ft. taliyah — the age of slavery is over.

L'ample capuche de son poncho cachant son visage, la jeune femme parcourait une rue de cette capitale dorée. Tout les apparats connus de la tisseuse de pierre étaient recouverts par ses vêtements. Elle ne souhaitait pas se faire reconnaitre, si elle avait put éviter de devoir remettre les pieds ici elle n'y aurait pas manqué, mais ce monde n'était malheureusement pas fait d'hypothèses positives. il lui avait fallu récupérer quelque chose ici et elle en avait profité pour faire un tour des lieux, bien qu'elle n'allait pas tarder à partir. Ne souhaitant pas se faire attraper par la garde après son coup d'éclat au palais il y a un an et toute les actions qu'elle a entreprit contre cet "Empire" depuis. Rien n'avait réellement changé depuis son départ, les passants se bousculaient toujours sur la place du marché, des personnes en revenaient encore à devoir voler de la nourriture et des esclaves s'attelaient encore à la construction ou à des tâches de services auprès de leurs maîtres.

Taliyah avait accéléré son pas pour sortir à l'extérieur de la cité et retrouver un calme relatif, fermant les yeux et se concentrant sur sa respiration, elle cherchait à évacuer cette colère viscérale qui lui vrillait les tripes et qui lui faisait serrer les poings à s'écorcher les paumes. Cela faisait un an, un an qu'elle était parti à la recherche de quelconque moyens de se dresser contre Azir, mais même après tout ce temps, elle s'en savait incapable, insignifiante. Le souffle coupé par une crise d'angoisse montante, elle leva les yeux vers le disque solaire qui s'élevait au loin. Une pensée fugace lui traversa l'esprit, elle pouvait l'atteindre, elle pourrait l'atteindre rapidement même. Il ne lui faudrait pas user de beaucoup d'énergie, faire s'écrouler le disque en lui même sur son palais suffirait amplement, après tout, c'est bien comme ça que la ville avait été avalée par le sable la première fois... Mais à quoi bon ? Un tel baroud d'honneur se solderait forcément par sa mort, et même si elle réussissait à atteindre son but, rien ne garantissait que cet oiseau de malheur en périrait et combien y perdrait la vie à sa place ?...

Des cris soudains extirpèrent Taliyah de ses songes toxiques. Elle se tourna pour voir ces jeunes sans armes être roués à coup de fouets. Après quelques secondes qui lui semblèrent une éternité, Taliyah fit un pas, puis un autre, avant de s'avancer dans le dos de cet homme d'un pas affirmé et réclamant justice. Un geste rasoir de sa main gauche qui fendit l'air arracha une pierre du sol qui vint le frapper dans la hanche contre son armure, le déséquilibrant. un autre le frappa à l'épaule, puis dans le dos le propulsant au sol. Les enfants s'empressèrent de partir en courant. La rage de la jeune femme sembla l'aveugler un instant alors qu'elle arracha une de ses roches bien plus affinée que les autres et cette dernière fila transpercer le buste du garde qui tentait désespérément de faire face à la jeune femme. Il s'écroula sur ses genoux, croisant le regard de la tisseuse de pierre alors qu'un filet de sang coula le long de ses lèvres. Il s'écroula au sol...

Taliyah resta figée un instant, observant la scène qui lui semblait irréelle comme si elle n'était que spectatrice des événements. Elle n'avait pas voulu ça... Elle... non... Sa respiration commença à s'emballer dans un rythme saccadé. Un éclat humide roula le long de sa joue, illuminé par les rayons de l'astre du jour.

Le monde tournait au ralenti, allongé comme le bruit strident suivant une explosion. Une explosion interne et émotionnelle qui l'avait isolé de son environnement si bien que la jeune femme n'avait pas remarqué l'arrivée d'une personne à ses côtés. Finalement quelque mots résonnèrent dans son esprit et la sortirent de sa torpeur.

T’as fais quelque chose de bien tu devrais être fière de toi.

Taliyah croisa et dévisagea le regard de cet inconnu qui pouvait déceler les traces de détresse et d'une répugnance sur son visage malgré la capuche qui en couvrait une partie. Une répugnance dirigée envers elle même, envers l'action qu'elle s'était permit d'accomplir, même si elle se disait ne pas l'avoir voulu, c'était elle qui avait ôté la vie à cet homme. Elle s'écarta d'un pas, agrippant un de ses poignets tandis que ses doigts ne s'arrêtaient pas de trembler.

Quelque chose de bien ? Je viens d'empaler un homme. Quelqu'un est mort... P-Par ma faute... Par ma main!... Je ne voulais pas... Mais ce n'était pas un accident... Je-Je me ... laissé emporté. Mais... par quel droit ? Quel droit ?!

Elle fut coupé dans sa réponse alors que sa respiration se fit de plus en plus difficile, un genou quasiment à terre, le dos recourbé, était-ce cela ? Une crise d'angoisse ? Chaque inspiration lui semblait arrachée à son propre corps et douloureuse, elle aurait du mal à percevoir si cette douleur était réelle ou si elle se l'infligeait...

Plus les secondes passaient et plus le sifflement dans ses oreilles lui faisaient tournoyer la tête, rendant les bruit du monde extérieur de plus en plus lointain. Une même spirale noire s'attaquait à sa vision péréphérique et occupait de plus en plus d'espace... Elle flancha sur le sable chaud. Inconsciente.

Une secousse. Comme une onde de choc dans le néant. La jeune femme, alors bien éloigné de sa conscience et du monde réel, se sentait comme flotter dans cette étendue indéfinie quand cette secousse avait crispé l'ensemble son corps. Une seconde ne se fit pas attendre et elle crut ressentir à nouveau sa propre respiration. Une bonne douleur à la joue apparue à la troisième qui lui fit ouvrir les yeux.

Aah!... Qu-... Ou sommes nous??

Demanda-t-elle sous le choc alors que sa gorge palpitait à toute vitesse, l'empêchant de ralentir sa respiration haletante. Taliyah semblait entendre un sifflement douloureux et elle avait du mal à se concentrer alors que ses yeux plissés étaient fuyards. Elle observa les alentours depuis la petite vallée dans laquelle elle et cette femme se tenaient. Étrangement, elle ne fit aucune allusion à ce qui venait de se dérouler quelques dizaines de minutes plus tôt.

J-J'ai froid... J'ai maal...

S'était plainte d'une voix lente et déclinante la Tisseuse de Pierre. Sekh'ëm ne tarderait surement pas à s’apercevoir de la teinture pourpre qu'avait pris un coin du chemisier violet de la jeune femme. En le remontant légèrement elle pourrait découvrir une petite lame plantée dans la chair de la Shurimienne qui avait certainement été lancée par le garde qu'elle avait affrontée un peu avant. La blessure n'était pas critique mais elle causait encore un saignement et nécessitait des soins.