritaient pas ca. Alors oui, il allait falloir se préparer, et si la violence ne suffit pas, peut être même que Vi tenterait d’autre choses. “Je ne perdrais pas tout une deuxième fois” . C’était un murmure, à peine audible, mais une phrase remplie d’une certaine motivation et d’angoisse. Un parfait mélange pour avancer. Jettant un oeil sur le mur, cherchant une carte du regard, Vi reflechissait. C’était une très bonne question, pourquoi Démacia ? Ionia était clairement plus prêt, Bilgewater aussi.

Un différend peut-être ? Le roi déchu en voudrait-il à Démacia et commence par leur peuple ? Une question de vengeance, un peu cliché et romantique mais…

Connaissant la Shérif, Vi imaginait très bien l’ebullition qui était en elle, ne pas savoir, ne pas avoir de solution, ne pas comprendre. Si parfois l’executrice savait abandonner lorsqu’elle ne savait pas, il était dur de faire capituler Caitlyn.

Tu penses qu’ils en savent plus à Bilgewater ?

Bilgewater, c’était pour Vi qu’un repaire de pirates et de bandits, un endroit sympa pour boire et voir du monde, mais y vivre ? Non.

Nous. On pourrait.

C’était sorti tout seul alors que Cait demander qui serait capable. Mais elles ne remplissaient pas malheureusement la case “passer inapercue”, mais en soi, c’était une idée. Un sourire étira ses lèvres alors que l’idée d’embarquer la jeune femme la bas l’amusais.

La question est aussi, y a t il de bonnes réponses.

Vi savait très bien qu’au final, la Shérif parlait plus seule qu’à elle même. Mais cela ne la dérangeait pas vraiment. C’est pour ça qu'elle attrapait les livres, précautionneusement.

Je sais être délicate. Je vais faire attention.

Les pages jaunis par le temps, elle fit un geste de la main :

Je suis très bien sur ma chaise merci.

Elle dévorait les mots, ce que Caitlyn avait mis une nuit à lire, et si elle quitta sa lecture pour lancer un regard dubitatif à sa partenaire, elle se retint d’être elle-même.

Si tu tombes de fatigue, ca devient aussi dangereux. Mais je ne dirais plus rien.

Pas besoin de la froisser, pas besoin de provoquer une dispute maintenant. Elle pouvait sentir les muscles tendus de la Piltovienne sans même la toucher. Attrapant un second livre, elle y trouvait peu d’informations, du moins, pas ce qui l’intéressais elle.

Il n’y a pas de recette magique, pas de “Il vous faudra trouver cet objet dans un temple perdu pour dissiper la brume”. A croire qu’elle n'a jamais été envoyée sur d’autres contrées. Ce serait la première fois ?

Certains mots revenaient souvent, déchu, brume, spectre, Roi déchu. Quelques dessins, un peu usés. Et c’est sur cela que son regard s’arreta. Certains motifs se répétent souvent.

Tu as une idée de ce à quoi correspondent ces dessins ?

Tournant le livre dans le bon sens, elle lui montra des motifs que l’on trouvait sur les deux premiers livres ouverts. Il y avait une pelleté d'autres livres et elle allait en ouvrir un 3eme.

Ils sont présents dans tous ?

Un petit sourire était accroché à ses lèvres, malgré le dramatisme de la situation. Pourquoi ? Elle imaginait seulement Caitlyn en train de tout feuilleter dans son immense chambre.

Secouant la tête à la mention de la mère de Caitlyn, des souvenirs reviennent. Leur première rencontre restera sûrement gravée à vie dans l’esprit de la Zaunite, si ce n’est dans la peau, heureusement qu’elle n'avait pas appuyé sur la gâchette.

On fera de notre mieux.

C’était une non promesse, car elle sait, au fond d'elle, qu’elle ne saura pas aider Demacia tant que Zaun et Piltover seront son foyer. Le geste de la Shérif la sort de sa torpeur, peut être serait elle restée figée à penser. Son regard plonge dans celui de la Shérif, avec elle, elle changerait le monde, avec elle, elle oubliait l’ancien monde. Mais non, elle se met en quête d’informations, et si elle ne trouvera surement rien de plus que ce que Caitlyn a trouver, elle ne restera pas là les bras ballant, à attendre que le temps passe.

Des faits anciens. Elle parle de sentinelle et finalement le regard de Vi se pose sur certains dessins qui l’interpellait. Le symbole des sentinelles. Elle releva les yeux, observant la Shérif déblatérer de nombreux mots, morceaux de phrases. Hochant la tête lorsqu’elle est d’accord et fronçant les sourcils lorsqu’elle commence à perdre le fil.

On ne peut pas partir, c’était une mauvaise idée. On laisse Piltover et Zaun seuls, on les retrouve en flammes. Je ne suis pas fan de l’idée. On ne se pardonnerait pas notre propre départ.

Et c’est un peu des menottes, ces deux villes, les prenant en tenailles, des drames, du vandalisme pur, du terrorisme. Tout se répète, les mots se ressemblent, les dessins semblent dire et rien dire. Si la migraine n’est pas encore présentée, un haussement de sourcils change l’expression de son visage. Comment pouvait-elle ne pas s’endormir debout ?

On pourra toujours essayer plus tard, et si on se perd, on dira que c’est à cause de mon mauvais sens de l’orientation.


Une divergence d’esprit alors que finalement, elle reporte son regard sur ce que Vi montrait.

un étang ? Des Noyés ? Il faudrait trouver des experts dans cette histoire, ils doivent bien exister.

Les sentinelles, le regard de la Zaunite devint amusé.

Tu crois qu’elles existent toujours ?

Continuant à feuilleter les pages, et malgré de nombreux efforts, Vi était perplexe. Comment trouver ce qui se cache ? Il n’y avait pas de bureau avec "Sentinelles" marqué au-dessus, malheureusement.

Tu as raison. On doit les trouver, ou trouver un moyen de les contacter.

Une lumière dans le ciel ? De la peinture sur les portes ? Quels signes pourraient bien permettre de les trouver. Peut-être trouveraient-ils dans les livres un quelconque indice ? Elle l’espérait au fond d’elle.

Avec les rumeurs sur le retour de la brume… cela les fera peut-être sortir de leur cachette plus facilement….  Non ?

Ou au contraire ? Vi était peu calé dans ce genre de culture des mythes et contes. De plus, si cela touchait à la magie, c’était encore moins son domaine d’expertise. Cependant, ce qu’elle ne comprenait pas, c’était pourquoi ils ne s’étaient pas encore manifestés.

Après tout, trouver des gens, c’est notre travail non ?

Faisant un clin d'œil à la Shérif, l'exécutrice poussa doucement le livre devant elle.  Bon, le but n’était pas de les passer à tabac non plus.

Pas besoin de mots pour dire les choses, et si Vi est une piplette de renom dans le comissariat, elle sais très bien utiliser les silences pour se faire entendre. C’est peut être une des qualités de Caitlyn qui a déteint sur elle avec les années, car le silence qui suivra cette phrase, vaut bien des mots. Pas besoin de parler lorsque l’on se comprend. Pas besoin de parler, parfois, les gestes suffisent. Car si une chose est bien certaine, c’est que l’amour que portent les deux jeunes femmes pour les deux villes est réel.

Un petit rire peu élégant échappa à la Zaunite. Elle imaginait si bien se perdre. Déjà que dans les grands bâtiments, avec de nombreux couloirs, elle pouvait se perdre… C’était cocasse, laissez la en ville, et elle peut retrouver son chemin, enfermer la quelque part, et vous la retrouverez devant une porte à se demander si c’est un cabinet de toilette ou bien la porte de sortie.

Faites attention Shérif, vous prononcez des mots qui me ressemblent bien plus qu’à votre tour.

Le clin d'œil était amical, amusé alors qu’un bâillement échappait à Caitlyn. Vi voyait bien l'énergie qu’elle utilisait pour garder contenance, pour ne pas s’endormir sur le bureau la tout de suite.

Ils poseraient des questions, on validerait des craintes, ils seraient frileux à l’idée que l’on trouve des choses qu’ils ne veulent pas qu’on voient.

La méfiance de Vi pour l’académie n’était pas réelle, mais elle les connaissait quand même un peu pour cet aspect secret, vieux jeux aussi, mais ce n’est pas le sujet. Pourtant elle faisait confiance à de nombreuses personnes y travaillant, comme Jayce. En y pensant cela lui échappa cependant :

On aurait pu demander à Jayce. Mais vu le danger qui guette il pourrait devenir contre productif. Tu sais ce qu’il en pense ?

L’amitié entre les deux n'était plus à prouver. Et si une certaine jalousie régnait entre la policière et le politicien, elle ne le montrait que rarement à Caitlyn, du moins, c’est ce qu’elle pense.


Les sentinelles allaient être leur seul espoir, seule solution devant cet ennemi inconnu.

Même les Chem-Barons semblent un adversaire moins compliqué à comprendre…

C’était un soupir, avant qu’elle ne continue :

On aime les choses difficiles toi et moi. Les sentinelles ont un symbole, et si Piltover est friande en architecture, peut être trouverons nous en ville des indices quand à l’endroit où elles se cachent ? Une peinture sur un mur, un symbole incruster ce genre de choses ?

Des signes, des indications. S’il fallait passer la ville au peigne fin la jeune femme le ferait sans hésiter.

Ca parait stupide dit comme ca… mais bon.

Levant enfin les yeux de ces pages vieillies et poussiéreuses, elle regarda la shérif plonger la pièce dans une obscurité encore plus profonde, seul la lumière du bureau permettait à la Zaunite de distinguer les gestes de la shérif. En contre jour, elle la trouvait encore plus belle. Mais c’est son esprit qui divague, alors qu’elle voit des signes de fatigue dans la démarche de Caitlyn. Elle ne dit rien mais son regard ne quitte plus la piltovienne des yeux.

Sympa l’ambiance tamisée.

Quittant enfin son siège elle s’approcha de Caitlyn.

Je ne suis attendue nulle part, je dois attendre que les réparateurs aient fini leur travail.

Cette manie qu’avait la shérif de la virer de son bureau donnait envie à la jeune femme de s’incruster encore plus. Attrapant doucement le bras de cette dernière, elle sourit doucement.

Si je te lâche, tu tombes de fatigue?

Tant de choses reposent sur les épaules de cette dernière, Vi aurait déjà explosé, mais Cait était forte. Assez pour gérer plein de choses à la fois. Mais mentir à Vi était peut être la chose qu’elle n’arriverait pas à faire souvent.

Haussant un sourcil à la remarque de la Shérif, le sourire de Vi s’étira un peu. Lui ordonner de partir, si ce sont des ordres qu’elle pourrait lui donner, la Zaunite préférerait d’autres ordres, différents. Elle sortirait cependant, si c’était un réel ordre. Mais que si c’est elle qui le donne… Etait- ce si mal que ça de déteindre sur elle ? Une réelle question qui se posta dans son esprit alors que la réponse à sa question était on ne peut plus claire.

Oui, non, partir en croisade avec Jayce n’est pas la bonne idée. Il ferait encore des bêtises. Et puis il a déjà bien des choses à penser.  

Elles avaient ça en commun, ne pas donner des fardeaux aux autres. Et si cela les mettaient parfois dans des situations plus que douloureuses et compliquées, pour rien au monde elles entraîneront des personnes dans une chute qu’ils ne sauraient gérer.

Contente que son idée sois prise en compte, avec sérieux, réchauffa un peu l’ego de l'exécutrice, la proposition était plus que tentante :

Te connaissant j’aurai pensé que nous partirions de suite. Mais ce soir, cela me va aussi.  

Tout allait à la Zaunite. Maintenant, demain, ce soir, dans 5 heures. C’était important de s’occuper de cela. Cependant elle n’était pas stupide, l’horaire était repousser pour des raisons plus qu’évidentes. Cela laissera du temps à Vi pour récupérer ses gants, pour trouver une carte transportable de la ville, et des marqueurs rouges comme Caitlyn les aiment tant.

Une nouvelle chose à porter sur les épaules, et si celles de Vi sont solides et peuvent supporter le poids, elle remonta sa main sur l’épaule de la Shérif. Dans cette obscurité étrange, elle ne distinguait pas tout, et tant mieux, car elle aurait peut-être réagit différemment alors qu’elle ne cherchait juste qu’à éviter de retrouver la Shérif au sol d’ici 5 minutes.
La tête de Caitlyn tomba doucement sur l’épaule et Vi ne put cacher son sourire.

Je saurais te rattraper si jamais.  

Combien de fois ont elles dû s'aider, se soutenir pour ne pas tomber. Combien de fois leurs épaules ont-elles dues se soutenir l’une et l’autre. Peut-être déjà trop de fois. Mais pourquoi aller jusqu’à la ? Elle ne remarqua pas la couleur rubis des joues de son amie, occupée à scruter la pièce des yeux, accrochant son regard au canapé dans lequel elle même s’était déjà endormie.

Bien sûr que non.  

Son ton était doux alors qu’avec une délicatesse particulière elle entraina la shérif vers le canapé.

Assieds toi la.  

Et si elle ne le faisait pas, ce serait Vi qui l’y pousserait, avec un plaisir non caché. Elle ne lâcha pas le contact avec cette dernière. Elle aurait pu la prendre dans ses bras, et l’y serrée. Si forte était l’envie, si forte était la détermination de Vi à ne rien faire en ce sens.

Certes, il est moins confortable que ma personne pour dormir. Mais je ne te traîne pas dans tout Piltover sans que tu aies dormi.  

Le ton était on ne peut plus sérieux. Et pour la convaincre, la jeune femme avait des arguments :

Je vais préparer tout ce qu’il faut pour ce soir, et comme tu seras certaine que j’ai oublié des choses tu compléteras tout ce que j’aurais mis de côté, mais pour ne rien oublier, il faut que tu aies… dormi.  

Montrant le canapé de la main elle continua :

Après je peux aussi rester, te chanter une berceuse. Veiller à ce que personne ne rentre dans ton bureau quelques heures et continuer de feuilleter les livres que tu as ramenés pour qu’on soit à un pied d’égalité.  

Descendant finalement son regard vers celui de Cait (autant que se faire se peut) elle attendait de savoir, s’attendant à “je ne vais pas dormir” elle posa son autre main sur le second bras de Caitlyn, c’était un peu un câlin au fond, mais il ne faut pas le dire.

Caitlyn défendra toujours Jayce et cela fit sourire vi. C’était une douce litanie, et le sermon n’était pas méchant, car au fond elle appréciait l’inventeur et ami de Caitlyn. Si une jalousie latente existait, elle le considérait aussi comme un ami. Heureusement, cela rendrait les choses si difficiles sinon.

Moins que moi. C’est ça ?

L’excuse des gants, parfaite pour la shérif, et pour l'exécutrice. Vi hoche la tête, approuvant l’argument.

Ils seront perdus sans nous. Non. Sans toi. Tu as raison, restons ici.

Entre ses mains, la Piltovienne semblait être une poupée de chiffon, fragile, cassante, harassée de fatigue, les muscles prêts à lâcher. Que serait elle de la lâcher maintenant ? Pour quoi passerait-elle ? Ce n’était pas son genre, et elle sourit doucement à la remarque de cette dernière. C’était une force de leur duo sur le terrain, pas besoin de mots, pas besoin de stratégie (ou du moins si, mais Vi ne la suivant jamais), juste être là pour se ramasser quand cela tourne mal, pour se mettre à l’abri et donc survivre.

La chaleur de cette dernière réchauffait le coeur de la Zaunite. Malgré son esprit perturbé par les infos qu’elle venait d’entendre, cela ne changeait pas. Pourquoi sauver le monde si c’est pour n’y trouver personne ? C’est une pensée lointaine alors qu’elle imagine la brume envahir la ville, à quoi penserais vi en premier ? Pas besoin de réfléchir.

Et finalement, c’est l’ensemble de ses phrases et contradictions, à l’image de cette tempête dans son esprit qui se fait pointer par les paroles de l’endormie.

Ce n'est pas faux. Je me contredis.

Serrant la main de cette dernière avec douceur, elle l’aida à s’asseoir sur le canapé. Malgré le fait qu’elle ait l'habitude d’entre des gens baragouiner, elle dû tendre l’oreille et réfléchir à ce que la Shérif cherchait à dire. Ne pas dormir ? elle y croit moyennement, mais soit, haussant les épaules elle suivit du regard celui de Caitlyn, une carte, des livres. Un programme sympathique.

J’arrive alors.

Attrapant les nombreux livres qui trônaient sur le bureau, elle les apporta tous sur la table à côté du canapé, retournant derrière le bureau pour attraper la fameuse carte. Déjà gribouillée de petits mots partout, elle la décrocha délicatement, l’apportant à son tour. Mais elle refit un aller retour, partant chercher ce qui se trouvait toujours sur le bureau de la Shérif : un carnet, un stylo.

Aller, au travail. Je lis les livres que je n’ai pas encore feuilletés, et tu regardes la carte ? Les deux en même temps ?

Attrapant un des livres encore inconnus, elle s’installa à côté de Caitlyn, apportant au plus près la table avec les divers outils de recherche. C’était une escuse au fond, pour s’installer à coté d’elle. Elle aurai pu prendre la chaise, se mettre en face, mais le canapé était bien plus confortable et Vi s’y était déjà endormie de nombreuses fois.

On pourrait peut-être commencer par fouiller le Port ? ou bien prêt de la guilde des explorateurs ? Ça pourrait coller.

Ouvrant le livre avec délicatesse elle murmura avant de se plonger dans sa lecture :

Si tu as besoin de quelque chose tu me dis, j’ai pris tout ce qui me semblait important mais j’ai peut être oublié des trucs sur ton bureau.

Mais déjà les mots envahissent son esprit, et son sérieux reprend le dessus. Trouver des indices. C’était la clé.

Un petit sourire étire les lèvres de la jeune femme. Ce n’était pas si faux, la ville tenait grace aux efforts de la police, dont elles font partie. En quelques années, elles avaient réussi à mettre nombreux criminelles derrière les portes de la prison de Piltover. Elle répéta distraitement le sans nous. C’était un peu étrange, mais Vi n’était pas du genre à se lancer des fleurs.

Elle fut tout de même étonnée que la Shérif ne râle pas sur le fait qu’elle “fouillait” le bureau, c’était une énième preuve de sa fatigue, et pour éviter n’importe qu’elles remarques, elle y mettait une précaution et une attention très particulière. En général, lorsqu’elle touchait aux affaires sur ce bureau, elle se prenais une réflexion. La, seul le regard de la Piltovienne dans son dos, pas un bruit, pas un mot.

Peu à peu la table basse étaient recouvertes de livres, de la carte, et de papiers en tout genre. Jetant un dernier regard sur le bureau maintenant vidé de ce qui semblait utile, Vi se réinstalla sur la canapé, lancant un regard sur le mains de la jene femme, épingles en main :

Attention avec ces armes Shérif.

Et le sérieux revient encore, elle réfléchit aux endroits dans lesquels un endroit secret pourrait être caché.

Beaucoup trop d'énergie. Une tête à claque tu veux dire !

Ses yeux rivés sur un des livres, elle jette des coups d'œil vers les mains de la Shérif qui note, griffonne… gribouille ? Cela se voyait à ses gestes lents que la nuit avait été dure. Lançant un regard vers le visage de cette dernière, elle pu voir ses joues crispées, la fatigue se dessiner sur les traits fins et nobles de ce visage si souvent observés.
Mais le sérieux quitte les pensées de l'exécutrice alors qu’elle parle d’Ekko. Il ne faut pas grand chose pour chasser la brume de son esprit, pendant un instant du moins elle revoit le passé. Elle revoit ce qu’il c’est passé, sur ce pont, cette nuit-là. Ses muscles se crispent alors que ses mains serrent le livre entre ses doigts.

Peut être oui.

La voix un peu sèche, lointaine alors que tout s’efface par un contact inattendu. Son visage se tourne doucement sur son épaule dont la tête de Cait vient de percuter. Ses yeux fermés, sa bouche qui continue cependant. Une chose est sûre, si elle arrête de parler, cette dernière va se réveiller.

On fouillera le moindre recoin des deux villes. Pour trouver des indices et avancer. On y passera des jours et des nuits s’il faut, tant qu’il n’y a pas d’enquête urgente je ne ferai que ça. Puis je connais les recoins sombres, s’il faut les fouiller…

La voix sèche était devenue bien plus posée et calme, un léger accent qui traine alors qu’elle ouvre un autre livre, faisant attention à bouger le moins possible. De l'extérieur, cela pourrait être amusant de la voir se tordre ainsi, tendre le bras vers la table sans bouger l’autre épaule, la langue tirée et exprimant dans le regard de nombreux sentiments confus.

Je vais me dessiner le symbole des sentinelles sur une feuille que je garderais avec moi, on ne sait jamais, pour être sûre.

Attrapant une des feuilles et un crayon, elle joint le geste à la parole, dessinant simplement mais presque fidèlement le symbole sentinelle dessiné dans le livre sur ses genoux. Son regard dérive vers la Sherif, son crayon dessinant de moins en moins ce qu’il aurait dû dessiner.

Le volume sonore de la voix de la Zaunite descend doucement, comme s’il fallait ne pas se faire prendre à parler. Comme lorsqu’elle restait réveillée tard la nuit, parlant avec les autres des quartiers alors que la nuit était tombée et qu’il était plus que temps de dormir. La voix était descendue, peu à peu.

C’est ce qui fit qu’elle fut sèche, sa voix, à parler de choses du passé, à effleurer cette cicatrice qu’elle aimerait parfois pouvoir effacer de sa mémoire. Mais non, elle ne pouvait pas, et c’était ainsi. Pourquoi avait-elle parlé d’Ekko ? Elle ne pourra le savoir aujourd’hui alors que le dodelinement de tête de Caitlyn est de plus en plus fort. Le geste de la Piltovienne suffit à l'apaiser, ce geste doux, rassurant, chaleureux. Elle eut envie d’y poser sa main, mais cela demandait de lâcher le livre, et donc de bouger son épaule.

Elle luttait, et Vi comptait les minutes avant que le sommeil n’emporte définitivement son amie.

Hum ? Désolée de ?

Se réveillait-elle finalement ? Elle suivit le regard, faisant une moue gênée que la shérif ne verra finalement pas. Prendre mal la réflexion de Caitlyn ? C’était totalement impensable. Le dessin n’était pas un art dans lequel excellait Vi, pas du tout. Cela ne ressemblait pas à grand chose, un croquis vaguement ressemblant...un… gribouillis.

Mais c’est méchant !

Elle baisse directement sa voix alors que la tête, et silhouette de la shérif sombra dans le sommeil… sur ses genoux.
Les joues de Vi prirent un rouge immédiat alors que son air outrée par la réflexion fut remplacé par un sourire plus que tendre.

Et donc dormir n’était pas prévu hein.

Poussant doucement le livre pour laisser la place confortable à la Shérif, la policière soupira, attrapant un autre livre moins imposant pour continuer de lire.

On s'endort si facilement dans ce canapé hein ?

Livre dans la main droite, sa main gauche se posa affectueusement sur la tête de celle qu’elle adore appeler Cupcake. Passant rêveusement dans les quelques mèches en bataille, jouant avec.
Pas de réaction ? Vi haussa un sourcil, se penchant un petit peu pour observer le visage endormi sur ses genoux. La fatigue diminuait, ce n’était plus ce qu’on lisait sur le visage, elle était loin la brume noire, remplacée sûrement par des rêves bien plus doux et chaleureux que l’idée de la mort imminente de Piltover ou de Zaun. Curiosité, à quoi pouvait elle rêver si soudainement ? Peut être à des choses bien rangées, c’était la chose la plus probable.

Repose toi bien Cupcake.

Ses lèvres se posèrent délicatement sur la tête de cette dernière. Elle ne pourra pas lui en vouloir, vu qu’elle ne le saura pas, non ? Un baiser si simple, juste pour appuyer ce qu’elle disait plus tôt, qu’elle serait toujours là. Et parce que plus est interdit. Les joues rougies de la Zaunite étaient toujours aussi rouge alors qu’elle s’installa de manière à pouvoir lire les livres tout en laissant sa main sur la tête de la jeune femme. Vi allait se rappeler de ce moment, et alors qu’elle se replongeait dans une lecture bien triste, un murmure lui échappa:

Chacun son tour.

FIN