Anéantissement ft. Sivir

Le désert. Son élément. Il n'y avait rien qu'elle n'aimait plus que ça. L'air chaud qui fouettait son visage, le sable à la caresse piquante. C'était étouffant, mais Sivir y était habituée depuis son plus jeune âge.
Une fois n'était pas coutume cependant, elle était dans le désert de jour. Sa tête était protégée du soleil par une capuche pour lui éviter de prendre un coup de soleil qui pouvait être fatal. Ses réserves de vivres étaient au maximum et Sivir savait se débrouiller pour trouver à boire et à manger. Comme beaucoup de monde, la jeune femme suivait les fleuves ou les oasis pour survivre. Elle n'était donc jamais vraiment seule.

Les heures défilaient paisiblement tandis que Sivir continuait sa route avec un but en tête. Elle avait entendu des rumeurs. Des travailleurs avaient trouvés quelques pièces dans un endroit du désert. Aussitôt, Sivir avait flairé la bonne affaire. On ne trouvait pas des choses dans le désert pour rien. Il y avait forcément quelque chose. Alors elle s'était mise en route après avoir glané des informations un peu plus précises. Elle s'arrêta pour boire un peu d'eau. Elle était chaude, mais peu lui importait, elle avait l'habitude. Tout ce qu'elle suait, elle devait le récupérer en eau, sinon c'était la mort. Enfin d'abord la perte de connaissance, le coup de chaud, et ensuite elle mourrait. C'était une mort fort peu souhaitable et c'est ce qui arrivait à ceux qui se perdait dans le désert, si des tribus nomades ou des bêtes ne s'en chargeaient pas.

Un bruit attira son attention. Un crissement. Un frisson désagréable parcourut le corps de Sivir. Elle se trouvait à mi-chemin du haut d'une dune. Elle courut au sommet. Elle jeta un coup d'oeil en contrebas pour voir le soleil descendant se refléter sur un cours d'eau paisible. Une silhouette se tenait à côté, minuscule. Et quelque chose de beaucoup plus gros se rapprochait d'elle. Sivir en avait déjà croisé quelques unes, mais rarement. A vrai dire, elle évitait certains endroits près d'Icathia, des failles, pour ne pas croiser des créatures du Néant, mais ces dernières pouvaient s'aventurer plus loin si personne ne les arrêtait. Elle ravala un juron tandis qu'elle dévala la pente, espérant arriver à temps. Elle n'était qu'une mercenaire, elle tuait parfois pour de l'argent. Elle aurait pu prétendre de ne rien voir. Mais elle ne pouvait pas faire cela. Il fallait tuer cette créature avant qu'elle ne fasse plus de dégât.
La créature allait atteindre la jeune femme figée, elle le voyait. Alors Sivir ne réfléchit même pas, ses doigts agrippèrent le Chalicar qu'elle projeta droit sur la créature. Sivir savait viser parfaitement, la courbe parfaite. L'arme étincelante siffla dans les airs avant de trancher une de ses pattes. La créature du Néant qui allait faire une victime hurla de colère tandis que son attention fut détournée vers la mercenaire. Sivir croisa sans sourciller le regard furieux. Le Chalicar ayant fini sa courbe, alla se loger dans la paume de sa main.

« Viens donc m'affronter sale bête. » cria t-elle tandis que la créature changeait de direction pour se diriger vers elle. Le Chalicar était prêt à être lancé, prêt à porter un coup mortel. Mais Sivir sentit quand même une pointe de peur s'infiltrer en elle. Ca restait une créature du Néant. Une grosse en plus. Elle prit une profonde respiration et attendit qu'elle se rapproche encore.

Foutue créature du Néant, pensa Sivir tandis que la créature se dirigeait vers elle. La jeune femme attendait qu'elle attaque, prête à frapper. Mais contrairement à ce qu'elle pensait, la bête ne la frappa pas. Elle se retourna et son attention fut de nouveau concentrée sur sa proie qui, au lieu de rester bien sagement terrée près du cour d'eau, avait décidé de se défendre ? Sivir repéra l'éclat d'une lame dans sa main. Elle faillit rire avant de se souvenir qu'il ne fallait jamais juger quelqu'un à son apparence, mais tout de même.
La créature ralentit sa course tandis que Sivir en profita pour se rapprocher en courant. Elle semblait hésiter. Et alors qu'elle était sur le point de prendre sa décision, l'inconnue se laissa... tomber dans l'eau. Profitant de l'effet de surprise, Sivir lança le Chalicar en direction de la tête. Pour une créature du Néant, elle était plutôt... petite. Si on pouvait dire ça d'un monstre de quoi, deux mètres ? Tandis que l'arme tranchait la tête de la créature qui s'effondra, Sivir s'approcha du lieu où s'était trouvée la jeune femme. Une substance visqueuse sur le sol. Elle réprima une grimace tandis qu'elle l'évitait avant de regarder le cours d'eau. Pourquoi ne remontait-elle ? Ne savait-elle pas nager ? Peut-être était-elle blessée ? Le cours d'eau semblait calme, paisible.

Sivir hésita un bref instant avant de plonger dans l'eau. Elle remarqua une silhouette pâle, et inconsciente non loin d'elle. Elle l'agrippa et la tira vers la surface, puis sur la terre ferme. Inconsciente. Ses vêtements étaient brûlés par endroit, comme si quelque chose les avait fait fondre. Il semblait à Sivir qu'elle était arrivée juste à temps, sinon il ne serait sans doute rien resté de sa victime. Elle s'assura qu'elle respirait encore, ce qui était le cas, avant de la secouer doucement. Ce fut avec un léger soulagement qu'elle vit ses yeux s'ouvrir et entendit ses remerciements.

« Le désert ne pardonne pas. Rends-toi service, fait demi-tour et rentre chez toi. Tu vivras plus longtemps » réponds Sivir d'un ton sec. La fille venait du Mont Targon, Sivir le voyait à ses vêtements. Et que faisait-elle si loin de chez elle ? Non pas que ça la regardait, mais traverser le désert était dangereux. Elle n'allait pas dans la bonne direction.
La mercenaire avait lancé des paroles peut-être un peu dures, mais le désert était dangereux. « Quand à la nature de cette créature, elle vient du Néant. Tu as de la chance d'être encore en vie.» répond-elle presque en soupirant. En vie, mais pas indemne.

Sivir fouilla dans ses affaires et en sortit deux choses, la première, un petit baume cicatrisant qui servait contre les coups de soleil notamment. La seconde était une petite bourse contenant des fruits secs. Elle lui tendit les deux sans mot dire.