Les tempêtes de Shurima [Ft. Samira]

Désert Nord-Est de Shurima, dans les montagnes ▬

Le chuchotement du sable s’était intensifié ces derniers jours, certains marchands le nommant : “Le sable des âmes”. Les sceptiques et les croyants taisaient ce nom de peur. Cet événement était dû au vent qui venait créer de légère vibration contre chaque grain de sable et qui provoque ce son semblable à des murmures. Au loin, par delà la mer de sable, d’imposant nuages nuages menaçaient la côte nord de Shurima.

Sur le marché de Bel’zhun l’on pouvait entendre quelques récits sur la mélodie du sable Shurimien. Quelques hurluberlus, ayant la main trop lourde sur la boisson, aiment à dire que celui-ci est provoqué par la vitesse d’un être divin. Les quelques créatures encore vivantes, en vente sur le marché semblaient relativement agitées, agaçant les marchands ne sachant plus comment les calmer sans recourir à la violence.  

Loin de cette civilisation n’étant plus la sienne, Rammus errait dans les montagnes désertiques entre Bel’zhun et Kenethet. Changeant à ses habitudes, il se tenait sur ses deux pattes arrières, marchant avec nonchalance vers la cime de cette crête. Ses petites pattes venaient s’enfoncer maladroitement dans le sable, par moment lui faisant même perdre l’équilibre, il se retrouvait sur ces quatres pattes.

Il n’était sûrement pas ici pour déguster quelques Krimos, cette région étant beaucoup trop rocailleuse et abrupte pour elles. Cependant sa marche semblait avoir un objectif, une finalité. Il ne semblait pas s’y rendre sans but.

Quelques éboulis jonchaient son passage. Le vent semblait prendre de l'ampleur au fur et à mesure de son ascension. Les bourrasques de sable se fendaient contre lui.

« Et celui la Sam il represente quoi ? » « C’est une grosse cicatrice, elle ne te fait pas mal ? » « Je peux toucher ton épée ? » Incessantes questions des membres de ta famille et des autres enfants venus t’acceuillir dans la maison familliale comme l’héroïne d’ailleurs que tu es à leurs yeux. Incessants bruits de fonds, sous le regard réprobateur d’une mère qui ferait trembler même la trifarix Noxienne. Incessantes histoires que tu racontes pourtant sans besoin de dorure tant tu le sais tu es extraordinaire. Incessants bavardages qui néanmoins t’ennuient au fil du temps.  

« Je sors. J’ai besoin de prendre l’air. » Pas que tu n’ai besoin d’une justification.  

C’est comme un rituel, à chaque temps de repos, si tu ne trouves pas mieux tu viens à Bel’zhun te ressourcer - si l’on peut dire - auprés de ta famille. Parents presque oppréssants à qui tu donnes quasi l’entiereté de ces payes pour les quelles tu risque ta vie, enfants curieux de voir à quel point tu as pu réussir dans la vie. C’est comme un rituel oui. Et comme les rituels, c’est quelque chose qui finit par t’ennuyer. Tu as cette incapacité à tenir en place, à rester immobile et calme dans un endroit. Rien n’est jamais assez aventureux pour toi.

Alors oui, entendre un des marchands parler du sable des âmes ne fait que t’attirer hors des limites de Bel’zhun, dans les montagnes desertiques où les seuls défi sont quelques Kmiros ou quand tu as de la chance des Xer’sai perdus loin de leurs failles. Quelques dormuns, et surtout si tu es trés veinarde, quelques pillards. C’est d’ailleurs un cri dans le lointain qui réveille tes sens, et si tu n’as rien d’une héroïne, tu as tout de cette femme qui s’ennuie et qui cherche un but. Alors tu cours, direction d’un hurlement de detresse que tu n’entends plus, peut être un jeu du sable.

Détour d’un ébouli que tu gravis sans mal, tu continue d’aller vers la crête d’où semblent partir les vents et les voix qui ne se font plus entendre. Bruit en chemin qui attire ton attention, et la, devant toi, un… scarabée géant ? Un tatou aux épines tranchantes ? Créature des legendes que racontaient tes frères. Perplexe ? Tu le fixes un moment, avant d’éclater d’un rire sonore au milieu de cette montagne faite de sable et de roches arides. Si on t’avait dit que tu croiserais cette créature ici, tu n’y aurais pas cru. Vraie manifestation ou effet d’un mirage, tu ne peux qu’attendre de voir.

Histoire de Shurima : Rammus ▬

Dans une époque lointaine, bien avant que Shurima ne devienne un grand empire. Un temps ou les Brackerns ne s’étaient pas encore endormis et où la brèche de cristal rayonnait dans les yeux des êtres humains.

Rammus explorait, déjà, inlassablement les trésors que renferme le désert Shurimien à la recherche de réponse. Certaines gravures représentent la présence du tatou dans les lieux les plus secrets et mythiques du continent. Encore aujourd’hui les curieux et historiens ne parviennent pas à comprendre la relation qu’il pouvait entretenir avec certaines tribus.

Cependant, beaucoup de récits et de contes rapportaient un lieu qu’il semblait particulièrement affectionner. Un lieu qui, vraisemblablement semble anodin : Les Montages de Bel’Zhun. Les adorateurs s’y rendaient régulièrement en guise de pèlerinage, espérant peut-être rencontrer leur divinité.

Désert Nord-Est de Shurima : De nos jours ▬

Le glissement du sable à chaque pas du tatou, laissait croire qu’il n’avançait guère. Sur les quelques plateaux rocailleux, il profitait d’une meilleure adhérence pour continuer son chemin. Les cris du désert étouffant tout ce qui l'entoure, le rendait particulièrement vulnérable aux prédateurs, si jamais une créature était suffisamment désespérée pour s’en prendre à lui.

Tout juste s'était-il remis à escalader les parois sableuse, qu’un rire vint retentir par délà les chuchotements du désert. Peu inquiet par cela, il se retourna vers la source de cette sonorité troublant les chants. Il y vit un silhouette dans la poussière ambiante, le vent vint la balayer laissant entrevoir le corps d’une femme relativement sportive.

Rammus s’ancre au sol et prend une position de défense, ne sachant les intentions de sa nouvelle rencontre, il semble ne vouloir prendre aucun risque. Les vêtements qu’elle portait semblent provenir d’une nation qu’il ne porte guère dans son cœur. Un léger grognement vint faire vrombir le sable autour de lui, comme un cri de mise en garde.

Le temps des trompettes

Les ornements rouges Noxien sur ta tenue de cuir sont des marques d’une presque appartenance à cette nation qui t’a permis de te réaliser, et même si le tout est melangé a des ornements typiques Shurimiens comme ces quelques perles dorées que tu portes dans tes cheveux, tu restes un symboles de Noxus, un symbole de l’invasion, alors que tu devrais au fond être tout le contraire. Le fait est Samira, que tu t’en balances royalement. Ce que les gens pensent ? Qu’ils te considèrent alliée ou ennemie ? Tu t’en fiches. Tout ce qui compte pour toi c’est de trouver des sources de jeu, d’animation, d’action. Tu ne supportes plus vraiment l’inertie qui te prends, l’apathie des peuples. Alors non, tu n’as pas peur d’avancer dans le désert avec des marques de Noxus, tu n’as pas peur de grand chose aprés tout, qu’est ce qui pourrait t’arriver ? Quelques loyalistes qui viendraient t’attaquer ? AH ! Qu’a cela ne tienne, c’est comme si tu n’attendais que ça.

Et puis soudain tu le vois, ce tatou millénaire issu des légendes que te contaient quelques fois tes parents, ce tatou même qui excite l’imagination de la plupart des Shurimiens qui se demandent toujours « Pourquoi ? » Pourquoi raconte t’on l’histoire d’un fichu sauveur si il n’est pas capable de venir dans les moments de vrai trouble pour la nation qu’il est censé proteger ? Non, le fait est que tu es probablement simplement en face d’un gros tatou avec l’air un peu abruti - comme tous les tatous —.

Mais un tatou menaçant qui vient de pousser une espece de grognement, faisant trembler le sable. Ah ! De l’animation. De l’interet ! De l’impact ? Peut être. En tout cas, tu t’ennuie un peu moins maintenant, alors que tu le regardes, laissant le vent et le sable balayer tes cheveux et marquer ton visage. « Et quoi ? Tu as envie de m’attaquer gros balourd ? » Tes armes restent à portée mais tu ne dégaine pas, tu t’ennuie peut être beaucoup Sam’ mais tu n’es pas non plus femme à attaquer quand il n’y’a pas de raison. Sans compter que l’idée qu’il s’agisse peut être vraiment de la divinité protectrice reste dans un coin de ta tête. Tu t’en voudrais d’attirer la malchance ou quelque chose du style.

« Alors ? J’ai pas l’air trop menacante non ? Et toi ? T’es quoi ? T’es le divin protecteur ou t’es juste un tatou perdu ? Si c’est le cas t’es un peu loin des terres plus agréables pour toi non ? »

Désert Nord-Est de Shurima : De nos jours ▬

Les pics lancés par son opposante ne semblaient pas le perturber. Son regard se porte sur les habits typiques du peuple Noxien, qui jadis ont essayé de souiller les terres saintes de Shurima. Cependant le reste des ornements issus de ses terres semblent interpeller Rammus. Son regard reste fixé sur elle laissant les tremblements s’apaiser. Le vent vint siffler de nouveau marquant un regain de calme.

Sur ses gardes, il s’avance vers elle, guidé par sa curiosité sans pareille. Peut-être espère- t’il une quelconque offrande comme il a habitude de recevoir des voyageurs ? Néanmoins sa prudence ne le quitte pas, son regard fixé sur ses perles d’ors ne pouvant provenir que d’ici, chez lui. Il s’arrête à quelques mètres d’elle et tend sa petite patte vers ces derniers : “OK ?” Demande-t-il d’un ton plus ou moins interrogatoire.

Rammus avait probablement reconnu ces ornements, n’ont pas qu’il en a avec lui, mais sur une personne qu’il a pu rencontrer dans le passé, une chasseuse de prime. Cette pauvre femme dû supporter la compagnie du tatou dégustant avec joie les trippes des Kmiros et de l’odeur nauséabondes qu’elles dégagées. Leur échange fut très bref mais la mémoire de Rammus semble très précise sur certains détails.

Perles d’or dans tes cheveux, ornements de Noxus melés à ceux de Shurima, tu n’es pas une vision que l’on a l’habitude de croiser en ces terres Samira, mais une chose est sure, le tatou étrange en face de toi, n’est pas non plus une vision que tu t’attendais à voir. Est ce que cela veut dire que tu es bénie des dieux pour croiser celui que l’on prétend en être un comme ça ? Ou bien est ce juste un signe de malchance qui a mit cette créature peut être affamée, ou assoifée devant toi. Et pourquoi parle t’il ? Car a part OK sait il dire quelque chose ? Tes sourcils se froncent un peu et tu le regardes davantage alors qu’il tend une patte vers toi, vers les perles dans tes cheveux. « Non, ce n’est pas pour toi. » Ton sourire se fait finalement et tu secoue la tête, laissant tes cheveux virevolter au gré du vent. « Peut être que je t’en donnerais une si tu parlais davantage. Mais je ne cèdes pas aux demandes de quelqu’un qui n’est pas capable de parler. » Tu ne cèdes aux demandes de personnes, tu dois être honnête Samira, il faut de l’or et de l’interet pour pouvoir te faire faire quelque chose.

Enfin, finalement tu te laisse tomber sur un des cailloux formé par le vent et le sable, et tu regarde toujours la créature qui semble quand même assez Edgy sur les bords. Sortant ta gourde de fer aux couleurs de l’armée de Noxus, tu bois une longue gorgée avant de mettre de l’eau dans ta main, et de la lui tendre. « T’as peut être soif ? » L’etrange est sur-reel, mais est ce que tu pourrais en faire autre chose ? Aprés tout, tu n’as pas l’habitude de parler a quelqu’un qui ne répond pas. Cela dit, tu dois bien le reconnaitre. « Ah ta compagnie est agréable au moins, tu me harcele pas de questions sur mes exploits ou de racontards d’ivrogne. »

Les Ornements de Shurima ▬

Durant l’âge d’or de Shurima, l’exploitation minière était une importante source de revenus liés aux exportations et aux consommations locales de Shurima. Les minéraux tels que le cuivre, le fer et l’or étaient exportés dans de nombreuses autres civilisations. Les ressources minérales de Shurima ont favorisé l'expansion et la diversification de l’économie du pays.

Cependant une partie de ces minéraux appartenaient aux mines royales à la seule utilisation du pays. Ces minéraux étaient utilisés exclusivement pour la cour royale ainsi que les ornements des temples divins. Mais de nombreux esclaves dans les zones minières travaillent dans des conditions quasi inhumaine, sous couvert de service au royaume et aux divinités. Nombreux y trouvèrent la mort, travaillant des jours durant sans répit, croisant la route de créatures hostiles et souvent pour appropriation de bien royal. De nos jours, certains qualifient ces minéraux de “Blood Mineral” au vu des supplices que ces esclaves subissaient.

L’or issu des mines royales était reconduit directement dans les forges royales où les meilleurs forgerons et orfèvres de la région exceller dans leur domaine pour satisfaire les exigences du royaume et des divinités. Chaque pièce passait sous les yeux d'experts avant qu’elles finissent entre les mains des cultistes et de la cour. Certaines pierres issues des mines pouvaient atteindre un millier d’heures de travail avant de trôner sur une couronne ou un sceptre.

On peut retrouver ces reliques d’un temps ancien dans certains musées des civilisations avancés tels que Piltover où Noxus. Quant bien même elles seraient dérobées leur valeur est inestimable et ne trouveraient preneur. (Le joyeux de Nerimazeth est actuellement exposé dans le musée des civilisations aux centres de Piltover. Une des pierres précieuses les plus grandes et des plus travaillées connue à l’heure d’aujourd’hui.)

Désert Nord-Est de Shurima : De nos jours ▬

Lorsque sa patte pointa vers les ornements de l’intruse, cette dernière crut qu’il en voulait à son or. Elle pensait même qu’il en désirait, mais qu’est ce qu’il en ferait ? Lui qui parcourt le désert inlassablement n’ayant qu’elle comme demeure. De plus, le ton qu’elle prit était à la limite du manque de respect.

Il est vrai que Rammus n’est pas très bavard, même pas du tout. Au fil des années, il a pris l’habitude d’écouter les charades et histoires des inconnues qui croisent sa route. Le langage commun des mortels lui semblait totalement hors d’atteinte, c’est même avec difficulté qu’il apprit le terme “OK”. Est-ce lors d’une des ses innombrable rencontre qu’il utilisa ce mot pour la première fois ? Aucun écrit sur lui n’en fait mention à l’heure actuelle.

Alors que la jeune femme se laissa tomber sur un des rocs suffisament lisse, elle lui proposa de boire de l’eau. Telle à un vulgaire “toutou” elle lui proposa dans le creux de sa main. Regardant l’eau s'enfilait par les plissures de ses doigts Rammus déclina l’offre par un battement de paupière. Il semblerait que le tatou est l’habitude de boire des breuvages beaucoup plus onctueux tels : du sang de Kmiros, du lait où bien même encore certains alcools locaux.

Il s’assit à son tour en face d’elle fixant avec stupéfaction l’association des effets Noxien et Shumirien sur elle. Il semble que la créature n’arrivait pas à comprendre comment cette personne pouvait faire partie des deux camps… Après un long silence, une voix se fit entendre : “OK ?”

C’est tout de même le plus louche des échanges que tu ai pu avoir avec quelqu’un. En meme temps ce n’etait pas tous les jours que l’on se retrouvait à parler à une créature comme ça et tu es sure que certains auraient trouvés davantage à dire. Cela dit, tu finissais par trouver une certaine quiétude dans le fait de ne pas être assaillie de questions ou d’ordres que tu n’écouterais de toute façon. C’était la raison pour la quelle tu lui proposais même a boire dans le creux de ta main comme tu l’aurais fais avec un chiot ou un poro, ou un autre animal du genre, un peu mignon. Pas que tu ne te risquerais à caresser cette créature un peu trop piquante pour toi. Même si, en toute honnêteté quoi de mieux comme familier qu’un tatou recouvert de piques que tu pourrais jeter sur tes adversaires. « T’as déja pensé à combattre ? T’imagines même pas ce qu’on pourrait faire tous les deux, je suis sure qu’on pourrait inventer un moyen de te catapulter directement dans la mêlée et de te faire lancer tes piques sur les adversaires. Ca les aveuglerait le temps que je vienne les achever. » L’argent que tu te ferais alors. Pas que l’argent t’intéresse, mais il menait à ce qui t’intéressais vraiment : La gloire.

« T’as pas l’air trés d’accord hein ? On oublie c’est ça ? » Aprés avoir passé l’eau sur ton visage et dans tes cheveux alors tu portes une nouvelle fois la gourde a tes lèvres et remarquant qu’il te fixe et surtout qu’il fixe les ornements dans tes cheveux, mélange d’or Shurimien et d’attributs Noxiens tu arques un sourcil. « Vraiment ? T’as un probleme avec les bijoux ou quoi ? » Tu hausses les épaules et tu joue un peu avec une de tes mèches, qui porte un des premiers bijoux que tu t’es offert aprés une victoire. « Tu te demandes ce que je fais ici peut être ? Ex soldat Noxien au sang Shurimien ? Et bien la vie est compliquée pour tout le monde, et je vais au gré du vent et des demandes, c’est une réponse suffisante ? » Peut être. Peut être pas. « Et toi ? Qu’est ce que tu fais la ? »

 

Désert Nord-Est de Shurima : De nos jours ▬

La seule voix de la guerrière résonnait dans ces étendus de semble, s'échouant sans jamais retrouver son écho. La chaleur ambiante rendait l’atmosphère, pour les étrangers, quasiment étouffante. L’hostilité de la nature de Shurima effrayé même les plus courageux des explorateurs.

Lorsqu’elle lui parla de combat, un soupçon de curiosité pu se lire dans les yeux du timide aux pointes ardentes. Se souvenait il d’un de ses plus grands exploits (aux yeux du peuple) ? La chute d’une légion entière de Noxien. Pouvait il aimer combattre pour quelque chose qu’il convoite ? Malgré le fait qu’à l’heure d’aujourd’hui personne ne connaît ses attentions où bien même son objectif… La question de la guerre où des combats semblaient l’intéresser. Peu étonnant diront les néophytes, avec une telle armure et vitesse.

Rammus ne connaissait toujours pas le nom de cette femme venant, à priori, déranger son calme au milieu du néant qu’est l’infinité du désert. Mais il avait l’habitude d’écouter les étranger monologuer face à lui. Il est relativement fascinant d’observer comment les individus peuvent s’ouvrir face à une personne qui n’aura aucune répartie pour contredire leur vérité égoïste.

Elle tenta une fois de plus d’obtenir un peu plus qu’un vulgaire ok de la part du tatou en lui demandant sa raison d’être dans ce lieu. Rammus se saisit d’une poignée de sable avant de venir la déverser sur son autre paume de patte. Était-ce là une réponse suffisamment précise pour elle ? Voulait-il signifier que sa présence ici était liée au désert en lui-même, où bien que tout ce sable n’est que le lieu auquel il appartient.

L’eau qui coule dans ta gorge est fraiche et agréable et tu fermes quelques instants ton unique oeil, pour en profiter. La chaleur accablante de Shurima ne te manques pas quand tu es à Noxus, et tout ce désert n’est qu’un long cauchemar dont tu es bien contente de t’être tirée. Pourtant tu es la. C’est bien tout ce qui compte sur le moment. Tu es la et tu n’es même pas seule, et si tu pars dans des délires un peu étranges en imaginant un tatou de guerre, ça ne semble pas lui déplaire à l’animal en face de toi. A ce stade tu ne sais pas si il est vraiment le dieu dont certaines légendes parlent, cet animal mythique que ton petit frère semble tellement apprécier, ou si il est juste un tatou, ou peut être au fond n’est il que le sujet d’une hallucination que la chaleur te cause. « T’as l’air de t’animer quand je parles de combat, t’as déja fais la guerre je suppose ? Y’a pas mal de légendes à ton sujet si t’es bien celui sur le quel on les raconte. Je suppose que ça serait un blasphème d’essayer de te mettre une laisse, mais en même temps, c’est pas comme si t’étais mon dieu ou quelque chose du genre. » T’es même pas sure d’être capable de montrer du respect a l’Empereur en personne si il se pointe devant toi dans son armure rutilante. Bon, tu finirais peut être par te retrouver coursée par des soldats de sable, mais est ce que ça serait vraiment la premiere fois que tu rencontres un tel danger ? Non. Est ce que ça te déplait le danger comme ça ? Non plus.

Le monologue continue en tout cas, et si tu esssayes de repondre aux questions qu’il ne pose peut être meme pas, tu essayes aussi de le faire parler. « Pas trés loquace hein. En meme temps tu dis déja ok, je suppose qu’on ne peut pas attendre mieux d’un tatou. Tu devrais peut être demander au tout divin empereur de faire quelque chose pour toi. » Tu manges le respect Samira, mais est ce que c’est si grave ? Nan. Pas vraiment aprés tout. Pourtant t’as l’impression qu’il te repond et tu fixes les grains de sable qui glissent entre ses doigts boudinés et griffus. «  T’appartiens au desert hein ? Autant pour t’embarquer avec moi à Noxus ou dans d’autres missions. T’as jamais eu envie de voyager ? T’es la depuis combien de temps ? »

 

Une mémoire du désert ▬

Une vive douleur me saisit lorsqu’on me jeta de la caravane en marche, ma tête heurta le sable abrasif et brûlant. Le son du sable arrachant la surface de ma peau résonne encore en moi… La poussière émit, s’infiltra par mes narines, encombrant ma respiration, qui se coupa en sus dû au choc. La vision troublait, je vis mon espoir disparaître au milieu de cet épais brouillard de sable.

Je m’assis au milieu de ces sillages, toussant pour récupérer un souffle déjà difficile à trouver tant la chaleur rendait chaque inspiration étouffante. Mes jambes et poignets étaient liés par d'épaisses cordes m’empêchant une quelconque aisance dans mes mouvements. A cet instant je pensais ne plus revoir ma patrie…

Le soleil qui me frappait, brûlait à petit feu ma peau qui se teintait d’une couleur rougeâtre. La douleur de ma plaie provoquait des spasmes musculaires au niveau de ma mâchoire rendant cette souffrance plus grande. Le restant de ce qui fut mes habits protégeaient péniblement ma carcasse, laissée en proie aux assaillants de ce lieu.

J’avais perdu le sens du temps, ma bouche semblait si sèche que j’aurais pu facilement avaler du sable pour faire passer ma soif. C’est à ce moment que ma raison m’échappa. Mes souvenirs restent imprécis et irréalistes. Ce que le désespoir a en commun avec l'espérance c’est qu'il est aussi une illusion. Ma vision n’était que nuances de cuivre et d’azur.

J’avais la sensation d’être plongé dans un cauchemar sans fin, quelque chose semblait en avoir après moi, il se dirigeait vers moi, à toute allure. Je voyais des silhouettes s’avancer vers moi. J’étais l’insecte pris au piège au milieu d’une grande toile, dans l’incapacité de se mouvoir, rechutant ainsi tout en bas de la chaîne alimentaire. [...]


Désert Nord-Est de Shurima : De nos jours ▬

La guerrière noxienne était à son tour, comme tous les autres qui le rencontrèrent, rentrer dans la tourmente du monologue. Certains passaient des heures à rester en face de lui, tout en interprétant ses “OK” tel des affirmations. D’autres se contentent de lui offrir ses mets favoris tout en respectant son intimité.

Rammus se redressa face à elle, secouant le sable incrusté dans les creux de sa carapace. Il fait vrombir le sol d’un coup de patte et se met en position de roue, commençant à tournoyer sur lui de plus en plus vite. Était-ce là un signe de montrer sa vitesse et sa possibilité de voyager sur des longues distances ? Il se stoppa net et dressa sa patte vers elle avec le pouce en l’air avant de lui dire “OK !”. Vraisemblablement il voulait prouver ses capacités de vitesse…

Il continue de ne pas te parler, et toi au fond, est ce que ça te derangeait vraiment ? Pas vraiment ? Aprés tout, c’était quand même agréable d’avoir quelqu’un qui ne pouvait pas interrompre avec des « Samira raconte moi comment tu l’as attrapé » « Samira fais une acrobatie ? » Et d’autres trucs du genre. Non la au moins, tu pouvais partir aussi loin que tu voulais dans tes idées un peu saugrenues, et clairement non respectueuses, et personne ne pouvait te juger. Hey, aprés tout, si il n’était pas content, il avait qu’a le dire. Ah bien non ! Il pouvait pas. AH.  

Bref si il semblait interessé par l’idée d’être jeté au milieu d’un combat, tu supposais qu’aprés tout ce n’etait pas mauvais. Oh, tu y penserais plus tard. Tu n’allais pas le ramener avec toi a Bel’zhun en tout cas, ça marquerait mal. Qu’est ce qu’on dirait ? Oh voila Samira et son tatou géant de compagnie. Ouais. Non. Tout bien reflechi pourquoi pas ? Perdue dans tes pensées en tout cas, tu mis quelques instants à remarquer qu’il était en train de bouger, comme un animal hyperactif qui se tournoyait sur le sol.

« Hm? » Tu ne parlais pas le tatou fréquemment, tu devais l’avouer, mais il y’avait quelque chose dans la gestuelle d’une créature que tu parvenais à comprendre. Un instinct primal, bestial. Tes sourcils se froncerent un peu plus. « Tu veux faire la course ? Tu sais je pense que tu triches un peu, tu connais ce desert et ta peau épaisse te protège de la chaleur. Mais soit. Regarde la dune la bas, c’est notre objectif. » Est ce que c’était ce qu’il voulait te montrer ? T’en sais rien à vrai dire. Mais est ce que t’es sur le point de faire la course avec un tatou magique ? Oui.

« A mon signal. » Et sans plus attendre de voir si il est ok ou pas. Tu crie « C’est PARTI. » Et sans plus attendre, toi aussi tu te mets à courir. Mais aussi habile et agile sois-tu, tu n’es qu’une humaine, avec un corps humain. Il devrait gagner.

Une mémoire du désert ▬

[...] Mes instincts les plus primaires prirent le dessus, n’écoutant ni le mal qui me rongeait, ni l'effrois qui me glaçait le sang. Ils essayèrent de fuir au plus vite ce qui s’était élancé contre moi…  Chacun de mes sauts étaient plus lourds que les précédents, s’enfonçant à mi-cheville dans le sable ardent du désert de Shurima. Le souffle bouillonnant du désert asséchait ma trachée la rendant comme braise, l’attisant à chaque respiration . Le sifflement de mes alétements, mêlé à celui du sable, bourdonnait sans cesse dans le creux de mes oreilles, me désorientant sans cesse.

Ma fuite n’avait rien de glorieux, je n’étais rien de plus qu’une proie désespérée, essayant de fuir en vain. J’avais souvent ri de ceux qui, ayant perdu tout espoir, tentaient de se raccrocher à leur misérable existence. Mais qu’est ce qu’une existence dans un monde composé à quatre-vingt dix pourcent de poussière et de sable ? Cette ostentation cynique avec laquelle j’aimais rire d'eux ne venait t-elle pas de se retourner contre moi ? [...]



Désert Nord-Est de Shurima : De nos jours ▬

La femme que Rammus venait de rencontrer lui proposa, non pas sans etrangeté, de faire une course avec lui. Était-ce la première qu’une personne, occultant sa divinité, s'adressait à lui d’égal à égal ? Depuis le début de leur rencontre, le tatou s’était intéressé à elle, à son accoutrement, à sa façon de s'exprimer, ses ornements… Il l’avait écouté sans rien dire à son habitude.

Le fait que, historiquement, Rammus avait détruit plusieurs légion de soldats Noxien, rendait cette entrevue sur les sommets sablonneux de Shurima encore plus mystique. Aucune once d'agressivité ne s’était montrée de sa part. De même, cette guerrière n'avait aucune crainte face à lui et ni-même une quelconque rancœur.

Lorsque la femme déclara le début de la course elle s’élança sur quelques dizaines de mètres en tête. Rammus s’était de nouveau mit en boule, tournant sur lui-même, lui permettant d’accumuler une vitesse suffisante.  Son tournoiement s'accélérant,  un épais nuage de fumée se forma autour de lui. Un vrombissement s'éleva dans les airs, faisant glisser les grains de sable vers le contrebas. Le sable n’était plus aussi tangible, c’était comme s' il flottait sur une mer.

Ok t’étais peut être un peu trop désinvolte pour ton propre bien, mais est ce que c’était grave ? Non hein. Pas vraiment. T’allais clairement pas changer ta manière de faire pour qui que ce soit, que ce soit pour des abrutis qui pensaient contrôler tout Noxus, ou pour un tatou divin qui n’avait de divin que les légendes a son sujet dont tu te fichais royalement. Pour toi c’était simple, t’étais en face d’une créature fascinante - non pas par son mysticisme, mais parce qu’elle semblait comprendre ce que tu disais et prendre part à la conversation - et tu en profitais pour lui offrir des défis, et t’offrir aussi des défis a toi même.

Alors oui, une espèce de course était lancée et tu n’allais pas te laisser battre par une petite créature comme ça. Non, clairement pas ! Et est ce que tu allais lui laisser une avance comme ça juste parce qu’il était une boule à piques ? Non. Clairement pas non plus. C’était parti alors ! « Essaye de me rattraper petit gros ! » ton rire résonnait dans l’entièreté du désert et si tu sentais le sable sous tes bottes rendant quelques fois ton avancée difficile, tu avais survécu a de bien pires environnements. Bien sur tu avais chaud, qui pourrais prétendre courir comme ça dans le désert shurimien sans ressentir les effets de la chaleur ? Et l’espace de quelques secondes tu regrettas que ça ne soit pas la divinité des tempêtes dont tu ai croisé la route, on disait qu’elle était particulièrement belle en plus. Soit.

« Allez allez ! Le dernier arrivé est un gros tatou ! » Ton rire continuait de briser le silence et le calme de ce désert où beaucoup trop se morfondaient sur les choses qui avaient pu arriver. Oh qu’importe si tu blasphémais d’anciens tombeaux ou d’anciens lieux sacrés, tu voyais ton objectif à portée de jambes la, alors que le tatou commencait à te rattraper. « Tu triches ! Les humains ne peuvent pas flotter la ! » Est ce que ça te faisait rire plus qu’autre chose ? Oui.

Une mémoire du désert ▬

[...] J’ai eu comme un moment de flottement lorsque la chose me percuta. Mon plastron fait de fer se disloqua sous les pics de la créature, mon torse ne résista pas plus longtemps à la pression et explosa. Ce moment je l’ai vécu comme une délivrance, j’avais enfin quitté cette terre de feu. Certes je ne reverrais plus ma nation, ni même mes frères d’armes, ni ma famille. Les étoffes rouges qui flottaient lors de nos parades me manqueront. Mon corps gisait dans le désert, l’odeur devrait attirer des créatures amatrices de viande. Qu’est ce qui venait de m’ôter la vie ? Je ne le saurais jamais. Noxus je te servirais même dans l'au-delà.

Désert Nord-Est de Shurima : De nos jours ▬

Samira était déjà à quelques mètres devant lui. Le bruit sourd émis pour le tournoiement de Rammus déchirait le silence chaotique du désert. Il semblait être bien plus rapide qu'à la normale, ce son sourd aurait fait fuir des villages entiers. Les pics acérés de sa carapace venaient précisément grincer contre chaque petit grain de sable rendant le brouhaha encore plus glacial. Le nuage de poussière s'élève déjà à plus de 10 mètres au-dessus de lui alors que le vent s’était tu. Le vortex créé par le tatou commençait à aspirer le sable à 2 mètres de lui. C’était une démonstration de puissance sans précédent, comme si, malgré son long silence, il se devait de prouver à son ennemi qu’il pouvait rivaliser à une armée entière.

Le sol tout entier se mit à trembler, le sable qui était plus ou moins dur vint se liquéfier. Attirant en lui les roches posées à sa surface. Un grondement venu de l’intérieur de la spirale se fit entendre. Rammus s’éleva dans les airs sur une dizaine de mètres et se propulsa à l’opposé de la guerrière. L’impact de son atterrissage fit glisser une coulée de sable sur une centaine de mètres. Il s'élança à une vitesse sans pareille, disparaissant de l’horizon en moins de 5 minutes.  

Le vent reprit sa course dans la zone, effaçant les dernières poussières et trace de l'apparition du tatou.

Est ce que tu étais vraiment en train de faire la course avec une créature d’un autre temps ? Une probable divinité ? Oui. C’était exactement ce que tu étais en train de faire. Et par dessus tout, tu n’hésitais pas à lui dire qu’il TRICHAIT. Parce que c’était le cas. Parce qu’il était en train de voler au dessus du sol quand toi tu ne pouvais que courir. Et d’accord, peut être qu’il était en train de faire une démonstration de puissance, et que tu allais te retrouver avec des piques plantées dans des endroits où elles ne seraient pas vraiment pratiques à enlever. Ah tu imaginais déja la tête de tes parents quand tu devrais leur raconter que ta promenade dans le désert s’était mal passée. Tes petits frères seraient sans doute ravis des histoires que t’inventerait. Indari une fois rentrée à Noxus apprécierait beaucoup moins que sa meilleure mercenaire se retrouve incapacité a cause d’une attaque de tatou. Mais soit ? Tu n’y étais pas encore n’est ce pas ?

Non, pour le moment t’étais en train de songer à comment t’allais perdre quand il prit une direction totalement opposée et … « HEY MAIS REVIENS ? CA VA PAS ? AH BEN SUPER LA TRICHE JUSQU’AU BOUT. » Et voila que le vent s’y mettait également, effacant ses traces.

Poussant un grognement tu toucha quand même du bout des doigts la roche que tu avais désigné comme objectif, et tu te mis à grommeler dans le vide du désert. « ET BIEN J’AI GAGNE QUAND MEME. TRICHEUR. » Personne ne te croirait ? Tant pis. Tu raconterais quand même l’histoire, parce qu’on ne te changerait pas.