The end of loneliness ? ▬ Annie & Swain

« Tibbers ! Faut que tu arrêtes de manger des adultes méchants ! Sinon leurs amis vont encore venir. » Je sais que Tibbers fait ça pour me protéger. Mais si on fait pas attention, les méchants finiront par nous attraper. Et s’ils nous attrapent, Tibbers et moi on pourrait être séparés. Moi ça, je veux pas. Je regarde mon ours géant en faisant semblant d’être fachée. Il a l’air triste. Je m’excuse et je lui fais une caresse sur le ventre, avant de me blottir dans ses gros bras tout doux. « Faut surtout pas qu’on nous sépare. Moi sans toi, je serais encore plus triste. » Il me dit que personne ne nous séparera. Qu’il sera toujours là pour faire partir les méchants. J’en suis consciente, mais j’ai peur.

On a grimpé dans la montagne de fer et de piques, pour se cacher. Je dis de fer et de piques, mais elles ne sont pas vraiment comme ça. Papa disait juste qu’elles s’appelaient comme ça. Heureusement que Tibbers m’a porté, parce que moi toute seule, je me fatigue très vite. Alors que Tibbers est grand et fort. J’ai faim. Alors je sors un gâteau du sac de la Madame que Tibbers a mangé tout à l’heure. Je croque dedans, et ça fait du bien de manger un peu. Je tends un morceau à Tibbers, mais je pense qu’il a pas faim parce que lui, il a déjà mangé. « Dis Tibbers, tu penses qu’un jour on aura une maison rien qu’à nous ? Comme avec Papa et Maman ? » Il me répond que oui. Tibbers me rassurait toujours, alors j’étais contente.

Je sors un livre du même sac où il y’avait le gâteau. Vous savez moi, je sais lire. C’est Papa qui m’a apprit. Grâce à la lecture, je m’ennuie beaucoup moins. Je montre à Tibbers une image d’un démon qui fait la bagarre à un ange. « On est lesquels nous Tibbers ? » Je suis une gentille petite fille, mais des fois, je me demande si je ne suis pas méchante. Parce qu’il se passe toujours des choses terrifiantes quand quelqu’un me fait peur ou essaye de faire du mal à Tibbers. Mais c’est pas de ma faute, pas vrai ? Papa disait que parfois il fallait faire des choses pas bien pour se protéger. Je pense que c’est ce que Tibbers et moi on fait.  On se protège.

Les nuits paraissent courtes en bonne compagnie, les veilles semblent longues dans la solitude. Les corbeaux l’ont observé depuis le drame, Raum ayant informé le triumvir de l’accident. Pauvre petite fille, victime de son propre potentiel, errante à travers les montagnes et les bois du Nord. La Vision était de séjour dans les Monts-Pic-de-Fer. Ce dernier avait des affaires à régler à Delverhold. Une forteresse montagnarde dont les riches mines alimentent Noxus en or et en fer.

- Elle se cache non loin de nous, Swain.

Il le savait bien. La petite tentait désespérément de trouver un endroit sûr. Un chez-soi ou elle pourrait être en sécurité. Un lieu où elle pouvait s’endormir sans se faire du souci. Un foyer.

-J’en suis bien conscient, Raum. Nous y allons immédiatement.

Les ailes au plumes noires baignant dans une énergie obscure se déployaient à l’aide d’une impulsion d’énergie occulte. Le corbeau avait pris son envol en direction de l'âme solitaire. Les voyages aériens permettaient à Swain de se questionner sur divers sujets. Il pensait cette fois-ci à son passé. Son enfance à Noxus était presque parfaite, lui qui a pu profiter des délicieux avantages de l’aristocratie. Cela ne l'a pas empêché de mettre fin aux jours de ses parents, pour le bien de la patrie.

- Est-ce le bon choix ? La question te hante toujours apparemment.

Raum ne pouvait s'empêcher d'interférer dans les pensées du Grand Général. Voilà donc l’une des contraintes lorsqu’on lie son âme à celle d’un démon. On se doit de supporter son sale caractère.

- Silence. Nous sommes arrivés à destination, j’arrive à l'apercevoir.

La silhouette se dessina petit à petit au loin. Ce qui trahissait la venue de Swain était les corbeaux. Les volatiles se rassemblaient petit à petit sur les arbres et formations rocheuses entourant la jeune Annie. Quelques instants s'écoulaient avec le croassement des corbeaux et le sifflement du vent glissant sur les parois rocheuses des montagnes. Le voilà enfin. Il descendit avec une élégance sans pareille. Tel un ange banni des cieux dont les ailes se sont assombries de tristesse. Les ailes du démon des secrets se repliaient finalement à son atterrissage sur la neige craquante.

- Bonsoir petite fille. Tu dois être Annie, je me trompe ? Annie Hastur. Ce gentil ours qui t’accompagne si fidèlement doit être Tibbers. Que faites vous ici toute seule ?

« Je ne vous donnerais pas mes gâteaux, les méchants oiseaux ! » Avec mes petites mains, je fais des gestes pour faire partir tous les oiseaux autour de Tibbers et moi. Y’en avait beaucoup, et ils faisaient beaucoup de bruit. J’ai mal aux oreilles à cause d’eux. Je suis sûre qu’ils veulent mes gâteaux. Mais moi je ne leur donnerais pas. C’est Tibbers qui me les a donnés, alors je ne leur donnerais rien ! Puis moi je suis une petite fille, j’ai besoin de mes gâteaux ! Les oiseaux, eux, ils mangent pas ce que mangent les petites filles. « Tibbers, tu vas voir, je vais les faire partir, comme une grande ! » Moi aussi je veux montrer à Tibbers que je peux le protéger. Alors je tends mon bras droit, les sourcils froncés. « Vous allez voir les méchants oiseaux ! »

Mais le feu de ma main s’est éteint à la seconde où un Monsieur avec des ailes arriva devant moi et Tibbers. Mes yeux sont devenus tout rond, et j’ai ouvert ma bouche, surprise. Devant moi, il y’a un Monsieur Démon ! Il connait mon prénom et celui de Tibbers ! Personne connait mon prénom. Encore moins mon nom de famille. « T’es qui Monsieur ? T’es un démon ? Comme dans mon livre ? » Si c’est un démon, ça veut dire qu’il est méchant, non ? Il va me faire du mal ? J’ai peur. Alors je me cache derrière Tibbers. Si je lui réponds, il sera peut être pas méchant. « Je me cache des méchants adultes. Ils veulent me séparer de Tibbers. Et moi je veux pas être séparée de Tibbers ! » Je commence à pleurer. « Monsieur le démon, tu veux me punir parce que Tibbers a mangé ces adultes ? Tu sais, c’est parce qu’ils étaient méchants qu’il a fait ça! » S’ils avaient été gentils, Tibbers ne leur aurait rien fait, je le jure !

Pauvre petite. Rien de plus honnête qu’un enfant au cœur pur, protégé des perversions du monde extérieur. La stupéfaction dans son regard a rapidement laissé place à la peur. Se réfugiant derrière son protecteur, l'âme innocente s'interroge sur la nature de son interlocuteur. «Ce n’est pas très poli de traiter les gens de …» Malheureusement, la jeune Annie n’a pas laissé le temps au général de répliquer correctement. Prise de peur, elle commença à verser toutes les larmes de son corps, tout en confessant sa peur d'être séparée de son compagnon de voyage. La situation était plutôt compliquée. S'il est aisé pour lui de diriger des armées a la conquête d’un bastion, gérer les pleurs d’un enfant … plus complexe.

«Le grand général Jericho Swain, la vision de l’Empire et fondateur de la Trifarix ... sans voix devant une petite fille. Nous sommes déçu, Swain ! Terriblement déçu !»

Toujours présent pour ajouter son grain de sel. Décidément, Raum a eu du temps pour observer la race humaine. Ayant visiblement maîtrisé l’art de l’humour, au grand plaisir de Swain. Il fallait absolument mettre l’enfant en confiance, rien de plus frustrant que les pleurs d’un gosse. «Voyons, calmes toi mon enfant. Respire profondément. Je n’ai pas l'intention de te séparer de Tibbers. Si tu te montres faible ainsi, tu prendras le risque de mettre ton ami l’ours en danger. Je ne pense pas que tu veuilles le perdre aussi ? Le problème, c’est que tu te diriges vers un endroit extrêmement dangereux. Si ce n’est pas le froid qui tuera ton ami, ce seront les trolls de glaces qui le feront.» La voix de la vision était calme et apaisée, tentant tout son possible pour rassurer l’enfant. Un enfant avec ses capacités ne devait pas se perdre dans les contrées sauvages de Freljord. «Je te propose, ainsi qu'à Monsieur Tibbers également, d'être mes invités pour ce soir. La nuit va bientôt tomber et un grand banquet en mon honneur se prépare. De quoi remplir ton ventre pour que tu puisses mieux grandir.» Swain tendit sa main salvatrice à l’égard d’Annie. « Il devrait y avoir quelque chose pour Mr Tibbers.»

«Décevant Swain … c’est pathétique !»

« Tibbers ne peut pas mourir à cause du froid. » J’essaye d’arrêter de pleurer mais c’est pas facile quand j’ai peur. « Parce que moi je le réchauffe avec mon feu. » Des trolls de glace ? C’est des monstres ? Moi je veux pas que des monstres tuent Tibbers ! Alors j’écoute le Monsieur démon. C’est bizarre, mais je crois qu’il me veut pas de mal. Parce qu’il a dit qu’il me séparerait pas de Tibbers.

Je suis un peu plus rassurée. J’essuie mes larmes, je respire très fort comme l’a dit le Monsieur démon, et je fais une caresse à Tibbers avant de me mettre devant le Monsieur. « Tu nous invite dans ta maison Monsieur ? Comme à un anniversaire ? C’est ton anniversaire Monsieur ? T’as quel âge ? » Papa disait qu’il fallait pas que je pose trop de questions aux inconnus. Mais j’aime bien parler aux adultes quand ils ont l’air gentils. Je regarde mes gâteaux que j’ai fait tombé sur la neige quand le Monsieur est arrivé. J’ai encore faim. Est-ce qu’à son anniversaire je pourrais manger comme avec Papa et Maman ? Je touche mon ventre qui chantait à cause de la faim. Tibbers me dit que tout se passera bien si je vais avec le Monsieur. « Tibbers, tu peux redevenir une petite peluche s’il te plait ? » Tibbers m’écoute, alors je prends dans mes bras la peluche. J’attrape la main du Monsieur. « Si tu mens Monsieur, Tibbers te le fera payer ! » Je souris ensuite, impatiente d’aller à l’anniversaire de Monsieur le démon.

La main du Monsieur Démon, elle est froide. J’espère que je vais réussir à la réchauffer avec ma chaleur. Je suis un peu surprise quand il me dit qu’il faut pas dire de choses méchantes. Maintenant que j’y pense, c’est vrai que je dis souvent des choses méchantes ces derniers temps. Je repense à Papa quand le Monsieur l’évoque. J’essaye de ne pas me remettre à pleurer. « De toute façon Papa il est mort, il pourra pas me gronder ! » C’est comme ça. Je n’ai plus de papa maintenant alors je fais ce que je veux. « Marguerite c’était pas ma sœur. Je l’aimais bien mais des fois elle était pas gentille avec Tibbers, alors je m’en fiche de ce qu’elle pense. » Je suis un peu insolente, mais c’est normal. Ca fait un petit moment que j’ai plus d’adultes pour me dire ce que je dois faire.

Dommage. C’est pas l’anniversaire du Monsieur Démon. Il me dit son âge, et je trouve que c’est jeune parce que ça dépasse pas 100 ans. Alors que Zoé et Madame Sjaël, elles sont vieilles ! « Alors t’es quelqu’un d’apprécié Monsieur. T’as fais quoi pour que les gens te fasse à manger ? » Mais le Monsieur il aime pas trop ça. Peut être qu’il est pas très sociable. Je sais pas trop. « Pourquoi tu veux y aller si tu n’aimes pas ? » Je suis super curieuse moi. Je le trouve intéressant le Monsieur Démon.

Mes yeux ils brillent quand il me dit que je pourrais prendre un bain et dormir dans une maison. Je suis toute sale, et dormir dehors c’est pas confortable, alors je suis toute contente. « Merci Monsieur le démon ! » Même si j’espère que c’est pas un piège. De toute façon Tibbers me sauvera si le Monsieur Démon m’enferme dans une prison.

Je souris quand le Monsieur démon dit que je suis forte. J’ai pas mangé assez de soupe, et je suis pas très grande, mais c’est vrai que je sais me débrouiller toute seule. Sinon je serais déjà morte dans la forêt. « Tu vas m’apprendre à devenir un loup Monsieur ? » Mais il parlait du vrai animal ? Non je pense que c’est une expression d’adulte. C’est comme Papa, il m’appelait « Ma Luciole » alors que je n’en suis pas une. Ca veut dire que Monsieur le démon va m’appeler « Mon petit Loup ? » Je grimace. Je trouve ça bizarre. Ca me plait pas du tout.

Monsieur le Démon il me prend dans ses bras, alors Tibbers et moi on s’accroche bien à lui. Une balade dans le ciel ? Ca veut dire qu’on va voler ? « T’en fais pas Monsieur le démon, j’adore voler dans le ciel moi ! » Avec Zoé j’en avais déjà fait l’expérience alors çe me fait plus peur maintenant. J’aime trop les balades dans le ciel. Tibbers aussi.