métamorphoses — aéris

Combien de jours avaient ils passés ? Combien de semaines s’étaient elles ecoulées ? La Griffe avait été appelée pour regler un conflit avec quelques mercenaires Noxiens, au Sud du grand Freljord, et si certains d’entre eux ne reviendraient jamais au village, elle revenait néanmoins, triomphante. Une blessure de plus ornant sa joue pale, une autre marquant un flanc, cauterisée, nétoyée, ne faisant qu’apporter une grimace à ses voyages à dos de druvask. Comme semblant le sentir Bristle marchait plus lentement. Le pas hésitant. Le Druvask lui aussi avait prit un mauvais coup, et quelques poils brulés ornaient desormais sa toison. Le combat n’avait pas été facile. Mais il avait été gagné. Et c’était ce qui était nécessaire. Sejuani avait fait ce qu’elle devait faire.

Un soupir quitta les lèvres de la cheffe de guerre, et elle reprima une grimace. Poser pieds à terre dans le village acceuillant lui fit chaud au coeur, elle en oublia ses blessures.

« Toi. Raconte moi tout ce qu’il s’est passé. Toi. Occupe toi de Bristle. » Il n’y’avait néanmoins pas de répit pour la cheffe de la griffe, et si la neige recommençait à tomber elle l’ignora bien vite. Tapant du pieds sur le sol, elle se mit à marcher vers sa tente, disposant de ses armes et de ses morceaux d’armures qu’elle tendait à l’un de ses suivants, le laissant gerer tout cela et les nettoyer. Tout cela, pendant que l’autre enfant lui racontait les choses qui avaient pu arriver pendant son absence. Rien de transcendant. Rien d’excellent.

 « Et la devineresse est prostrée dans sa tente. » Et forcement une information qui plus que les autres interessa la cheffe de guerre. Leur derniere rencontre avait été paisible et orage à la fois. Qu’en serait il désormais ? 

 « Nettoie tout cela. » Grognement de la part de la femme presque animale quelquefois. Et des pas qui tracerent un autre chemin, vers un autre ailleurs. Vers une tente dans la quelle elle rentra sans frapper.

Dans la tente, il n’y avait plus jamais de feu allumé, la cheminée vidée et nettoyée des cendres passées. Il y avait l’odeur du froid, des fenêtres ouvertes qui soufflaient ses flocons de neige sur le rebord des ouvertures du tissu. La glace, petit à petit, prenait son droit sur le mobilier et les rares biens adaptés aux besoin d’Aéris. Le gel était rassurant, réconfortant. Le gel murmurait des mots oubliés, des divinations qui ne se faisaient plus ainsi. Mais il y avait toujours une présence, des flashs fugaces de ce qui avait été.

Au centre, il y avait une large peau posée sur le sol. Elle ne venait ni d’un animal, ni d’une créature qui ne pouvait être tuée. Mais le blanc de l’Agneau était ainsi étendu, parfaitement à plat, peau arrondie en un quart de cercle. La pointe recouvrait une forme, animée par aucun souffle, aucun mouvement.

Comme si morte.

Aéris était à peine visible, et elle n’avait pas besoin d’être vue, sous son manteau d’agneau qui recouvrait même sa tête. Elle voyait, au-delà des ouvertures gelées de sa tente, au-delà des portes du village. Elle observait la mort qui grandissait lentement dans les plaines du Freljord. Elle entendait la douce embrassade de l’Agneau qui accompagnait ceux qui étaient bercés par ce froid qui enlevait toute volonté.

Ainsi, elle ne perçut pas l’arrivée de la Colère prête à s’abattre sur elle. Elle n’entendit ni le raclement de gorge, ni l’approche de l’ombre qui l’arracha à sa contemplation morbide. Les mains fermes et fortes se fermèrent sur ses épaules, étaux de chaire. Aéris apparut de sous sa peau, les yeux tournés vers Sejuani, pleins de cette noirceur qui recouvrait ses pupilles parsemées d’étoiles.

Aéris voyait à travers les yeux des Noxiens le fléau s’abattre sur eux et la Prêtresse se souvenait de la douleur de l’arme qui broyait les os et les poumons. Si elle avait eu besoin d’air, aurait-elle pris une profonde inspiration surprise. Mais il n’y avait pas d’oxygène dans ses poumons à elle, qu’une magie qui se dissipa petit à petit, rendit ses pupilles naturellement claires à Aéris.

La dernière fois qu’Aéris avait vu Sejuani, c’était dans l’étendue de neige, séparées sur des mots amers, des mots d’au revoir. La dernière fois qu’Aéris avait une apparence normale. Maintenant elle posa, légère, ses griffes sur le torse de Sejuani, sans la repousser ni se rapprocher. « Tu t’es battue comme le Loup, la satisfaction des Kindred est grande. »

La colère était ornée de souvenirs de cette guerre qui ne la heurtaient pas. Ce feu brulant a l’interieur d’elle était bien plus fort que toutes les douleurs qu’elle ait pu ressentir, qu’etait au fond une douleur physique ? Elle n’en avait cure. Tout ce qui comptait pour elle sur le moment était la présence qu’elle trouverait dans cette tente ô combien familière, et désormais ô combien glacé.

Est ce que ce fut la première chose qu’elle remarqua ? Le glacé du vide, la prise d’un froid que même elle ne s’imposait pas ? Oui. Autour d’elle le gel reprenait ses droits sur une tente qui jadis était plus chaleureuse. Dans une tente, où jadis Sejuani elle même s’était adonnée à la création de certaine chaleur. La cheffe de guerre grimaça.

Et puis elle toussa.

Au milieu de la piece posée sous une large peau, comme une pelisse protectrice, elle était la. A peine visible et différente - oh si differente. - de la dernière fois où Sejuani l’avait croisée.

Elle toussa. Encore. Pour s’arracher a la contemplation de oh combien les choses avaient changées depuis son absence, depuis son départ pour la guerre, depuis leurs au revoir à l’amer doux de brisure.

« Aéris. » Un murmure qu’elle vola au vent glacé, avant que finalement elle ne vienne agir, arrachant à la contemplation du passé et futur une femme qui ne méritait pas ce qu’elle était devenue.

Les yeux étaient glaçant de noirceur, et les changements physiques furent les premiers que la femme de glace remarqua. Pupilles différentes qui reprenaient leur droits quand des griffes se posaient contre elle. Elle ne cilla pas, encaissant le mouvement et la revelation alors qu’elle voyait cette femme jadis affectionnée au croisement divin d’une métamorphose.

« Bien. » Serait-ce la sa seule réponse ? Bien. Devait elle casser le silence d’autres mots ? Elle prit son souffle, et quelques instants le silence resta entre elles, dans cette glacée habitude qu’il avait toujours quand elles étaient la.

« Beaucoup de choses semblent avoir changées ici. » etait-ce une maniere de nouer le contact ? Une question qui se posait sans qu’elle n’en soit vraiment une. Et puis finalement ses gants tomberent sur le sol, tandis que ses doigts habitués à la neige pure vinrent se poser sur des griffes qu’elle n’avait jamais senti. Doux. Amicaux. Curieux.