Qu'il est aisé d'utiliser des euphémismes, pour qualifier certains faits. Par exemple, au lieu de dire que quelqu'un est tout simplement mort, on dit qu'il s'en allé vers des jours meilleurs. Quand quelqu'un perd un de nos biens, on dit qu'il a sûrement été égaré dans un coin pas loin. Cette définition s'applique pour Piltover et Zaun. On parle de césure, pour qualifier une séparation définitive entre les deux villes qui, n'ont pas les mêmes avantages et visuels, quand l'on prend la peine de les visiter. Faces d'une même pièces, Yin et Yang. Proches, mais jamais vraiment liées. Ahri le comprend, à vrai dire. En arpentant les rues de Zaun, elle voit la pauvreté dans son image la plus tâche, cachée sous sa cape. Elle sent en double les fumées et respire sans être habituée les particules dégagées. Dans une quinte de toux et une pause, deux enfants passent à toute vitesse, un porte monnaie en main agité fièrement. Plus loin, un homme habillé d'un veston à peu près propre éructe et tente de les poursuivre. La renarde est d'ailleurs poussé par cet homme, comme d'autres passants. Sa rustrerie ne fait pas d'exceptions, il veut récupérer son bien et accessoirement ... son argent. Zaun est la partie immergée et polluée de l'icerberg qu'est Piltover. Malgré la mise sous silence de Silco, rien n'a changé. La ville est toujours ce méandre de crasse, de désoeuvrés, et de désespoir où tout peut se monnayer. Où les quelques lueurs de lucidité peuvent tourner en des monstruosités mécaniques bien pire que quelques déversements de produits chimiques. Ce n'est vraiment pas une vie, pense alors Ahri. Et dire que toutes ces choses ont besoin de briser et hacher le bois d'arbres, qui ont vécu bien avant qu'il ne sachent laver leurs selles. La renarde soupire, tête penchée vers la droite, avant de reprendre sa route pour atteindre son objectif, le Skylight Commercia. Le contraste entre les rues passées précédemment et la zone était flagrant. Il y avait plus de propreté, plus d'attention portée aux bâtiments. Ce qui en soi, n'est pas étonnant. Après tout, il fallait appâter le client. Mais la Vastaya ne s'intéressait pas vraiment aux enseignes détonnant de lumières halogénées et renforcées aux flash chimiques de cette partie marchande. On lui avait dit qu'une partie bien moins attrayante pour le marchand lambda existait, et que certaines de ses questions pourraient éventuellement trouver quelques réponses. Oui, le projet est dangereux quand on connaît la nature de la jeune femme : aller dans le marché noir de Zaun est pure folie. Pourtant, cette alerte ne l'effraie pas. Elle converse, questionne de temps en temps entre deux pans de discussions et fausses recherches, jusqu'à ce qu'un herboriste finisse par lui offrir un sésame, l'amenant dans les sous sols du Commercia. Un sourire illumine son visage encore effacé par les ombres du tissu de sa capuche. Tout un nouveau monde, encore plus noir que Zaun elle-même s'offre à elle. Myriades de crapules, de chiffoniers ou encore de marchands en possession d'objets bien plus illégaux et dangereux jonchent ces allées étroites et bruyantes. Ahri s'arrête devant un des comptoirs, où elle voit une relique de Shurima trôner au milieu d'autres bibelots magiques. Une balance, censée peser les affres de votre âme. La renarde l'effleure du bout de ses longs doigts, curieuse, perplexe face à ce que tente de lui vendre le marchand. Il affirme que l'objet fonctionne, et qu'il peut même lui en faire la démonstration. Les mèches blondes de la jeune femme volent, alors qu'elle secoue la tête. Ce n'est pas ce qu'elle cherche, mais il insiste, disant que cela aurait appartenu à un Vastaya. Pendant ce temps là, une petite ombre se faufile entre les acheteurs du marché. Son objectif, est d'arriver jusqu'à cette personne drapée de cette cape blanche et soutirer le petit sac attaché à sa ceinture. Il avance, avance, avec toute la discrétion et l'agilité gagnée de par ses précédents larcins. Sa main se tend et ...
Clap
Le claquement d'une paume contre la peau d'un poignet se fait entendre. Ahri a attrapé une main, sûre d'avoir son voleur.
— Voilà qui est intéressant. L'étau de ses doigts se resserre sur sa prise. — Ton cher marchand ne t'a jamais appris l'adage jeux de mains, jeux de vilains ?
Mais à sa grande surprise, alors qu'elle se trouve plus en contact avec sa proie, le poignet est plus large que ce qu'elle avait imaginé. Plus musclé, aussi. D'ailleurs, la petite ombre vient de filer, non loin d'eux. Bredouille, mais sauf face à sa faute. Ahri relève peu à peu les yeux, courant ses prunelles le long de ce bras hâlé, pour ensuite rencontrer le visage du pauvre capturé.
Put your foot through the hole in the seedpod where I was playing, and you will become wise. ▬ D. M.
Plus le temps passe, plus le manque cruel de ma terre natale se fait ressentir. Souvent, je repense à la famille que j’ai laissée derrière moi ; je me demande aussi si je n’ai pas eu tort de prendre cette décision, compte tenu du temps que prennent les choses à se mettre en place. Certes, depuis mon arrivée, je me suis un peu plus approché de mon but : intégrer l’empire m’a permis de gagner en force, en maîtrise, et d’en apprendre davantage sur la branche de ma généalogie que je veux détruire. Il faut que je connaisse parfaitement mes ennemis pour les anéantir, c’est ce que j’ai appris et me répète. Or, les années passent, et plus je reste à leur côté, plus le dégoût que j’ai envers eux grandit, rendant la tache de les côtoyer de plus en plus difficile.
Ces hommes et ces femmes que j’abhorre prônent des valeurs qui n’ont pas de sens pour moi. L’idée seule que nous partageassions le même sang me répugne d’une façon indicible. Tout ce qui existe et fait de nous des Hommes nous oppose. La culpabilité que j’éprouve déjà d’avoir abandonné ma sœur est l’unique rempart qui m’empêche de me haïr davantage parce que je porte leurs gènes dans mes veines.
Tandis que je conçois la vie comme un cadeau qui doit être chéri, eux la perçoivent tel un bien qu’ils peuvent donner et reprendre aux plus faibles comme bon leur semble. Le pouvoir m’importe peu si ce n’est pour protéger les miens, or ils ne songent jamais qu’à s’élever pour leur gain personnel, jugeant que le nom Du Guesclain n’est resté que trop longtemps dans l’ombre de ceux des grandes maisons du pays. Ils s’entraident, ils se respectent les uns et les autres, aussi veillaient-ils au respect de la hiérarchie comme on protège un héritage millénaire. Je ne peux pas le nier : en apparence ils ont tout d’une meute. Mais j’ai pris des années pour les étudier en silence, et maintenant je vois au-delà du voile policé qui recouvre le tableau : la loyauté qui cimente les membres du clan n’est là que pour faire d’eux de plus puissants ennemis. S’apprécient-ils même véritablement en dehors de leurs obligations familiales ? J’en doute fort. Ils paraissent à peine capables de se témoigner une affection chaleureuse. Une morale supposée doit les interdir d’en éprouver, ce qui à mon tour m’empêche d’avoir une empathie durable à leur égard.
Pourtant, parfois je prie pour que les choses deviennent plus faciles. Pour que mon père finisse par révéler un éclat de bonté, un sursaut de regrets. Pour qu’il se rappelle le foyer brisé auquel il a tourné le dos au lieu d’en renier le souvenir. Mais rien ne pénètre le cœur de l’amiral, et les dieux sont sourds. Par conséquent, quelle autre option me reste-t-il que la vengeance ?
Aucune. Alors ils doivent tous tomber. Et mon père le dernier, car je veux qu’il voie l’édifice familiale s’effondrer avant d’expier son dernier souffle.
Un soir pendant lequel la moitié d’entre eux s’étaient réunis pour un de ces diners raffinés où chacun revêt son plus bel apparat, j’ai failli passer à l’acte. Jusqu’ici, connaissant le plan odieux qu’avait réalisé l’amiral il y a une vingtaine d’années, personne n’avait osé parler de Ionia en ma présence. Ce jour-là, on dut juger que le silence avait suffisamment duré, car une langue pernicieuse se délia. L’une de mes tantes, que je n’avais pas vue depuis que j’avais rejoint la famille, une femme austère et à la chevelure cendreuse, commença à parler des Terres premières comme d’un territoire que le pays se devait de récupérer. Les bouches qui avaient si longtemps attendu de pouvoir médire elles aussi vinrent l’appuyer, et le festival d’insanités colonialistes que j’entendis manqua de me rendre fou.
J’ignore quelle force invisible m’a empêché de céder à la rage, ni qui l’a envoyée pour me protéger de moi-même. En revanche, une certitude aussi limpide que les eaux d’Ixtal a émergé quelques jours plus tard : il faut que je prenne du recul pour revenir dans un meilleur état d’esprit. En conséquence, environ trois aurores suivant la fameuse réunion de famille, j’ai prétexté devoir quitter l’empire dans le cadre de mes recherches. Ainsi, je suis parti quinze jours à Piltover pour être le plus loin possible de ceux que je veux tuer, aussi bien physiquement que mentalement. Grâce à cette disposition, j’ai passé quatre jours à arpenter la ville et à découvrir ses secrets ; je n’en connais pas encore tous les recoins, mais je l’ai assez visitée pour ne presque plus être capable de m’y perdre.
Aujourd’hui, j’ai décidé de faire une balade assez… originale. Un matin, pendant que je contemplais les passants depuis la terrasse d’un bar, j’entendis parler de la cité-Etat de Zaun et j’appris des choses qui me permirent de comprendre qu’elle était aussi riche qu’elle était polluée. Si Piltover s’épanouit à l’aube d’une surmodernité que rien n’arrête, Zaun se développe également, récupérant dans son ombre tous les rejets de son évolution. Je n’aurais pas décidé de m’y rendre si je n’avais pas entendu mon comparse autant vanter son marché noir. Je le reconnais, c’est une entreprise risquée de m’aventurer dans un endroit comme celui-là alors que je n’en ai pas la moindre connaissance… mais faire ce que je n’aurais pas fait en temps normal est tout ce qui me captive et me procure du bien en ce moment. Par ailleurs, qui sait ce que je pourrais bien trouver sur ces stands comblés ? Il pourrait bien y avoir quelque chose d’utile pour le laboratoire, ou encore quelques objets de valeur que je pourrais revendre à mon propre compte dans le futur. Il faut bien élargir ses horizons parfois, n'est-ce pas ?
Je parcoure les comptoirs du regard en même temps que je me déplace entre les intéressés. Des commerçants d’allure plus ou moins fiables font tout pour attirer à eux la clientèle. Pour une fois, il semble que je n’attire qu’une attention modérée grâce à ma tunique, ma cape et mon cache-cou noirs. J’ai pris soin de n’avoir pour accessoire qu’un simple bracelet en or que j’ai gardé de ma vie passée. Ceux qui posent les yeux sur moi devinent que je ne souhaite être ni abordé, ni remarqué, et cela me permet de conduire mon excursion de façon ininterrompue. Je finis par m’arrêter non-loin d’un marchand qui hèle les passants pour les intéresser à ses ventes.
En voyant qu’il gagne l’attention de quelques-uns d’entre nous, il clame que ses marchandises viennent de différentes régions de Runeterra et qu’on ne les trouvera nulle part ailleurs à des prix tels. Ce serait notamment le cas de cette relique venue de Shurima dont il nous fait la présentation. La silhouette drapée qui lui fait face et qui est également devant moi secoue la tête, manifestement imperméable à sa proposition. L’homme insiste cependant.
« Vous en trouverez nulle part d’autre, des comme ça. J’vais pas vous raconter comment je l’ai obtenue, mais j’peux vous dire qu’y’en a qui tueraient pour l’avoir. »
Je ne peux réfréner mon sourire. Je pourrais bien me laisser tenter et me procurer cette fameuse relique, d’autant plus en sachant sa provenance. En admettant que les dires du marchand soient vrais, je serais bien curieux de voir comment elle fonctionne. Peut-être pourrai-je l’ajouter à ma collection.
Quelque chose passe en m’effleurant sans que je ne puisse noter de quoi il s’agit quand je tourne brièvement la tête. Ce ne doit être qu’un simple passant qui n’a pas fait attention… Je reporte alors mon regard vers le commerçant qui reprend de plus belle :
« Allez, j’vous la fais même avec dix pourcent de rabais. C’est qu’vous avez une sacrée bonne tête faut dire. »
Mon regard glisse lentement vers la destinataire de la démarche. Elle ne semble toujours pas décidée. Je me résous ainsi à prendre la parole pour verbaliser mon intérêt, mais la jeune femme se retourne vivement et me saisit le poignet.
« Voilà qui est intéressant. Ses doigts se resserrent autour de mon avant-bras mais je ne me débats pas. Surpris, je ne fais que la contempler pendant que ses yeux remontent jusqu’aux miens. Ton cher marchand ne t'a jamais appris l'adage jeux de mains, jeux de vilains ? »
Les mots ne me parviennent pas. Je ne fais que la contempler, aussi étonné par sa vivacité que par ses traits qui sont différents de tout ce que j’ai pu croiser jusque-là. Serait-ce… ? Là, une pensée brusque interrompt celle que j’ai entamée, et je réalise partiellement la situation, comme frappé par un semi-éclat de lucidité.
« Je crois que vous faites erreur, dis-je en m’ôtant tranquillement de sa prise. »
Mon bras retrouve le long de mon corps. Malheureusement, je ne sens la légèreté qui entoure mon poignet que bien trop tard. J’assemble enfin les pièces du puzzle quand je m’aperçois que mon bracelet en a disparu.
« … Voleur ! Arrêtez-le ! »
Mais les réactions suscitées par mon cri ne sont pas celles que j’attends et la silhouette à l’origine de mon malheur disparaît déjà, entre les ombres jetées par la foule et les inventaires. Non, ce petit voleur à la tire ne s’échappera pas ainsi avec quelque chose qui m’est cher. Je m’élance rapidement à sa poursuite, repoussant sans excuse ceux qui sont sur ma route au lieu de les éviter. Tous mes sens s’embrasent sous l’effet de la course, et je sens déjà mon énergie magique qui s’éveille pour me soutenir. Elle allège mon corps. Accélère mes pas. Elle veut faire plus encore mais je me raisonne.
Non. Pas ici. Trop de gens bordent les passages que nous empruntons, je ne peux pas risquer de les blesser.
La silhouette encapuchonnée emprunte une fois à droite, puis à gauche. Nous quittons finalement les artères bondées du marché noir. Mon chemin de départ est loin derrière nous, effacé par les allées qui semblent s’entortiller entre elles. Je ne m’arrête pas pour autant. Bien au contraire, je laisse l’air qui m’entoure me porter, me faire gagner du terrain. La course-poursuite s’achève dans une impasse.
Le voleur de petite taille, bien plus essoufflé que moi, me fait face à présent. Il recule lentement tel un animal menacé jusqu’à se trouver dos au mur.
« Tu as quelque chose qui m’appartient, ai-je lâché sentencieusement. »
Le pickpocket reste silencieux. Il fixe son environnement avant d’entreprendre de grimper avec agilité, usant de la tuyauterie apparente pour se hisser vers le haut du mur. Mes poings se crispent. Cette fois je n’ai pas le temps de réfléchir. Ni de museler les vents en moi qui ne demandent qu’à éclater depuis une semaine. Je lève les bras puis les rabats violemment. L’atmosphère, aussi lourde qu’une masse, fait durement chuter ma cible. Le cri aigu qu’il – ou elle ? – pousse en tomber me fait aussitôt regretter mon acte agressif.
« Qu’est-ce… Non, ce n’est pas vrai. »
Je marche vers elle en retrouvant une posture normale. Est-ce que c’est une enfant qui m’a dérobé pendant que j’étais face au comptoir ?
« C’est terminé, reprends-je avec une voix moins menaçante. Tu dois me rendre mon bracelet, maintenant. »
Gasmask
Sam 26 Mar - 10:18
Ahri
IONIA
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Date d'inscription : 13/03/2022
Feat Eshaan & Ahri
Darkest materials.
Ahri sait. Lorsque les regards se croisent et que d'aventure on fixe un peu trop ses traits quand l'on appartient à ces gens empreints de ce savoir, l'on peut deviner sa nature. Les tressaillements d'iris, la rigidité musculaire, les pulsations affolées des veines et le souffle soudainement coupé, elle en connaît les signes et leurs répercussions. Ses sourcils se froncent légèrement quand l'état d'hébétude gagne la personne qu'elle a accidentellement attrapée, signe annonçant qu'elle préférerait qu'il se taise, plutôt que de clamer quoi que ce soit en plein marché noire par pure sottise impulsive. Fort heureusement, son attention comme son regard doré se fixe sur autre chose, une chose bien plus importante que sa possible découverte : on lui a volé un bien, sommes toutes précieux aux vues de sa réaction.
— … Voleur ! Arrêtez-le !
La tête de la renarde se tourne immédiatement vers le couloir emprunté par la petite ombre, avant de voir s'élancer à sa poursuite l'homme qu'elle tenait jusque là. Ses lèvres se pincent et son regard vient un instant fusiller celui du marchand, on ne peut plus sûre que le voleur et ce malandrin sont de mèches. Un frisson parcourt l'échine de celui qui jusque là affichait un faux air étonné sous son épaisse moustache. Bien que la jeune femme lui adresse un agréable sourire, le poids de son aura l'accable d'une sensation ô combien menaçante.
— Sachez que j'ai une très bonne mémoire des visages ... si nos chemins se croisent à nouveau, j'espère que vous saurez vous acquitter de votre dette.
Ahri ne bluffe pas. Aussi minime que soit le coup du sort pour sa personne, elle ne laissera pas cet homme s'en tirer à si bon compte. Ce qui en soi, lui permettra d'obtenir quelque avantage dans le futur. Le conspirateur tente de répliquer, de faire amende honorable rapidement pour se débarrasser de son épée de Damoclès, mais l'attention de son bourreau se tourne vers le chemin emprunté par le lésé et le petit voleur. Ahri sent qu'une énergie magique vient de soudainement se dévoiler, mettant ses sens en exergue et elle finit par se mettre en course, à son tour. Dans le fatras et les petits bancs de personnes faisant office d'obstacles, la renarde talonne comme elle le peut de sa seule agilité le jeune homme. Sa curiosité est d'autant plus attisée quand, à quelque mètres de celui-ci, elle peut le voir user de sa magie pour booster sa course. Tiens, de l'aéromancie. Que peut bien faire un tel magicien dans ce bouge à mécanique qu'est Zaun. Serait-il lui aussi à la recherche de quelque artefact ? Vastaya de préférence ? Elle n'espère pas, car cela sous entendra qu'elle devra user de mesures exceptionnelles à son encontre. En tout cas, la scène qui suit quand enfin elle réussit à rejoindre les deux autres protagonistes la laisse sans voix. La colère avait mis en exergue la magie de l'aéromancien, à tel point que la petite âme voleuse se mettait à chuter de la faible hauteur qu'elle avait pu grimper.
— Eh bien ... quel étrange tableau que voilà. Ahri avance, et commence à enlever sa capuche, dévoilant ainsi une partie de ses traits. Les mèches blondes tombent le long de son buste, hérissées et secouées par sa course précédente. — Ne soyez pas aussi dur avec elle. Zaun n'est pas connue pour faire don de soi à des personnes de son extraction.
Non, ce sont les adultes les fautifs. Ce sont eux qui usent et abusent de ceux qu'ils ont eux-mêmes engendrés, pour en tirer quelque profit. Maintenant à portée de la petite voleuse, Ahri s'accroupit. L'enfant recule par réflexe et jette son regard affolé autant vers le jeune homme que vers la jeune femme. Son visage est couvert de crasse grise, sans doute un mélange de poussière et de produits chimiques. Il lui manque aussi une incisive, et sa perte ne semble pas due à une chute de dent de lait. Deux pièces argentées viennent finalement bloquer ses mires.
— C'est à toi. La petite tend une main, mais ce n'est que pour voir les deux ronds tant convoités s'éloigner. — Si ... tu rends ce bracelet, et m'expliques pourquoi il te manque une dent.
Abattue, mais pas pour autant défaite de son envie d'acquérir ce qui sera toujours bien plus qu'on ne lui aurai jamais donné pour un tel travail, la petite pose le bracelet dans la paume libre de la blonde avant d'expliquer à voix basse et sous quelques marmonnements le pourquoi de sa dent. Ahri fronce fortement les sourcils, avant de lui donner les deux pièces, et ainsi la laisser partir sans plus de mal. La petite âme ne se fait pas prier et passe donc à toute vitesse près du garçon aux cheveux blancs pour ne plus être qu'un mauvais souvenir.
— Tenez. Elle tend le bracelet au magicien. — Au moins elle n'aura pas à vendre une autre dent pour se nourrir, et vous, vous êtes à nouveau en possession de votre bracelet. Ses lèvres s'étirent, et ses sourcils s'arquent. — Si vous le souhaitez, nous pouvons retourner à l'étal de ce marchand afin qu'il fasse amende honorable après ce regrettable incident.