En cette fin de matinée, le soleil rayonne de mille feux, le ciel est d’un bleu azur sans un seul nuage et voilà que moi, la prestigieuse, que dis-je, la prodige de Piltover, me met à courir à un rythme endiablé dans une des ruelles de Piltover. Pensant avoir mit mon réveil à l’heure ce matin, après avoir passé la nuit dernière à écrire des notes dans mon carnet et à investiguer sur la probabilité d’innover un système hors du commun. Une idée qui me vint au moment où je m’endormais devant un vieux film de science-fiction tourné il y a plusieurs années, où tous types de véhicules étaient fournis d’un réacteur thermochimique. Encore aujourd’hui, les véhicules qu'utilisent les habitants de Piltover et de Zaun sont dotés d’un prototype bien plus performant, mais encore polluant. La société grandit et à l’heure actuelle, il est grand temps d’avoir un regard porté sur un avenir avec moins de pollution atmosphérique et de bric-à-brac qui finiront aux confins de Zaun.
N’imaginant que trop bien les chemins crasseux et noirs, dus aux déjections des réacteurs et autres joyeusetés qui n’ont hélas, plus leur place au sein de la prestigieuse société de Piltover. Comme le dit si bien la ville du Progrès, elle n’a de cesse d’avancer et d’imaginer un monde meilleur. Le cerveau en ébullition suite à ce film, je dessinais des tas de réacteurs différents avec une nouvelle technologie, en se basant sur ce qui se fait actuellement avec l’hextech. Bien que je ne sois pas mécanicienne, cela ne m'empêchait nullement de chercher des données sur les fabrications d’un moteur afin d’y ajouter ma petite patte. Les heures ont défilé et le sommeil a fini par me rattraper. Tant et si bien que j’eus terminé par sortir de mon lit en trombe, à prendre une douche rapide, me brosser les dents et me coiffer en vitesse en prenant soin de bien fermer la porte derrière moi. Le carnet et mes recherches sous le bras, je m’élance vers la prochaine station de bus avant de reprendre mon souffle une fois arrivée à l’intérieur du moyen de locomotion publique.
L’académie finit par pointer le bout de son nez au détour d’une grande allée. Le bus me dépose et j’accours en direction de l’entrée, prenant le pas sur quelques collègues qui me regardent avec dédain. Je m’excuse au passage avant d’arriver dans le laboratoire où je pouvais m’amuser à faire mes exercices et mes calculs en toute sérénité. Peut-être que Jayce ne serait pas là aujourd’hui ? Après tout, même si je suis son élève, cela ne lui arrive pas d’être tous les jours à l’académie non plus. Un homme respecté et respectable et très demandé, tel un ministre avec un emploi du temps surchargé. Déposant toutes mes affaires, je commence à prendre une craie et à dessiner une stylisation de moteur qui ne fonctionnerait pas au carburant classique avec les réacteurs thermochimiques. Mes calculs me paraissaient dérisoires, voire faux sur certains passages. Dans un élan de fougue, craie en main, j’établis d’innombrables tracés et fait des tests de moteurs. Et si, ce n’était pas ça ? Je repensais au bus de ce matin, bien trop lent comparé aux autres moyens de transport. Dans tous les cas, il me fallait trouver un moteur capable de supporter l’hextech. Alors que je suis en pleine concentration, je reste devant mon tableau en position réflexion, un bras entourant ma taille et l’autre avec le poing serré sous le menton.
- Je suis en train de me perdre dans ce que je fais ...
Le mot fuse dans le dos de Faith. Simple dans sa formulation, mais fort dans son sens: oui, la jeune femme se perd au milieu de tout ce qu'elle fait, emportée par le flot de ses idées. C'est beau en soi, c'est amusant à regarder. C'est inutile pour la science. Nombreux sont les grands esprits à s'être penchés sur l'amélioration du futur, mais peu ont laissé leur trace, car il ne suffit pas d'être intelligent pour changer le monde.
Une poignée de secondes a suffi à Jayce pour comprendre ce qu'il a sous les yeux, lorsqu'il est rentré dans le laboratoire. La jeune Young n'est pas la première "apprentie" que l'Académie a essayé de lui mettre dans les pattes, et si celle-ci bénéficie d'un intellect supérieur à ses prédécesseurs, elle manque peut-être encore de quelque chose d'essentiel.
Quelque chose qu'il espère trouver, ou susciter s'il n'existe pas encore.
- Sais-tu pourquoi ?
L'on associe plus aisément le pourquoi aux philosophes qu'aux scientifiques, qui eux ont d'ordinaire le monopole du comment. Une bien belle erreur du commun des mortels, trop habitués à voir des gens en blouse blanche créer des éclairs en laboratoire sans aucune autre raison que le plaisir de le faire. Jayce ne souscrit pas à cette vision, loin de là.
Fort de sa posture professorale, mains croisées dans le dos, il rejoint Faith près du grand tableau blanchi de chiffres, dessins et symboles érudits.
- Au delà d'un manque flagrant de concentration, j'ai la sensation que tu n'as pas d'objectif derrière ton amour des formules alambiquées.
Sa piquée de petites cicatrices en tous genres balaie l'espace devant lui, symboliquement l'ensemble des possibles que l'univers peut leur offrir. Pas encore tout à fait sûr de ce qu'il pense de l'ambitieuse adolescente, il la teste, la picote, l'aiguillonne pour en savoir plus. Pour se faire un avis. Pour déterminer si elle est digne de tout ça.
- Vois-tu, nous sommes en quelques sortes les soldats de la science. Nous devons entretenir notre hygiène mentale, affuter nos armes, et nous battre pour elle, pour la faire progresser. Mais pour faire carrière, il faut avoir une vision, des valeurs, des objectifs.
Cela lui rappelle douloureusement quelqu'un. Un ami, le meilleur qu'il a jamais eu. Un esprit au moins aussi brillant que le sien, si ce n'est plus. Un homme complexe, mais valeureux. Un frère, bien qu'il n'ont jamais partagé le même sang. Mais il ne laisse rien paraître, à part peut-être un tressautement de la paupière, signe de stress et de fatigue.
- Je dédie mes travaux au bien-être des gens de ce monde. Mes inventions servent à leur assurer de meilleures conditions de vie... toi, quel est ton vœu ? Quelle est ta vocation ?
Ven 3 Déc - 14:11
Faith Young
PILTOVER
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Localisation : A l'académie
Gare au progrès
J’admire cet homme, de part son intelligence et sa prestance. Il émane de lui une lumière, une aura bienveillante et ce quelque chose d’indescriptible. Fascinée par ses mots, buvant ses paroles, je ne peux qu’acquiescer à ce qu’il rétorque. Jayce sait pertinemment de quoi je suis capable et me pousse dans mes retranchements. A savoir qu’il pose une excellente question : quel est mon souhait, quelle est ma vocation. Il connaît certainement ma réponse, seulement, lui ai-je déjà dit à haute voix ? Je commence à prendre une certaine assurance, la voix solennel et ma main portée sur le coeur :
- Je souhaite avant tout développer des moyens pour améliorer la vie des Hommes. Permettre à tous d’accéder à une science qui leur permettra une plus grande facilité, une plus grande aisance dans leurs besoins. Des scientifiques tels que nous, devons être prêt à donner corps et âmes dans de nouvelles élaborations technologiques afin de leur apporter une précieuse aide.
Mon regard ne cesse de rester grands ouverts face à Jayce. Je veux qu’il ressente ce que j’ai sur le cœur, ce pourquoi je suis ici à ses côtés. Le chemin à parcourir afin d’arriver à sa cheville est long. Néanmoins, je ne perds pas espoir de pouvoir un jour rivaliser d’intelligence à ses côtés, et lui prouver que je ne suis pas une parfaite imbécile. Mon seul but n’est autre que de servir le peuple et d’imaginer moults machineries prêtes à faire progresser Piltover. Je regarde mon tableau, regarde ma craie puis décide de tout effacer d’un coup de brosse. Mes notes sont encore sur d’innombrables papiers, entassés contre le tableau ou sur le bureau derrière moi. Prenant une profonde inspiration, je commence à chercher des idées.
- Mon but, ici, est de satisfaire un besoin crucial en termes de rapidité. Piltover s’agrandit et il est parfois difficile de se rendre rapidement d’un point A à un point B. Je pensais à modifier d’abord un moteur classique et d’y incorporer toute une nouvelle mécanique. Peut-être vaut-il mieux penser d’abord à la dynamique du projet ?
Me creusant les méninges, je tapote la craie contre ma joue, ce qui marque très rapidement des traces blanches sur ma peau sombre. Passant en revue tout ce dont Piltover était capable en termes d'ingénierie comme les dirigeables, les voitures, les plateformes volantes comme a pu concevoir le très grand et renommé Heimerdinger, je souhaitais apporter une pierre à l’édifice. Le train était également un moyen rapide mais, bien trop volumineux dans le centre ville de Piltover.
- Jayce, si je reprends l’idée ingénieuse d’Heimerdinger avec son objet volant mais en l’adaptant de manière à ce qu’il supporte un plus grand poids et une plus grosse masse ? Une sorte de boîtier métallique suspendu ?
Plus je cherche et plus les idées fusent. L’apparition de Jayce me permet de me concentrer davantage sur un point clé. Dorénavant, il va falloir améliorer cette idée stable et certainement, fonctionnelle.
Bien qu'il ait connu esprit plus vif et maturité professionnelle plus grande, Jayce se trouve quelque peu étonné de la vivacité de sa nouvelle apprentie, prompte à répondre avec conviction, ferveur, et passion scientifique. Une passion qui ne peut être qu'honorée... et crainte. Car elle rappelle à son bon souvenir quelqu'un d'autre, de très proche, qui voyait en ce large domaine de savoirs l'alpha et l'oméga, le début de la perfection et la fin du malheur. Mais cela dit, il est normal pour de jeunes gens d'être aussi idéalistes, bourrés d'entrain et désireux de poser sa marque quelque part, que ce soit sur une nouvelle source d'énergie révolutionnaire ou un modèle de tramway flambant neuf.
Ainsi, pour ne pas étouffer la flamme, le Talis se contente de se caresser le menton, bras presque croisés, et de la reprendre sur un unique point, cher à ses yeux:
- Le Professeur Heimerdinger, s'il te plaît.
S'il ne l'est plus officiellement depuis quelques années, en partie par sa faute, Jayce continue de porter son mentor en haute, très haute estime. Lui seul a su réfréner le brasier ardent du Hextech, en lui opposant calme, expérience et rigueur méthodique. Une position sur laquelle l'encore jeune scientifique compte bien prendre exemple avec cette jeune Faith.
- Ton idée est assez bonne. Sur le papier, uniquement. Sais-tu pourquoi ?
D'un ton calme, posé, sans une once de jugement, l'explication arrive alors.
- L'objectif ici n'est pas d'inventer une toute nouvelle technologie high-tech pour épater chacun de nos braves concitoyens. Non non. Ce que tu dois faire, apprentie, c'est fabriquer un moyen de déplacement solide et facile à reproduire, que ce soit techniquement ou économiquement parlant.
Parce que là est le but de la manoeuvre. Permettre au plus grand nombre d'avoir accès à ce confort, à cette facilité. Comme les cristaux de Brackern, d'ailleurs, et la technologie qui en découle. Jadis réservée à l'élite, à de richissimes familles, elle est aujourd'hui utilisée avec une "simplicité enfantine" par beaucoup pour voyager aux quatre coins et recoins du monde connu.
- Les innovations les plus prestigieuses servent rarement un but aussi commun que la création de transports publics. Et c'est pour une bonne raison: il est TOUJOURS nécessaire d'affiner, de tester, de développer, de les parfaire avant seulement d'imaginer les appliquer au monde qui nous entoure. Comme l'Hextech. Comme tout ce qui rend Piltover aussi merveilleuse. Notre œuvre est un monstre bicéphale: découvrir et utiliser.
Avec un petit sourire, fendillant son air éminemment professoral, Jayce tire à lui un autre tableau vert, encore vierge, et le présente à son élève.
- Donc non. Idée intéressante mais pas pertinente. Allez, une autre ! Ne perds pas le rythme !
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