Broken chains ▬ Saerùn

Tu étais déboussolée.

Après l’attaque, elle t’avait amenée sur son bateau. Avec les autres esclaves. Tu ne savais pas trop pourquoi elle t’avait libérée, mais tu lui étais reconnaissante. Si tes premières pensées à son égard furent méfiantes, elles furent rapidement remplacées par le soulagement. Cette femme que tu ne connaissais pas t’avais rassurée, comme elle avait rassurée les autres.

Qui était-elle ? Tu n’en savais rien. Mais ce que tu savais, c’est que ce bateau sur lequel elle t’avait embarquée était le sien. Tu ne connaissais pas son nom, mais tu le lui demanderais, lorsque tu t’entretiendras avec elle.

Ils disaient, les membres de son équipage, qu’ils vous emmenaient en lieu sûr. A Bilgewater. Un nom que tu connaissais bien, vu que tu étais née là-bas. Mais un nom qui te paraissait être venu d’une autre vie. Combien de temps avais-tu été prisonnière ? Tu n’en savais rien. Ces années en tant qu’esclave t’avais fait perdre la notion du temps. Tu savais néanmoins, que tu n’étais plus une adolescente, mais une jeune femme, avec un corps rempli de cicatrices que tu n'avais pas à quinze ans. Tu avais des blessures récentes également. C’est bien pour cela qu’un médecin -qui appartenait à cet équipage- prit soin de soigner tes plaies.

Tu laissas tes doigts se perdre sur ton cou, appréciant le contact de ta peau dénudée de ce collier qui ne t’avais pas quitté depuis des années. Qu’allais-tu devenir maintenant ? Que connaissais tu, de la vie dehors ? Tu n’en savais rien, et tu ne connaissais rien. Tu étais comme un nouveau-né, prêt à découvrir la vie.

Depuis ton arrivée sur ce bateau, tu n’avais pas ouvert la bouche, ne serait-ce, qu’une seule fois. Pourquoi dire ? Les autres esclaves posaient les questions à ta place. Cependant, tu demandas au médecin de bord de t’indiquer la cabine de ta sauveuse. Tu espérais qu’elle ne soit pas occupée.

Alors tu toquas, à cette porte qui te séparais d’elle. Attendant impatiemment qu’elle te demande d’entrer. Qu’allais-tu lui dire ? Par où commencerais-tu ? Tu n’étais pas douée avec les mots à l’orale, mais tu te surpasserais. Il fallait qu’elle t’écoute, et qu’elle réponde en personne à toutes les questions que tu te posais à son sujet. Tu te devais de la remercier, de t’avoir libérée de cet enfer, auquel tu ne pensais jamais sortir.

Le Majestic coulait désormais avec les restes des hommes contre les quels vous vous etiez battus et l’odeur du sang se mêlait à l’odeur du sel marin comme tu en avais l’habitude. Le combat n’avait pas été de tout repos, et des traces vermeilles ont trouvé place sur sa joue et tes bras, mais plus que jamais tu te sens libre Særùn, bras au ciel, riant, éprise d’une libérté que tu ne laisses s’exprimer que depuis peu. Parce que même si tu n’as jamais été esclave - à la différence de ces personnes qui se trouvent sur ton bateau, et dont tes camarades s’occupent - tu as connu la peur de liberer ce que tu étais réellement, cette sensation de ne pas pouvoir être dans l’entier de tes réalisations. Alors tu ris Særùn, et c’est avec ce rire épinglé à tes lèvres que tu célèbre cette victoire dans ta cabine, avec un des tonneaux de cet alcool de luxe que vous avez pillé a bord du navire que vous venez de couler. Une victoire de plus pour le Kraken, une victoire de plus pour toi, la Capitaine qui changerait le monde, ou du moins qui changerait les choses tant qu’elle le pouvait, et l’exaltation d’avoir glacé le sang de mauvaises personnes.

Le rire meurt sur tes lèvres alors que l’on frappe à la porte et sans même poser cette choppe dont un peu de mousse coule sur le sol tu te rapproches de la porte de bois vert sombre pour l’ouvrir d’un coup sec. « Je t’ai déja dis que si tu voulais participer il suffisait de rentrer et … » Arrêt sur image, si tu t’attendais à une personne bien précise ce n’est clairement pas celle ci qui est en face de toi maintenant, et tu regardes de haut en bas l’ancienne esclave presque muette dont tu as cassé le collier toi même il y’a quelques heures maintenant, ou était-ce quelques jours ?  

« Que puis-je pour toi ? »  Un sourcil s’elève sur ton visage fin marqué par les années, et tu tourne sur toi même pour reprendre la direction de cette banquette confortable dans le coin sous les hublots, dans la quelle tu te laisses tomber, lui montrant le tonneau et une choppe vide. « Sers toi, ça a une saveur d’Ixtal fruitée sur la quelle je n’arrive pas à mettre le doigts. » Regard concerné, tu lui montres la banquette qui fait l’angle en face de toi. « Tu voulais me demander quelque chose ? » Ton air est presque amical, tu n’as pas de raisons de ne pas l’être aprés tout, et d’un mouvement de choppe tu la désigne. « Navrée, je n’ai pas saisi ton nom. »

Ta sauveuse.

Elle était juste devant toi. Tu observas un instant cette silhouette charismatique qu’elle représentait. Si elle s’attendait à la venue de quelqu’un d’autre, elle ne te rejeta pas pour autant.

Qu’est-ce qu’elle pouvait pour toi ? Beaucoup de choses.

« J’veux vous parler. » Les formes de politesse, ce n’était pas encore ça. Mais au moins, tu savais que lorsque tu t’adressais à des personnes qui méritait ton respect, vouvoyer était une base.

Tu observas la cabine dans laquelle elle t’invita. Et si tu la suivis de près, ton regard se perdit dans cette nouvelle pièce que tu découvrais. C’était un endroit grand, spacieux, et très propre. Ton regard se figea sur les étagères de livres, tandis que tu t’asseyais sur cette banquette qu’elle t’avait indiquée. Lire te manquait, et voir tous ces livres ranimait une envie de lecture qui s’était éteinte depuis si longtemps.

Tu secouas la tête. Ce n’était pas le moment.

« Ixtal ? Je connais pas. » Tu ne connaissais plus grand-chose à vrai dire. Malgré cela, tu te servis de cette boisson sans réfléchir trop longtemps, et tu portas la chope à tes lèvres. Une grimace se dessina sur ton visage. « Vous aimez boire ça ? » Il y’avait un tonneau, donc possiblement que oui, elle aimait boire ça. Tu n’avais jamais réellement goûté à l’alcool, et ce n’est pas à quinze ans que tu en aurais eu. Peut-être aimerais tu, si tu te forçais un peu. Alors tu repris une gorgée, n’appréciant toujours pas le goût.

« Vous demander quelque chose, non. » Si. Tu voulais savoir qui était cette personne qui t’avais sauvée. « Je voulais vous remercier. De m’avoir sauvée moi et les autres. » Tes doigts serrèrent la choppe. « J’ai une dette envers vous. » Une dette que tu voulais remboursée.

Ton nom ? « N°… » Tu t’arrêtas subitement. Perturbée. Ton nom, tu ne l’avais plus utilisé depuis des années. Et s’il restait dans un coin de ta tête, tu l’avais presque oublié. « Raksha. » Tu bu une gorgée. Cette boisson passait un peu mieux étrangement.

Tu la fixas un instant. « Et vous, vous êtes qui ? » Elle devait bien avoir un nom, ou un titre, cette justicière des mers. « Pourquoi nous avoir sauvés ? » Peut être avait-elle une relation particulière avec les esclaves ? Tu ne savais pas trop, mais peut être qu’elle répondrait à tes questions.

Au moins la femme en face de toi est plutot claire sur ses intentions, et si un de tes grands sourcils blonds se redresse à ses mots, tu la regarde de haut en bas, lui faisant signe de s’installer où elle le désire. Les banquettes de ta cabine sont les plus confortables, et tu les a fait changer aprés la mort de l’ancien proprietaire du Kraken. Mais tout ceci n’est pas ce qui l’interesse n’est ce pas ? Et bien sur tu vois son regard sur les livres, tu en parleras plus tard. « Et bien parle alors. » Une moue amusée se trouve sur tes lèvres, alors que ta lippe frémit sous le gout de l’alcool alors que tu la regarde bouger dans la pièce, se servant une choppe avant de grimacer. « Tu n’as pas l’air de beaucoup aimer, il y’a de l’eau et du jus de pomme ionien dans les tonnelets sous le bureau si tu veux. » On ne te reprochera jamais d’être un mauvais hôte. Non, à vrai dire, on ne peut pas te reprocher grand chose aprés tout n’est ce pas ? Tu es quelqu’un de plutot plaisant, et plutot acceuillant. Alors même si tu ne lui reponds pas encore à propos d’Ixtal, tu lui offriras une carte si elle reste sur le Kraken, tu es curieuse de ce qu’elle a à dire.

Choppe levée, tu bois une nouvelle gorgée, avant de reposer ton alcool sur la table basse. « Raksha. » Son nom que tu murmures pour t’y faire un peu sans savoir si elle restera ou non. Tu l’as sauvé, tu l’as liberé, ton travail s’arrête en general la. « Særùn. » Un nom qui lui est donné alors que tu la regarde une nouvelle fois. « Aussi appelée le Kraken de Givre, du nom de merveilleux bateau qui t’acceuille présentement. » sourire à tes lèvres, tu bois à nouveau, dans ce rythme assez rapide que tu as de toute façon.  

Les questions ne sont pas mauvaises, et on ne peut plus interessantes, alors bien sur, tu prends le temps de la faire mariner un peu, et c’est avec des mots bien différents de ceux que des vrais pirates emploieraient que tu parles une nouvelle fois. « Pourquoi ne pas l’avoir fait ? Personne ne devrait être aliéné à quelqu’un d’autre, que ce soit par volonté ou par force. Je ne t’ai pas sauvé pour que tu te soumettes à moi, et toi comme tes camarades êtes libres maintenant. Si tu le désires je te laisserais à quai une fois arrivés à Bilge, ou bien tu pourras faire route avec nous jusqu’à notre prochaine destination. Ionia. »

Elle accepta que tu t’entretiennes avec elle.

Tu aurais voulu sourire, mais tu ne savais plus vraiment comment t’y prendre. Alors tu hochas la tête, le visage neutre d’expressions.

Elle remarqua que tu n’appréciais pas la boisson d’Ixtal. En même temps, il fallait être aveugle pour ne pas voir ton dégoût lorsque ce liquide traversait ta gorge. « Je vais prendre de l’eau. » Du jus, qu’il soit aux pommes ou autre, tu n’en avais jamais réellement goûté. « Merci. » Ce mot faisait bizarre dans ta bouche. Tu ne l’avais que très peu utilisé au cours de ces dernières années.

Sans réfléchir trop longtemps, tu attrapas ta chope, et tu versas le liquide restant dans la chope de ta sauveuse, sans penser à lui demander son accord. « On va éviter le gâchis. » Tu n’aimais pas ça. Chaque goûte avait son importance. Et vu comment la femme en face de toi buvait vite, elle ne verrait aucun inconvénient à ce que son verre se remplisse tout seul, n’est-ce pas ?

Tu te levas, ta chope à la main et parti la remplir d’eau. Ta place initiale fut vite retrouvée alors que des questions furent posés.

Tu avais enfin un nom sur le visage de celle qui t’avais sauvée. Saerùn. C’était beau. Tu ne savais pas d’où ça provenait, mais c’était des questions qui viendraient plus tard. Ou jamais. « De givre ? Vous n’avez pourtant pas l’air si froide. » Contrairement à toi. Mais personne ne te blâmerait pour cela, n’est-ce pas ? Après tout ce que tu avais vécu, tu avais tous les droits de faire la tête.

Pourtant elle te souriait, et tu te sentis mal à l’aise de ne pas le lui rendre. Malgré le service qu’elle t’avait rendu.

Tu le savais. Qu’elle ne t’avait pas libéré pour que tu te soumettes à elle. Beaucoup trop de choses te l’avait prouvé bien avant qu’elle le dise de vive voix. Dans tous les cas, sa réponse te réchauffa le cœur. Des personnes comme elle, tu ne pensais pas cela possible. Et pourtant, elles existaient bel et bien. « Je ne veux plus jamais me soumettre à qui que ce soit. » Cependant. « Cette liberté, j’en avais besoin. » Tu n’avais pas oublié ton frère. « Vous me l’avez donné, et je me sens redevable. » Tu n’étais pas obligée de l’être, tu le savais. « Si vous me prenez avec vous, que ce soit à Ionia ou plus loin, je pourrais vous être utile. Je pourrais faire en sorte que cette dette soit remboursée un jour. » C’était une façon de lui demander de te garder sur son bateau ? Tu ne voulais pas être lâchée seule dans ce monde que tu ne connaissais pas.

Si la femme reste neutre tu n’es pas de ces personnes qui s’en formalisent, aprés des années avec un collier d’esclave dont elle a toujours les stigmates autour de sa nuque, pourquoi juger quelqu’un sur l’absence de réactions qu’il puisse avoir quand ses yeux ne font que dire la verité. Verité d’un air perdu au milieu du faste de ta cabine, verité d’un dégout à l’amertume de ta boisson. Sa choppe est vidée dans la tienne et tu la lève en la regardant dans un geste de remerciement avant de la porter une nouvelle fois à tes lèvres. « Tu t’habitueras à l’alcool, c’est comme tout, on finit par s’y faire, le palais accepte l’amertume et la tête et le coeur s’en réchauffent. » pas que tu ne cherches forcément à la convaincre, juste une certitude, les temps passeront, les choses changeront, elle redeviendra cet être humain qu’elle aurait du toujours être.

Alors des présentations sont faites, tu la regarde s’installer sur les grandes banquettes bleu-vertes. Une conversation se lançant, qui te fait sourire doucement. « Je ne le suis pas. » Un haussement d’épaule, et d’un mouvement de doigts tu fais apparaitre un cristal de glace au bout de ceux ci, le faisant vibrer quelques instants avant de le lui lancer. « Ce sont probablement mes pouvoirs qui m’ont valu ce nom. » Une simple présentation n’est ce pas, et des propositions également. Un service rendu, une dette. Une réponse d’une honneteté claire, alors que tu regardes le monde vivre dans ses yeux pendant quelques instants.

« Plus loin. Es-tu sure de ce que tu demandes ? » Tu as été claire Særùn, il est hors de question de remplacement une attache par une autre, tu ne seras ni une laisse, ni une chaine, et cette femme mérite de vivre. Et pourtant tu en as vu d’autres qu’elle, décider de rester avec toi sur ce bateau qui est le tien désormais. « Nombre de gens ici sont comme toi, d’anciens esclaves que nous avons liberés, ils ont tous des buts qui leurs sont propres, mais dans l’ensemble ils ont choisit de combattre en mon nom, pour la liberté de tous. » La quête est noble, l’idée est également. « Tu peux avoir un lit dans les dortoirs, et ta place à notre table si tel est ton choix Raksha. »

Arriverais-tu vraiment à t’habituer à cette boisson ?

Tu verrais bien avec le temps. « L’alcool vous réchauffe de quelle façon ? » Tu ne connaissais pas les effets de cette boisson. Même si tu avais déjà été témoin de ceux qui en avaient trop abusés. Cela restait malgré tout un mauvais souvenir. Tu ne voulais pas y penser là maintenant.

Surtout que tu appréciais la conversation. Tu ne savais plus depuis combien de temps tu n’avais pas discuté avec quelqu’un sans être effrayée de te faire surprendre.

Tu compris d’où venait le mot « Givre » lorsqu’elle créa un crystal de glace à l’aide de ses mains. Ta sauveuse possédait donc des pouvoirs. Est-ce que cette information changeait quelque chose ? Pas réellement non.

Tu attrapas le crystal sans qu’il se brise. Tes bons réflexes, tu ne les avais pas perdus. Tu observas la création que tu tournoyais entre tes doigts. « Tout s’explique. » Tu n’avais pas d’autres interrogations à ce sujet. Tous les pouvoirs étaient banals à tes yeux. « Vous devez être forte. » Ta supposition était stupide. Tu le savais, qu’elle était forte. Si cela n’avait pas été le cas, tu serais encore en train de ramer à l’heure actuelle.

« Je suis sûre oui. » Pourquoi ne le serais tu pas ? Ce n’était pas parce que tu venais tout juste de retrouver ta liberté que tu ne savais pas ce que tu voulais. Tu étais peut-être perturbée, mais une opportunité s’offrait à toi. Tu te devais de la saisir.

D’anciens esclaves étaient sur ce bateau ? Raison de plus qui te prouva que c’était la meilleure solution pour toi. Si Saerùn acceptait que tu restes sur son bateau, tu irais poser des questions à ces anciens esclaves. Peut-être que l’un d’eux connaissait ton frère.  « Si je peux aider à libérer d’autres esclaves, raison de plus pour rester avec vous. » Tu lui relanças le crystal. « Ça tombe bien, je suis bonne combattante. » Parce que si tu devais trouver un poste à occuper sur ce bateau, ce serait guerrière. Pas mécano ou un truc comme ça.  « Si vous l’acceptez, je suis prête à tuer pour le Kraken de Givre. » Si elle avait un titre, c’était toujours mieux de l’utiliser n’est-ce pas ? De ce fait, tu rembourserais ta dette par la même occasion.

Tu voulais sourire. C’était si frustrant de ne pas y arriver. « C’est donc mon choix. » Pas besoin d’en dire plus. Ta décision était prise. Rien ne te ferait changer d’avis.

Partager un dortoir avec d’autres, ce serait déjà beaucoup trop de confort pour toi. Tu espérais juste que les autres membres de l’équipage ne soient pas trop collants avec toi. « Par contre il faudra dire à votre équipage de me laisser tranquille. Je ne suis pas encore prête à me faire des amis. » Est-ce que tu le serais un jour ? Encore une question dont tu ne connaissais pas la réponse. « Tant que je fais ce que vous me demandez, je n’aurais pas de problèmes n’est-ce pas ? » C’était important de savoir. Tu ne pouvais pas cerner une personne avec une action et deux questions.

Même si Saerùn t’avais sauvée, tu ne pouvais t’empêcher d’être méfiante.

« Voila quelque chose que je te laisserais découvrir par toi même. » Elle n’est qu’une enfant aprés tout, une enfant à l’age adulte, lachée aprés tant d’années à ne pas savoir vivre dans les cales d’un navire qui l’employait pour ses bras, ou pour tout autre chose. Que lui ont ils fait ? La question se pose, et si elle n’a pas l’allure d’une esclave sexuelle, tu sais qu’il y’a des questions que tu ne peux poser. Plus tard peut etre, si elle reste sur le Kraken et que vous avez l’occasion de parler, plus tard, si vous devenez amies. Le temps te le diras.

Une explication est offerte sur une appelation, et tu regardes l’espece de lassitude dans son regard. Elle n’a pas de questions, elle n’a pas d’interet sur les pouvoirs que tu puisses avoir, et la normalité de la chose ne te choque pas. « Je le suis. » Une simple réponse, pas que tu ne te penses supérieure aux autres tout simplement tu sais ce que tu vaux Særùn, et tu vaux beaucoup. Parce que tu es assez forte pour attaquer des navires, parce que tu es assez forte pour convaincre des gens de te suivre et te creer un équipage de rève, parce que tu es forte, tout simplement.

La proposition faite tu regarde la femme un peu plus en détail, et alors qu’elle accepte, tu attrape le cristal de givre que tu fais fondre entre tes doigts, magie qui retourne à sa sourcre, qui retourne à sa force. « Tuer n’est pas notre seule occupation. Mais je prends note de ton choix. » Elle semble motivée, et assez docile pour t’obéïr, et puis, tu sais que si elle venait à se rebeller, il te suffirait de la laisser partir. Tu fais confiance aux gens Særùn, à ceux qui le meritent.

« Je leur dirais oui. » Un haussement d’épaule, un mouvement de poignet comme pour l’inviter à être libre maintenant, mais une nouvelle question vient heurter ses lèvres, et tu bois une nouvelle gorgée. « De quels problemes parle tu ? »

Tu découvriras par toi-même.

Ce n’était pas plus mal. Tu verrais par toi-même les effets que donnerait cette boisson sur toi. Pas ce soir. Tu n’avais pas envie de ça, là maintenant. Tu discutais de choses sérieuses avec cette femme. Tu ne pouvais pas te laisser distraire par des substances dont tu ne connaissais pas les effets.

« J’apprécie d’autant plus les gens forts. » Ce n’était pas pour une question de sécurité. Tu pouvais te protéger toute seule. Mais si tu devais côtoyer Saerùn, bien qu’elle soit ta sauveuse, tu ne voulais pas servir quelqu’un de fragile. Ce serait dommage que ta capitaine meurt bêtement. Au moins tu savais que ça n’arriverait pas.

Tuer n’était pas leur seule occupation ? Voilà quelque chose qui te rendrait un peu plus humaine. « Très bien. Mais sachez que je ne sais pas m’occuper d’un bateau. Je suis bonne qu’avec mes poings et ma lance. » Peut être t’apprendrais-t-elle de nouvelles choses qui te rendrait moins sauvage ?

Tu bu ta choppe d’eau en une fois, puis tu retiras ton haut pour montrer les cicatrices de ton dos. « Ce que vous faites pour punir. » Si elle punissait ceux qui la désobéissait. Même si ce n’était pas un maitre d’esclaves, elle restait la dirigeante de ce navire. Si elle devait se faire respecter, elle utilisait certainement des moyens pour que son équipage n’en fasse pas qu’à sa tête. « Je ne veux plus être ce chien en laisse, mais si je dois être à votre service, il faut que je sache ce que je ne dois pas faire. » Pas que tu ne respectais pas les règles, mais lorsque tu n’étais pas d’accord avec quelque chose, tu le faisais comprendre.

Tu remis aussi vite ce qui te servit de haut, avant de pointer les étagères de livres du doigt. « Vous êtes une grande lectrice ou c’est juste pour la décoration ? »

Cette conversation pourrait te sembler sur-reelle, mais elle ne l’est pas. Tu l’as eu nombre de fois dans le passé, avec chacune des esclaves que tu as liberé et qui a choisi de rester. C’est ainsi Særùn, et à chaque fois tu n’as pas eu à convaincre, tu n’as pas eu à demontrer ta force parce que les personnes le savaient déja. Se sentent elles mieux en confiance avec une femme comme toi ? Es-tu de ces grandes et bonnes personnes qui insufflent à tous l’envie et l’idée de te suivre ? Le sourire revient et reste sur tes lèvres alors que tu la regardes tenter de se vendre a toi. « Je ne suis pas ici sur un marché choisissant le meilleur marin qui soit tu sais ? » Et si la femme semble sauvage, tu secoue un peu la tête. « Comme tout, à vivre réellement en communauté tu apprendras, tu te découvriras des passions. Je n’ai pas à te convaincre de me rejoindre, il faut que ce soit un choix qui n’appartient qu’à toi. Si tu veux combattre pour moi, alors tu le feras, et lors des moments de calme, le Kraken sera une maison qui vogue d’un quai à l’autre. » Explication donnée peut être, tu bois une nouvelle gorgée, et puis tu fronces les sourcils.

Elle a des questions qui te semblent etrange, et tu secoue la tête en la regardant se dévetir devant toi. Est ce une manière de te séduire ? Ca ne marche pas réellement comme ça, mais elle a l’air sauvage alors… Non. Elle ne te montre les cicatrices sur son dos et parle encore, te faisant comprendre ce qu’elle veut dire. « Tous les capitaines n’ont pas la main leste sur le fouet. » La réponse est claire. Ton regard se pose sur elle alors qu’elle se rhabille. « Comme partout cependant il y’a des règles à respecter. Ma parole vaut loi. Nous n’attaquons pas les innocents. Je choisis les cibles de nos attaques. Nous ne sommes pas des pirates, nous sommes des Justiciers, des Vigilants des Mers. Je ne punis pas les gens, désobéïs moi une fois, et je te laisserais à quai. Trahis moi, et tu meurs. » Les termes sont clairs pour toi au moins, tu es à la fois cette personne douce qui prend soin des autres, qui sauve des esclaves, mais tu ne laisseraas pas des sauvages détruire tout ce que tu cherches à construire. « Ce bateau est un havre, et je tiens à ce qu’il le reste. » Regard acier, tu lui laisse quelques instants.

Et puis un rire. « D’aprés toi ? » de ta main tu montres la table à coté de ton lit, les livres ouvert, et les blocs de parchemins remplis d’annotation.

Ton incompétence sur les navires n’était pas un problème.

Tant mieux. Tu haussas les épaules à sa remarque. Comment pouvais tu savoir ce qu’elle voulait sur son bateau et dans son équipage ? C’était la première fois que tu l’adressais la parole.

Des passions ? Tu ne savais pas trop ce qui te plaisais. Tu n’avais que quinze ans la dernière fois que tu avais fait quelque chose qui t’avais amusée. Mais comme elle le disait, tu le découvriras par toi-même. Comme tu découvrirais tant de choses que tu ne connaissais pas. « Je combattrai pour vous, oui. » C’était ton point fort après tout. « Je m’habituerais à ces moments de calme. Comme je prendrais d’autres habitudes. » C’était une question d’adaptation.

« Je n’aime pas les fouets, ça tombe bien. » Des coups de cet outil, tu n’en voulais plus jamais. Si tu étais résistante, ce n’était pas pour cela que ce n’était pas douloureux. Saerùn évoqua ses conditions, et si son regard avait changé, ton regard à toi resta le même, fixant le sien. « Ça a le mérite d’être clair. » Si tu la trahissais, elle te tuerait. Elle n’avait pas l’air de plaisanter, et si ça te refroidit d’autant plus que tu l’étais déjà, tu la croyais. « Je serais loyale. » C’était des mots sans preuves. Mais tu espérais pouvoir le lui prouver avec le temps. « Je me tiendrais donc à carreau. Tuer des innocents n’est pas quelque chose que j’aime. » Comme tuer tout court. Mais étais-tu réellement responsable de toutes ces vies que tu avais prises ? Non.

« Des justiciers… » Est-ce que tu venais de sourire à la pensée de ce mot ? Est-ce que libérer d’autres esclaves t’aiderait à aller mieux ? Oui. Tu voulais libérer le plus de personnes possibles. Tu ne voulais plus que d’autres vivent ce que tu avais vécu. Alors oui, tu réussis à lâcher un petit sourire inconscient. « Cela me motive d’autant plus à vous suivre. » Ton choix avait été fait depuis un petit moment de toute façon. Rester sous les ordres de cette femme, c’était possiblement la meilleure chose qui puisse t’arriver. « Il le restera. » Ce havre. Tu étais peut-être quelqu’un de perturbée et instable, mais cela ne faisait pas de toi quelqu’un de méchant ou d’irrespectueuse.

Son regard menaçant disparu. Tu préférais lorsqu’elle souriait ou qu’elle riait. Cela te tendait moins. Ce n’est pas qu’elle t’effrayait mais… Tu secouas la tête, fixant le livre ouvert et le parchemin à proximité. « Question bête. » Tu te grattas l’arrière du crâne, un peu gênée. « C’est quoi comme livre ? Pourquoi vous avez pris des notes dessus ? »

Est-ce que si tu restais avec elle, elle te laisserait emprunter certains de ses livres ?

Cette conversation était un peu sur-réaliste, et pourtant tu en avais eu d’autres similaires par le passé. Parce que les personnes que tu sauvais de l’esclavage et de l’aliénation n’étaient pas toutes saines d’esprits, parce qu’il y’avait des traumatismes que même la gentillesse ne pouvait guérir, et tu n’étais pas foncièrement gentille Særùn. Tu étais une bonne personne oui, mais tu n’étais pas la sympathie incarnée. Les mots sont dits néanmoins, et si tu fronces les sourcils, concentrée sur ses mots, tu te contentes d’approuver d’un hochement de tête. « Bien. » Tu n’as pas besoin de davantage de dévotion, elle te promet sa loyauté, et tu sais que tu l’auras, sinon, elle mourra d’un pic de glace dans le coeur ou d’une autre manière, rapide mais néanmoins douloureuse.

Finalement tu te lèves alors Særun, et tu lui tends une main. « Bienvenue à bord Raksha. Puisse nos moments ensemble être appréciables. » Ton sourire se fait finalement plus doux, et tu n’insistes plus sur les promesses de loyauté ou sur les explications, ce ne sont pas forcement des conversations que tu aimes avoir, ou sur les quelles tu devrais t’apesantir. Non.

Et puis, c’est tout de même plus interessant ce moment où elle te parle de ton livre et des notes que tu prends, revelant alors une autre facette de toi, qui posant ta choppe sur la table basse a tes cotés, te rapproche alors du grand bureau où livre et annotations sont posées. « C’est un livre d’histoire Shurimienne. Je prends des notes parce que je cherche à faire une cartographie des evenements majeurs de Runeterra. Regarde. » Bougeant quelques parchemins, tu sors une grande carte bardée d’anotations, que tu lui montres. On peut y voir dessus quelques élements comme la chute d’Icathia, ou des moment de guerr entre Noxus et Ionia. « Pour le moment il n’y’a pas grand chose, mais a chacun ses passions je supposes. » Ton sourire se fait néanmoins plus doux. « Cependant il n’y’a pas que des livres d’histoire dans ma bibliotheque, je pense que quels que soient tes gouts tu y trouveras ton plaisir. Tu sais donc lire ? » Beaucoup ne le savaient pas, c’était appréciable.

C’était tout ?

Après tout ce que tu venais de lui dire, il ne lui en fallait pas plus pour qu’elle te fasse confiance et t’acceptes parmi les siens ?

Peut-être avait-elle besoin de voir des preuves ? Des mots, ce n’était certainement pas suffisant à ses yeux. Mais ça, tu ne pouvais pas le savoir. Tu n’étais pas dans la tête de cette sauveuse qui était à présent ta capitaine.  Alors tu ne répondis rien de plus. Tu te tiendrais à carreau sur ce navire qui était ta nouvelle maison. Tu écouterais les ordres que te donnerais Saerùn, et tu lui prouverais tes dires au moment voulu.

Néanmoins elle te souhaita la bienvenue, et te tendit sa main, que tu serras presque tout de suite.  « Merci. » Des moments appréciables, oui. Tu espérais que tu pourrais à nouveau en vivre. Cette nouvelle vie qui s’offrait à toi te le permettrait certainement. Tu ne pouvais qu’avancer désormais. Tu n’avais plus ces chaines qui te maintenait prisonnière d’un esclavage qui créait une distance sur la recherche de ton frère disparu.

La question sur le livre et les annotations fut posée, et tu te sentis plus apaisée de parler de quelque chose que tu appréciais. Il s’agissait là d’un livre d’histoire sur Shurima accompagnés d’annotations d’évènements. Ta nouvelle capitaine te montra une carte du monde que tu pris quelques secondes à observer. Ce n’était pas la première fois que tu voyais une carte, mais cette fois ci tu pouvais l’observer de près, sans que l’un de tes maitres soit derrière toi à te punir pour quelque chose que tu n’avais pas le droit de faire. « C’est intéressant. Bien que je ne comprenne pas la nécessité de cartographier les évènements. » Tant qu’on connaissait les grandes lignes de l’histoire, pourquoi retranscrire ceci sur une carte ? « C’est assez peu commun comme passion en effet. »

Tu observas longuement la carte. Runeterra était vaste, et tu ne connaissais que légèrement Bilgewater ainsi que des champs de batailles dont tu ignorais leurs emplacements. Tu fus prise d’une certaine excitation à vouloir aller partout. En tant que femme libre, et fraichement membre de l’équipage du Kraken de Givre. Tu voulais aller à tous ces endroits dont les noms n’étaient que peu commun à tes oreilles. Tu apprendrais à les découvrir, et à découvrir leurs histoires aussi.

« Vous accepterez de m’en prêter ? » Des étoiles brillèrent presque dans tes yeux lorsqu’elle évoqua que tu trouverais peut-être ton plaisir dans sa bibliothèque. Tu pourrais bientôt à nouveau lire. Quelque chose dont tu avais été privée depuis si longtemps. « J’ai eu la chance d’avoir appris avant d’avoir été vendue, oui. » Tu hésitas quelques instants. « Avoir été privée de lecture et d’écriture pendant si longtemps n’a pas été facile. » Beaucoup de choses n’ont pas été faciles pendant ton esclavage, mais ce n’était pas le sujet actuel.

Une main serrée avec toute la force et la fougue dont tu disposes, et un sourire doux mais un rien mutin sur tes lèvres, et voila une affaire conclue. Si l’on pouvait appeler ça une affaire, car tu n’etais pas en train de negocier pour un tonneau d’alcool, ou pour une vache, non, tu acceuilles simplement finalement cette femme qui a été esclave, a bord de ton navire, a bord de ton équipage, ta famille. Et le sourire est leger finalement sur tes lèvres, alors que tu vois quelques hésitations en elle, comme si elle ne pensait pas que les choses pouvaient être aussi facile. C’est quelque chose que tu as déja vu, chez beaucoup d’esclaves comme elle, chez ces personnes que tu as liberé. Alors tu ne rajoutes rien non. Tu lui expliques juste ce que tu es en train de faire en reponse à sa question, et si elle trouve ça bizarre, tu ne débats pas. « A chacun ses passions. » te contentes tu de lui offrirs alors dans une voix douce, et toujours avec ces nuances de mutin, que tu as du mal à faire disparaitre quelques fois.

« Bien entendu. Ton exaltation fait plaisir à voir. » Le sourire se fait plus doux, et tu arrange la longue natte de tes cheveux derrière ton dos, pendant que tu bouges vers ta bibliotheque, sortant quelques ouvrages qui lui plairont tu es sure. « Tu peux également prendre des parchemins et des plumes si cela t’interesse. Tant que tu n’écris pas sur les livres tout me va. On pourra s’arrêter dans un port t’acheter du materiel si tu veux. » Et peut être qu’en un sens elle te fait penser à une enfant dont tu dois prendre soin. Grande guerriere ou non, elle est désormais sous ta protection, alors c’est machinal pour toi, de te rapprocher d’elle, et de poser la main sur son épaule. « Tu ne seras plus jamais privée de quoi que ce soit. » Une promesse. Un serment. Tant qu’elle t’es fidèle et loyale néanmoins.

Les passions, il y’en avait de toutes sortes en effet. Alors si cartographier l’histoire d’évènements était celle de ta nouvelle capitaine, ce n’est pas toi qui jugerais. Toi aussi tu trouverais la tienne un jour ou l’autre.

Si le regard de Saerùn avait été menaçant quelques minutes plus tôt, il n’était plus d’actualité, et cela te rassurait. Surtout lorsqu’elle vit que tu appréciais les livres toi aussi. Tu haussas les épaules à sa remarque. La personne vide de toutes émotions positives venait déjà de faire un énorme pas. C’était bon signe, et cela te réchauffait le cœur. « Je vous remercie. » Si tu aimais lire, tu aimais d’autant plus écrire. Alors la proposition de prendre de quoi écrire fut acceptée avec grand plaisir.

Tu attrapas la pile de livres accompagnés du matériel d’écriture, prête à quitter la cabine du capitaine. Sa remarque te réchauffa une fois de plus, et tu aurais pu avoir les larmes aux yeux si tu avais été sensible. Mais tu décrochas juste un sourire reconnaissant. « Encore merci de m’avoir sauvée et d’avoir accepté que je reste dans votre équipage. » Tu l’avais déjà remercié, mais tu ne pouvais pas t’empêcher de le faire encore. Après tout, elle t’avait sauvée la vie. Elle avait brisé les chaines qui te retenait prisonnière depuis si longtemps.

« Bonne nuit Capitaine. » C’est sur ces mots que tu quittas sa cabine, prête à vivre un nouveau commencement.