Aéris avait continué de changer, inévitablement, indéniablement. Au fur et à mesure que la magie de Kindred se liait à elle, la devineresse perdait son apparence humaine. La fourrure dans son dos avait continuer de se répandre et de pousser, début de manteau d’Agneau. Il n’y avait aucun signe du Loup, et chaque jour un peu plus Aéris était persuadée que c’était la facette la plus douce de la mort qui l’avait emportée, pour la ramener.
Elle avait également passé de nombreuses heures en compagnie de Dunlaith, pour faire la lumière sur ce qu’elle était devenue, pour l’aider à canaliser cette nouvelle vitalité, faire en sorte qu’elle ne soit pas dépassée. C’était trop espéré. Chaque jour était différent et en plus de sentir le changement physique et magique, Aéris remarquait aussi des changements légers dans sa personnalité. Et elle ne savait pas dire si c’était sa manière de se protéger de ce qui lui arrivait, ou si c’était une conséquence de plus d’avoir passé le pas, pour revenir tout aussi vite dans le monde des vivants.
Elle supportait de moins en moins la chaleur, la cheminée de sa tente continuellement éteinte. Et toujours, elle avait cette impression de suffoquer, entourée des vivants. Aujourd’hui s’était-elle autorisé le droit de sortir de l’enceinte de la Griffe, pour retrouver ce froid qui l’avait accueilli en son sein depuis qu’elle avait sacrifié ses pouces. Avec soulagement, elle avait constaté que son pouvoir initial était encore là, qu’elle arrivait à entrer en communion avec le monde du gel.
C’était une victoire.
C’était différent, bien entendu. Il y avait une dissonance dans son espionnage du froid. Une immobilité ponctuelle qui lui répondait. Aéris avait alors compris en tombant sur les corps morts d’un lapin happé par le givre qu’elle pouvait sentir ce qui était mort. Non pas seulement savoir qu’ils étaient morts. Elle les sentait et son don s’immisçait dans ce qui c’était éteint. Aéris avait alors errer un peu plus, pour tenter d’oublier. Mais c’était impossible. Autant l’idée d’être liée au mort était dérangeante, lointaine, ce qui la bousculait le plus était qu’elle ne se sentait pas réellement dépassée par les évènements.
Aéris peinait à se connecter avec ses émotions. Elle songea s’en retourner au lieu du blizzard, pour voir si celles-ci n’étaient pas restées prises dans la glace. Mais ça aurait été trop loin et elle doutait que Sejuani autorise pareille sortie.
Non pas qu’elle avait besoin de l’autorisation de la Colère de l’Hiver. Mais ceux qui l’accompagnait pour veiller sur elle – de nouveaux visages qui avaient remplacés les deux âmes perdues dans le blizzard et qui n’étaient pas revenues – auraient pu la retenir, si Sejuani en donnait l’ordre.
Aéris n’aurait pas supporter cette humiliation.
Ils étaient sur le chemin du retour, après des heures de pérégrination dans la neige. A l’horizon, les lueurs des feux de camp de la Griffe étaient visibles, teintes orangées qui perçaient la nuit fraichement installée. Aéris ne fut pas surprise de croiser Sejuani – le froid lui avait murmuré sa présence. Mais elle ne s’attendait pas à ce que la cheffe vienne dans leur direction, à dos d’un Bristle construit pour le froid. A l’unisson, Aéris et ses deux ombres s’inclinèrent pour saluer la Colère. « La chasse fut-elle bonne ? »
Dim 28 Aoû - 13:50
Sejuani
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La chasse avait toujours été l’une des occupations préférées de Sejuani. Parce que ça lui permettait d’être plus ou moins seule avec son esprit. Parce que ça lui permettait de gérer ses accès de colère. Parce qu’elle n’avait rien ni personne excepté quelques gardes un peu plus loin, qui pouvait la juger et décider de si ses actions étaient dignes d’une cheffe de clan ou non. Et aussi parce que ces moments dans les grandes étendues de neige lui permettaient de passer des moments privilégiés avec Bristle.
Elle avait juste besoin de calme.
Les derniers événements qui avaient frappés le clan l’avaient mis dans tous ses états et même si elle refusait d’y penser, les visites quotidiennes de Dunlaith la rappelaient à la réalité. Une réalité qu’elle ne voulait pas affronter pour le moment. Oui le corps d’Aéris changeait. Oui, elle avait envoyé la devineresse mourir dans un blizzard et désormais elle en payait le prix. Mais le clan n’en était que plus grandi, le clan n’avait rien contre les alterés en tout genre. Sejuani non plus. Ce n’était pas tant les changements qui touchaient Aéris qui la perturbaient.
C’était le simple fait d’en être la cause.
Par chance des heures dans la neige a chasser différentes créatures l’avaient calmées. Elle se sentait mieux maintenant, et un loup des neiges mort tronait sur le fessier de Bristle. La peau serait un bon remplacement à celle qu’elle avait laissé dans la tente de Dunlaith des jours plus tot, et la viande ferait du bien à la tribu. Tout comme les crocs et les griffes feraient de bonnes breloques porte bonheur et le plaisir des plus jeunes.
Son esprit avait presque réussi à passer à autre chose. Pas de femme aux cheveux blancs dont la fourrure poussait dans le dos. Pas de Ashe. Pas de menaces pour la griffe. Pour un moment elle était heureuse.
La réalité la rattrapa bien vite alors qu’elle se rapprochait des braseros qui illuminaient le clan. Deux gardes qu’elle reconnaissait parce qu’elle les avait elle même choisis entouraient une pretresse et Sejuani grimaca. Elle aurait pu les ignorer. Mais était-ce réellement ce qu’elle désirait ? Bristle prit la decision pour elle, et elle salua les deux hommes respectueusement avant de focaliser son attention sur la devineresse. « Elle l’a été oui. » D’un mouvement de tête elle montra le loup mort à l’arrière de son druväsk. Puis elle fixa les ombres. « Vous pouvez nous laisser. » Son ordre était parole presque divine, elle ramenerait Aéris au clan elle même. Attendant qu’ils disparaissent vers les tentes eclairées dans le lointain, elle descendit finalement de Bristle. « Je ne m’attendais pas à te croiser ici. » C’était plus doux peut être que ça ne l’aurait été dans les murs de leur village.
Dim 28 Aoû - 14:22
Aéris
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Aéris le vit, Aéris le sentit, cette grimace de la Colère, grimace qui lui était dédiée, surement. Elle serra les dents, serra les poings et elle inclina un peu plus la tête, alourdie par autre chose que de la politesse. Néanmoins, la cheffe s’approcha et Aéris offrit ses mains devant le museau de Bristle pour qu’il la reconnaisse, avant qu’elle ne le salue de quelques gratouilles sous le menton. Elle préféra se concentrer sur l’animal qui était bien plus facile à lire que sa maitresse.
Un ordre fut donné pour que les gardes s’en aille et Aéris retint sa demande pour qu’ils restent. Elle n’avait pas d’autorité sur eux, car elle n’était pas forte. Aéris tout juste se remettait de son passage dans le blizzard. Se dresser contre Sejuani aurait été stupide, dangereux. Si déjà la cheffe était de bien mauvaise humeur, Aéris se réserverait quelques minutes, avant de faire quelque chose d’inconsidéré. « Je n’ai jamais aimé être cloisonnée trop longtemps. » Et c’était vrai. Aéris, fille du froid, était plus souvent en vadrouille dans le village, et encore plus en dehors des enceintes que chez elle à se reposer. C’était pour compenser, elle le savait bien, une vieille habitude ancrée par ses parents qui l’avaient jeté à la mort. Si Aéris ne pouvait être forte, elle serait utile. Elle prouverait qu’elle servait à quelque chose. Même si elle était en plein changement, et que la dualité de la mort avait pris possession d’elle.
Ça ne l’exemptait pas des lois du Freljord. Ca ne l’exemptait pas de la Colère de l’hiver.
« Aurais-tu préféré que je reste dans le village ? » La réponse, vraiment, lui importait peu. Aéris restait libre de ses mouvements, rien ne pouvait l’en empêcher. Mais encore et encore, elle voulait savoir ce que Sejuani pensait, une vieille habitude ancrée par celle qui l’avait jetée à la mort.
Lun 29 Aoû - 10:33
Sejuani
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Etait elle réellement dédieé à Aéris cette grimace ? Probablement que oui. Non pas pour l’existence de la devineresse ni même sa présence ici, mais simplement car il fallait que le destin se joue d’elle et mette la devineresse sur sa route alors que toute l’idée de cette chasse était de se changer les idées et de partir loin d’elle et des pensées qu’elle causait en elle. Elle réprima un soupir néanmoins, et finalement elle se rapprocha. Parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement, non pas par convenance, mais Bristle et son corps avancaient d’eux même vers l’objet de ses tourments. Sa faiblesse.
L’humeur de Sejuani était subitement devenu moins agréable que celle de son Druväsk qui lui profita de quelques caresses. Au moins savait il apprécier les bonnes choses, et les simples actes d’affections. On ne lui en voudrait pas. On ne le jugerait pas faible, ou inapte de controler un clan de barbares comme les siens. Son humeur se dégrada un peu plus.
Elle se calma néanmoins un peu quand les deux gardes s’en allèrent, et une fois les pieds dans la neige elle fixa Aéris un peu mieux. Celle qui ne mourrait pas sembla outrée par sa sentence, et Sejuani quelques instants se demanda si elle aurait du la formuler autrement. Elle n’avait pas une once de critique dans les mots qu’elle disait, juste la simple évocation d’une fatalité. Sejuani soupira.
« Si j’avais voulu que tu restes dans le village j’aurais donné l’ordre que tu ne puisses en sortir. » Ses yeux se plisserent quelques instants, et la cheffe de guerre se rapprocha d’Aéris, la toisant de sa hauteur pendant quelques secondes. Cette fois, un sourire léger se glissa sur ses lèvres, un peu plus agréable que quelques secondes auparavant. Elle chassa du bout des doigts un flocon de neige qui s’était installé dans les cheveux de la devineresse, et c’était la toute la dualité de Sejuani qui pouvait être vue. Elle ne voulait pas voir ou entendre parler de la devineresse mais quand elle était la, elle éveillait en elle un coté plus doux qu’elle n’arrivait pas toujours à garder sous controle. « Pour une devineresse tu n’as jamais été trés douée pour deviner mes pensées. »
Lun 29 Aoû - 10:51
Aéris
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Aéris leva les yeux au ciel au commentaire de Sejuani. Oui, elle leva les yeux au ciel aux propos de la Colère de l’Hiver. C’était tout ce que Sejuani savait faire : ordonner. Il n’y avait pas de place pour négocier. Même pas pour demander. Et si Aéris aurait suivi les ordres, elle ne l’aurait pas fait sans broncher. Comme son expression un peu exacerbée sur l’instant. Mais elle ne répondit rien en particulier, peu sûre de ce qui sortirait de sa bouche. Surtout, Sejuani s’autorisa un semblant de marque d’affection en lui enlevant la neige qui la recouvrait un peu. Aéris ouvrit faiblement la bouche, d’où son souffle s’échappa en un nuage gris.
Aéris se mit sur la pointe des pieds, pour qu’ainsi, la main de Sejuani reposa sur le sommet de sa tête, en une marque d’affection affirmée. Il n’y avait pas que le sanglier géant qui appréciait les caresses. Et une expression un peu plus outrée s’empara des traits de la devineresse quand sa capacité à la divination fut remise en question. Elle plissa les lèvres, Aéris et baissa un peu la tête également. « Qui te dit que je ne sais pas ce que tu penses ? » Et quand elle leva les yeux sur Sejuani, il y avait un peu plus de hardiesse, pareille à celle qui l’avait abandonnée la dernière fois qu’elles s’étaient séparées. « J’aimerais juste que parfois, il n’y ait pas un si grand écart entre ce que tu penses » entre ce qu’elle ressentait « et ce que tu montres. » Et puisqu’elle n’avait pas été foudroyée par le dieu de la foudre Volibear à ces paroles, elle osa continuer. « Parfois, j’aimerais ne pas avoir à deviner. »
Mais elles étaient faites de promesse de froid et de morts au Freljord. Aussi étrange que cela puisse être, ça n’avait pas encourager le peuple à parler ouvertement de ce qu’ils ressentaient. Ils avaient tous une part de gel en eux, que Aéris arrivait à toucher. Mais jamais s’approcher.
Mer 31 Aoû - 10:40
Sejuani
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Sejuani senti le moment où Aéris sembla vouloir protester, mais le silence qui suivi fut accueilli bien volontiers. Peut être que pour trouver un terrain d’accord les deux femmes devaient elles rester silencieuses. L’idée de bâillonner la devineresse était un doux songe que Sejuani s’accorda quelques instants. Et pourtant, elle sut immédiatement que la voix de la fragile voyante lui manquerait aussi.
Fragile. Aéris semblait toujours autant l’être, malgré le duvet qui poussait dans son dos, et la réalisation qu’elle avait survécu à la mort elle même. Fragile. Elle le serait toujours, avec sa tête de moins que Sejuani et son corps frèle. Avec ses mains sans pouces et son attitude que Sejuani trouvait parfois trop douce. irritable.. Fragile. Elle l’était, mais elle n’était pas que ça, et la colère de l’hiver s’accorda une tendresse pour cette femme qui finalement avait un accés privilégié à toute sa personne. Cette femme qui reagit immédiatement à la caresse que Sejuani rallongea juste pour le plaisir de glisser ses doigts dans ces cheveux pales. La main resta quelques instants posée comme sur la tête d’une enfant sage que l’on felicitait, et puis elle glissa, effleurant une joue, une épaule, avant de retomber le long de son corps. Les mots d’Aéris la brulerent néanmoins quelques instants, et Sejuani grimaca. Une grimace plus amère et presque contrite que la jeune femme venait de provoquer. « Je sais. » Ses mots étaient emplis de verité et d’une sincerité fragile qu’elle n’offrait d’usuelle à personne. Alors finalement quelque chose céda en Sejuani, et s’assurant que personne n’était à portée de vue, elle se rapprocha et glissa cette main à la quelle le contact manquait déja, sur la joue de la prophetesse. « Parfois j’aimerais être encore cette enfant sans responsabilités. » Un aveu quitta ses lèvres, et son autre main vint chercher une de celles d’Aéris.
« Je ne peux pas t’offrir tout ce que tu désires. » Ses yeux glacés fixaient désormais ceux de son amie. Une affection presente dans ceux ci, tentant de chasser la glace qui était partout en elle. « Le clan doit passer avant tout le reste. » Les mots pouvaient sembler dur, mais la façon dont Sejuani les ennoncait : calmement, doucement, pouvait laisser penser qu’elle tentait de se convaincre elle même.
Et puis finalement, elle fit deux pas en avant, entrainant Aéris contre elle dans une etreinte. « Je suis heureuse que tu ais survécue. » Inquiete. Perturbée. Mais heureuse. Et le clan n’avait rien à voir avec ça.
Mer 31 Aoû - 11:26
Aéris
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L’affection de Sejuani est rare. L’affection de Sejuani est précieuse. Elle aurait réchauffé les joues d’Aéris en une rougeur bienvenue, si la fille du froid était autre chose que ça. Un froid constant qui l’enrobait et donnait ce teint pâle, blanc neige à l’entièreté de sa peau visible et invisible. Et il y avait cette main plus froide encore – gelée – sur sa joue qui revint. Aéris embrassa le contact, ses doigts abimés par l’hiver éternel se posèrent sur ceux de Sejuani. Pendant une seconde, il était impossible de dire laquelle était la plus froide : celle qui avait survécu au blizzard, ou celle qui était faite de blizzard. Finalement, Aéris constata que la main de la Sublimée l’était et le contact l’apaisa plus encore.
Aéris plissa du nez à l’image d’une Sejuani enfant, mais elle n’osa pas interrompre la Colère qui n’était plus colère. Bien qu’elle ne put s’empêcher de lipsynch les propos de Sejuani à la mention du clan.
Et il y eut une œillade vers le vide. Si le cœur d’Aéris battait encore, aurait-il accéléré.
L’embrassade vint et la devineresse se lova contre le creux de la nuque où elle arrivait tout juste. Ses doigts se faufilèrent entre les couches de peaux et de cuir, jusqu’à ce qu’elle trouve un espace où loger ses doigts contre le derme de Sejuani. A peine quelques centimètres, qu’elle gratta du bout de ses ongles. « Je ne sais pas si je suis heureuse d’avoir survécu. » Ce n’était pas un secret. Aéris ne savait pas ce qu’elle allait devenir, ce que la dualité de la mort attendait d’elle – aucun dieu ne donnait, sans attendre en retour. « Nous passons tant de temps à lutter contre la mort… » Elle souffla sa respiration froide contre la jugulaire de Sejuani dont elle devinait le sang afflué et voyager. « Il faut croire que je ne peux jamais avoir ce dont j’ai envie : une vie normale, une mort normale. » Un blanc passa. « Toi. » Aéris releva la tête, à la recherche des yeux de Sejuani. « Peut-être que c’est pour ça que je te veux autant. »
Sam 3 Sep - 10:06
Sejuani
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Sejuani ne savait pas donner de l’affection. Personne dans sa famille ne lui en avait jamais donné, et elle n’en avait jamais cherché non plus. Alors elle avait appris toute seule. Elle se basait quelques fois sur les reactions des autres, et tentait de les rendre heureux, quand ils étaient des personnes qui comptaient. Aéris semblait apprécier qu’elle la touche, et même si Sejuani ne comprenait pas toujours ce besoin qu’avaient les être vivants d’être proches les uns des autres, elle faisait des efforts. Rarement. Mais aujourd’hui était l’une de ces rares occurences. Alors Aéris gagna une caresse sur sa joue.
Et Aéris gagna une etreinte à la quelle Sejuani elle même n’aurait pu resister. Une main se glissant dans les cheveux de la devineresse, et l’autre venant rencontrer la courbe de ses reins, s’y appuyant un peu, la collant contre elle au milieu de cet enfer glacé. Des mots furent offerts, d’une sincerité fragile que Sejuani aurait voulu fuir, mais que la devineresse faisait sortir d’elle. Des mots qu’elle jugeait nécessaire de dire.
Ils en entrainerent d’autres. Qu’elle n’aurait pas voulu entendre. Qu’elle ne pouvait néanmoins pas ignorer.
« Je sais. » La machoire de Sejuani se crispa, mais elle ne la lacha pas. Quelques instants de silence suivirent les mots de son amie mais les mains gardent leur place, des doigts curieux caressant tendrement ce qu’ils pouvaient atteindre. « Je sais. » Et la cheffe de clan aurait du reculer a cette derniere affirmation. Elle ne le fit pas. « Peut être les dieux ont ils décidés que tu valais davantage que tout ça. Qu’une vie banale, une mort oubliée… Que tu valais mieux qu’une cheffe de clan qui ne sait aimer. » Le mot était dit. Et elle aurait voulu qu’il soit oublié au milieu de la neige et du froid.
« Je suis désolée. » La colère de l’hiver delogea sa main des cheveux de son amie venant la glisser contre sa joue une nouvelle fois, relevant sa tête pour qu’elles puissent se fixer. Iris pales contre iris glacés. « Je.. » Le moment s’arreta. Elle aurait voulu dire que personne n’avait jamais ce qu’il désirait, qu’il fallait être fort et endurer tout simplement. Mais même elle pour quelques instants ne cru pas à ce qu’elle pensait. Alors elle se pencha. Alors elle laissa ses levres rencontrer celles d’Aéris pour un fugace baiser. Parler n’était plus nécessaire. Elle n’était pas bonne pour ça de toute manière.
Sam 3 Sep - 14:02
Aéris
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C’était une idée étrange, alien, pour Aéris. Valoir plus que. Aéris ne valait pas mieux que les guerriers de la griffe. Pas mieux que les chasseurs. Elle n’avait jamais eu de mérite, ni de reconnaissance. Elle avait seulement un rôle, et c’était celui-là qu’elle avait respecté. Celui-là qui lui valut de mourir. Peut-être n’était-ce qu’une tentative de Sejuani de la réconforter sur les évènements. Comme l’était l’étreinte, les mots un peu gauches, le bref baiser. Aéris cligna des yeux à plusieurs reprises, presque hésitante sur ce qu’il s’était bien passé. Ainsi, elle passa sa langue sur ses propres lèvres, pour y retrouver le goût évanescent de Sejuani.
Aéris n’avait pas besoin d’être réconfortée. Elle n’était pas faible comme ça. Ainsi, elle sourit, avec une douce mélancholie qui illumina ses yeux. « Tu n’es pas douée pour les au revoir. » C’était le goût que ça avait. Aéris appuya son front contre le torse puissant de Sejuani et elle secoua la tête. « Je n’en ai pas après ton amour, Sejuani. » Au fond d’elle, Aéris doutait que la Colère était capable d’une autre émotion, au long terme. Oui, les deux femmes s’étaient retrouvées sous la passion des braises à maintes reprises. Mais Aéris n’escomptait pas à une vie de couple, une vie de famille avec Sejuani.
« Est-ce si difficile pour toi de comprendre que les gens sont attirés par toi, pour qui tu es, non pas qui tu penses que tu devrais être pour eux ? » Quand Aéris se redressa et qu’elle se recula de quelque pas, elle n’avait pas perdu ce sourire connaisseur, sourire devineur. Alors, elle haussa les épaules et elle marqua un pas de plus en arrière. Ainsi, plus éloignée de Sejuani, Aéris arrivait à réfléchir sereinement. « Je te veux, Sejuani, mais il n’y a rien que tu ne peux m’apporter. » Il n’y avait pas de solution à sa métamorphose, aucune ennemi à occire au nom du Nord. Il n’y avait que la mort qui dissolvait sa magie dans un corps qui ne devait plus être.
Dim 4 Sep - 10:21
Sejuani
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Sejuani essayait mais elle ne savait pas faire. Il y’avait des mots qu’elle voulait donner, et des mots qu’elle offrait sans qu’ils n’aient vraiment de sens. Elle ne savait plus Sejuani ce qu’elle avait le droit de se permettre de dire, et ce qu’elle ne pouvait pas offrir. Alor quelques instants elle resta perdue, ses lèvres parlant d’elles même pour offrir à Aéris un baiser qui peut être serait le dernier, ou ne le serait pas ? La guerrière du froid ne s’était jamais sentie aussi froide depuis bien longtemps.
D’autres mots furent offerts, plus percutants que jamais. Veridiques. La Colère de l’hiver poussa un soupir mais laissa Aéris s’appuyer contre elle, ses doigts glissant dans ses cheveux et effleurant le duvet qui naissait toujours - grandissait - dans sa nuque. Aéris n’était plus vraiment humaine, et Sejuani avait été formée pour ne jamais vraiment l’être. Deux êtres ne pouvaient finalement peut être pas aspirer à un pretendu bonheur.
Alors elle rit. D’un rire amer marqué par les années et les trahisons. Elle rit. Mais elle ne demanda pas d’explications. Car Aéris la lui donna néanmoins.
Sejuani était incapable d’aimer, car ressentir quelque chose de plus que de l’affection ou du désir était une faiblesse. Le reste l’était aussi. Le froid se fit quand Aéris se décala et se recula, mais Sejuani aimait le froid et elle bougea pas pour aller la chercher. Elle resta immobile, droite silhouette de givre au milieu de la glace. « Il n’y’a rien que personne ne puisse t’apporter Aéris. Ce qui t’arrive n’est ni une malediction ni une faiblesse, et il t’appartient d’agir en conséquence. » Etait-ce une leçon ? « Mais ne viens tu pas de dire que je devais penser à ceux qui me veulent pour ce que je suis, et non pas pour ce que je pourrais leur apporter ? » Cette fois ses yeux se plisserent legerement, et un sourire trés frele se glissa sur le visage de la cheffe de la griffe. « Si j’avouais vouloir ton corps, aujourd’hui comme hier, que ferais-tu alors ? » Car si il y’avait un au revoir dans ce qu’Aéris disait, Sejuani refusait de l’entendre. Elle était entetée. Elle le resterait.
Dim 4 Sep - 11:20
Aéris
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Personne. Oui, il n’y avait personne qui pouvait aider Aéris, car elle était seule. Seule depuis la disparition de son maitre qu’elle ne sentait plus dans le froid. Une partie d’elle avait espéré qu’elle pourrait se connecter avec Sejuani, au-delà des étincelles que leurs corps produisaient ensemble. Mais Sejuani l’avait envoyée au cœur du blizzard, au cœur de la mort. Et la fille du froid était revenue. Différente, incapable d’avoir une connexion avec ce qui était vivant.
Elles avaient raté leur chance à quelque chose de plus. Alors elles n’en seraient que moins.
Aéris plissa le nez à la leçon. Ces paroles, des membres de la Griffe auraient espéré toutes leurs vies à l’obtenir. « Tu dis ça comme si j’avais mon libre arbitre, comme si j’étais revenue du blizzard. » D’une manière, elle l’avait fait. D’une autre manière, la Aéris qu’ils avaient tous connu, devineresse du froid, y était restée, mémoire gelée. « Je ne suis plus la même, Sejuani. Tu parles de ce corps et tu ne vois que ça. » Parce que Sejuani n’avait besoin que de ça. Un corps fort, un corps froid. « Mais je suis une étrangère à celle que j’ai été. Je suis liée au Kindred, d’une manière ou d’une autre. » Aéris aurait voulu déverser ses peurs aux pieds de la Colère, pour que Sejuani les écrase comme si ce n’étaient que des pacotilles, des choses qui pouvaient se faire oublier et détruire. Elle ne le ferait pas. Sejuani n'avait pas de place pour la faiblesse et si Aéris ne lui servait plus de putain n’était plus connectée à la Sublimée, elle ne pouvait prendre ce risque.
Aéris ne pouvait pas lui parler de ces morts qu’elle sentait, tout autour d’elle. Elle ne pouvait pas lui parler de l’effroi qu’elle avait, en constatant qu’elle savait quand ceux autour d’elle allait mourir. Elle ne pouvait pas lui parler du souffle de l’Agneau et du Loup qu’elle sentait parfois au-dessus de son épaule.
« Cette Bénédiction », et il était évident qu’Aéris ne le percevait pas comme tel « est ce que je suis. Tu peux prendre mon corps, si l’envie te prend – je ne pourrais pas te retenir. » Le calme avec lequel Aéris prononça ces mots était alarmant. Aéris le percevait mentalement, mais elle ne le sentait pas. Ni dans ses muscles, ni dans ses tripes. « Tu serais à égalité avec le blizzard, et avec Eux. » Kindred.
Mer 7 Sep - 8:39
Sejuani
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« Mais tu es revenue Aéris. » Les mots de Sejuani brisèrent le froid pour quelques instants de plus, et sa main se tendit pour effleurer une épaule familière. Aéris continua de parler, et le moment fut brisé. La main tomba le long du corps de Sejuani, et la mâchoire de la guerrière de l’hiver se serra, ferme, dure, glaciale. « Si je n’avais vu que ton corps, devineresse, ce ne serait pas à toi que je me serais intéressé. » Parce qu’Aéris n’était pas forte. Et l’aveu de Sejuani était à la fois fait de la tragique reconnaissance de son intérêt pour la jeune femme, et la naissance d’une colère qu’elle ne savait arrêter. « Je te vois toi. Mais si tu refuse de me croire, je ne peux rien pour toi. » Un grognement quitta ses lèvres , semblable aux mugissements énervés de Bristle dans le lointain.
« Tu es liée au Kindred. Et alors ? Apprends à les ecouter. Apprends à contrôler ce don qu’ils t’ont fait. Ce n’est pas une fatalité que tu dois accepter les bras baissés. Sois forte Aéris, je sais que tu peux l’être. » Un encouragement peut être, une façon pour Sejuani d’essayer de secouer cette femme qui avait besoin de l’être mais ne semblait pas le savoir.
Et peut être que deux mondes les separaient, mais deux mondes ne les avaient ils pas déja separés aprés tout. Aéris ouvrit a nouveau la bouche, et la colère de Sejuani gronda silencieusement. C’était visible dans son regard, dans la façon dont se tenait droite au milieu du froid. C’était visible dans ces poings qu’elle serrait de colère. « Si tu me connaissais, tu n’aurais jamais dis ça. » Et cette simple implication, mélée au calme de la resignation de la femme qu’elle appréciait un peu plus que la moyenne, etait suffisante pour que Sejuani recule de quelques pas.
« Je dois rentrer au village. » Encore une fois etait elle en train d’essayer de fuir ? Oui.
Mer 7 Sep - 9:24
Aéris
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Non, elle n’était pas revenue, pas entièrement. C’était ça que ceux autour d’elles, ceux qui ne possédaient pas la vision, ni la compréhension, échouaient à percevoir. Encore plus, Aéris regrettait son mentor disparue. Si les propos de Sejuani se voulaient rassurant, aussi gauches étaient-ils, ils n’atteignirent pas Aéris de la manière escomptée. C’était le résumé de leur rencontre à l’extérieur de la Griffe. Des propos qui manquaient leur cible, comme si Aéris faisait de ses mots des flèches qui n’atteindraient jamais le cœur rouge de Sejuani.
L’écart se faisait, se creusait, craquait comme la glace sous le poids trop lourd de leur relation. Ou la fin de ce qui avait été.
Aéris n’était pas forte, Aéris ne pouvait pas être forte. C’était ancré en elle, et même les propos de la plus forte des forts ne pouvait la convaincre. Aéris soupira, et elle laissa la Colère se faire et s’éloigner. « Va. Je ne te retiendrai point. » Aéris n’en avait pas le pouvoir, ni la volonté. Elle se retourna vers le grand froid, qui l’appelait telle une mère rassurante. « Je ne serai pas longue » avait-elle rajouté, pour que Sejuani lui laisse l’opportunité d’être seule, sans escorte.
C’était ce dont elle avait besoin.
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