A pretty face can be the one of a stubborn donkey • Særùn

Le Kraken était amarré au port de Bilgewater, la brume s'en était allée, laissant derrière elle question et inquiétudes. Tu n'avais rien qui te rattachait à ce bateau, si ce n'est la gratitude d'avoir été sauvée par sa capitaine, et pourtant tes pas étaient en train de t'y mener, vifs, assurés. Ce n'était pas d'énième remerciements que tu apportais pourtant mais une requête, une supplication presque, et si d'apparence tu pouvais sembler sure de toi au fond tu n'en menais pas si large que ça.

« La capitaine est là ? » Tu étais montée sur le pont comme si c'était ici chez toi, ça l'avait été durant quelques jours, le temps que le Kraken ne revienne à quai après vous avoir secourus, toi et les autres prisonniers partis d'Ionia en pensant prendre la direction de Piltover, puis de Démacia pour toi. Seuls ceux qui vous avaient capturés savaient où ils voulaient vous emmener, tu ne le saurais probablement jamais, et ce n'était plus guère important désormais. Un hochement de tête répondit à ton interrogation, t'indiquant la direction de la cabine de celle que tu cherchais d'un léger signe de tête. Sans avoir besoin de regarder l'homme tu savais qu'il te suivait du regard, intrigué peut-être par ta présence à nouveau en ces lieux, ou juste séduit par ton corps, allaient savoir. Peu t'importait en cet instant, même si normalement tu étais assez du genre à rougir lorsque l'on te regardait, dévisageait, pour tes formes, plutôt agréables, tu le savais.

« Capitaine ? » Deux coups bref furent frappés à la porte de la cabine alors que tu t'immobilisais devant, attendant qu'elle ne t'invite à rentrer. « C'est Rietta Miller, j'aurais voulu vous parler. » Polie, tu l'étais par nature, et tu doutais qu'elle reconnaisse ta voix ou qu'un seul mot ait pu suffire à ce qu'elle sache qui tu étais. Bref, ton regard balayant les boiseries du navire tu attendais, laissant tes doigts courir sans vraiment t'en rendre compte sur la nervure du bois de la porte devant toi.

Raksha t’avait tout raconté y compris des choses que tu aurais aimé ne pas savoir. Et pourtant, un terrible mal s’était abattu sur Bilgewater et tu n’avais pas été la pour défendre quelques navires. Et qu’est ce que tu aurais fait Særùn ? Un tsunami de glace ? Ah, tu n’étais pas assez forte pour ça, peut être qu’avec le bon entrainement tu aurais pu mais personne à part toi même ne t’avait jamais appris à être mage. Ça n’avait pas vraiment d’importance maintenant de toute façon. Tu avais vu l’état des quais de Bilgewater et au fond de toi il y’avait une nuance d’amertume a l’idée qu’un Kraken ait causé ça. Il devenait de plus en plus complexe d’assumer le nom de ton navire et ton propre surnom. Mais soit c’était une autre histoire n’est ce pas ? Ce n’etait pas quelque chose à quoi tu voulais penser maintenant.

Le navire amarré au port tu restais dans ta cabine, feuilletant un vieux livre que tu avais recuperé sur le dernier bateau que vous aviez attaqués. Un godet de rhum a proximité dans le quel tu bois quelques gorgées. Et puis soudain on frappe à ta porte et tu arques un sourcil alors que la personne se présente. Ah, c’est une des femmes que vous avez sauvé récemment, tu ne sais meme pas vraiment qui les avait pris, des sales pirates oui, elle comme d’autres avait eu de la chance que tu sois passée par la. Et peut être que tu essayais de lui parler un peu moins qu’aux autres mais que tu voulais la proteger, parce qu’elle venait de Demacia, ça tu l’avais compris et parce qu’elle avait des yeux mauves qui sentaient la magie. Tu ne sais pas trop.

« Rentre ! » Et peut être que tu as peur de ce qu’elle peut te demander parce que tu ressens la même question au fond de ton coeur, mais .. non ? Juste non. Alors tu gardes un air relaxé et décontracté. Alors tu restes paisible oui et tu leves ton godet dans sa direction. « Viens assieds toi, n’hésites pas à te servir. Qu’est ce que je peux faire pour toi? » Le livre posé sur la banquette, tu lui montres le grand tonneau dans le quel elle peut se servir un peu d’alcool. Ca fera toujours du bien.

La réponse ne se fit pas attendre, brève, sans fioritures et la commissure de tes lèvres se plissa un onstant en un rixtusyalors que tu cherchais la calme au fond de toi avant d'appuyer sur la poignée et de pousser la porte. Est-ce que tu avais le droit d'être là ? Est-ce que tu avais le droit de lui demander ça ? Tu n'avais pas vraiment d'autres choix, tu ne connaissais pas des centaines de capitaines et même s'il y en avait nombre d'autres ici, dans le port de Bilgewater, ils étaient bien peu à t'inspirer confiance. Au moins avais-tu appris quelque chose de tes précédentes mésaventures. Soit, il était trop tard pour reculer désormais, tu étais là, pour une bonne raison, pour une requête qui te tenait à cœur et devant laquelle tu ne pouvais te permettre de tergiverser. Et la porte fut finalement poussée.

« Merci. » Il y avait un sourire sur ton visage alors que tu faisais quelques pas dans la pièce, posant tes yeux violets sur le tonbeau qu'elle te désignait. « Je suis soulagée de voir que le Kraken va bien. » Un froncement de sourcils alors que tu mesurais la bizarrerie de tes propos. « Enfin, votre Kraken je veux dire, et vous aussi. » Attrapant un verre tu y versas un peu de rhum, tu n'étais pas particulièrement adepte des alcools fort mais tu étais sur un navire pirate prête à demander à son capitaine d'entreprendre un long voyage en direction de ta terre natale et de là où la brume avait frappé en premier, tu pouvais au moins te plier aux coutumes locales et ne pas refuser ce verre qui t'étais offert.

« Je me demandais vers qu'elle destination vous envisagiez de naviguer bientôt. » Tu n'avais pas encore trempée tes lèvres dans l'alcool mais tu te j'étais à l'eau. Tu n'avais pas besoin d'une motivation supplémentaire, l'inquiétude qui te rongeait depuis des semaines suffisait largement à te donner la confiance nécessaire. « Je ne tient pas particulièrement à rester trop longtemps à Bilgewater... même si je vous remercie de m'y avoir déposée. » C'était le moins que l'on puisse dire, cet endroit ne t'attirait pas plus que ça et tu étais loin de t'y sentir en sécurité. Un rictus amusé étira tes lèvres alors que finalement tu goûtais à son rhum. Tu étais sûre qu'elle voyait très bien ce que tu voulais dire et savait aussi bien que toi que cet endroit n'était pas fait pour toi. « Pour être tout à fait honnête, j'aurais une suggestion de destination à faire si jamais vous manquiez d'idées... » Ton visage était sérieux à nouveau, et tu savais qu'elle savait que ta proposition tu allais la faire de toute façon, et insister pour qu'elle soit au moins étudiée.

Tu avais toujours ce coté presque maternel envers les personnes que tu sauvais. Oh bien sur tu étais loin d’avoir la fibre d’une mère non, mais il y’avait toujours cette envie de les protéger, quand bien même ils ne faisaient pas totalement partie de ton équipage. Oh si ça n’avait tenu qu’a toi tu les aurais tous gardé sur ton bateau à l’abri mais c’était autre chose. Le monde était dangereux, et tu voulais que le Kraken soit un havre. Il ne le resterait probablement pas, pas avec la brume qui menaçait, pas avec tout ce qui se passait. Enfin, la brune aux yeux violets rentre et tu esquisses un sourire en l’ecoutant parler et ce même - ou surtout - si ce qu’elle dit est un peu bizarre. « Tous les Kraken vont bien oui, mais tu peux m’appeler Særùn et me tutoyer.  Les conversations sont toujours plus fluides comme ça. » parce que si tu n’es pas contre inspirer la peur, ça ne marche que pour les gens que tu affrontes, pas ceux avec qui tu bois. Enfin, tu espères ? Bien que l’on ne soit pas à l’abri que tu congèles quelqu’un dans un tonneau de rhum, mais pour ça il faudrait vraiment t’offenser. Ça n’avait pas l’air d’être le cas maintenant.

Levant ton verre en sa direction tu la regarde se servir et puis tu arques un sourcil amusé, et intéressé à la fois. « Je ne sais pas vraiment. La où les vents nous portent peut être. » Mais tu sais n’est ce pas, tu as une idée de ce qu’elle veut te demander parce qu’il y’a toujours cette même idée qui trotte dans ta tête, parce que tu sais d’où elle vient et d’où tu viens aussi. Parce que c’est ainsi Særùn et que tu ne pourras pas fuir ton destin et ton passé plus longtemps peut être ? Oh que si. Tu pourrais. Tu pourrais aller t’installer à Ionia et oublier le reste du monde, mais tu ne serais pas heureuse n’est ce pas ?  Alors finalement tu bois une longue gorgée de ce liquide ambré et tu te redresses dans ta banquette.

«  Je sais où tu veux aller. »  Tu aurais pu lui dire que ce n’était pas la peine de tourner trop longtemps autour du pot, que ce n’était pas comme ça qu’elle aurait ce qu’elle voulait, mais finalement tu restais serieuse toi aussi. « Pourquoi veux-tu tellement aller la bas ? » Et c’était comme si tu ne pouvais pas prononcer le nom de cette region. Parce qu’il y’avait toujours cette brulure dans ton coeur à ce sujet, et ça mettrait du temps à disparaitre.

Tu t'emmêles peut-être un peu les pinceaux, trop de Kraken dans cette histoire, mais les deux qui t'intéressent vont bien tout du moins, et en ce qui concerne le troisième tu espères assez ne pas devoir recroiser sa route de sitôt, ni la sienne, ni celle d'aucun de ses congénères si l'on te demande ton avis. Mais soit, ça a au moins le mérite d'arracher un sourire à la capitaine alors que tu prends un peu la mesure des lieux et de ce tonneau qui semble la réponse à bien des soucis pour beaucoup de monde. « Question d'habitude j'imagines. Mais je vais essayer. » Tu penches un peu la tête sur le côté en lui offrant un sourire sincère. Elle ne te fait pas peur non, sinon tu ne serais pas revenue à bord pour la prier, la supplier peut-être, de faire route vers Démacia. Bien qu'à vrai dire tu ne saches pas à quoi t'attendre, peut-être acceptera-t-elle volontiers... tu ne sais pas, quelque chose te dis que ce ne sera pas le cas mais tu crois en ton pouvoir de persuasion, à défaut d'en avoir d'autres.

Tu t'es lancée en tout cas, inutiles de vous perde en politesses et banalités, et si tu n'en viens pas tout de suite au point central de ta demande, Særun te précède finalement, te prenant de court, et tu ne peux pas vraiment retenir tes sourcils de remonter légèrement en une expression témoignant ta surprise. Elle n'est que passagère toutefois, et tu soupire finalement. « Je suis donc à ce point prévisible ? » C'est un sourire, un peu triste peut-être, qui étire tes lèvres. Sans doute l'es-tu oui, tu n'as jamais cherché à te perfectionner dans l'art du mensonge, tu n'as jamais rien eut à cacher en vérité. Alors oui, sans doute tes desseins ne sont-ils pas vraiment un secret pour qui sait un minimum regarder et écouter. « Mes parents y vivent... » un instant ton regard se voile. « ... je l'espère tout au moins. » Qui sait les ravages que la brume a pu causer à Démacia, tu as vu ici, à Bilgewater, de quoi elle était capable. Ou peut-être ne l'as-tu pas vraiment vu, mais cela te suffit largement à savoir que tu ne pourras dormir tranquille avant d'être retournée auprès des tiens, avant de savoir qu'ils vont bien ou que tu ne les reverras jamais. Tu te prépares malheureusement à cette éventualité, mais tu as besoin de savoir, l'ignorance est parfois la pire des souffrances.

Le liquide ambré coule dans ta gorge une fois de plus et tu fermes les yeux quelques instants, profitant de ce moment de calme où rien ne peut t’ennuyer. Et puis finalement tu reviens à la réalité, rendant un sourire sincère a la femme en face de toi, admirant quelques instants ses longs cheveux bruns, ses yeux violets et son air fier et déterminé. Une vrai demacienne n’est ce pas, une de ces personnes qui porte la pâleur de tes origines, et la determination de ce que tu as pu être. Tu as connu ce regard et bien sur, tu sais ce qu’il veut dire. Alors tu en vient au fait finalement et tu esquisses un sourire en écho au sien, plus triste, un peu contrit peut être. « Ou peut être que je sais juste trés bien lire les gens. On ne dirige pas un équipage de gredins, d’exilés et de hors la loi sans s’assurer d’abord de savoir les comprendre. » Le sourire demeure sur tes lèvres en tout cas, et tu bois une nouvelle gorgée. Oh bien sur tu seras probablement fort ivre une fois votre entrevue terminée. Mais n’est ce pas une habitude ? L’alcool ne t’aidera t’il finalement pas à échapper a des questions gênantes.

Oh.

« Oh. » Devrais-tu être compatissante à ce qu’elle te dit ? Tes sourcils se froncent, et tu respire longuement. Les choses vont être douloureuses à dire, ou a penser peut être. « Et tu voudrais aller t’assurer qu’ils soient encore bien de ce monde ? Aprés que Demacia soit tombé et se soit relevée? » Tu sais que tu devrais te montrer un peu plus compatissante, qu’elle est une … compatriote ? Peut être. « Mais une affaire personnelle vaut elle vraiment la peine de risquer la vie de tout un équipage, pour se rapprocher d’une ville intolérante peuplée de personnes qui le sont tout autant ? » Ta machoire se serre un peu. Tes yeux se fixent sur elle.

« Tu sais ce qu’ils font aux mages la bas ? Pourquoi mettrais-je ma vie en danger ? » Et cette defiance Særùn, cache t’elle ta veritable peur ? Quand toi même tu es a moitié partagée par cette envie d’y aller, de savoir ? La femme en face de toi saura t’elle comprendre ce que cache ta carapace et les épines que tu sors ?

Les dés sont lancés, ou peut-être devrais-tu plutôt parler d'une bouteille à la mer, ce serait plus parlant compte tenu des circonstances, et sans doute plus symbolique aussi. Tu comptes bien en tout cas ne pas t'en remettre seulement à la chance pour obtenir ce que tu souhaites, même si c'est peut-être bien elle qui a dirigé le Kraken vers le bateau pirate qui t'emmenait à l'origine. Tu hoches la tête à sa réponse en tout cas, un sourire un peu amusé glissant doucement sur tes lèvres. « Une bien belle description de ton équipage. » Tu la tutoie, comme elle te l'a demandé, et si tu as dû te forcer un peu pour y parvenir ça reste fluide malgré tout. Tu te moques peut-être un peu oui, ou en tout cas ses propos t'amuses, il est vrai que tu ne les connais pas si bien que ça, et elle a sans doute raison, tu ne vas pas remettre en cause ses mots, mais pour toi, les membres du Kraken sont ceux qui t'ont sauvés et tu si on te le demandait tu utiliserais des termes bien plus élogieux pour parler d'eux.

« Et bien... » Ses mots te font froncer les sourcils finalement et tes lèvres se pincent un peu alors que tu prends un instant pour la dévisager. « ... quelque chose comme ça oui. » Le timbre de ta voix s'est rafraichi et tu baisses un instant tes yeux en direction de ton verre, sans pourtant le porter à tes lèvres. L'alcool est fort et si cette discussion risque peut-être de tourner plus court que tu ne l'avais prévu, tu veux néanmoins rester en pleine possession de tes moyens jusqu'à ce qu'elle s'achève. Après éventuellement tu videras ce verre. « Navrée de réveiller ce qui m'a tout l'air d'un vieux mais vivace contentieux. » Ton regard s'est rouvert, tes yeux scintillent davantage peut-être alors que tu les poses sur elle, bien décidée à ne pas abandonner si vite cette bataille qui te tient à cœur. Et c'est parti trop vite peut-être mais ses mots t'ont blessé, pas profondément non, mais tout de même, tu ne t'attendais pas à ça et tu renvoies la balle un peu plus fort que tu ne l'aurais voulu.

« Je pensais que percer les secrets de la brume t'intéressait. Il me semble t'avoir entendu marmonner des choses à ce sujet. » Elle avait raison finalement, le tutoiement est facile, rend les discussions beaucoup plus fluides, plus piquantes aussi peut-être et tu espères ne pas aller trop loin. Tu bluff peut-être un peu ailleurs, tu n'as rien entendu d'aussi précis que ce que tu veux lui faire croire, mais si elle ne veut pas aller là-bas pour toi - ce qui est tout à fait son droit - peut-être ira-t-elle pour elle, pour protéger cet équipage auquel elle tient d'une nouvelle attaque mortelle.

« Ecoute, je ne suis pas venue ici pour être désagréable... » Tu te passes une main dans les cheveux finalement, retrouvant un peu de douceur dans ta voix. « ... le but de ma requête n'est pas de vous mettre en danger, ni toi ni ton équipage. » Tu bois une gorgée d'alcool finalement avant de poursuivre, adoucie. « A Démacia comme ailleurs tout n'est jamais entièrement noir ou blanc. Je sais ce qu'ils font aux mages oui, tous les démaciens ne cautionnent pas. » Tu hoches la tête, tu comprends ce qu'elle dit, tu sais de quoi elle parle et si tu ne connais pas sa vie, tu te doutes peut-être de certaines choses maintenant. Tu es... non, tu n'es pas bien placée pour parler en vérité, tu as préféré te tenir éloigné de ta patrie pour ne pas livrer un combat contre ton gouvernement. Tu es lâche Rietta, tu y as déjà pensé plusieurs fois, tu as préféré vivre ta vie, choisir des combats plus faciles sans doute, tu es égoïste oui, surement, mais cela ne fait pas de toi un monstre pour autant. « Je ne voulais pas te blesser. » Ces mots sont sincères, tu es véritablement désolée d'avoir provoqué une telle réaction, désolée aussi de ce qu'elle a dû vivre pour en arriver là à la simple mention de Démacia.

« Une description réaliste. » Tu n’as pas besoin de disserter des heures durant sur le fait que oui, les membres du Kraken sont souvent des personnes que tu as sauvé, que tu as ramassée dans des calles et dont tu as arrachée les chaines. Il y’a ce vastaya echappé de prison que tu as sauvé de la noyade, il y’a ces filles que tu as sauvé de l’esclavage. Personne n’est foncièrement mauvais peut être, mais il y’a en chacun d’entre eux quelque chose qui le fasse sortir de la norme. Ce ne sont pas des pirates, ce sont des justiciers. Tout comme tu l’es toi. Ça n’en fait pas pour autant des bonnes personnes, des personnes bien oui, mais pas des bonnes personnes. Que t’importe au fond comment elle peut le prendre néanmoins, toi, tu restes la avec un sourire sur les lèvres, en la regardant sembler hésiter à tourner autour du pot, comme un poisson attendant de mordre à l’hameçon.

L’appat est lancé néanmoins et tes mots peuvent paraitre durs pour qui ne te connait pas. Aprés tout, si il y’a quelque chose que tu detestes davantage que les marchands d’esclave c’est bien cette cité blanche, cette cité maudite. « Tu n’es pas navrée. » Un haussement d’épaules suit ta déclaration, alors que contrairement à elle tu continue de boire. Tu sais que c’est une conversation que tu n’auras pas sobre, et l’idée de la jeter à l’eau pour l’empêcher de continuer à parler est forte. Tu ne le feras pas. Tu es quelqu’un de patient, quelques fois. Et si l’envie de la congeler devient elle aussi de plus en plus forte, alors qu’elle parle de la brume sans savoir de quoi elle parle vraiment, tu te contentes de la fixer d’un regard perçant. «  Tu parles de choses que tu ne connais pas. » Mais tu as la présence d’esprit Særun de ne pas te lancer dans un nouveau laïus, non, elle le fait trés bien toute seule.

Des excuses sont offertes, ou du moins ce qui y ressemble, et si elle s’adoucit, tu restes sur tes gardes, tu n’es pas de ces personnes que l’on manipule facilement. « Tous les Demaciens ne cautionnent peut être pas, Rietta, mais ceux qui ne le font pas s’exilent ou se taisent, et rien jamais ne change. » Alors tes yeux se plongent dans les siens quelques instants, et finalement tu secoue la tête. Tu aurais du être une politicienne Særùn, tu voulais défendre la cause des mages bien avant de savoir que tu en étais une, tu avais un bel avenir, au lieu de ça tu as vécu d’enfers en enfers, et d’orages en orages sur un bateau qui est devenu le tien au prix de ton sang et de ta haine.

Un soupir s’echappe de tes lèvres, et tu fais apparaitre un flocon de glace au bout de tes doigts, lui faisant prendre la forme d’un losange avec le quel tu joue doucement. « La dernière fois que j’ai vu Douxruisseau j’avais 10 ans, mes parents ont preferé le confort de leur situation, à l’inconfort d’avoir une enfant mage. Je fais partie des chanceux, ceux que l’on a aidé à fuir plutot que les confier au gouvernement, plutot que les tuer ou les envoyer en prison. Mais pourquoi voudrais-je aider un peuple qui traite ses enfants différents comme ça ? » Toi qui maintenant accepte tout le monde sur ton bateau, qui offre la tolérance que l’on ne t’a pas offert. Tu secoue doucement ta tête. « Crois tu que je ne sais pas ce que c’est, de se demander si ceux que tu aimes sont encore en vie la bas ? Je ne sais même pas ce qu’ils ont dit à mes frères pour leur expliquer mon départ. » Une longue gorgée et a nouveau une choppe que tu remplis.

« Percer les secrets de la brume t’interesse t’il vraiment ? Ou bien n’as tu que des raisons egoistes de vouloir aller la bas ? » Ta voix est un peu plus douce maintenant. La conversation peut être polie, peut être.

D'un simple hochement de tête tu mets fin à cette partie de la conversation, tu lui fais confiance pour ce qui est de juger les gens, son équipage surtout, et tu n'as guère envie de t'appesantir sur ce sujet qui ne le mérite pas. Tu as mieux à faire, la vraie discussion vient à peine de commencer. Et pas de la meilleure des manières pour être tout à  fait honnête, l'accueil que la capitaine réserve à ta proposition te laisse perplexe, énervée aussi par la véhémence de ses propos. Elle touche dans le mile et tu pinces un instant ta lèvre inférieure de tes dents alors que ton regard se voile. « En fait, si. » Après avoir régit toi aussi un peu fort et un peu vite tu lâches finalement un soupir. Ce n'était probablement pas perceptible, ni dans le ton ni dans les mots employée mais tu es véritablement navrée. Déçue, en colère sans doute un peu par la façon dont elle t'as répondu et jugée, mais désolée malgré tout d'avoir remué ce qui ressemble à de vieux démons. « Pas encore non, tu as raison, mais si tu en sais plus que moi je t'en prie, je suis tout ouïe. » Tu restes amère un peu mais le ton de ta voix s'est apaisé et tu admets sans honte ne pas savoir grand-chose sur la brume, d'où elle vient, ce qu'elle apporte, même si à cette dernière question tu es assez tentée de répondre « rien de bon ».

« ... » Son pouvoir est-il de lire dans les pensées ? Sa remarque te laisse un instant interdite, figée sur place et tes yeux la regardent sans la voir alors que tu entreprends une descente fulgurante vers les tréfonds de ton âme. Lâche, égoïste, à quoi pensais-tu juste à l'instant ? Ses mots blessent, parce qu'ils sont la pure vérité, en ce qui te concerne en tout cas c'est exactement ce que tu as fait. Tu lâches un soupire finalement. « Tous n'ont pas le courage de se mettre en danger pour les autres. » Ce n'est que ça au fond, choisir la facilité pour ça, choisir ses batailles, fermer les yeux face à ce contre quoi l'on ne peut se dresser. « Peu sont ceux qui ont l'âme d'héros ou de justiciers. » Peu sont ceux qui sillonnent les mers et s'attaquent aux bateaux pirates pour venir en aide à des inconnus, les accueillant ensuite à bord sans poser de questions. Elle est de ces gens là, une héroïne même si quelque chose te dit qu'elle ne se désigne pas ainsi.

Tu laisses une nouvelle gorgée enflammer ta gorge, mauvaise idée, tu le sais, mais la conversation s'est faite plus dure que tu ne l'avais anticipé et... non, ça reste une mauvais idées, quelles que soient les excuses que tu puisses te trouver. Un flocon de glace apparait sous tes yeux, entre les doigts de la capitaine du Kraken et tu laisse ton regard dériver au rythme de ses mouvements, fascinée, hypnotisée, jusqu'à ce que la voix de Særùn ne s'élève pour te conter son histoire. « Je ne te demande pas d'aider un peuple, je te demande de m'aider moi. » Ta voix est douce, mais tu n'abandonnes pas, même si peut-être ta demande était perdue d'avance elle ne t'as pas encore demandé de quitter son navire, ne te l'as pas encore fait quitter par la voie direct en te balançant dans les flots que tu vois onduler derrière la vitre de sa cabine. « J'ai eu de la chance je le sais, de naître dans la bonne famille, de grandir auprès de parents qui m'ont toujours soutenus, même quand tout le monde était persuadé que la magie coulait dans mon sang. Je ne peux pas imaginer ce que c'est d'être rejeté du jour au lendemain par ceux que tu aimes pour un pouvoir qui apparaît, pour une partie de toi face à laquelle tu ne peux rien. » Un soupir interrompt un instant ta tirade alors que tu cherches brièvement tes mots. « Si tu le souhaites je pourrais me renseigner, pas sur ce qui a été dit à tes frères, mais au moins savoir s'ils vont bien. » C'est le minimum que tu puisses faire si elle accepte de te déposer à proximité de Démacia.

Et peut-être tout n'est-il pas perdu finalement, puisqu'elle t'interroge à nouveau, cherchant à connaître tes motivations d'une manière qui ne laisse pas vraiment de doutes quant à ce qu'elle pense de toi. Un sourire s'étire sur tes lèvres, tu commences à la cerner, un peu, peut-être et tu décides de jouer la carte de l'honnêteté, celle qui te semble avoir les meilleurs chances de succès. « La raison principale est égoïste, je cherchais à retourner à Démacia quand je me suis retrouvée dans la cale du bateau pirate duquel tu m'as tirée. » Un haussement d'épaules ponctue tes aveux, inutile de se donner de grands airs, tu n'es pas une héroïne et tu ne le seras jamais, tu veux avant tout rentrer chez toi, serrer tes parents dans tes bras, ou les pleurer s'ils ne sont plus là. « Mais depuis la brume a frappée, partout, pour la seconde fois, et j'ai le sentiment qu'elle ne s'arrêtera pas là. » Tes yeux se plissent un peu. « Je ne suis pas une combattante, j'ai une dague dont je ne sais pas me servir, mais je sais plutôt bien réfléchir et j'aimerais comprendre de quoi il s'agit, comment l'affronter... à la vitesse où elle a frappée ces derniers mois c'est bientôt le monde entier qui pourrait être touché. Je suis égoïste, je n'ai pas envie de finir changée en spectre ou je ne sais qu'elle autre atrocité. » Et quand bien même le sujet n'a rien de particulièrement drôle, c'est un sourire passe finalement sur tes lèvres alors que tu délivres la conclusion à sa question.

Est-elle vraiment navrée ? Est ce que cela a vraiment de l’importance ? Est ce que tu ne devrais pas tout simplement la transformer en un glaçon que tu jetterais à l’océan avec un peu d’alcool pour offrir un aperitif aux requins et aux poulpes géants ? Peut être. Mais au fond est ce ça en valait vraiment la peine ? Non. Vous vous étiez peut être emportées toutes les deux, touchant à des sujets fragiles, touchant à des morceaux de vérité que tu aurais préférée fuir un peu plus longtemps. Bien sur Demacia n’est pas la meilleure des regions, et bien sur que tu as cette colère contre cette nation où tu aurais pu être quelque chose. Le regrettes-tu ? De temps en temps oui. Quelques fois tu te rappelles de tes frères et de leurs sourires, et tu t’endors en regrettant de n’avoir jamais su les voir grandir. Quelques fois aussi c’est la haine qui t’anime, quand tu revois tes parents te confier au marchand qui t’emmènera vers une autre destinée, quand tu revois la deception et le mépris dans leurs yeux. Ta mâchoire se ferme un peu.

Mais la conversation continue finalement, et si vous etes amères toutes les deux, tu évoques des vérités qui semblent la toucher. Vise-tu juste ? Elle fait partie de ceux la n’est ce pas ? Tu ne sais pas toi, combien de temps elle a passé a Demacia, mais tu supposes qu’elle en a fuit. Et si ses yeux ne sont pas naturels, tu ne penses pas qu’elle soit mage pour autant, elle n’aurait pas été en aussi mauvaise posture si ça avait été le cas. Du moins tu le supposes. Alors tu la laisse te répondre et tu laisses l’alcool rechauffer ta gorge et ton coeur. C’est a double tranchant, peut être que cela t’apaisera, ou peut être que cela te mettra davantage en colère. « Non, il est vrai qu’il est beaucoup plus facile de laisser des enfants se faire mettre aux fers, plutot que de les aider, et de pointer la propre hypocrisie des puissances en place. » L’amertume est toujours la en tout cas.

Et pourtant, tu finis par lui expliquer, c’est comme un morceau de ton histoire que tu ne reveles presque jamais, et que pourtant tu lui offres. Elle a de la chance. Tu ne sais pas si elle le réalise, mais elle a de la chance. « Je ne te raconte pas ça pour avoir ta pitié. Je n’en ai pas besoin. » Et c’est un fait Særùn, tu n’es pas de ces personnes qui s’appesantissent sur ce que tu as vécu. Ce qui est arrivé, est arrivé. C’est tout. Et si tu ne reponds pas à ce qu’elle propose au sujet de tes frères tu te contente de hocher la tête, gardant cette information pour plus tard. Ce n’est pas le sujet. TU n’es pas le sujet Særùn.

Non, ce qui compte aujourd’hui c’est qu’elle veut aller a Demacia, et que tu sais que tu vas peut être céder. Pas de la manière dont elle l’attend, mais tu lui trouveras un moyen de se rapprocher de la cité. Peut être. Tu es surprise néanmoins par la sincérité qu’elle offre à ta question, et finalement tu sens quelque chose en toi qui s’adoucit, avant tu te laisses tomber un peu plus confortablement dans le fauteuil, et d’un mouvement de doigts tu fais glisser le morceau de glace dans ton verre, le regardant se teinter dans ce liquide ambré que tu portes ensuite à tes lèvres. « Les habitants de Bilgewater sont habitués à ces attaques de Brume. As-tu entendu parler des nuits de l’horreur? » Tu en as vécu tellement depuis que tu es ici. C’est choquant au début, un peu traumatisant aussi, mais comme à tout, on s’y fait.

« Tu marques un point néanmoins, personne n’a envie de finir changé en spectre ou en monstre de brume. La vie ne doit pas être aussi agréable. » Cette fois ce sont tes yeux qui se plissent en une lueur plus amusée, plus douce aussi. « Et je pense que Demacia peut avoir certaines réponses, le tout est de savoir comment les obtenir. Tu as beau être de la bas et y avoir encore de la famille, je ne pense pas que tu puisses rentrer dans la cité Blanche sans encombre. » Et puis comme si tu parlais seule, comme si tu avais l’habitude de fabriquer des plans etranges tu rajoute presque pour toi même. « Je trouverais une solution. » Tu n’iras pas toi. Ou peut être que si ?

Elle vide juste, la capitaine du Kraken, ses mots font mouche alors qu'elle attaque ce sentiment de lâcheté que tu tentes de refouler au fond de tes pensées. Tu te défends, comme tu le peux, et sans doute ne le peux-tu pas vraiment, ce n'est pourtant que la vérité qui franchi tes lèvres, ce ne sont pas vraiment des excuses juste... l'ordre des choses ? la fatalité ? Tu n'en sais rien, tu sais seulement que tu n'as jamais osé, jamais voulu hausser la voix, que tu as préféré partir à Ionia plutôt que de devoir te battre pour les mages chez toi. Car oui, au fond de toi tu le sais, si tu étais restée tu n'aurais pas su fermer les yeux, tu n'aurais pas su te taire, et ça t'aurais tué sans doute, parce que tu n'es pas une combattante et que le savoir ne fait pas tout, parce que tu es faible, ou tout au moins c'est ainsi que tu te vois face à tout ça. Alors oui, tu as fait exactement ce qu'elle dit, tu as fui, pour toi, pour ta survie, pour ne pas infliger ta mort à tes proches, pour toi surtout, pour découvrir le monde et d'autres combats plus aisés au lieu de résoudre les problèmes qu'il y avait sous ton nez. Et tu n'as rien à répondre à Særùn non, tu sens que rien de ce que tu pourrais dire ne pourrait l'apaiser, alors tu te tais.

Et c'est elle finalement, la capitaine du Kraken, qui poursuit la discussion, qui te dévoile qui elle était avant de devenir cette femme belle et forte qui t'as sauvée des griffes d'un bateau pirate, marchand d'escales. « C'est de la compassion, pas de la pitié. Tu es bien loin d'inspirer de la pitié. » Il y a un doux sourire, léger, qui effleure tes lèvres. Clairement, la pitié est loin d'être ce qu'elle t'évoque et si tu ne la connais que bien peu, tu sens que tu pourrais fort bien finir par l'admirer, pour ses idées, et sa capacité à les défendre. Mais pour le moment tu te sers d'elle, ou du moins tu aimerais pouvoir le faire, l'amener à coopérer pour que son Kraken file vers Démacia, tu n'as pas encore perdu espoir quand bien même la discussion n'a pas vraiment commencée comme tu l'espérais et ses questions ne font que renforcer ton sentiment que tout est encore loin d'être joué. Alors tu optes pour l'honnêteté et tu te dévoiles un peu, avant de finalement hocher la tête à sa question. « J'en ai entendu parler. » Tu n'as pas encore eut l'honneur d'en vivre et à vrai dire ça t'irait tout à fait de quitter cet endroit avant d'y avoir droit. « J'avais cru comprendre que ces nuits sont différentes de l'attaque de l'autre fois, moins... massives ? » Tu soupires avant de fixer ton verre un instant, puis d'un hochement de tête tu reportes ton regard violet sur la femme assises en face de toi, t'appuyant un peu sur un meuble derrière toi. « Je n'en sais rien... Penses-tu qu'avant de chercher des réponses à Démacia je devrais déjà essayer d'en trouver ici ? » Tu ne t'es jamais vraiment intéressée à Bilgewater, il est vrai que Démacia t'attires bien davantage et que cela te semblait pertinent de chercher à savoir ce qui a attiré la brume noir en premier là-bas... mais tu te rends compte de ton ignorance, de ton incompétence, et tu prends conscience qu'au fond tu te cherches des excuses et que tu ne pourras probablement pas réfléchir clairement tant que tu n'auras pas pu avoir des nouvelles de chez toi. Seulement alors tu pourras retrouver tes sens et repartir du début dans cette quête un peu insensée que malgré tout tu comptes bien mener.

« Non, probablement pas. » Elle te ramène au présent et d'un hochement de tête tu approuves ses propos. « Ma famille vit à Edessa, mes parents sont agriculteurs, ils allaient souvent à la cité pour vendre leurs produits sur le marché mais... je crains que les accès n'aient été fermés désormais. Et quand bien même on apprend beaucoup de choses sur les marchés il ne s'agira sans doute que de rumeurs. Ce sera déjà ça toutefois. » Un haussement d'épaules, une fois sur place tu réfléchiras à un moyen, et tu trouveras, quel que soit le temps que cela prendra. A moins que... C'est un regard surpris que tu poses sur Særùn et il n'y a probablement pas besoin que tu vocalises ton étonnement pour qu'elle le remarque.

Bien sur que tu as visé juste Særùn, et elle n’a pas besoin de te le dire pour que tu le saches. Mais ça n’a pas d’importance au final, parce que la conversation continue entre vous, et tu lui parles finalement de toi, te renfrognant quand même à sa reaction. « Et je n’ai pas non plus besoin de compassion. » Car quelques fois Særùn, tu es telle un porc-epic, ou ces gros mammouths de guerre de Noxus, tu ne supportes pas que l’on passe outre tes défenses. Et peut être qu’il y’a de rares personnes avec qui tu en as parlé, au fond, les choses sont toujours pareilles. Alors non, tu n’as pas besoin de compassion Særun, d’autant plus quand celle ci s’accompagne d’un besoin chez la personne qui te l’offres. Tu n’es pas de ces femmes qui se laissent manipuler par quelques mots doux et bien sentis, tu n’es pas une poupée de chiffon que l’on fait parler et aller où on le désire.

Alors tu lui parles, tu essayes d’en savoir plus, de lui en apporter davantage aussi. « Elles le sont oui. Mais jamais un kraken brumeux n’avait attaqué le port. Jamais la brume ne s’était aventurée plus loin que Bilgewater non plus. » Tes mots sont lourds et graves, et tu bois encore, espérant que l’alcool peut être t’adoucisse pour la suite de la conversation.

« Je pense que tu aimerais croire que tu es une héroïne, mais que la seule chose qui compte pour le moment pour toi est d’aller à Demacia. » Tes yeux clairs se posent sur elle encore, et puis tu lui offres finalement ce qui ressemble le plus à un sourire sincère. « C’est une reaction humaine et parfaitement normale. » Et comme tu l’as dit, tu trouveras une solution, parce qu’il le faut, parce que tu ne peux pas laisser quelqu’un dans le besoin, parce qu’au fond de toi elle te rappelle les bons moments de Demacia et que tu as eu des amies comme elle par le passé. Peut être.

« Edessa ne sera pas la partie la plus accessible. Aubecastel ou Douxruisseau seront probablement moins protégés, si jamais la cité Blanche s’est retranchée derrière ses grands murs. » Te laissant tomber dans le fond de ton fauteuil, tu passe les doigts sur ta tempe. « Le Kraken ne peut pas aller jusque la bas. » Tu ne sais pas encore que quelques heures plus tard tu vas parler avec Sarah de tout ça, et que tu accepteras de lui prêter Rietta pour sa mission. « Il faudrait trouver d’autres embarcations, ou des mages teleporteurs. » Ou passer par la terre ferme, mais quelle horreur.

Un haussement d'épaules répond à sa remarque « Comme tu voudras. » Tu n'en ai pas aussi sure qu'elle mais qu'importe, ce n'est pas l'objet du débat, elle sait sans doute aussi que quoi qu'elle puisse en dire ce ne sera pas de nature à changer tes pensées. Elle t'a dévoilé une part de sa vie et tu ne peux pas y rester totalement insensible, c'est ainsi, mais si elle ne souhaite pas que s'appesantir dessus c'est également son droit et tu le respecteras, c'est aussi simple au fond que cela.

Il y a d'autres discussions qui s'enchainent quoi qu'il en soit, sur un sujet qui t'intéresse pour le moment bien davantage que le passé de la capitaine du Kraken, même si tu garderas dans un coin de ta tête ce qu'elle t'a dévoilé d'elle aujourd'hui, pour y revenir plus tard peut-être, si vous parvenez à trouver la paix dans ce monde qui te semble sur le point de basculer. « Je vois... » Et tu hoches la tête, laissant un instant ton regard se perdre dans le vague, tes yeux violets se voilant un peu, brumaux à leur tour. En fait non, tu ne vois pas grand-chose et tu soupires un peu avant de reprendre la parole admettant ton ignorance et ce sentiment d'être un peu perdue face à tout ça. « Je ne crois pas. » Tu fronces les sourcils à sa réflexion avant de préciser ta pensée. « Pour la première partie en tout cas, pour le reste tu as raison, me rendre à Démacia est ce qui compte actuellement le plus pour moi, tout tourne autour de ça, et tu m'aurais dit de commencer à chercher des réponses ici ça n'aurait rien changé au fait qu'avant toute autre chose je dois aller là-bas. » Tu hoches la tête finalement, lui rendant son sourire bien que le tien soit teinté d'une certaine tristesse. « Pour ce qui est d'être une héroïne... je ne pense pas avoir jamais aspirer à ça... j'imagines que c'est plutôt... je ne sais pas. De la curiosité ? Des regrets ? De n'avoir rien fait pour les mages de Démacia quand j'en avais l'occasion et de chercher peut-être un moyen de faire quelque chose aujourd'hui ? » Tu rouvres une porte qu'il aurait peut-être mieux valu ne pas pousser à nouveau et tu hausses une nouvelle fois les épaules finalement. « Peu importe, ça n'a pas grand-chose de glorieux, et sûrement rien d'héroïque. » Peut-être bien que tu fais ça pour toi avant tout, mais ça ne peut nuire au monde n'est-ce pas ?

« Non, loin de là. » Tu sais que rentrer chez toi ne sera pas de tout repos, mais tu n'es pas une mage, ce qui devrait malgré tout te permettre de circuler à Démacia, et aussi longtemps que cela prendre, tu rejoindras Edessa. « Et davantage accessible par voie maritime. » Même si visiblement il vous faudra trouver une autre embarcation pour arriver à bon port. Tu t'étonnes en tout cas de son changement d'attitude, du fait qu'elle parle de détails aussi pratiques alors qu'il y a quelques instants à peine tu avais l'impression que ta requête était totalement vouée à l'échec et qu'elle n'accepterait jamais de ne serait-ce que s'approcher de la terre qui vous avais vu naître l'une et l'autre. Mais loin de toi l'idée de le lui faire remarquer ou de la freiner puisque vos échanges prennent enfin le tour que tu espérais. « Je crains qu'avec des mages l'arrivée de soit... mouvementée. Avec de la chance ça pourrait passer, si personne n'a son attention dirigée vers l'endroit de notre chute, mais je ne suis pas certaine que le risque en vaille la peine, tout serait terminé avant même d'avoir commencé. » Mage ou non tu finirais enfermée si tu arrivais en te téléportant, à moins peut-être de te faire passer pour une prisonnière trainée là de force mais... tout cela te semble bien dangereux et compliqué. « Ne peut-on pas emmener derrière le Kraken de plus petites embarcations qui nous permettraient d'arriver jusqu'au port sans encombres une fois suffisamment rapprochés ? » Tu es loin de t'y connaître en navigation mais tu a un minimum de culture, tu as pas mal voyagé, et tu sais ouvrir les yeux. A Ionia, c'est une certitude, les embarcations légères et maniables sont légions et les Sampans voguent le long de toutes les cotes. Mais sont-ils capables d'affronter les mers qui entourent Bilgewater et de faire la route jusqu'à Démacia ? De cela tu en es beaucoup moins convaincue.

Tu n’es pas ce genre de personne sensible qui cherche à ce que l’on compatisse avec ta vie, non, bien loin de la Særùn, tu es plutôt une femme forte qui a connu les assauts des vagues et de la magie et qui s’est construit en conséquences. Tu es forte, et tu ne portes pas ce nom de Kraken dans le vent. C’est juste ainsi. Alors la conversation peut continuer, et peut être oui, que tu finis par lui donner une lueur d’espoir, et qu’au lieu de la jeter à l’eau comme tu aurais bien manqué de le faire au debut, tu participes même volontairement à une conversation avec elle. Un de tes sourcils se releve alors qu’elle semble un peu hésité et alors qu’elle semble nimbée dans une tristesse peut être à cause de l’inaction dont elle parle, ou simplement de sa condition tu fronces les sourcils. « Je peux comprendre la loyauté que tu portes à ta famille et l’interet que tu puisses avoir dans leur survie. » Est ce ta façon un peu de l’apaiser ? Est ce ta façon de lui donner raison et satisfaction pour la première fois depuis le debut de votre conversation ? Est ce que tu t’adoucis Særùn ? Probablement que oui. Avec l’age ou les transformations du monde, avec d’autres choses peut être aussi.

Ton visage reste quand même serieux et tu serre le poing quand elle parle des mages. C’est une boite de pandore qu’il faudrait mieux ne pas réouvrir. « Mais qu’importe l’héroïsme n’est ce pas ? A quoi bon être se fatiguer a être un héros quand il est plus facile de n’en faire qu’à sa tête. » Tu finis par lui offrir un sourire leger. «  Je n’ai pas grand chose d’héroïque non plus, j’ai juste choisi de faire des choses bien parce qu’elles allaient dans mon sens. » Une conclusion agréable peut être, une façon de fuir cette conversation sur ses regrets quant au traitement des mages, une façon un peu lache de changer de sujet ?

Tu lui donnes satisfaction en tout cas, et déja tu reflechis à comment des pirates, des justiciers, des personnes d’ici pourraient arriver à Demacia. C’est un plan qui meriterait de longues concertations, et tu n’es pas sure qu’il convienne à de nombreuses personnes. Malheureusement ?  «  Non, le meilleur moyen resterait effectivement la voie maritime, mais comme je te le dis le Kraken ne pourrait pas aller aussi loin. » Tes yeux se plissent un peu plus et cette fois tu la fixes longuement.  «  Et qui piloterais ces embarcations ? Sais-tu naviguer sur un bateau ? » Le debut d’une grande epoppée qui commence peut être. Les premices d’une mission.

Cette discussion est étrange, loin de ce à quoi tu t'attendais sans doute, bien qu'au fond tu n'es pas non plus vraiment eut ou pris le temps de connaître la capitaine qui t'avais sauvé des griffes de ces pirates vendeurs d'esclaves. Tu te livres en tout cas, sans trop savoir pourquoi, elle t'invite d'une certaine manière à l'introspection et à la confidence. Ce n'est pas vraiment agréable, c'est triste, douloureux un peu et si finalement tu sans bien que ces mots sont une tentative pas vraiment voilée pour changer de sujet, tu accueilles la diversion plutôt volontiers.

Le sujet devient plus pratique alors, et si tu ne comprends pas vraiment au fond d'où lui vient ce changement d'attitude tu ne t'en plains pas et en profite, espérant seulement au fond de toi qu'elle n'est pas lunatique au point de revenir sur ces mots dans moins de cinq minutes. Dans le pire des cas, c'est le temps qu'il te reste pour lui arracher des promesses non ? Alors tu réfléchis à ce qu'elle te dit oui, à la manière d'aller jusqu'à Démacia, où arriver, comment s'approcher suffisamment près sans finir emprisonné avant même d'avoir pu poser le pied sur le sol de ta patrie. Et tu as des idées oui, tu essayes tout au moins d'apporter ta pierre à l'édifice, mais... il y a un petit hic qui te fait plisser les lèvres en une moue désolée. « Eh bien... pas vraiment... » Pas du tout serait sans doute plus juste, tes aventures en mer se résument davantage à te laisser porter par les flots pendant que d'autres se chargent de les dompter. « C'est bien pour ça que je cherchais quelqu'un pour m'emmener à Démacia. » Tu es un boulet Rietta, pour cette partie tout au moins, tu te sens un peu empotée face à sa question, l'air d'une poule qui vient de trouver un couteau, incapable de te servir convenablement de tes dix doigts. « Y-a-t-il des non mages dans ton équipage ? » Quoi de mieux que des marins pour conduire des embarcations n'est-ce pas ? Et si tu comprends qu'elle ne tienne pas particulièrement à poser les pieds en Démacia, ce qui risque d'être également le cas d'autres membres du Kraken, peut-être ne sont-ils pas tous fermés à cette possibilité ? « Ou dans d'autres équipages ? » Peut-être peux-tu tenter la carte de la concurrence ? Quoique tu ne sois pas certaine qu'il y ait vraiment concurrence mais... les pirates aiment être les premiers à mettre la main sur un trésor non ? Quand bien même la brume puisse difficilement être qualifié comme telle ça reste malgré tout une sorte de chasse à mener. Oh et puis tu n'en sais rien, mais c'est dit désormais, en tout cas tu essaies.

Tu n’as probablement jamais eu davantage envie de te plonger dans un tonneau de rhum que maintenant Særùn, ou peut être que ce n’est qu’un mensonge et que tu as toujours envie de te plonger dans un tonneau de rhum. Pourtant, tu ne bois plus alors que la conversation continue, et si tu as envie qu’elle se termine car penser à Demacia est toujours douloureux, tu as aussi envie qu’elle se termine bien. Oh ça serait simple d’avorter tout ça en jetant Rietta par dessus bord, ou en la renfermant dans un glaçon avant de la jeter par dessus bord. Mais est ce que c’est vraiment ce que tu veux ? Non. Au début de votre conversation oui probablement. Maintenant les choses ont changées et tu es curieuse de savoir jusqu’où elle serait prête a aller. Curieuse. Tu l’as toujours été. Intéressée aussi. Et l’esprit de cette herboriste t’intéresse, parce qu’elle ne semble pas sans ressource et qu’elle a eu la force de venir insister pour te faire changer d’avis sur quelque chose.

Alors tu la laisse parler, et tu ne peux pas empêcher un rire léger de quitter tes lèvres quand elle semble réaliser qu’il y’a un problème a son raisonnement. C’est amusant, et attendrissant, et si tu te moques d’elle c’est vraiment léger quand même. « Peut être. Mais qui te dit que je te prêterais un équipage ? » le sourire reste, très léger sur tes lèvres. C’est comme si tu la provoquais pour attendre une réaction, pour la faire réfléchir, et quand elle parle d’autres équipages tu ne peux que rire. « Les autres équipages ne s’approcheraient de Demacia pour rien au monde. »

Et tu bouges un peu dans ta cabine, te rapprochant d’elle, glissant tes doigts sur son menton. « Est ce que tu veux apprendre à naviguer ? » N’est ce pas la meilleure des solutions au final ?  Quoi que de mieux que de la former elle même à être auto suffisante ? Bien que tu le sache quand même, tu ne te connais que trop, tu trouveras des gens pour aller avec elle, pour l'accompagner. Tu es incapable Særùn, d'envoyer une femme seule, face au vide et à l'inconnu.

Tu ne sais pas où va te mener cette discussion Rietta, mais tu sais qu'elle se dirige vers une issue qui te plait bien davantage que celle que tu aurais pu supposer compte tenu de vos premiers échanges. Alors ça te va, tu verras bien où est-ce que vous arrivez, en attendant tu participes, tu réfléchis aux possibilités, et tu as l'impression que mots après mots, phrases après phrases, le projet se fait un peu plus concret. Jusqu'à ce qu'il le soit un peu trop peut-être et que tu pinces un peu les lèvres avouant ton incapacité à naviguer. Mais tu as d'autres idées oui, tu es sur un bateau, un bateau rempli de marins qui pourraient s'acquitter de cette tâche bien mieux que toi.

Il te manque juste l'approbation de la maître des lieux, chose qu'elle ne manque pas de te rappeler et qui pourrait te faire soupirer, te faire te sentir un peu désespérée, mais il y a ce sourire sur ces lèvres, léger mais bel et bien là, il y a vos échanges jusque là et finalement c'est un sourire qui s'étire sur ton visage à toi aussi. « Je ne sais pas, j'avais l'impression que tu envisageais les différentes possibilités, ç'en ait une. » Quelque chose te dit que tu as déjà gagné mais tu ne veux pas crier victoire trop vite, pas lui donner l'occasion de refermer cette porte qui n'est pour le moment qu'entrouverte et qu'elle pourrait encore fort bien te claquer au nez. « Je n'avais encore jamais à ce point eu l'impression d'être une pestiférée. » Tu hoches la tête, tu comprends cependant, et à vrai dire à Ionia tu as aussi croisé des gens ayant fuit Démacia ou se dressant contre leurs pratiques, mais les mots sont peut-être plus crus ici, à Bilgewater, les gens cachent peut-être moins ce qu'ils pensent et ne s'embêtent pas à enjoliver leurs propos pour faire moins mal.

Il te reste un peu de rhum dans ton verre, toujours le premier, tu bois peu et doucement mais alors que le silence se réinstalle un peu tu le portes à tes lèvres pour le vider. Grave erreur, c'est le moment choisi par Særùn pour reprendre la parole et elle aurait bien pu te faire recracher l'entièreté de ta gorgée. La question te surprend, cela doit se voir, et tu n'es pas loin d'en rire en vérité, mais tu perçois que ce n'est pas juste une blague et tu prends un instant pour réfléchir avant de répondre. Tes traits se font sérieux et tes yeux se plissent un peu, traçant quelques minuscules rides sur ta peau pale. « En toute honnêteté ? Non, je ne veux pas apprendre à naviguer. » Ce serait mentir que de dire que c'est un rêve, que tu comptes passer le reste de ta vie sur un bateau, que parcourir les océans t'attire. « Néanmoins je dois reconnaître que ce ne serait pas une mauvaise chose. » Et tu grimaces un peu, parce que tu sens que ça ne va pas être une mince affaire. « Si tu penses pouvoir me transformer en matelot passable je ferais ce qu'il est nécessaire de faire. » Et tu penses déjà à ton dos qui va te faire souffrir, à tes mains qui vont s'abimer et s'ouvrir et tu gémis intérieurement. Tu ne t'attendais pas à gagner la traversée sans rien devoir offrir en échange n'est-ce pas ? Et si cette contrepartie n'est pas vraiment celle à laquelle tu t'attendais peu importe, tu es prête à la payer, ou tout au moins à essayer, pour rentrer enfin voir les tiens à Démacia tu es prête à presque n'importe quoi.

Tu n’es pas le genre de personne qui apprécie de reconnaitre qu’elle se rend en face de l’adversité. Néanmoins, Rietta avait raison sur un point, elle avait plus ou moins gagné cette manche, car les possibilités traversaient ta tête alors que tu lui parlais. Le plus dur serait d’arriver à Demacia, car toi tu savais bien que tu ne pouvais pas y’aller. Enfin, des discussions quelques jours plus tard t’aideraient, pour le moment, tu réfléchissais. Un doux sourire, un peu plus rassurant se glissa sur tes lèvres.   « La douce vie d’un Demacien. Une patrie detestée contre la quelle personne ne tente pourtant rien. » Un soupir quitta tes lèvres et tu le ravala en une longue gorgée d’alcool. Lui au moins te faisait du bien et t’empechait de vriller beaucoup trop loin.   « Tu t’y feras je suppose. Ou le monde finira bien par s’ouvrir et Demacia entendra raison. » Ou peut être que Demacia serait rasé. Mais ça, n’était ce pas plutot un reve ?

Une question se pose, et tes yeux restent fixés sur Rietta alors que tu la formlue. Ce n’est pas de l’humour non, c’est une necessité et tu remarques la surprise dans son attitude. Sa sincerité est frappante et tu hoches la tête. « Crois tu que ce soit ce que je désirais ? Quand j’étais une enfant entourée de fastueux décors dans la demeure du gouverneur de DouxRuisseau ? On fait ce que l’on peut pour survivre Rietta, et quelques fois ce la implique de s’abimer les mains. » Malgré les mots employés, ton ton n’était pas méchant, bien au contraire. Il y’avait toujours cette attention que tu lui offrais. Comme si tu tentais de l’aider à accepter le futur.

« Je te formerais aux bases. » C’était une evidence. Remplissant ton verre pour la énième fois tu bus une gorgée. « Il y’a des details dont je dois discuter avec d’autres personnes. Mais je trouverais un moyen de t’aider. » Sa determination t’avait plu, et ce fait, mélé à ta curiosité et a ton inquietude, étaient suffisants pour que finalement tu acceptes.

Un haussement d'épaules, il n'y a rien de plus à ajouter sans doute, tu ne vas pas chercher à défendre Démacia. Même si tu comprends certaines choses, même si tu peux comprendre comment et pourquoi ils en sont arrivés là... tout ne s'excuse pas et si tu ne t'ai jamais dressée contre tout ça cela ne veut pas dire non plus que tu cautionnes les actes perpétrés à l'encontre des mages là-bas.

Soit, il n'y a que peu d'intérêt à ce que la discussion se prolonge sur ce sujet, tu as déjà ta victoire, tu ne comptes pas en remporter une deuxième, il y a des combats qui ne valent pas forcément la peine d'être menés. Non, tu préfères te focaliser sur ce qui est en train de se tisser, un plan, des promesses, et une proposition qui manque de te faire t'étrangler. Toi ? Naviguer ? Ca n'a rien d'une blague pourtant, tu t'en rends compte rapidement et tu es obligée de réfléchir sérieusement aux mots qu'elle vient de prononcer et à ce que tu vas lui offrir comme réponse. « Je n'en sais rien, honnêtement, je n'ai jamais vécue dans la vaste demeure d'un gouverneur de DouxRuisseau ou d'ailleurs. Je sais que certains des mieux nés ne rêvent que d'aventure et se lamentent de ne pouvoir trainer dans les rues sales le soir quand ceux qui y vivent rêvent d'un luxe auquel ils ne pourront jamais accéder. » Et ce n'était peut-être pas son cas non, visiblement pas, mais tu n'es pas dans sa tête pour le savoir. « Les jeunes s'imaginent toujours que l'herbe est plus verte ailleurs n'est-ce pas. Et puis on vieillit et on fait ce qui doit être fait. » Tu hoches la tête, c'est ce que tu vas faire et tant pis si comme elle le dit tu dois t'abimer un peu les mains. Tant qu'on ne te demande pas de tuer tu imagines que tu peux bien t'en accommoder.

Tu hoches la tête, encore. « Bien. » Ton verre est vide et tu le reposes sur la table où tu l'as pris peu après être rentrée dans cette cabine. « Merci. » Tu tends ta main dans sa direction, plongeant ton regard en direction du sien, un petit sourire aux lèvres. « Je te le dis maintenant parce que je ne sais pas si je pourrais encore une fois que tu m'auras formée. » Tu te doutes que ça ne va pas être une partie du plaisir mais tu te sens l'âme résolue, prête à serrer les dents pour ne pas être juste un boulet lorsque vous ferez route vers Démacia. « Je ne sais pas encore comment mais un jour je te revaudrais ça. » Et si dans ta tête une petite voix te souffle que ça pourrait bien avoir un lien avec sa famille et Démacia tu n'en dis rien, seul l'avenir te diras ce que tu trouveras là-bas.