Un garçon haut comme trois pommes, presque ridicule aux côtés des arbres immensément grands de la région, s’était visiblement perdu dans les dédales de Puboe. Il était pleinement fautif, car bien que sa mère lui ait demandé de rester à côté d’elle, il n’a rien écouté. Comme d’habitude. Ses grands yeux jaunes étaient émerveillés par tout ce qu’il était possible de trouver sur le marché. Des fleurs, quelques-unes semblables à des dragons s’envolant, lui donnaient envie car ce fripon s’imaginer les offrir pour se faire pardonner de sa désobéissance. Néanmoins cela reste un enfant dans une foule peuplée de grandes personnes. Un homme, qui ne l’avait pas vu de sa hauteur, l’avait bousculé et il était tombé sur les fesses. Son kimono bleu marine, parsemé de nuage stylisé cyan se voyait dorénavant doté de quelques-uns noir à cause de la poussière.
« Qu’est-ce que tu fais là, toi ?! Ça ne va pas d’aller dans mes pattes ! Allez, fiche le camp ! Tsah… » C’est un comble tout de même. Il n’a qu’à faire attention aussi, ce vieux bonhomme ! Déjà caractériel à cette époque, le noiraud se mit à tirer la langue en sa direction, ayant tout de même patiemment attendu qu’il lui tourne le dos, avant de reprendre son exploration.
L’incident l’avait cela dit un peu contrarié. Il bougonnait, trouvant cela injuste de se faire houspiller, alors qu’il n’avait rien fait. Si ce n’est de ne pas être suffisamment grand pour être vu. Les bras croisés, il y a aussi une touche de culpabilité. C’est vrai que s’il était resté avec sa mère, ce genre d’accrochage aurait pu être évité. L’envie soudaine de rentrer à la maison le prend. Il n’est plus à l’aise et évite consciencieusement la foule. Ne sait-on jamais, si la malchance persiste et qu’il se fasse écraser par une charrette cette fois-ci. Ce n’était pas la décision la plus courageuse qui soit et son père n’en serait probablement pas fier, mais cela lui a paru être celle qui est à sa portée. Il n’avait pas spécialement envie non plus que dans cette foule, sa mère apparaisse subitement, lui mette le grappin dessus et qu’il se retrouve disputer en public, devant pleins d’inconnus, pour ensuite supporter une fois de plus le fait d’être traité comme un meuble exotique parmi son groupe d’amie, au beau milieu des commérages.
Mordre une dame trop insistante à vouloir lui tripoter les cheveux, ça n’avait pas servi de leçon. Pire encore, on lui a donné une tape sur la tête, comme s’il était un vulgaire chaton indiscipliné.
C’est donc à l’écart que la suite de cette histoire se déroulera. À l’écart de la foule, des personnes présentes et des stands prisés. Peut-être même que la lumière manquera, mais ça ne l’intéresse pas sur l’instant. En effet, les fleurs précédentes fussent bien vite oublié lorsque ses yeux se posèrent sur la figurine d’un loup en bois, joliment taillé et avec laquelle il s’imaginait déjà jouer. Lui donner vie et imaginer ce qu’un tel loup pourrait vivre comme aventure, sur les terres ioniennes. Avide de l’acquérir, mais n’ayant aucun sous sur lui, il s’était approché du stand et n’avait pas discerné la silhouette de la marchande. Il y avait même de la nourriture, cela lui ouvrait l’appétit. Tout ça pour dire que ses mains miniatures s’approchèrent de la marchandise, désireux de s’en saisir ne serait-ce que pour avoir la satisfaction de l’avoir tenu entre ses doigts et la regarder de plus près encore.