gnar — don't eat my pig.

La chasse du jour les avait menés vers des territoires encore plus au Nord, et si de la où elle était, juchée sur Bristle,  Sejuani pouvait apercevoir les étendues immenses de la Mer de glace, ce n’était pas vers cet horizon magnifique qu’elle voulait aller, ni qu’elle devait aller. Plusieurs mammifères avaient été chassés et étaient désormais ramenés à l’endroit où la tribu était installée, et elle ne faisait qu’un dernier tour d’horizon avant de rentrer elle aussi. « Viens Bristle, un bon feu nous attend. » Si des choses la perturbaient, lui faisant se rappeler toutes ses obligations liées à son statut, elle n’en était pas moins toujours motivée et volontaire. Elle avait menée la chasse avec brillance, et désormais c’était en chef nourricière qu’elle rentrerait auprès du reste du clan.

Son sanglier biffa néanmoins, semblant vouloir rester un moment dans ces étendues froides, et adressant un regard aux autres chasseurs leur indiquant qu’ils pouvaient partir en avant, la chef de la griffe hivernale se pencha vers l’oreille de sa monture et ami. « Que dirais-tu d’une course ? Ça détendrait tes pattes. »  Glissant ses doigts gantés entre ses oreilles, elle s’installa mieux sur la selle. « Tu es prêt ? »  Et c’est dans un tapotement de sabots faisant craquer la neige, que l’enorme druvask s’élanca pendant plusieurs minutes. 



Visage battu par le vent, cheveux volant derrière elle, dénuée de son casque. Sejuani se laissa aller à rire un peu. Au terme de la course, ils s’arreterent tout deux, sans réaliser qu’ils n’étaient peut être plus seul. Un rire franc quitta a nouveau les levres de la rude chef de la Griffe Hivernale, et elle glissa ses doigts dans la toison de son meilleur ami. « Reposons nous un peu. »

Et une nouvelle journée pour Gnar. Cette fois il allait retrouver les grands Yordles blancs, c'était sûr. Sa fourrure frétilla alors qu'il fit un petit bon sur lui-même d'excitation, alors qu'il se tenait devant une grosse empreinte. « Wabbo ! » S'exclame-t'il, sûr de son coup. Après tout, Gnar est un grand chasseur et explorateur, alors Gnar sait reconnaitre des empreintes. Et là, il s'agit forcément de ses amis, et pas d'un Drüvask qui passait par là.

Il s'élance alors. Mais il a du mal à suivre la piste, il faut dire qu'il a des pattes un peu plus petites que les grands yordles blancs. Mais juste un peu, parce que lui aussi il est grand et fort. « Goova. » Dit-il, pour se motiver à avancer, alors que ses oreilles se font remuer par le vent glacial qui souffle sur la mer de glace qui semble presque infinie.

La poursuite dure pendant un bon bout de temps, mais lui-même n'a pas conscience de la durée exacte. Disons, que c'était assez long pour que certains poils de ses oreilles et de sa queue se changent en glaçon. Ce n'est pas agréable, mais il a l'habitude, et il prend le temps de s'arrêter pour se gratter avec sa patte arrière pour en décrocher un maximum. C'est à ce moment là qu'il entend un bruit, derrière une colline enneigée. C'est aussi là que les empreintes continuent, toujours profondes mais bien plus visibles, ce qui signifie qu'il est proche.

Sauf que... Le bruit qu'il a entendu, ne ressemble pas à celui des grands yordles blancs. Alors silencieusement, il s'avance jusqu'au sommet de la motte, pour finalement observer en contrebas. Il y avait deux animaux étranges. Un, qu'il n'avait encore jamais vu avant, avec des pattes longues et des poils sur la tête qui ressemblent à ceux de ses amis. Le deuxième, quant à lui il pu reconnaitre son espèce sans mal, il s'agissait d'un Drüvask. Le premier animal était d'ailleurs en train de chevaucher le second, comme parfois les grands Yordles blancs le faisaient à la chasse. Mais ils avaient pas trop l'air de se battre, sur le moment, et Gnar pencha un peu la tête sur le côté, intrigué.

En tout cas, cette vue réveilla quelque chose dans son ventre, quelque chose qui lui remonta jusque dans la bouche à l'en faire baver. Oui, il se souvient des grands cochons que les yordles blancs allaient chasser, il se souvient aussi d'à quel point ils étaient bons. Alors, sortant son boomerang de son dos, il le lança sur la tête du porcin en poussant un cri de guerre, et faisant un bon pour atterrir en contrebas, juste devant les deux animaux. « Shagoovara ! Grouiz ! » Il bombe le torse devant la bête, parce qu'il est imposant et il le sait, il a déjà défié des Drüvask encore plus grands, celui-ci ne lui fait pas peur.

« C’est qui le bon cochonnet ? Oui c’est toi. » Voila une facette de Sejuani qu’elle ne montrait pas. En effet qui imaginerait qu’elle était du genre a passer des moments à caresser la toison de son sanglier géant, et à jouer avec lui, lui offrant des friandises - de la viande séché - qu’elle gardait dans un des pans de sa tenue de cuir et de métal uniquement pour lui. Personne. Les gens savaient qu’elle avait certes un lien avec Bristle, qu’il était son ami et allié le plus fidèle, qu’il était sa monture et qu’ils se sauvaient l’un et l’autre continuellement la vie. Personne ne savait à quel point il occupait dans son coeur une place importante. 

Bristle dévora la gourmandise, et Sejuani quelques instants se perdit dans la contemplation de l’horizon autour d’eux. Ce royaume était le leur. Freljord ne devait pas appartenir aux faibles, et bientot la Griffe Hivernale reprendrait tout ce qui lui était du. Bientot Freljord redeviendrait une terre de Forts et de puissants, loin de la fénéantise pacifique que representait Ashe. Une Unité, pouah, elle cracha presque son dédain vis à vis de la femme qui avait jadis été une soeur. Une unité dans la faiblesse, jamais ils ne survivraient si la Griffe les attaquait, et l’alliance avec les barbares ne les aiderait pas, jamais assez. A quel point fallait il être faible pour aller chercher l’aide d’un homme et s’offrir à lui en echange de ses soldats ? A quel point Ashe était elle symbole d’une faiblesse et d’un peuple qui se mourrait.

Perdue dans ses pensées elle n’entendit pas la glace craqueler derrière eux, et elle ne remarqua pas d’abord la créature qui s’apprêtait à les assaillir. Sans quoi, les choses auraient été différentes. Sans quoi elle aurait pu agir d’une autre manière. Mais non, le destin en avait décidé ainsi, et soudain Bristle poussa un grognement sonore, se cambrant sur ses pattes arrières avant de se mettre à courir. Le projectile qui venait de le frapper repartait déja vers son proprietaire et Sejuani se tourna, colosse de cuir et de métal, ses doigts proches de son fléau de glace pure mais sans l’attraper pour le moment.

« Qui es-tu ? » La méfiance se lisait dans son regard, tandis que la petite créature - atrocement mignonne, elle n’avouerait jamais l’avoir pensé, mais l’idée etait la - aux poils orangés et aux grandes oreilles, se dressait en face d’eux. Miniature, mais sauvage, il tenait un espèce de boomerang fait d’os dans sa main et semblait prendre la posture d’un prédateur.

« Bristle. » Elle siffla. Le Drüvask revint vers elle et elle se positionna devant lui pour empecher la créature de venir les attaquer. « Que veux -tu ? Nous ne comprenons pas ta langue. » Le dialogue n’était jamais son option préférée, mais la créature n’attirait pas la haine avec son visage presque amical et ses grands yeux joueurs. Alors elle essayerait. Et si les choses tournaient mal. Son fléau de glace pure renverrait cette créature d’où elle venait.