sombre écueil — nuawa

Alors oui, ça y’etait, la brume avait frappé de manière violente et douloureuse, et tu avais été aux premières loges pour admirer cet esprit des rivières totalement corrompu. Combien de spectres avais-tu combattu sur les terrasses du placidium ? Combien s’étaient relevés aprés ça ?  A quel point ton coeur s’était il serré de voir les protecteurs de Ionia manquer de tomber ? De voir ceux que l’on appelait les frères ennemis se battre ensemble pour la même cause contre l’alteration que l’ombre pouvait causer. Et si cela avait été pareil ailleurs ? Déja quelques marins parlaient d’un monstre tentaculaire et géant dans la baie de Bilgewater, déja d’autres rumeurs venaient de l’Est et d’une explosion à Zaun. Tout cela était marquant Sjaël, comme des mots brulants qui notaient d’une histoire qui ne demandait qu’à être racontée, ou d’un mal qui ne demandait qu’à être résolu. Quoi qu’il en soit, il y’avait fort à faire pour toi. Pas que tu ne sois une héroïne non, tu avais tenté de l’être par le passé et c’était bien trop fatiguant, a quoi bon tenter de sauver un monde quand on arrivait pas à sauver les rares personnes qui comptaient. Longue histoire, long débat entre toi et toi même, car bien sur ce n’était pas le genre de débat honnête que tu aurais avec quelqu’un.
Soit. Débats mis à part, ton expedition du jour était liée à la brume, et si tu avais supplié Elena de rester à Ionia City, tu avais verifié trois fois qu’elle ne soit pas installée quelque part bien cachée dans le bateau sur le quel tu avais embarqué. Avec assez d’argent et beaucoup d’argumentation tu avais finalement trouvé un capitaine acceptant de t’emmener sur une île à mi chemin entre Ionia, Bilgewater et les îles Obscures, dans ce triangle de l’enfer que les Nuits de l’Horreur frappaient souvent. Bien sur, tu aurais aimé aller plus loin, mais tu n’étais pas suicidaire au point de te rapprocher des îles en elle même, pas encore, pas seule, pas non preparée. On ne savait pas ce qui trainait la bas, et tu étais sure que tu ne voulais pas spécialement le savoir pour le moment. Oh, au pire tu y mourrais, mais ce n’était pas le moment, alors que le monde connaissait autant de changements.

« Reviens à l’aube, ou ne reviens pas, je ne t’attendrais pas davantage. » Un peu bourru, le capitaine t’avais débarqué dans une chaloupe et était reparti faire tu ne sais quoi dans les mers alentours, te laissant sur une île qui ne semblait pas trés grande, et pas vraiment peuplée.  Pour de bonnes raisons supposais-tu, l’atmosphère qui y régnait était sombre, trés sombre, et tu ne tardas pas à tracer quelques runes dans l’air devant toi pour créer une torche qui bougeait, voletant à tes cotés et illuminant la scène d’une énergie orangée.

Autour de toi tout ne semblait que ruine et deuil, et l’odeur étrange de vide et de mort t’apportas un haut le coeur, que tu tentas de faire partir. Tu avais vu des champs de bataille Sjaël, tu avais participé à des guerres, en t’y amusant quelques fois, ou d’autres en tentant d’arreter les combats, tu avais à ton grand dam vu des charniers, mais la, autour de toi tout était si sombre, et les rares traces de civilisation étaient comme disparues, comme si la vie s’était arretée du jour au lendemain. Sans compter sur cette brume qui semblait lecher les frontières du village. Quelques instants tu fermas les yeux, te demandant pourquoi tu étais la, et ce que tu y faisais. Quelques instants, tu regrettas d’être seule, mais tu avais 10 heures avant l’aube, et tu les emploierais mieux qu’en te lamentant.

Devant toi continuait de virevolter cette lumière qui ne faisait que rajouter un coté mystique à la pénombre qui t’entourait. A la faveur de cette torche magique, que tes doigts guidaient comme si tu en étais le chef d’orchestre, tu restais néanmoins presque figée au milieu de cette désolation. Toi, la conteuse débrouillarde qui se trouvait toujours quelque chose à faire, à dire, une solution ou une explication, tu te trouvais au milieu d’un lieu d’où la vie semblait avoir été happée. A quelques pas plus loin tu entendais les flots d’une fontaine qui continuait de couler, et pourtant à part ça, le silence, et uniquement celui ci. Silence néanmoins qui ne tarda pas à être brisée par quelques tintements, des clochettes magiques ou bien l’arrivée de quelqu’un que tu n’avais pas vu auparavant ? Aprés tout, tu n’avais même pas réellement commencé ton exploration Sjaël, tu étais simplement figée au milieu d’un désastre comme frappée par une horreur sans nom sur la quelle même toi tu ne savais mettre mots.

Lentement ta tête se tourne alors vers la créature qui se rapproche de toi, silouhette humanoïde d’une femme aux longs cheveux blancs qui se rapproche de toi dans des cliquetis de clochettes, attirant l’attention de tes grands yeux clairs. La flamme que tu maintiens se met à vaciller, mais tu te concentre à nouveau dans un mouvement de tes doigts marqués de runes et la lueur n’en devient que plus forte, chaleureuse au milieu des ruines qui n’en sont pas vraiment.  Elle ne semble pas d’ici, mais qui pourrait sembler en être quand au fond tu es certaines que tout ceux qui étaient ici n’y sont plus depuis bien longtemps maintenant. Elle ne semble pas d’ici, tout comme toi tu sais que tu n’es pas du village, et avec une lenteur mesurée tu secoue ta tête négativement.

« Je suis réelle oui. » La question aurait pu sembler étrange, mais dans ces lieux qui semblent comme arrachés au temps tu es sure qu’elle ne l’est pas tant que ça, et si tes lèvres se muent en un leger sourire il n’est pas joyeux, il est un peu las peut être de cette situation. « Personne ne semble la. Je ne suis malheureusement qu’une voyageuse qui en a bien trop vu. » Et tes yeux passent sur un toit de chaume dont la cheminée ne semble plus émettre aucune fumée avant de revenir sur elle. « Que faites vous ici ? » La question peut sembler maladroite, elle est juste curieuse, et tu te demandes quelques instants si tu as la chance de trouver une personne qui tout comme toi ne cherches que des réponses. Tu n’es pas une âme solitaire Sjaël, tu es complexe peut être, mais tu sais que dans les ténèbres quelques fois la compagnie d’un Autre est préférable à la solitude du néant.

« Sjaël. » Tu te présente, inclinant la tête avec un air désabusé. « Conteuse itinérante. Entre autre. » Les présentations sont faites. Tu supposes qu’il faut bien commencer quelque part. Et tu as des questions, qui attendent derrière tes lèvres.

Qu’il était agréable de ne pas être seule finalement n’est ce pas ? C’est la première pensée qui traverse ton esprit alors que tu étudie un peu mieux l’humanoïde en face de toi. Est-elle humaine ? Probablement, quelque chose qui s’en rapproche du moins, mais toi même est bien placée pour savoir que tout ce qui ressemble a un humain n’en est pas un, et cette créature semble sentir la magie. Tu ne sais pas à vrai dire. Est ce bien grave sur le moment ? Toi qui partage tes routes avec une vastaya serpentine et qui n’hésites pas à partager un verre avec quelques démons si la possibilité t’en est donné, te formaliserais-tu de l’espèce de la personne a tes cotés ? Non. Clairement pas. Ce ne sont que d’infimes informations dans ton flux de pensées bordélique et brouillon. Le sourire qui vient à tes lèvres finalement est plus sincère et doux que ton air désabusé précédent et tu hoches la tête à ses mots. Comprendre ce mal, n’est ce pas ce que tu cherches également à faire ? Ce que n’importe qui de sensé serait amené à faire selon toi ? Peut être bien oui.

Les brumes autour de vous sont épaisses et lourdes, et tu sais que les êtres vivants n’y ont peut être pas leur place. Pourtant vous êtes ici, et tu ne partiras pas avant l’aube. Ou peut être n’en partiras-tu jamais ? « Effectivement. » Tu pourrais sembler laconique pour le moment Sjaël, mais ceux qui te connaissent le savent, tu parles beaucoup trop. Alors bien entendu ses questions te font hocher la tête doucement, tandis que tu laisses la flammèche virevolter vers elle, éclairant son visage et le collier de pierres qui semble doté de magie. Artefact interessant te rendant curieuse. Une question pour plus tard, une question pour jamais ? Une question gravée dans un coin de ton esprit. La marchande, Nuawa, t’a posé une question, et la lueur dans tes yeux clairs est plus brillante maintenant, un peu plus animée.

« J’ai plus ou moins marchandé mon passage avec un capitaine, sans réellement savoir si il viendrait réellement me chercher à l’aube comme il me l’a promis. » Un léger éclat de rire quitte tes lèvres à cette pensée, peut être essayeras tu de te téléporter si tu es abandonnée, aprés tout, que sont quelques kilometres ? Au pire, que se passera t’il ? Tu échoueras dans l’eau et tu mourras noyée. Non, tu comptes sur ton apprentie pour venir te chercher si a un moment tu ne donnes plus de signes de vie. Du moins tu le crois.

Et puis tes épaules s’affaissent un peu. « J’ai entendu parler de Demacia, de Bilgewater aussi, des monstres qui se relèvent et de la brume qui semble plus menaçante que jamais. Alors j’essaye d’enquêter, tout en ayant conscience qu’une femme seule ne trouvera pas la solution. » Tu hausses les épaules en disant ça, puis tu passes la main à l’arrière de ton crâne jouant avec la masse de cheveux épars. «  J’étais à Ionia, quand le Placidium a été attaqué, ce n’était pas beau à voir, mais ça ne ressemblait pas à ça. Ici, on dirait simplement que la vie a été arrachée à cette île, et je ne sais depuis combien de temps cela a pu arriver. » Aura t’elle des questions sur Ionia ? Peut être. «  Que savez vous de la brume ? » Tu as une question toi aussi, et elle n’est pas des moindres.

Tu as toujours aimé le risque et le danger aprés tout Sjaël, c’est comme si ta vie n’était que la longue traversée d’une corde raide au dessus des flammes, tentatrices, accueillantes, attirantes. Aprés tout, il n’y’a pas de belles histoires sans y donner un peu du sien, sans y donner un peu de sang. C’est ce que tu es prête à faire une fois encore, alors tant pis si le capitaine ne revient pas. Tu trouveras toujours des solutions, car tu as cette capacité à croire en toi plus qu’en tout le reste, et en ta capacité à te sortir de tout ça. Ce n’est pas le sujet de votre conversation de toute manière et tu es déjà concentrée sur autre chose, sur la personne en face de toi, la marchande, Nuawa, sur ce qu’elle dit aussi, sur les questions qu’elle pose.

La brume est un sujet interessant, important. La brume est tout autour de vous et tu ne sais pas pourquoi elle reste immobile sans venir vous attaquer. Aurait elle un esprit ? Une conscience de meute ? Peut être y’a t’il simplement quelqu’un qui la controle ? Ce ne sont la que des suppositions, et tu n’as malheureusement pas assez d’années d’expérience pour savoir tout cela. Bien sur tu as été a Bilgewater lors des nuits de l’horreur, bien sur tu sais ce que l’on dit sur ces îles maudites qui envoient de la brume récupérer des spectres pour former une armée. Mais une armée pour quoi ? Pour qui ?

« Vous n’etes pas tout a fait humaine n’est ce pas ? » La question quitte tes lèvres comme ça au fil de vos paroles, et tu lui offres un sourire. Tu ne lui veux pas de mal bien entendu, tu ne veux qu’un peu plus de connaissance, un peu plus de savoir. « C’est ce que je cherches à comprendre moi aussi. » Pourquoi ce monde souffre ? Que lui veut cette brume ?

Autour de vous la brume est toujours la, et la clarté réconfortante de ta torche presque vivante te rassure un peu, et projette sur le sol les ombres de vos silhouettes. « J’en sais ce que l’on raconte, que la brume viendrait des îles obscures qui ne l’ont pas toujours été, que jusqu’a présent elle ne se manifestait que lors de ce que les habitants de Bilgewater nomment les Nuits de l’horreur, lors des quelles la brume ramenait vers les îles les âmes des morts, les damnant pour toujours. Mais je sais aussi que Demacia n’aurait jamais du être touché, que ça n’a pas été logique ni normal, la brume n’a pas pu traverser tout le continent sans être vue par qui que ce soit. » Tu marches toi aussi en continuant à parler, et alors que vous vous rapprochez des premières habitations, tu bouges habilement tes doigts en dessinant des symboles dans les airs, conjurant une autre flamme vivante à la quelle tu ordonne de rester autour de la femme, ta compagne de route.

« Pour être honnête j’ai cru que les rumeurs de Demacia étaient exagerées, ou qu’elles n’étaient que mensonge. Mais ce que j’ai vu à Ionia il y’a quelques jours me conforte dans l’idée qu’il se passe quelque chose de plus grave. » Et si tout autour de vous est oppressant, tu n’as pas de mal à parler pour chasser les silences et le bruit de vos pas sur le sol.

Un sourire se glisse sur tes lèvres quand tu réalises que tu as eu raison. Tu es ce genre de femme Sjaël qui aime tout savoir, avoir des informations et décider ensuite de ce que tu en fais peut être. Mais sans jamais blesser personne, ou du moins, personne qui ne l’ait pas mérité auparavant. Le nom de sa tribu te surprend en tout cas et tu arques un sourcil tout en la fixant avec un air intéressé. « Ce qui ne rend notre rencontre qu’encore plus fascinante. Je serais ravie d’en savoir davantage sur votre tribu, enfin, quand nous serons dans un endroit plus agréable et plus propice aux grandes conversations. » Parce que tu as beau adorer parler, entendre des histoires passionnantes alors qu’une brume étrange est autour de vous et qu’un village semble mort comme figé dans son moment, ne fait pas partie de tes priorités. Non. Vraiment pas.

Le lieu d’ailleurs est une histoire en lui même et tu fronces les sourcils encore une fois, perplexe et contrariée par ce qui semble se tisser autour de vous. Il y’a des choses que l’on raconte sur Demacia, des choses que tu voudrais voir de tes propres yeux et que tu verrais certainement un jour. Tu n’étais pas loin de la cité a vrai dire quand la brume a prétendument frappée, mais tu n’as jamais réellement eu le droit d’y rentrer, affaiblie par les arbres anti magie et trés peu désireuse de finir dans les cachots des prisons anti mages.

« Je pense la même chose oui. » Il est agréable de parler avec quelqu’un qui semble capable de reflechir par elle même, et tu remercie ta bonne étoile - ou toutes les étoiles de la galaxie tu ne sais pas vraiment - de l’avoir mis sur ta route ce soir. Car qu’aurais tu trouvé d’autres que la solitude et peut être un destin funeste en ces lieux. « L’hypothèse la plus logique serait de penser qu’un des mages enfermés a finalement explosé de toutes ses frustrations et se serait vengé sur la cité. Mais pourquoi aurait il invoqué la même brume noire que celle qui attaque Bilgewater tous les ans ? Que celle qui se répand depuis les îles obscures ? » Ça serait logique, et ça ne l’est pas en même temps. Car la nature elle même de la brume est d’être incontrôlable. Alors cette hypothèse tombe à l’eau pour toi. Pourtant tout comme Nuawa tu penses que quelque chose ou quelqu’un est à l’origine de tout ça. « Peut être quelqu’un s’est il reveillé dans les îles et a décidé d’envahir le monde. Ça n’explique pas pourquoi Demacia… Et aller enquêter la bas est quasiment impossible. » Pourtant ce n’est pas de toi de baisser les bras n’est ce pas Sjaël ?

Une nouvelle question t’est posée alors que vous marchez et tu fronce les sourcils, tentant de reflechir à une bonne réponse. « Je ne sais pas vraiment, à voir l’état des lieux on dirait qu’il a toujours été comme ça. Île Morte suspendue dans le temps entourée de mystères. » Tu vois déja dans un coin de ta tête se former une histoire que tu pourras compter si tu reviens en vie un jour. Néanmoins tu ne rajoutes rien, pas pour le moment, Nuawa semble concentrée sur quelque chose et ses yeux sont blancs avant de devenir semblable à ceux des rapaces que tu as souvent vu voler dans le ciel de Shurima. Est -ce la son pouvoir de Vastya ? Est ce la une capacité mystique dont tu es le témoin ? Ton air semble encore plus interessé alors que tu écoute ses murmures. «  Est ce que cela pourrait dire qu’elle est vivante ? Et qu’elle ne sait pas ce qu’elle doit faire de nous, tant elle a perdu l’habitude de voir des gens vivants ici même ? » Et puis une question, plus douce, toujours d’une voix basse. « Discernez vous autre chose ? »

C’était fou, cette capacité que semble avoir la femme à tes cotés. Est ce la les pouvoirs de son clan ? Pouvoir connaitre une sorte d’osmose avec tout ce qui l’entoure ? Tu ne sais pas Sjaël, mais tu es intéressée pour en savoir davantage. Alors tu la regarde faire quelques instants, et dans un silence presque religieux tu l’écoute énoncer tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle ressent, un mélange de vérités et d’hypothèses. Toi même aimerais pouvoir être plus utile, pouvoir lui donner des renseignements que malheureusement tu n’as pas, mais pour l’heure tu n’es qu’un témoin muet de cette rencontre entre la femme et la brume. Tu écoutes en tout cas, tu écoutes et peu à peu tu comprends tout ce qu’elle tente de te dire. Ça semble douloureux, lancinant, et ta mâchoire se ferme un peu plus alors que le silence se fait quelques instants autour de vous.

Les deux flammèches que tu as invoquées continuent de luire autour de vous, présences rassurantes et chaleureuses dans cette atmosphère aux couleurs froides et cassantes, dans cette atmosphère brisée. « Se pourrait il que la brume elle même soit composée de ceux qu’elles dévorent ? » Et dans ce cas cela voudrait il dire que vous êtes en danger de devenir vous aussi une part de cette conscience collective. « Ça me fait penser aux nuits de l’horreur. A Bilge, quand la brume vient avec ses spectres imbattables, elle repart toujours avec les ames de ceux qui sont tués. » Sourcils froncés Sjaël, tu continue de réfléchir, tandis que tes doigts caressent les runes taillées sur ton bâton, comme pour te rappeler que tu n’es ni seule ni sans défense ici. « C’est comme une contagion, comme si les âmes se retrouvaient emprisonnées et forcées de combattre à leur tour.  C’est terrible, et triste oui. Atrocement triste. » Tes yeux se baissent quelques instants, à l’idée que cette brume puisse être composée de personnes qui jadis avaient des ambitions, des joies, des peines. Tu secoues la tête mentalement pour ne plus y penser, mais ça ne part pas aussi facilement.

« Mais qui serait assez puissant pour controler autant d’âmes ? Pour contrôler une armée qui ne cesse de croitre ? » Tu continue de reflechir encore, et quelque chose dans ce qu’elle a dit te marque plus que le reste. « Je ne pense pas non plus que ce soit la Nature, quoi que ce soit c’est magique, et extrêmement puissant. » Air un peu plus résolu, bien que contrariée par les révélations, par les découvertes tu continue de parler. « On parle d’un spectre goelier d’ames sur les îles obscures. » Une réflexion en passant, et une nouvelle idée à la quelle malheureusement tu voulais te refuser à penser. « Peut être que la source se trouve réellement la bas, sur les îles jadis bénies qui ont sombré dans cette brume verdâtre et assassine. Mais y aller serait plus que du suicide. » Pas seule, probablement pas à deux. Pas sans lumière assez puissante pour percer les ténèbres et des bateaux capables de frapper les récifs et les monstres marins.

Tes yeux bleus clairs se fixaient sur chaque détail du paysage, sur chaque partie de ce village enfoui sous la brume et suspendu dans le temps et la lente agonie de la mort qui venait de le frapper - Ou bien était-ce il y’a longtemps ? Tu ne sais pas Sjaël. Tout ce que tu sais finalement c’est que tes yeux se posent sur la silhouette de la vastayas qui se met à parler suite a tes suppositions, en émettant des hypothèses elle aussi. Tu apprécies ce coté qu’elle a, presque candide, presque innocent, de se poser des questions à voix haute ou bien de te les poser à toi. Ton air devient plus doux, tu ne juges aucun de ses mots et si tu es concernée c’est par la réalisation que vous avez peut être touché un point important. « Peut être oui. Je l’espères du moins. » Tu voudrais être sure que vous avez une solution à portée de la main. Tu voudrais être sure que vous pouvez être les héros de ce monde, bien que tu ne sois pas forcément ce genre de personne à courir aprés l’héroïsme, non, tu cours aprés la prospérité de ton nom. Tu cours aprés l’éternité de tes actions et de tes mots. C’est différent, et similaire en un sens.

Tu veux croire en l’espoir néanmoins, en l’idée que vous ayez une piste. C’est terrible néanmoins de penser à tout ça, de te dire que certains être puissent asservir des âmes et les renfermer dans une brume sans fin. C’est terrible oui. Et même si une solution pouvait s’offrir a vous vous ne seriez peut être pas celles qui l’accompliraient. Ce monde regorge de héros ou de personnes voulant l’être.

Quelques instants tu regarde Nuawa alors qu’elle semble hésiter, elle s’arrête et tes sourcils se froncent alors que tu la regardes, lui offrant regard doux et air compréhensif. Tu veux comprendre oui, c’est ce qu’elle te demande de faire alors. Et soudain tu assistes à un spectacle fabuleux. Une cloche retentit dans le silence surnaturel et un bovin spectral apparait devant toi beuglant en silence et se rapprochant de Nuawa. Est ce un ennemi ? Non. Ton instinct te pousse a rester immobile tandis que tu écoute son explication. Tout se tient au fond, et tu hoches la tête doucement. Tu es fascinée par ce qu’elle te raconte. « Impressionant. » Et ça l’est, clairement. « Cette capacité de ton peuple est fascinante. » Et tu voudrais en savoir plus, avoir des choses à apprendre, des histoires à raconter. C’est ton travail et ton oeuvre aprés tout. Tu chroniques le monde. Certaines choses ne changent pas.

La revelation est la néanmoins et tu hoches la tête. « La souffrance. Le tourment. » Toutes ces choses douloureuses qui peuvent arracher une ame a son existence. « Je ne sais pas si quelqu’un est assez puissant non, ou du moins je ne le pensais pas. Mais voir cette zone, voir ce qui s’est passé à Demacia, ce qui s’est passé a Ionia, et dans d’autres endroits, je ne peux qu’en être assurée. Quelque chose de mauvais se reveille. » Et les anciennes îles bénies en sont probablement le repère. Dieux trés anciens, Transfigurés puissants ? Tu n’as aucune idée du mal que Runeterra va affronter. Mais tu sais que vous n’avez aucune chance.

Quelques pas se font en direction de la brume, et tu suis le binome, regardant le bovin et sa demarche pataude. La question te fait reflechir un moment. Tu grimaces légerement. « Malheureusement je crains de ne pas tout savoir. Ni qui pourrait être la cause de ce mal, ni comment lutter contre celui ci. Je ne suis qu’une conteuse. » Qu’une mage. Tes doigts font vibrer les flammeches autour de vous. « On parle de personnes faites pour lutter contre la brume. Je ne sais si c’est une legende ou une realité. Mais j’aimerais le savoir. J’ai vu des personnes lutter contre la corruption au coeur du Placidium lui même, des simples mages, spiritualistes, une vastaya même. Même si personne n’est spécialement fait pour lutter contre ce mal, je suis sure que certains le feront. Aussi mortels et fragiles soient ils.» Une sorte d’espoir en l’humanité.

D’un mouvement de tête, tu lui montres le reste du village. « Es-tu prête à t’avancer plus loin dans cette brume, ou bien en as-tu vu assez ? » Le bateau ne viendra qu’a l’aube, tant d’heures restent encore à tuer. Et pas un bruit ne se fait entendre si ce n’est le clapotis de la fontaine et vos respirations. « Il est rare d’avoir une île pour deux seuls explorateurs. » Ton choix est fait en tout cas. Tu veux en voir davantage.

Tu es vraiment fascinée par les capacités de la jeune femme. Ah Sjaël, le monde ne cesse de t’étonner, quand tu penses qu’il est au plus sombre il a toujours cette capacité à te montrer la voie et une nouvelle lumière. Toi qui respecte l’entiereté des êtres tu te laisses alors simplement bercée par les courants, admirant encore quelques instants de plus le bovin stellaire qui reste avec vous. La conversation elle continue, et une fois de plus tu parles trop Sjaël. Tu parles beaucoup, est ce que c’est le stress ? Non, c’est simplement ce flux d’idées et d’avis qui s’échappe de tes lèvres. Tu sais que certaines choses peuvent monter dans l’ombre pour proteger la lumière, et si le mal se prépare en grand nombre, une alliance de personne serait le mieux pour oeuvrer contre. Peut être. Mais tu fais partie de ces gens qui ne rejoignent plus d’armées Sjaël, parce que tu veux être un conteur dans ce monde, un témoin qui essaye de ne pas agir, ou d’agir presque seule. Presque, parce que tu te fais toujours des alliés interessants dans tes aventures. Presque. Parce que tu as cette apprentie qui te suit, et d’autres ames qui se lient à toi. Pas d’une manière magique non, simplement de manière humaine, mortelle.

« Une fois rentrée à Bilgewater je me renseignerais davantage. Si des personnes savent comment combattre cette brume, ce sera eux, et puis tout s’apprend au détour d’un bon verre et d’une bonne histoire la bas. » Cette fois, tu sembles un peu plus sure de toi. Et il y’a quelque chose qui te frappe, tu n’as pas menti une seule fois ou enjolivé les choses depuis que tu es sur cette île et que tu as rencontré Nuawa. Tu n’es pas ici pour impressionner qui que ce soit au fond, tu es ici, tout simplement. C’est tout ce qui compte ? La question est légitime néanmoins et tu ne reflechis pas avant d’y repondre. « L’envie folle de quelqu’un qui chronique ce monde, de voir ce qui risque de causer sa fin de ses propres yeux je suppose. La curiosité. La determination. J’esperais trouver une solution, une explication, et peut être l’ais-je trouvée. »

Mais ton visage reste determiné, et la flamme a tes cotés brille davantage. « Mais je veux en voir plus maintenant. Je veux voir l’entiereté de ce que la brume recouvre, voir si nous sommes vraiment seules sur cette île. » Tes sourcils se froncent néanmoins, et tu la fixes quelques instants. « Tu es un être spirituel néanmoins, et si moi, qui ne suis qu’une mage, entend comme les murmures et les appels de la brume, je supposes qu’ils sont plus fort pour toi. Ne serait -il pas trop dur pour toi de s’en rapprocher ? » Ta voix est douce, et tu t’es arrêtée de marcher pour le moment, la fixant avec une lueur protectrice dans le regard. Tu as un coté égoïste quelques fois Sjaël, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Aujourd’hui tu te sens protectrice, amicale, en face du danger.

A ses mots tu ne peux t’empêcher de sourire Sjaël, car elle marque un point, et pas des moindres. Si elle semble songeuse, tu l’es également. Il y’a tant d’endroits où tu es allée et où tu n’aurais pas du te trouver, des profondeurs de Zaun, jusqu’a la peripherie de la Cité Blanche, dans la quelle tu n’es cependant pas rentrée. Bien sur, en une centaine d’année tu as eu le temps de parcourir Runeterra, mais pas assez, jamais assez. Il y’a encore tant de lieux que tu voudrais découvrir, tant de choses qui pourraient t’apporter un sourire si tu parvenais enfin a en percer les mystères. Bien sur il y’a aussi quelques endroits que tu évites, et dans les quels tu penses que tu n’iras jamais. La cité Blanche et son dégout des mages, les grottes Rakkors et leur intolérance, et les îles Obscures. Ou du moins, ce dernier point semble sur le point de changer, car un jour peut être, pour Runeterra, iras-tu te perdre la bas. Alors tu acquiesces doucement à ce qu’elle te dit, et tes yeux continuent de bouger sur les figures ombreuses des arbres et des batiments autour de vous. « Ou du moins les histoires les plus fascinantes. » Es-tu ici néanmoins pour le profit d’une histoire ? Ou pour ta simple curiosité, maladive, intéressée ? Le monde a t’il encore un attrait pour toi que tu veuilles participer à son sauvetage ? Quelque part, probablement que oui, car il y’a cette part de toi qui restera toujours une enfant à l’âme héroïque. Quand bien même a t’elle été piétinée par les années, les drames, et par l’égoïsme qui s’est pris de toi.

Inquiète néanmoins pour la vastaya à tes cotés, tu ne peux t’empêcher de t’enquérir d’elle, de vouloir en savoir plus, et tes sourcils se fronce. « Je ne voudrais pas que tu risques ton existence, pour une quelconque curiosité. » C’est étrange peut être, d’entendre ces quelques mots venir de toi. Et un peu hypocrite pour quelqu’un qui te connaitrait vraiment, car n’est ce pas ce que tu fais tout le temps ? Tu pourrais donner ta vie pour un brin de connaissance supplémentaire. Alors finalement tu te fends d’un sourire, ne lachant pas ses yeux de ton regard, que tu poses ensuite quelques instants sur le grand boeuf à tes cotés. « Si tout cela devient trop dur à supporter, je te demande simplement de me le dire. Je ne suis pas sure de pouvoir nous transporter trop loin. » Tu réalises que tu livres encore une fois une partie de ton pouvoir. Mais ce n’est pas grave n’est ce pas ? Ce n’est pas comme si une conversation sincère allait te tuer une fois dans ta vie. « Je veux dire, les runes, me permettent de nous teleporter sur un peu moins d’une centaine de kilometres. L’incantation est longue et je dois rester concentrée. Mais ça sera toujours utile si nous devons partir en vitesse. » L’espace de quelques secondes tu es presque une enfant qui bredouille, parce que malgré toi tu essayes de te mettre dans un rôle protecteur que tu n’es pas sure de savoir endosser.

Est ce bien grave ? Tu secoues la tête aprés ça, et puis finalement tu souris davantage. « Par la alors. Je n’ai que trop hate de penetrer dans ces maisons et voir ce que la brume y a changé, ou si tout n’est que figé comme si le temps était suspendu. » Cette fois c’est un clin d’oeil que tu lui offres, et esprit libre, esprit débridé, tu accélères le pas, penetrant dans une des maisons entourée de brume, ne jetant qu’un vague regard derrière toi pour t’assurer qu’elle te suive. Autant pour l’idée d’être un protecteur Sjaël, tu es bien trop fougueuse pour ça.

Tu ne t’attendais pas à tomber sur une telle personne sur cette île, tu dois bien l’avouer. Parce que Nuawa est aussi déterminé que toi et même si la brume semble être une ennemi de taille, elle semble bien décidée à l’affronter, ou du moins à s’y enfoncer pour en découvrir les mystères. Comme toi. Alors peut être que ça te rassure en un sens de savoir que tu n’es pas la seule dans ce cas, que tu n’es pas la seule personne capable de tout oublier et de tout risquer pour un fragment d’histoire, pour assouvir une curiosité. Tu hoches la tête alors, et tu souris doucement à ce qu’elle rajoute. « En temps normal, je t’aurais offert une bien belle démonstration sans que la nécessité n’y joue. Mais j’attendrais que nous soyons sorties de cette île pour te reveler tous mes talents. » Et toujours ce coté un peu charmeur, un peu joueur. Tu ne changerais pas Sjaël. Jamais.

Et déjà vous voila lancées dans cette exploration, vous rapprochant de ces maisons entourées de brume, dans cette atmosphère morbide. Alors c’est plus fort que toi, tu te mets à parler un peu « J’imagine déjà les histoires, captivant l’attention du public en parlant de deux héroïnes s’enfonçant dans des maisonnées emplies de brume, décrivant le vent et les murmures autour de nous. » Tu as un sourire aux lèvres alors que tu dis ça Sjaël, et la flamme qui reste devant toi, comme une lueur d’espoir, comme cette seule lumière dans votre obscurité vacille un peu alors que tu perds un moment ta concentration.

« Même la plus minime des choses sera quelque chose que nous apprenons. Qui vivait ici ? Quand ont ils disparus ? Leurs esprits sont ils toujours ici ? Que faisaient ils ? » La demeure dans la quelle vous rentrez vous offre déja quelques réponses, et tu laisses Nuawa s’attarder sur les placards, tandis que tes doigts passent sur un verre posé la, sur un piano entaché de poussière qui n’a visiblement plus servi depuis longtemps, quelques jouets d’enfants. Une famille semblait heureuse. Le village entier devait l’être peut être, un refuge, un abri, des gens qui vivaient tout simplement.

« Je pense qu’ils ne s’y attendaient pas. » Tu montres le verre et la chandelle éteinte à coté de parchemins du bout de tes doigts. « La brume semble être une force qui vient, et qui repart tout aussi vite aprés avoir dévoré ce qu’elle désirait. » Il y’a en toi comme une once de tristesse à la pensée que des gens ont vécu ici, et qu’en une fraction de seconde ils n’y étaient plus. C’est ainsi. « Il y’a un journal. » Tu fronces les sourcils finalement en te rapprochant du bureau, et tu regarde les quelques mots qui y sont inscrits, rien qui ne concerne la brume, juste des histoires d’enfants, il y’a bien des années de cela. « Une force qui oeuvre depuis longtemps maintenant. Qui sait combien d’âmes en sont prisonnières. »

« Penses-tu que certains aient pu y échapper ? » Cette ville semblait morte, toute l’île le semblait, tu penses que ce n’est pas la seule. Alors devrais-tu être pessimiste ? Ou devrais-tu penser qu’il y’ait une lueur d’espoir ? Aprés tout a Demacia, a Bilge ou même à Ionia, vous avez été nombreux à survivre à la corruption, à la brume. Est-ce une preuve de force d’esprit ? Ou bien simplement n’a t’elle pas trouvé son compte avec vous ? Tu ne le sais pas encore mais cette hypothèse va trouver une réponse dans les minutes qui suivent.

Car déjà Nuawa attire ton attention vers une pièce un peu plus à l’écart du reste de la maison, et si tes doigts continuent de glisser sur les lettres qui teintent le journal, si tu prends note de bien lire tous les mots, si tu essayes de retracer la vie d’un être humain pour lui offrir la légende de l’éternité que les histoires peuvent donner tu es néanmoins intéressée par ce qu’elle semble avoir trouvé de fascinant. Attrapant le journal et quelques parchemins marqués d’encre tu les glisses dans ta besace, hésitant entre te sentir comme un voleur ou comme un sauveur d’histoire, puis tes pas doucement te mènent vers la salle où Nuawa semble intéressée par des découvertes.

Etalage de babioles et de bijou, de curiosités diverses, le tout brisé par la recherche de gredins peut être, ou de pire que ça ? Lentement tu pénètres toi aussi dans cette antre aux trésors et te penches, attrapant l’un des items qui traine sur le sol, une espèce de bracelet qui semble valoir beaucoup, représentant une des divinités des îles serpents. « Qui que ce soit qui soit passé ici, il ne s’agissait pas de pillards. Les objets de valeurs sont toujours la. » Tu supposes qu’elle en était déja arrivée à cette conclusion, mais c’est plus fort que toi, tu as ce besoin de parler, d’exprimer ce que tu penses au moment où ça arrive quelques fois. Ce sont les moments où tu es candide Sjaël.

Tes sourcils se froncent néanmoins alors qu’elle semble penser que la brume est coupable, et tout bien réfléchi l’idée n’est pas stupide, bien au contraire, alors tes yeux se fixent sur elle quelques instants avant que tu hoches la tête. « Ça serait une hypothèse totalement valable, ça justifierait également le fait qu’elle se soit retirée de chacun des endroits qu’elle à attaquée dans l’heure qui a suivi l’attaque. » Tes sourcils se froncent Sjaël, et déja tu penses beaucoup trop. « Mais qu’est ce qu’une brume dévoreuse d’âme pourrait chercher ? Ici ? A Demacia ? A Bilgewater, Ionia ? Je pensais qu’elle ne cherchait que des ames pour former une armée, mais peut être y’a t’il bien plus que ça. » Posant ton regard une nouvelle fois sur la vastaya, tu sais que tu la fixe avec des yeux emplis de respect et d’émerveillement. « Je crois que tu as trouvé la plus interessante de toutes les théories sur la brume » Tu te relèves aprés ça, jouant toujours un peu avec le bracelet que tu tiens entre tes doigts, et haussant les épaules dans un signe de désinvolture tu reprends « Tu devrais récupérer quelques unes de ces breloques, elles ne manqueront à personne et tu es marchande non ? En les vendant tu feras persister l’âme de leurs propriétaires. » C’est spirituel un peu, mais c’est une des raisons pour les quelles tu écris. Par les objets, par les mots, par tant de choses, les âmes perdurent comme des légendes aprés tout ?

« Je me demande si toutes les autres habitations ont connues le même sort. » Et comme guidée par ton instinct tu sors finalement de la pièce, laissant à Nuawa le plaisir de récupérer des objets si elle le desire, tes pas te menant vers la sortie. Tu es telle une enfant qui voudrait courir de maisons en maisons pour verifier si la théorie de ton amie est valable ? Ou bien peut être n’était-ce que le seul endroit avec des objets d’intérêt ? Peut être que dans les autres tu ne trouveras que des morceaux de laine… ?  

Les mots de Nuawa résonnent dans ce cagibi de curiosité, et tu hoches la tête, partageant une espèce d’émerveillement devant un tel esprit. Tes doigts habiles jouant toujours avec le bracelet serpentin tu ne peux qu’approuver ce qu’elle dit. Mais toi qui n’a pas peur de l’inconnu et qui désire toujours en savoir plus sur le monde, et tout savoir de celui ci, peux tu te contenter d’imaginer un ennemi à la brume sans pouvoir le nommer ? Peux tu te contenter d’imaginer qu’elle ait peur de quelque chose qui soit encore plus puissant ? Tes yeux restent toujours emplis de cette curiosité presque candide - probablement une des seules choses qui puisse l’être encore en toi - et tu esquisses un sourire. « Mais que faire si l’ennemi contre le quel la Brume se prépare n’est autre que Runeterra dans son entier et tous ceux qui la peuplent ? » Parce que ça reste ton hypothèse à toi, parmi tant d’autres. Tu n’hésites pas à sautiller d’hypothèses en hypothèses, ça se passe toujours comme ça dans ta tête trop remplie. C’est ce qui se passe quand on trouve tout fascinant, et quand le monde n’est qu’un vaste terrain de jeu, un terrain que tu n’as pas envie de voir dépérir cela dit. Runeterra est peut être une terre peuplée de mauvaises herbes, mais la voir completement brulée n’est pas dans tes attentes.

« Je ne doutes pas que beaucoup t’écouteront et seront fascinés. » Et tu t’y connais quand il s’agit de divertir l’auditoire et de le fasciner aussi n’est ce pas ?

Quelques objets volés dans les sacs de la vastayas, et un bracelet serpentin accroché à ton poignet, tu ne te sens pas genée d’avoir pillé dans une habitation où les occupants ne reviendraient jamais. Qui viendrait-ici encore aprés tout ? Tu pourrais mettre une de tes mains à couper qu’a part vous personne ne serait assez fou pour venir poser ses bottes sur ces terres la.

Et si tu sors finalement, affrontant cette pénombre maussade qui pourrait terrifier quelques esprits fragiles, tu regarde la flamme qui danse à nouveau autour de toi, puis levant la tête tu admires quelques instants les étoiles. « La brume ne nous empeche pas d’admirer les cieux. » La reflexion est davantage pour toi même que pour ta camarade dont tu entends finalement les pas non loin de toi, signifiant qu’elle aussi est enfin sorti de cette habitation aux milles secrets et bibelots utiles. Tu as gardé cette passion du ciel, de cette personne qui t’a appris les constellations et qui t’avait promis de t’emmener à Targon. Jadis. Une autre histoire, pour un autre moment Sjaël, tes pieds reviennent sur terre.

« Tout est interessant, de la plus petite des batisses, aux grandes étables, mais je me demande si nous trouverons davantage de mystères à résoudre. Alors me voila, incapable de me décider. » Tu choisis cependant de suivre l’instinct de ta compagne d’aventures, et alors que tu notes à la position de la lune que la nuit commence à être bien entamée, tu regarde dans la direction qu’elle montre. Une petite batisse, entourée de murs bas. « Bon choix. » On ne va pas mentir, ils l’auraient tous été. Et si tu as cette envie de demander à la vastaya pourquoi celle ci plutôt qu’une autre, tu te retiens un peu, tes pas te guidant deja vers le petit muret, et le portail ouvert. La flamme a coté de toi illumine le chemin, puis ne tarde pas à te faire decouvrir des sillons sur le sol, des cultures peut être, quelques salades ça et la, une pelle plantée dans la terre à coté d’une tache plus sombre qui te fait froncer les sourcils. « C’est comme si encore une fois, ils avaient disparus en plein travail. » Trop curieuse peut être tu te penches finalement et touche du doigts l’un des légume qui tombe en poussière. « Je n’arriverais pas à dater la catastrophe qui s’est prise de l’île, mais elle n’est pas récente. » Tu repenses aux mots sur le cahier que tu lisais plus tot dans l’autre maisonnette, à la date lointaine dans le passé.

« Depuis combien de temps la brume agit elle ? Te souviens tu d’un temps où les Nuits de l’Horreur n’existaient pas ? » La question est pour la vastaya dont l’age doit être peut être superieur au tiens, mais elle est probablement trés réthorique aussi. Qui serait assez vieux pour connaitre tous les secrets du monde. Accroupie aux cotés de poussière de légume, tu restes comme figée dans tes pensées.

Ce champs te fascine sans que tu ne saches vraiment pourquoi. Peut être est-ce parce que lui aussi semble avoir été laissé à l’abandon ? Comme toute cette île. Tu ne sais pas vraiment, mais tu parles Sjaël, et tu sais que la vastaya a tes cotés parle également. Vous cherchez à comprendre, mais il y’a des choses que malgré tout vous ne pouvez pas savoir, vous ne pouvez pas comprendre. Toujours. C’est un bien grand mot, et tu hoches la tête un peu distraitement, quand tu réalise la mélancolie qui semble la toucher à l’evocation de son clan. « C’est ce que le monde entier raconte aprés tout. Des monstres terrifiants, des îles des quelles il ne faut pas s’approcher. Et pourtant, je sais qu’il y’a de trés vieilles légendes qui nommes les îles obscures les îles bénies. Des temps si lointain qu’ils en sont devenus des fantasmes peut être. » Tu ne sais pas si savoir depuis quand regne la brume pourrait changer les choses. Mais tu sais Sjaël, que ça pourrait être une piste. Que c’est quelque chose sur quoi tu pourrais te lancer facilement, parce que tu veux tirer le fin mot de cette histoire, et tu veux savoir, tu veux… trouver, la cause de tout ça. Quitte a en mourir ?

Avec attention tu regardes la vastaya qui semble essayer de creuser un peu ? Elle a l’air d’avoir l’habitude et tu revois pendant quelques instants ton père s’occuper d’un potager sous la chaleur de plomb de Shurima, se plaignant de récoltes qui ne viendraient jamais. Le passé doit rester ce qu’il est. Passé. Lointain. Une histoire qui ne concerne pas l’aventure que tu vis aujourd’hui. Et c’est vers la vastaya et son maigre butin que tu reportes ton attention.  

« Peut être. Ou peut être que la brume ayant déja frappé nous resterions simplement coincées ici, sans moyen de survivre ou de se sustenter. » A ton tour tu lèves les yeux vers les étoiles, te demandant ce qu’elle peut y chercher. Croit elle en des cieux plus cléments ? Vit-elle de la connaissance des constellations ? Toi qui crois aux astres, au Soleil, aux étoiles, toi qui croit en la Lune tu ne peux qu’y trouver quelques instants une force supplémentaire. Tu ne diras rien pourtant. Pas maintenant. Pas de suite. Que pourrais-tu rajouter à cette conversation ?

« L’aube arrive bientot. Et avec elle viendra peut être un moyen de quitter l’île. » Si on ne t’a pas menti, si le capitaine du bateau que tu as pris n’a pas les pieds froids à cette idée de revenir ici. Serait-ce grave que de rester ici des heures de plus ? De savoir si le jour changerait vraiment l’atmosphère de l’île ? Serait-ce grave d’y rester bloquée et de ne plus jamais pouvoir en repartir ? « Sais-tu où tes pas te meneront aprés ? » Une question. Peut être suivie d’une proposition de voyage. D’aventure. De découvertes.