Tibbers et les flammes du CHAOS ! (Annie & Veigar)

Mais bon sang, comment j'ai pu me perdre... A CE POINT LA ??!!

Expliquer en quelques mots comment Veigar, yordle de naissance devenu (selon lui) le seul et unique Maître du Mal, vivant sur les terres de Valoran, serait vraiment... long !
Il en faut moins pour se pencher sur sa situation actuelle.

Veigar vit dans les chaînes montagneuses, à Noxus. Loin vers le Sud-Ouest. Les Monts d'Argent ont su lui procurer ce dont il avait besoin : un endroit bien isolé, au fin fond d'une grande Tour qu'il a arraché à son propriétaire, dans un village qui le laisse tranquille. Il rend service en échange de nourriture, se débarrassant des dangers qui tournent autour des villageois. Tant que Veigar y trouve son compte, tout le monde est arrangé.
Mais il souhaite toujours plus de pouvoirs...

C'est aveuglé par cette soif intarissable de puissance que la créature aux longues oreilles décide de partir en voyage. Il se décide enfin à mettre la main directement dans la pâte, tant que la piste est encore fraîche. Bien que tout soit encore relativement calme, Veigar sait... Il sent des variations magiques. Quelque chose avance. Elle a beau se montrer discrète, sa signature est suffisamment particulière pour intriguer le Seigneur des Maléfices.

Suivre la route commerciale de Noxus n'est pas forcément de tout repos. Le sorcier parvient à passer inaperçu, transformé en être humain. Les gens d'ici sont suspicieux, parfois tendu, à cause des attaques de bêtes, de brigands et des tensions aux frontières. Mais plus les jours passent, plus Veigar avance vers l'Est, là où les paysages changent. De hautes montagnes, il peut contempler les plaines de l'Empire. Il ne perd pas de temps de les rêveries, prenant une route qui semble être bien plus hospitalière.

Et c'est ainsi que le drame arriva...
J'ai pourtant pris le bon chemin... Ghnngn... !!

Le petit homme au grand chapeau pointu s'est arrêté devant un panneau, signalant les noms des villages environnants. Et dans sa grande intelligence, qui manque pourtant d'énormément de sens de l'orientation, Veigar comprend qu'il est complètement perdu !
« J'ai tourné vers le Nord au lieu du Sud... »

Il inspire. Longtemps...
Veigar évite de déverser un flot d'insultes sur le panneau. Il n'en pense pas moins, mais cela ne l'aidera pas à retrouver la bonne route. Le soleil commence à être bas dans le ciel...
De toute évidence, il va devoir passer la nuit quelque part. Soit dehors, soit dans le village le plus proche...
Veigar regarde autour de lui.
Il ne voit personne à l'horizon, même pas une seule bête sauvage. Il peut encore distinguer les plus hautes maisons, plus loin dans la plaine. Levant bien haut son sceptre, une lumière violine éclaire le chemin craquelé qui mène au village dont le sorcier n'a même pas pris la peine de mémoriser le nom.

Tout dans ce pays lui rappelle des éléments vagues de souvenirs qu'il souhaite enterrer à six pieds sous terre...

Le crépuscule est déjà en train de s'installer, alors que Veigar est presque arrivé à l'orée des premières maisonnettes. Les habitants sont déjà couchés ou trop occupés pour faire attention à un petit étranger. Le yordle a pris soin de se faire extrêmement discret, puis qu'il a relâché le sort du "Glamour", qui lui permet habituellement de porter des traits plus humains.
Il pousse un long soupir, fatigué.

La marche a été longue. Et il va devoir marcher beaucoup plus longtemps que prévu pour retrouver son chemin. Avant cela, il va devoir passer la nuit dehors, dans ce petit bois qui borde le village. Soucieux de savoir s'il se trouve bien en sécurité, il regarde bien autour de lui. Son petit nez renifle un instant et...
Non, il n'est définitivement pas seul ici...
Bien sûr, des personnes se trouvent à l'intérieur des maisons, ça fait sens. Mais il perçoit quelqu'un de tout à fait particulier.
De bien plus... intéressant.

Veigar croise les bras, adossé à un tronc d'arbre, serrant fort son sceptre magique.
Il n'a plus qu'à attendre. Dans le doute...
S'il se trompe parce qu'il est de mauvaise humeur et qu'il perd un peu les pédales, il attendra ainsi au moins suffisamment longtemps pour que le sommeil finisse par le gagner jusqu'au petit matin.
... Ce qui risque de le contrarier davantage, car là, maintenant, il mettrait bien la main sur un mage paumé, à qui il volerait une partie de son essence afin d'être rassasié... !

Moi je me sens bien chez Monsieur Swain, mais j’ai du mal à bien dormir. Ce soir encore j’arrive pas à m’endormir. Je pense que c’est parce que j’ai dormi dans la montagne trop longtemps. Pas que ça me manque, mais il faut que je m’adapte à avoir un lit tout doux. J’essaye de compter les moutons Tibbers mais ça marche pas. C’est Papa qui me disait de faire ça, mais c’est pas très efficace.

Alors je me lève du lit, et je m’habille. J’aime bien mon pyjama, mais vu que je veux sortir c’est mieux de me changer. Je mets un manteau par-dessus ma robe parce que c’est mieux s’il neige dehors. J’attrape Tibbers, et je le sers contre moi. Je peux pas lui demander de devenir géant parce sinon il risque de casser des trucs. Et s’il casse des trucs, Monsieur Swain va nous gronder, et ça moi je veux pas.

Là tout de suite je sais pas trop ce que fait Monsieur Swain. Mais faut surtout pas que je me fasse repérer. Alors je fais des petits pas, et je me colle au mur. Comme un vrai ninja ! Je suis super forte parce que j’arrive à trouver la sortie sans que personne ne me voit. « Mission réussie, Tibbers ! » Je suis fière de moi. J’espère que je réussirais la mission du retour de la même façon.

Maintenant c’est l’heure de la balade ! Je sais pas trop quoi faire, mais j’ai envie de marcher et Tibbers a besoin de se dégourdir les jambes lui aussi. Alors il prend sa forme de géant, j’attrape sa main, et on avance droit devant nous. Je mets ma capuche parce qu’il neige, et moi j’aime pas quand la neige me mouille les cheveux. Puis je m’arrête d’un coup, parce que je vois un truc bizarre. Je pointe du doigt la chose en question pour que Tibbers le voit aussi. « Tibbers regardes, y’a un petit garçon fantôme ! » Je sais pas trop si c’est un garçon ou une fille, mais c’est pas grave. J’espère juste qu’il est gentil, et qu’il va vouloir jouer avec moi. « Ton déguisement il est super cool ! Tu l’as eu où ? » Je veux le même moi.

« Un quoi ?!? »

A-t-il bien entendu ce qu’il vient d’entendre, à l’instant ?!
Veigar a pourtant des grandes oreilles, cachées sous ce grand chapeau pointu… Il est rare qu’il loupe quelque chose et il ne peut définitivement pas la louper, elle. Son aura a brillé comme une luciole au dessus d'un lac, dans la nuit.
La petite fille s’est approchée, après avoir remarqué cet étrange énergumène, posé contre son tronc d’arbre. Perspicace comme gamine, parce qu’il fallait au moins plisser des yeux pour faire attention à sa présence. Ou alors a-t-elle eu une chance insolente en le trouvant purement par hasard ?

Veigar a pressenti sa venue et il connaît déjà sa nature. Elle possède quelque chose, ce petit truc qui l'attire toujours. La magie, sous n'importe quelle forme, qu'elle soit faible ou non, devient un sujet d'intérêt et d'étude pour le yordle.
Par contre, qu’est-ce que c’est que cette énorme peluche aux dents acérées juste derrière elle ?!
« Regarde mieux que ça, je ne suis pas un “petit garçon”. Encore moins un fantôme ! »

Avec cette voix aiguë et son comportement ronchon, confondre un yordle avec un enfant n’est pas difficile… Surtout qu’ils sont rares, ces bestioles à poils ! Par contre, est-il intelligent de rétorquer de la sorte, alors qu'elle est accompagnée... ?

Le regard de Veigar rétrécit de façon accusateur. L'espace d'un instant, il avait l'air en colère. Pourtant, il reste toujours adossé sur son arbre, la jugeant de haut en bas, dans un silence un peu gênant. Sa nervosité est palpable, alors que ses doigts taponne son sceptre.

C’est une petite humaine encore très jeune, s’il en croit sa taille et son visage encore rond. Elle dégage déjà une magie incroyable. C’en rend elle seulement compte ?!
« Un déguisement… ? »
Elle ne peut pas être si candide et posséder ce don… Impossible ! Elle doit vouloir me faire baisser ma garde pour mieux me poignarder dans le dos !
« C’est ma tenue de mage noir ! Elle est … unique ! »
Pourquoi elle me met autant mal à l’aise d’un seul coup ? Non je sais… Ce n'est pas elle ! C’est l’ours qui me rend nerveux.
« Qu’est-ce qui te fait penser que tu peux porter ce genre de tenue, uhm ? As-tu des envies particulières ? Tu veux devenir une sorcière, peut-être ? »
C’est peut-être lui, la source de son pouvoir ? Comme un catalyseur ?

Veigar semble pencher la tête sur le côté. Il ressent bien des émotions contradictoires, à la fois prudence et témérité, une envie soudaine de s’écarter mais en même temps de tester cette jeune fille.
Ce n’est pas bien de vouloir jouer avec le feu, hein ?
« C’est quoi le truc qui te suit ? Un jouet ? »

Il va probablement le regretter, de vouloir mettre les mains directement dans le plat sans s’être préparé. Mais Veigar a si faim de magie, qu’il se sent irrémédiablement attiré par le danger. Qu’il soit incarné dans une fillette ou un ourson géant qui n’a pas l’air commode.

Ah bon ? Le petit garçon fantôme n’est ni un petit garçon, ni un fantôme ? C’est quoi alors ? Mes sourcils ils se haussent, parce que je suis perdue. « T’as pas une voix de petite fille pourtant. » J’essaye de mieux le regarder, comme il me le demande. « Je sais pas trop ce que t’es mais t’es poilu et tes yeux ils font peur. » Le petit truc poilu, il a des yeux super lumineux. C’est peut être un animal ? « Si t’es un animal pourquoi t’es pas aussi grand que Tibbers ? » Peut être parce qu’il es jeune ? Pourtant Tibbers il a que 8 ans et il est géant alors je comprends pas trop.

Je me rapproche du petit être en riant. C’est un déguisement de mage noir qu’il a, et apparemment y’en a pas d’autres comme ça. Dommage. « Un mage noir ? J’aurais plutôt dit un mage violet vu ton déguisement. » Je ris encore. Puis j’attrape le chapeau de l’animal aux yeux de lumineux et je le mets sur ma tête. « Tu trouves que ça me va bien ? » J’ai pas de miroir alors je peux pas voir à quoi je ressemble mais Tibbers me complimente donc je suis contente. « Je suis une mage moi aussi tu sais. Une mage de feu. C’est une dame qui me l’a dit. » Madame Sjaël m’a appris tellement de choses sur ma magie lorsque je l’ai rencontrée. Donc maintenant je suis fière de le dire.  « Je sais pas quoi faire plus tard, mais je veux devenir comme Monsieur Swain. Je veux prendre soin de Noxus à l’aide de mes pouvoirs et de Tibbers. » Je pense que pour l’instant c’est ce que je veux faire plus tard.

Je m’amuse avec la plume du chapeau, et je me tourne vers Tibbers. « Non Tibbers c’est une peluche. Mais c’est aussi mon meilleur ami et mon protecteur ! » J’ai un sourire attendrissant en regardant Tibbers. « T’es quel animal au juste ? Parce que Tibbers c’est un ours mais toi t’es poilu et je sais pas quel animal t’es alors c’est perturbant. »

Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ?! Pourquoi elle me fixe de cette manière ?
Veigar devient de plus en plus nerveux, face à la candeur de la petite fille. Elle essaye de comprendre à avec qui (ou quoi) elle parle et ses yeux curieux dégagent un quelque chose que le yordle est incapable de définir. C’est magique, c’est sûr. Mais de quel type de magie il s’agit ?! Quelle est sa couleur ? Quel goût elle peut bien avoir…

Le sorcier esquisse un sourire en coin et ricane au moment où la jeune humaine fait remarquer que son regard jaune fait peur. Evidemment qu’ils font peur ! En plus d’être particulièrement intense par leurs couleurs naturelles, la magie qu’il dégage augmente cet effet de brillance. Il se montre ainsi beaucoup plus ténébreux que d’ordinaire.
Vous devriez tous avoir peur de m-... HEY mais ??!!
« Tu es sérieuse ?! Moi un… un animal ?? »
Mais elle le fait exprès ?!
« Je ne suis pas aussi grand que…
Déjà je ne suis pas PETIT ! D’accord ?
Ensuite : Je ne suis PAS un animal.
Parce qu’un animal ça ne réfléchit pas, ça ne peut même pas parler d’ailleurs ! »

C’est vexant d’être comparé à une quelconque faune locale lorsque vous possédez un cerveau bien plus gros qu’eux. Bien qu’il soit… petit… l’être totalement maléfique qu’il est a étudié et mémorisé la magie et la science de façon acharnée et appliquée ! Tibbers peut-il en dire autant ?!

Par contre, pour ce qu’il est de garder son calme et de communiquer avec d’autres personnes aussi intelligentes que lui, c’est une autre affaire…
« “Mage noir”, c’est un titre, une vocation, si tu préfères. Et je t’interdis de te moquer ! »
Pourquoi elle se rapproche d’un coup ?! Mince et son ours la suit à la trace ghngn…
« Je t’ai dit que ce n’est pas un déguis- HEY ! »

Oh-oh…
Mauvaise idée… Une bien mauvaise chose que de prendre ce chapeau…
Pendant un court instant, Veigar est outré. Bloqué sur place, il finit par foudroyer la jeune fille du regard et il est pris d’une soudaine envie de meurtre.
Cependant… Il ne fait rien.
Il a reculé de quelques pas.

Le villageois sont endormis et il fait quasiment nuit noire… Peut-être qu’elle n’a pas pu me voir ou qu'elle ne me verra jamais !
Veigar fulmine. Ses poings sont serrés, sa mâchoire est durcie par la colère, son regard est plus inquisiteur que jamais et désormais on peut voir deux longues oreilles plaquées en arrière sur son crâne. Un museau, des grandes oreilles… Quelle est donc cette drôle de bestiole, hm ?
« Tu. N’as. PAS LE DROIT ! »

Le chapeau pointu sur la tête de la magicienne lui va… A vrai dire, plutôt bien. Comme elle n’est pas beaucoup plus grande que lui, les pans cachent beaucoup moins son visage.
Si Veigar n’a toujours pas rasé le village entier par folie furieuse, c’est pour plusieurs raisons qu’elle vient de lui donner :
Une, elle a son chapeau…qu’il n’a pas envie d’abîmer.
Deux, elle vient de lui révéler qu’elle était en effet une mage. De… feu ?
Trois. Ils sont à Noxus. Elle est sous la protection de personnalité de cette cité…
Ce sont des raisons suffisantes pour ne pas faire pleuvoir des météores partout.
C..calme… Calmes toi. Abruti. Elle a un ours de quatre mètres de haut avec elle… gnn…
« Monsieur Swain… »
Ce nom me dit quelque chose…
« Si tu veux devenir une bonne mage, commence déjà par… me rendre… ce chapeau ! »
J’ai l’impression que son ours a l’air plus menaçant depuis que je me suis emporté…
« Je ne suis pas un animal, mais un Yordle.
Je ne suis pas comme Tibbers. Enfin oui et non… Je suis magique, mais pas comme lui.
Ton Tibbers te suit partout. Moi je suis MON propre chef. Avec MES pensées et MA vocation de mage noir. D’ac’ ?
Allez, rends moi ce chapeau… »

Veigar tapote du pied avec impatience sur le sol, une main tendue attendant son dû. Son regard jaune aux pupilles fendus dégagent moins qu’avant cette aura menaçante et sombre… Sans doute parce qu’il se sent démuni et désemparé devant les taquineries de son interlocutrice, dont il ne connaît même pas le nom !
« Tu ne veux pas me voir fâché.
Monsieur Swain ne voudrait pas non plus me voir fâché et constater que j’ai tout cassé. Enfin j’imagine… Je ne sais même pas qui il est. Ni toi, mage de feu. »

Sa moue passe de la colère, à la contrariété… Mais il ne quitte pas des yeux la petite faiseuse de magie. Sous aucun prétexte. Veigar n’oublie jamais, pour être lui-même un exemple assez flagrant, qu’un mage qui perd ses moyens et son calme peut devenir une véritable machine à tuer.

Le petit être poilu, il est pas très content. Mais il me fait rire. J’arrive pas trop à prendre au sérieux sa colère. Je pense que c’est parce que c’est juste qu’il a mauvais caractère, alors je lui en veux pas trop d’être aussi grognon. Après tout, moi je m’adapte. Mon caractère, il est pas facile non plus. Je l’écoute râler, et j’essaye de me retenir de rire, mais c’est pas facile. « D’accord mais faut que tu me dises ce que t’es parce que moi j’ai plus d’idées. » Entre fantôme, petit garçon et animal, je sais pas trop ce qui y’a d’autre. « Et si t’es petit. Regardes on fait la même taille toi et moi. » Je compare nos tailles à l’aide ma main, et y’a pas beaucoup de différence. « En plus tu triches avec tes chaussures. »

« Une vocation ? C’est comme un travail c’est ça ? » Moi je connais pas grand-chose à la vie, alors quand je comprends pas quelque chose je pose la question. « Je me moquais pas tu sais. » Après peut être que je l’ai fais, mais c’était pas fait exprès, promis.

Quand je prends le chapeau du petit être poilu, je l’observe encore plus. Parce que maintenant je vois qu’il a de grandes oreilles, et un museau comme un animal. Je suis sûre que c’est un chien magique, le mage noir, mais qu’il veut pas me le dire !« Dis, t’aimes bien les caresses ? Parce que moi j’aime trop en faire aux poros ! »

Moi vu que je veux devenir une bonne mage, je me décide à rendre le chapeau au petit mage noir poilu. Il a de la chance que je suis une gentille petite fille.

« Un Yordle ? Je connais pas. » Mais maintenant je sais que ça existe. « T’es pas marrant à être fâché comme ça. » J’espère qu’il va se calmer parce que moi je lui veux pas de mal à ce yordle mage noir poilu. Ah bah c’est pas un ami de Monsieur Swain finalement. « Moi je veux pas que tu casses tout. » Y’a pas de raison à tout casser en plus. « Je m’appelle Annie, et toi tu t’appelles comment le yordle mage noir poilu ? » J’espère qu’il a un prénom, parce que moi je trouve ça long de l’appeler le yordle mage noir poilu.

Elle pose trop de questions, cette petite. Enfin petite… Cette humaine de taille respectable pour son âge. Parce que Veigar n’est pas petit. Non ! Il n’aime pas qu’on le lui fasse remarquer, surtout lorsque c’est fait par plus grand que lui. Lui rappeler l’évidence l’agace et le rend nerveux.
Alors, lorsque la jeune mage de feu indique qu’elle le trouve petit (ce qui est vrai, notons le tout de même) et qu’elle vient même comparer avec sa main comme indicateur, le Yordle a gardé ... un semblant de calme. Surprenant, hein ?
« Oui, oui, je sais. Tu n’as pas besoin de… »
Elle est plus grande que moi et n’a pas fini de grandir… ça me fout en rogne ça !
« Ghnn… Je ne triche pas ! J’utilise des moyens externes pour être mieux qu’un … “petit truc poilu”. »

Elle lui fait perdre ses moyens.
Il ne se l’avoue pas à lui-même, mais Veigar est de plus en plus grognon simplement par manque de raisons pour mettre en place son plan, logé dans sa tête depuis le début de cette étonnante rencontre.
A-t-il encore envie de s’en prendre à cette gamine pour avoir une parcelle de sa magie ? Nnn…hmmm… Non. Mauvais plan. Mage de feu accompagnée d’un ours géant. Une confrontation dans ses conditions ne lui donne pas du tout l’avantage sur elle…

Veigar continue de compter les secondes dans sa tête. Un temps déjà trop long selon lui où son couvre-chef ne l’a pas passé sur sa tête… Il juge la jeune mage, les yeux plissés, l’air tendu et un pied tapotant toujours sur le sol. Cependant, son esprit reste en pleine analyse sur cette situation absolument hors norme. D’habitude, le maléficien n’hésite jamais de s’en prendre à quelqu’un, même s’il est plus fort que lui. Donc... Pourquoi il ne ressent plus aucune motivation ?! Pourquoi, face à elle, il se sent beaucoup plus petit qu’il ne l’est déjà, désarmé alors qu’il ne l’est pas, troublé devant toutes ses questions et son enthousiasme ?
Serais-tu en train de “sympathiser” Veigar ?! TOI ? Le mal incarné ???
« Une vocation ? C’est… »

Elle est vivace et s’intéresse aux autres. Ce doit être l’âge de raison chez les humains. Quel choix prendra le mage noir en répondant à cet enfant ? Répondre bien ou mal peut les faire changer du tout au tout…
« … C’est un choix, une voie que tu empruntes, vers ce qui t’attire et t’intéresse. Le travail peut te permettre d’y parvenir mais… Tu te rends bien compte qu’être “mage” n’est pas vraiment un travail en soi. »
Elle doit forcément connaître ce qui l’habite…
« C’est dans notre nature d’être ce qu’on est… »

Veigar s’arrête de parler, coupé dans son élan à cause du regard insistant de son interlocutrice.
Arrêtes… Tu… C’est gênant !
« Des… caresses ? »
Je n’ai rien entendu. Tu n’as rien entendu, Veigar.
Non… Ce n’était pas une vraie question.
« Pourquoi tu veux faire une chose pareille ! Nous sommes des personnes civilisées ! »
Mais qu’est-ce que tu racontes ?!

Il a honte. C’est un poids si lourd à porter qu’il voudrait se réfugier au fond de sa Tour, solitaire au fond des Mont d’Argent, et ne plus jamais en sortir. Lorsque la gentille petite fille lui rend son chapeau, il le cale immédiatement sur sa tête, l’enfonçant suffisamment pour se cacher. Disparition, maintenant, zou…

Mais rien ne se produit.

Au lieu de cela, Veigar est toujours aux côtés de la très curieuse personne, venue se balader en pleine nuit et qui rencontre pour la première fois une créature étrange que l’on appelle Yordle. Ce n’est guère étonnant qu’elle ne connaissait pas leur existence… Ces petits êtres cachent généralement leur nature, dans le monde des hommes. Quand à savoir où ils résident sur Runeterra, eh bien… Disons que… Comment dire…
« Ghngrr… »
Veigar a oublié le chemin de cet endroit.
« Je suis fâché si j’en ai envie ! »

Le ton ne correspond pas du tout à cet état d’esprit, parce qu’il ne l’est plus. Sa vive colère, ses élans de grandeurs et son envie de tout casser sur son chemin sont passées. C’est un peu comme un calme paisible après une tempête turbulente. Bien que pour être totalement paisible, il faudrait que ce petit être, ô combien malfaisant, s’arrête d’être aussi méfiant un peu plus de cinq minutes par jour…
« Pas marrant ? Mais… »
Elle me déstabilise… Pourquoi elle pense que je voudrais être marrant, là ?
« Annie… »

Elle s’appelle Annie. Mage de feu suivie par Tibbers, son ours en peluche. Plutôt un protecteur, parce que si elle dort avec ça, bonjour la taille du lit…
Le mage noir sort son visage de dessous son grand chapeau. Annie peut à nouveau voir un museau dépasser et deux yeux jaunes brillants. Le yordle les cligne plusieurs fois, assez surpris par autant de spontanéité, dont elle fait preuve depuis le début.
« Je… Je m’appelle Veigar. »

Le Seigneur des maléfices. Le concepteur de sortilèges atroces qui ont fait, pendant un temps, trembler le monde !! Le… Eh bien… Un petit yordle fortement contrarié qui manque cruellement de volonté de faire du mal à quoi que ce soit, ce soir.
« Mer… Merci, pour ça là ! »
Il pointe avec son doigt ganté le chapeau se tenant remarquablement bien sur son crâne et ses deux longues oreilles.
« Tu as permis à ce que je ne rabatte pas ma fureur sur ce village. »
Veigar croise les bras et bombe son torse, pour se donner plus de présence et être plus impressionnant. Cela ne marche évidemment pas et d’ailleurs, il n’est même pas convaincu lui-même…
« Annie, la jeune mage de feu et Tibbers. Pourquoi êtes-vous dehors, en pleine nuit ? C’est plutôt une heure pour dormir… ou bien pour… »
Préparer un plan maléfique à l’insu de tous ? Piquer de la bouffe dans la grange voisine ? Embêter les poules dans leur poulailler ? Attaquer un sorcier et s’accaparer sa puissance ?
« … pour regarder les étoiles ? »

Veigar ne s’intéresse qu’à deux choses dans la vie : la magie et le cosmos.
Deux choses qui englobent leur monde. Deux éternelles qui façonnent la vie, telle qu’elle est aujourd’hui. Deux éléments incroyables et dangereux qui semblent inexorablement l’attirer, depuis aussi longtemps qu’il soit capable de se souvenir.
Peut-être pourront-ils discuter magie ? Peut-être discuteront ils carrément des deux ?
Un comble pour occuper cet esprit à moitié tordu… mais surtout beaucoup trop intéressé par tout ce qui est dangereux sur ces terres !

Le petit mage noir poilu il utilise des mots compliqués. Je comprends pas toujours tout, mais je fais comme si. Parce que sinon il pourrait penser que je suis bête, et moi je veux pas qu’il pense ça. J’ai pas beaucoup d’amis alors  je veux pas qu’il prenne la fuite. « Oh d’accord. » Si je vais dans son sens, il se calmera peut être ?

Il m’explique ce que c’est qu’une vocation, et je l’écoute attentivement. J’aime apprendre des choses, alors je ne le dérange pas dans ses explications. « Je comprends mieux. » Je lui souris. « C’est comme un rêve qu’on veut accomplir ? » Moi je réfléchis à mes rêves pendant quelques instants. Je sais pas trop ce que je veux, mais je sais au moins que je rêve qu’avec Tibbers on accomplisse de grandes choses, et qu’on se fasse beaucoup d’amis. « Ta vocation, c’est d’être un mage noir. Mais ça veut dire quoi ? Tu pratiques quelle magie toi ? » Je suis très curieuse, et le petit mage noir poilu est intéressant. J’espère qu’il me répondra sans être trop grognon.

« Bah Tibbers il aime bien quand je lui fais des caresses. Les poros aussi. Même que les adultes aussi ils s’en font. » C’est pas quelque chose de mal de vouloir faire des caresses, si ? Pourquoi ça l’énerve autant alors.

Il est vraiment grognon le petit mage noir poilu. Mais il a l’air moins énervé que tout à l’heure j’ai l’impression. Je sais pas trop. Mais c’est pas très grave non plus.

« Enchanté de te rencontrer Veigar ! » Je lui fais mon plus grand sourire et je lui tends ma main. Je crois que c’est comme ça qu’on fait quand on rencontre une nouvelle personne qu’on aime bien.

Mon sourire il reste collé sur mon visage quand il me remercie. Je savais qu’il était pas si méchant !

« Pourquoi tu aurais fait du mal au village ? C’est moi qui t’aie embêté après tout. » Moi j’assume la responsabilité de mes bêtises. Et même si je connais personne dans le village, je pense qu’ils méritent pas de souffrir par ma faute. C’est que je suis de plus en plus compréhensive en grandissant.

Oh ? C’était rare que les gens questionnent Tibbers en plus de moi. Je crois que je l’apprécie de plus en plus ce Veigar ! « On arrivait pas à dormir alors on est partis se balader. On a même fait une mission ninja pour sortir de la maison en cachète, mais tu gardes le secret hein ! » Faut surtout pas que Monsieur Swain sache qu’on est sorti en douce, sinon après il va être fâché.

Regarder les étoiles ? J’ai jamais fait ça moi. « On peut faire ça si tu veux ! » C’est pas plus mal de faire des choses calmes parfois. Je demande à Tibbers de s’allonger et je m’assois sur son ventre. « Viens Veigar, il y’a une petite place pour toi aussi. » Tibbers il est pas contre alors si Veigar veut s’assoir à côté de moi pour regarder les étoiles ça me dérange pas.

"D’accord" ne veut pas forcément dire "d’accord". Vous voyez ? Elle dit juste ça pour me faire plaisir…
Non, deux minutes… Ce n’est pas dans ses plans que des personnes commencent non seulement à sympathiser avec lui, mais en plus qu’ils aient des points communs et une bonne entente. Parce que tout ça se dirige forcément vers le résultat de l’amitié.
Bah ! Ah non… !!! Bon sang, quelle idée de… C’est vraiment… Impossible !

Il est le maître incontestable des maléfices et du mal absolu ! Son destin n’est pas de se faire d’autres amis mages, qu’ils soient jeunes ou pas, mais plutôt de s’approprier leurs pouvoirs pour devenir bien plus puissant !
Pourtant, lorsqu’il pose ses pupilles fendues sur le visage poupon d’Annie et ses petit yeux à la fois curieux, rieurs et … “ça là”. Ce petit quelque chose qu’aucune autre personne normale n’aura jamais dans son existence… Ce “ça là” si unique et intéressant qui offrira beaucoup d’épreuves et des coups durs dans la vie de la petite Annie, mage de feu et de son pelucheux compagnon Tibbers. Mais également de l’aventure, à ne plus savoir s’arrêter en chemin !
En tout cas, si elle continue à se mettre des mages dans la poche elle ira loin… Non pas qu’elle vient de ME mettre dans sa poche, hein…
Veigar la regarde dans les yeux, alors qu’elle évoque une autre façon d’expliquer ce que peut être une vocation.
« Un rêve… ? »
Les rêves, hein…
« Les rêves, ce sont des choses que l’on imagine réalisables. Nous ce qu’on veut, c’est du concret ! »

Pourquoi a-t-il parlé au pluriel ? C’est la porte ouverte pour lui faire croire qu’il l’accepte déjà comme une égale…
« Hein ? Quelle magie je… ? »
Elle est futée… Changement de sujet rapide et subtile. Pourquoi est-ce que je tombe dans tous ses pièges ??!!

Le mauvais caractère tenace de Veigar l’enfonce dans son mutisme, tandis qu’un léger malaise s’installe. Sa magie fait partie de ses secrets les mieux gardés, comme un avare peut le faire avec son argent. Il sait aussi qu’un échange avec Annie peut lui être particulièrement bénéfique. Mais dès qu’il s’agit de partager, le petit cœur sombre du yordle se rappelle que certaines choses doivent rester bien enfouies. C’est souvent à ce moment-là que son envie de grandeur reprend bien vite le dessus…
« Tibbers, les poros et les adultes, peut-être que tu peux les câliner si ça te chante.
Et je suis un yordle adulte hein ! Par contre, l’idée même que tu t’approches pour mettre tes… et me … Brrr ! NON merci ! »
Elle a parlé de caresses, imbécile. Et de toute façon, pourquoi je m’attarde à lui dire ça, en faisant croire que je suis si réfractaire à…
Non Veigar, silence… Tais-toi. Elle va remarquer que tu mens.

En tout cas, elle ne semble pas trop lui en vouloir de s’être énervé. Il imagine sans mal Annie en colère qui aurait cherché à le calmer à grand coup de boule de feu ou quoi que ce soit qui se rapproche des flammes, de la cendre, des tempêtes de lave. Quoi d’autres ? C’est vrai ça… Qu’est-ce qu’elle est capable de faire, déjà, à son âge ?
Veigar observe la main tendue avec une tension nouvelle. Qu’est-ce qu’il doit… faire ?
« Uhm… Ah ! Eh bien… Enchanté, Annie… ! »

Il tend à son tour sa main, dont la paume fait face à celle d’Annie. Elles restent ainsi pendant plusieurs secondes, sans bouger… Le gant métallique que porte la mage noir est quand même bien impressionnant à côté d’une main de petite fille. Il finit enfin par lui serrer la main, ni trop fort, ni trop moue. Tout juste ce qu’il faut pour saluer cette rencontre, qui n’a pour le moment pas tourné au désastre.
Ce qui est finalement plutôt… Comment dit-on déjà ?
Depuis quand j’aime passer de bons moments, avec d’autres personnes ?!

Le petit mage noir lève un sourcil interrogateur alors que le sourire d’Annie s’est amplifié. Elle doit être contente de rencontrer d’autres mages et l’exprime honnêtement. Un vrai livre ouvert… Il n’a pas l’habitude d’échanger avec des âmes si intègres.
« Pourquoi j’aurais fait du mal au village ? Parce que je suis le… Gnhn… ! »
Elle m’écoute pas là, hein… ?
« Vous n’arriviez pas à dormir ? Tu dis vous… mais c’est surtout toi qui commande non ? »
Veigar jette un coup d'œil furtif vers Tibbers.
« Oh oui, je garde le secret… Mais qu’est-ce qui t’empêche tant que ça de dormir, hm ? »

Le yordle est réellement intrigué.
Il existe plein de raisons tout à fait naturelles qui empêchent la venue du sommeil, bien sûr. Mais Veigar et Annie ne sont pas des gens normaux. Un petit détail peut faire toute la différence et engendrer un incident bien plus dévastateur, s’il n’est pas contrôlé et géré de façon préventive… On ne rigole jamais ni avec les mages, ni avec leurs dons.
Elle veut faire quoi ?!

Certes, il a mentionné les étoiles… Elle rebondit très vite sur des éléments auxquels lui-même a pensé si fugacement qu’il ne pensait pas qu’elle y accorderait de l’importance. Annie ne loupe pas une seule miette de ce qu’il se passe. Elle est rapide même pour lui, qui a pourtant l’habitude de rester aux aguets et en éveil. Est-il devenu si inapte à s’adapter face aux nouvelles personnalités et découvertes qui sortent de l’ordinaire dans son quotidien de ”méchant” magicien des ténèbres… ?

En tout cas, Veigar arrive encore à être surpris devant le caractère docile de Tibbers et l’invitation d’Annie. Grimper sur le ventre de cet ours à la fois doux et effrayant ?
Le mage noir hésite un moment, alors qu’il s’approche. Le protecteur de la mage de feu paraît coopératif et n’esquisse aucun mouvement au moment où Veigar grimpe pour rejoindre Annie. Le ventre de cette peluche géante est bien molletonné. Ce doit être agréable de s’allonger pour s’y reposer…
C’est tentant mais le yordle est trop occupé à observer la jeune insomniaque. Encore une chose qu’ils ont en commun, tiens…
Humpf… Elle m’est… s… sympathique ! Zut…
Ce terme lui arrache presque la gorge.
« Si je ne trouve pas le sommeil, je regarde le ciel… »
Et en plus je continue… Je le fais exprès ou elle m’a jeté une malédiction ? Genre une étincelle maudite…
« Je l’ai étudié.
Tu m’as demandé si mage noir c’était ma vocation. Oui, si on veut… Je pratique la magie noire. C’est pas beaucoup plus différent que la magie du feu que tu… utilises probablement ? »

Veigar lui lance des regards curieux. La tension qui a naquit au début semble disparaître… Il se sent étrangement dans son élément alors qu’il est au beau milieu d’une bois, non loin d’un village d’humains, avec l’une d’entre eux qu’il vient à peine de rencontrer. Une personne comme elle, sur des milliers, ne sont pas à la fois si compréhensives et dotée d’un don aussi dangereux… Pourtant, rien ne cloche, à part peut-être le fait qu’ils sont vraiment trop similaires : deux personnes perçues comme dangereuses par un monde vaste…
... et très étroit aussi.
« On était plusieurs mages noirs… Avant. »
Il y a beaucoup trop longtemps dans un passé que je préfère oublier …
« Toi, tu peux faire du feu. Moi disons que je peux faire… de la matière noire ? Sais-tu ce que c’est ? »

Le petit yordle pointe le ciel du doigt.
« Tu n’as pas que des étoiles, dans le ciel que tu vois. Tu as plein d’autres astres. Des choses qui étaient là bien avant nous… Et dans cet espace gigantesque, tout est en mouvement, dont des objets, de la matière, des roches de différentes tailles, des planètes…
J’ai passé de longues années à étudier tout ça et j’ai compris comment ça fonctionne…
Ce qu'on voit en réalité c'est beaucoup de... "vide". »
Pourtant, Veigar sait pertinemment qu’il ne sait pas encore tous les secrets de l’Univers. Son étude a été ralenti, un certain temps, car il avait dû apprendre à faire … d’autres choses… qu’on lui a demandé...
« … J’ai appris à utiliser mes pouvoirs pendant aussi longtemps, si ce n’est plus… »
Esquivant habilement des sujets qui fâchent, il fait signe à Annie que c’est à son tour de parler.
« Et toi… ? C’est Monsieur Swain qui t'apprend à utiliser tes dons ? »

Veigar croise ensuite ses bras. Il résiste à l’envie de se coucher pour continuer à regarder le ciel étoilé, parce qu’il garde bien en tête qu’il s’agit encore et toujours du ventre moelleux d’un ours géant et non d’un coussin douillet…

Veigar il est petit, mais il parle comme un adulte. Peut-être que la taille ça fait pas tout finalement ? Moi je sais pas trop c’est quoi la différence entre un rêve et une vocation, mais d’après ce que je comprends une vocation ça peut se réaliser, au contraire d’un rêve. « C’est qui nous ? » Parce que le petit mage noir poilu il est tout seul ! Donc je comprends pas trop. Peut être qu’il a un ami pas loin d’ici ?

C’est perturbant parce que Veigar il finit pas toujours ses phrases. Il est mal à l’aise à cause de moi ? Pourtant je suis gentille avec lui. « Oui, quelle magie tu… ? » Je l’aide à finir parce que tout seul il a du mal.

Bon bah il veut pas que je le câline. Tant pis pour lui ! Il profitera pas de mes super caresses. « Je veux pas faire des caresses à des adultes ! C’est trop bizarre. » Mais vu que c’est un adulte, ce serait aussi bizarre que je le caresse non ? « De toute façon j’ai plus envie de t’en faire. » Je boude un peu. Mais ça dure pas très longtemps parce que j’aime bien parler avec Veigar.

On se serre la main comme des adultes, alors je suis contente. Il a de gros gants en métal, Veigar. C’est pas trop lourd pour lui ? « Tes gants, ils sont chouettes. » Même si ils sont plus grands que ma main, parce que quand je regarde, on voit plus le métal que mes petits doigts. Mon sourire il est encore plus grand lorsque Veigar me répond. Encore une fois, j’étais sûre qu’il était pas si méchant !

« Tu es… ? » Il faut vraiment qu’il finisse ses phrases ! Moi ça me stresse quand il les finit pas.

Bah oui moi j’arrivais pas à dormir. C’est pas si grave, si ? En tout cas mes sourcils ils se froncent quand Veigar dit que je commande Tibbers. « Tibbers n’est sous les ordres de personne. Il fait ce qu’il veut. » C’est juste qu’on est beaucoup liés Tibbers et moi, c’est pour ça qu’on agit de la même façon. « Tous les meilleurs amis agissent de la même façon, non ? »

Je hausse mes épaules. Moi je sais pas pourquoi j’arrive pas à dormir. Pourtant j’ai essayé, je le jure ! « Je sais pas, j’ai pas sommeil, c’est tout. » Il s’est rien passé de mal dans ma journée pourtant. Mais le sommeil il veut pas trop de moi en ce moment.

Moi je fais un regard insistant à Veigar parce qu’il vient pas tout de suite sur le ventre de Tibbers. Je veux pas qu’il ne vienne pas, parce que le ventre de Tibbers il est trop confortable ! Mais il me rejoint pas trop longtemps après alors je suis contente. Il commence à parler, et moi je l’écoute tout en regardant les étoiles.

Il parle beaucoup, mais ça me dérange pas parce que c’est super intéressant ce qu’il dit. Même si je comprends pas tout. « J’essayerais de faire ça quand j’arriverais pas à dormir alors. » J’espère que ce sera plus efficace que de compter les Tibbers. « Toi aussi tu fais des flammes alors ? »

J’essaye de contrôler mon envie de poser plein de questions, mais c’est trop dur. « Ils sont où les autres mages noirs ? » J’espère qu’ils sont pas morts parce que les morts c’est jamais un sujet facile. Je le sais parce que ça me fait mal quand je parle de Papa ou de Marguerite.

Ah bah non, Veigar il fait de flammes finalement. Dommage. Je fais non de la tête quand il me demande si je sais ce que c’est la matière noire. « Tu peux me montrer ? » Moi quand je rencontre des gens mages, j’aime trop voir leur magie.

Mes yeux ils retournent en direction du ciel. « Pourquoi étudier quelque chose d’aussi loin ? C’est intéressant mais je vois pas trop l’intérêt. » Les étoiles c’est beau, mais ça reste juste dans le ciel pour qu’on puisse les regarder, non ?

« Ta magie à toi, elle est si dure à contrôler pour que tu t’entraines pendant des années ? » J’espère que ma magie à moi, elle sera pas aussi longue à contrôler. Parce que je suis pas très patiente.

Je souris quand Veigar il évoque Monsieur Swain. « Je crois qu’il va m’apprendre oui. Parce que moi j’utilise ma magie un peu au hasard, et des fois ça crée de gros incendies que moi je voulais pas forcément. » Y’a plein d’adultes qui m’ont dit que ma magie est dangereuse. Mais moi je m’en rends pas compte.

Je croise mes bras pour imiter Veigar. « T’as vu, il est confortable le ventre de Tibbers ! »

Comment ça, c’est qui nous ? …
Veigar cligne des yeux, un moment. Le plus grand maître des maléfices est pris par surprise, avec des mots si simples qu'il ne s'attendait clairement pas à entendre prononcés d'une façon si enjoué…
Bon sang, quelle étrange confrontation où il se sent totalement désemparé devant une enfant spontanée et rêveuse, sans oublier qu’elle est née magique, donc potentiellement capable de dévaster tout par la force de sa volonté. Interdiction de la contrarier donc...
D’accord… Je dois arrêter de parler de “nous” comme si nous étions des alliés…
De toute façon je ne veux pas avoir d’alliés !

Veigar aussi fait la moue, mais pas pour les mêmes raisons. Beaucoup d’éléments les rapprochent tandis que d’autres peuvent littéralement les éloigner sur une mauvaise entente. Et que deviendra ce pauvre village si l’un des deux là finit par se mettre en colère sur un coup de tête ?
Heureusement pour tout le monde, Annie est encline à écouter le petit mage noir qui lui explique ce qu’il a appris grâce à l’étude du ciel. L’Astronomie est un sujet qui le fascine suffisamment pour lui faire oublier qu’il a soif de puissance et qu’au départ s’il est resté dans le coin, c’est parce qu’il a senti la magie d’Annie.
Si petit Veigar avec une trop grande ambition…
Annie n’a pas l’air de s'inquiéter de son comportement parfois étrange, davantage passionnée par le look du mage noir que par les quelques regards insistants que ce dernier lui jette parfois sans même s’en rendre compte.
« Merci… »
Elle aura dû mal à piquer ce gant, alors tu restes calmes Veigar…
Pourquoi essaye t-il de se convaincre lui-même ?!
« J’ai une dégaine cool, mais n'oublie pas que je fais peur aussi. C'est important ! »

Drôle de situation… Voilà qu’il cherche à se draper d’un faux dédain pour s'y cacher derrière, avec une suffisance qu’il ne parvient même plus à mettre en place. Il sent qu’il peut se montrer sous son vrai jour en compagnie d’Annie. Disons sous un jour un peu moins tordu que celui qu'il aime tant faire paraître...
Reste à savoir lequel est-ce ? A quoi ressemble en vérité ? Qui est le Veigar que lui-mêe refuse de revoir ?
Il va falloir te reprendre, idiot, sinon elle va en profiter pour te mettre un coup dans le dos…
« Ton ami ? Faire ce qu'il veut ? Tu veux dire que ... Tibbers a une conscience propre ? »
Petit regard curieux vers le propriétaire de ce nom, qui a accepté leurs présences sur son gros ventre moelleux.
« … Il sait parler ? Il peut agir comme toi et moi ? »

Ses pensées sombres s'évaporent pour laisser la place à l'envie de savoir. Elle peut parfois dévorer l’esprit naturellement curieux de Veigar, alors qu’il prend en compte que Annie ne semble pas savoir pourquoi le sommeil ne la gagne pas, ce soir. Elle ne veut sans doute pas lui dire la vérité ou préfère t-elle simplement se concentrer sur l’étrange yordle qu’elle veut découvrir…
… ce qui met de plus en plus mal à l’aise le yordle, secret de nature et troublé par ce passé qu’elle essaye de creuser…
« Les autres mages noirs… ? Ils ne sont plus là, Annie… »

Il hausse les épaules. Inutile d’être plus explicite… Malgré son très jeune âge, il imagine mal Annie avoir eu un passé moins dur que le sien. Ce sont des faiseurs de magie, après tout…
« Tu poses trop de questions… C’est dangereux. »

Veigar se permet un petit rire… sans aucune méchanceté apparente. C’est assez surprenant venant de lui. Est-il réellement en train de s’adoucir ?!
Il lève un sourcil lorsqu’Annie termine de poser ses questions et l’imite en croisant à son tour les bras. Elle est tout aussi enfiévrée par la curiosité que lui !
« L’intérêt d’étudier quelque chose c’est pour perfectionner ton art. Par exemple… Si tu étudiais le feu ? Tu pourrais peut-être t’améliorer ?
C’est ce que je cherche à faire, je veux mieux comprendre certains aspects de ma magie pour mieux la maîtriser. »

Veigar lève son gantelet. Au centre de sa paume, une boule d’énergie, faite de matière noire, apparaît. Elle est ridiculement petite, pourtant elle dégage déjà une impression de puissance, qui semble demander un certain effort à son créateur.
« Rien que ça, j’ai mis longtemps pour réussir à le faire. »
Il referme le poing pour faire disparaître l’étrange énergie… Lorsqu’il écarte les doigts, il ne reste qu’une légère volute de fumée et de la poussière magique.
« Comme tout, si tu veux être maîtresse de ton art, il faut apprendre. »

Apprendre est une disciple que Veigar s’impose depuis toujours. Le savoir est un pouvoir qui l’avantage. Avoir le dessus sur les autres c’est pouvoir mieux survivre. S’il parvient à avoir ce qu’il veut, rien ni personne ne l’empêchera de mener à bien ses nombreux projets… !
T’emballe pas, elle n’a que ... huit ans ? Elle ne devrait pas trop me poser de problème… pour le moment…

Le yordle se frotte un œil, commençant à ressentir la fatigue, tout en écoutant Annie parler de ce fameux “Monsieur Swain”.
« Tu ne devrais pas lui faire confiance… Ton don est unique. Personne ne pourra réellement te comprendre. »
Ne faire confiance à personne lorsqu'il s'agit de la magie... Un art beaucoup trop dangereux pour être laissé entre les mains de n'importe qui, surtout des personnes ambitieuses.
« Avec le temps, tu contrôleras ton pouvoir. Tu devras quand même vivre avec l'idée que personne te fera de cadeau... J'en sais quelque chose. »
Un tressaillement secoue les épaules de la petite créature. Est-ce le vent qui se rafraichit ... ?
« Ouais... Tibbers est confortable. »

Annie ne s'inquiète pas des choses qui sont compliquées. Pas encore...
C'est peut-être là une des solutions à certains soucis que l'on se fait bien trop souvent : apprendre à voir le choses avec plus de simplicités. Mais Veigar semble peiner à se permettre le luxe du lâcher-prise...
« Que vas-tu faire, une fois que tu auras contrôlé ta magie ? »

Le petit mage noir se pose un peu plus confortablement sur Tibbers. C'est qu'il serait tenté de dormir là, tant le meilleur ami d'Annie est calme et qu'il offre ainsi un lit bien douillet.

« Avec plaisir ! » Mon sourire, il quitte pas mon visage parce que même Veigar le mage noir grognon, il m’a dit merci.

Veigar il est cool, mais je trouve pas qu’il fait si peur. Je sais pas si je dois lui dire, parce qu’après il risquerait de s’énerver encore. « Oui tu fais très peur. » Je fais semblant d’être effrayée, mais je pense que je suis pas très crédible. C’est pas grave, c’est l’intention qui compte après tout , pas vrai ?

Une conscience propre ? Qu’est-ce que c’est ? Je gratte ma tête en essayant de réfléchir. « Bah il écoute ce que je lui dis. Et des fois il me parle, oui ! » Mais je crois que je suis la seule à l’entendre et à réussir à discuter avec lui. Quand il veut faire passer un message aux autres, c’est toujours moi qui transmets pour lui. « Tu sais, il est un peu timide Tibbers donc il parle pas directement avec les autres. » Oui, je pense que c’est juste de la timidité moi ! « Comment ça agir comme toi et moi ? » Je comprends pas trop la question.

Mince. Les autres mages noirs ils sont morts. « Je suis désolée pour toi. Moi aussi ma famille elle est plus là. » Mon cœur il se serre un peu. « Mais ils sont dans le pays des gens heureux maintenant ! Alors faut pas que tu sois triste quand tu penses à eux ! » J’ai que 8 ans et je me permets de donner des conseils d’adultes, mais c’est des conseils auxquels moi aussi je crois.

Depuis quand poser des questions c’est dangereux ? « C’est pas ma faute, je suis trop curieuse quand je rencontre de nouvelles personnes. » Puis ça me permet de savoir si les personnes avec qui je parle sont gentilles ou méchantes. Même si c’est avant tout pour me faire des amis, c’est une autre façon de me protéger sans avoir à utiliser le jeu du feu ou Tibbers.

« Bah moi je veux savoir contrôler ma magie un jour. En plus Madame Sjaël m’a donné plein de conseils ! Là je suis un peu petite, mais quand je serais plus grande je l’étudierais le feu ! Et comme toi, j’en ferais un art. » Je m’imagine déjà créer plein de petits tibbers de feu, et j’aime beaucoup imaginer ça.

Je regarde le petit truc noir que Veigar crée à l’aide de sa main. Je fixe sa magie avec admiration. C’est donc ça la magie noir ? Est-ce que ça fait très mal si on se le prend dessus ? « Waw. Tu dois être très fort alors ! » Maintenant je m’imagine avec Veigar et  Tibbers  combattant ensemble avec nos magies trop puissantes ! Je suis sûre que si on faisait équipe, on serait encore plus forts que seuls !

Ne pas faire confiance à Monsieur Swain ? Pourtant il est si gentil avec moi ! C’est l’un des rares adultes à ne pas être méchant avec moi. En plus il m’a accueilli… « Pourtant il a l’air intéressé par ma magie Monsieur Swain. Même s’il peut pas faire la même chose, pourquoi je ne devrais pas lui faire confiance ? » Moi je fais pas confiance à beaucoup de gens, mais Monsieur Swain c’est un peu mon deuxième Papa.

« C’est qui les méchantes personnes qui ont voulu te faire du mal ? » Je fronce les sourcils. J’aime pas les méchantes personnes moi. « Si tu veux, j’envoie Tibbers pour les manger ! » Parce que Veigar c’est mon ami maintenant. Je veux pas qu’on lui fasse du mal.

Oui Tibbers il est super confortable ! Il est tout content quand on lui dit ça. « Tibbers est content que tu te sentes bien sur lui ! » Et Tibbers il dit pas ça à tout le monde non. Même qu’il laisse personne d’autre que moi s’assoir sur son ventre. Alors Veigar, il a de la chance !

Qu’est-ce que je ferais après savoir contrôler ma magie ? C’est une bonne question… « Je ne sais pas trop. Monsieur Swain veut que je l’aide avec Noxus, alors je pense que je protégerais le pays avec lui ? » Parce que sinon je ne sais pas quoi faire d’autre. « Et toi qu’est-ce que tu fais ici ? Tu as tout fini d’apprendre sur ta magie ? »

Fear not this night
You will not go astray

Though shadows fall
Still the stars find their way

Elle a l’air trop contente… Pourquoi ? Ce n’est pas normal… Elle devrait avoir peur de moi !

Veigar observe son étrange et très jeune consoeur mage feindre qu’elle a très peur du vilain mage noir, assis à côté d’elle, sur le ventre de sa propre création du nom de Tibbers.
Il sait pertinemment qu’elle n’est pas du tout effrayée mais l’effort et l’imitation semblent contenter le maléficien.
Est-ce que je viens à l’instant de la considérer comme une consoeur ?! Personne n’est témoin, Veigar… Pas de preuves, pas de faits, ça n’est pas arrivé !

Il doit être las de son précédent voyage, cela expliquerait ses égarements, oui ! C’est exactement ça ! C’est également pour cela qu’il a accepté de grimper sur Tibbers et certainement pas pour faire plaisir à Annie.
« Sérieux ? »
Tibbers parle vraiment ?!
La première fois que Veigar a posé ses yeux sur cette peluche géante, il était loin d’imaginer que des mots pouvaient sortir de ces lèvres et dents cousues et immobiles.
« Téléphatie ? C’est un truc que je ne sais pas faire… »

Certains magiciens doivent probablement y parvenir, d’un lien étroit et unique avec leurs destinataires. Tibbers n’est pas seulement une création d’Annie, il représente une autre part d’elle ?
« Oh je voulais dire agir comme toi et moi genre… Réfléchir par lui-même et faire ce qu’il veut sans te le dire ? »
Mais ce serait vraiment dangereux qu’un ours en peluche de cette taille soit vraiment libre de ses mouvements s’il s’éloignait trop de sa partenaire.
« Il est si timide que ça ? Si j’avais sa taille, je n’aurais peur de rien ni de personne ! D’ailleurs, c’est déjà le cas, va pas croire que j’ai peur de quoi que ce soit hein ! »

Veigar croise les bras, son humeur bougonne revenant en flèche, mais il se ressaisit aussitôt après les quelques mots bien moins joyeux d’Annie.
« … »

Elle a tout à fait compris le message concernant les autres mages, avec qui le yordle a étudié une bonne partie des connaissances magiques et ce qu’il sait faire aujourd’hui. Ils sont partis, effacés de l’existence aussi facilement que s’ils n’avaient été que de la paille, par une force qui a fait trembler les frontières du monde. Un homme de métal à la volonté d’acier et voulant tout conquérir. Quant à ceux qui résistaient, c’était l’asservissement ou la mort…
Pense à autre chose, enchaîne, regarde Annie… Oui voilà, écoute Annie !
« Ta famille… »
... est dans le pays des gens heureux … ?!
« … Tu crois que ce pays existe ? »
... ça me rappelle quelque chose, ce genre d’endroit…
« Sans vouloir te mettre le bourdon, Annie, je préfère le voir avant de croire en son existence… Mais si ça peut te rassurer, ta famille n’est pas très loin de toi. »
Trop curieuse, hein ?
« Moi aussi je suis curieux, mais je sais aussi être prudent ! Tu dois apprendre à te protéger… »
Tu te souviens sur qui tu es assis, Veigar… ?
« … Remarque avec Tibbers à tes côtés, tu n’as pas l’air de craindre grand chose. »

Le yordle pousse un léger rire, qui n’est ni moqueur ni sarcastique. Il se surprend à bien se plaire là, à parler de certains sujets peu communs avec autant de légèreté. Annie est énergique et continue sur sa lancée comme si plus rien ne pouvait l’arrêter. Heureusement que les oreilles du mage noir parviennent à suivre ce rythme effréné !
« Madame Sjaël ? C’est une magicienne aussi ? »
Sont-ils légions dans ce pays ? Depuis combien de temps Veigar n’a pas reposé le pied dans l’endroit qu’il a décidé de maudire pour le restant de sa vie… ? Là-bas justement où beaucoup de choses ont l’air d’avoir changé ?
Peut-être pas tant que ça, en réalité. Sa méfiance le laisse toujours sur ses gardes.
« C’est une bonne résolution, Annie ! Ton feu est un art. Ton art est unique. Et si tu veux vraiment progresser, il faut persévérer, même si parfois il te fera peur… Garde bien en tête que toutes les magies, peu importe sa forme, peuvent devenir dangereuses selon comment et pourquoi tu l’utilises… »

Il en sait quelque chose, oui… Si Veigar est le maître du mal (si, si…), c’est parce qu’il sait user de ses dons de la façon la plus effroyable possible pour ceux qui osent le défier !
Il existe des origines, des débuts à chaque apprentissage… Au départ, Veigar a commencé par quelques manipulations de matières noires, comme celle qu’il vient de montrer à Annie. C’est avec l’étude du ciel et des étoiles qui a mieux compris d’où provenait cette matière. C'est un accomplissement qui le rend fier et voir l’émerveillement dans le regard de la jeune fille lui… plaît… beaucoup… à ce vilain petit énergumène.
Mince, elle me ferait presque rougir… Personne ne m’a jamais dit “waw” face à cette magie mais plutôt des cris d’effrois…
« Bien sûr que je suis très fort ! »

Gonfler son égo pour éviter de paraître gêné, technique de Seigneur du Mal numéro 5.
Bien après avoir appris à faire apparaître ces boules de matières ou d’énergies, venue du confin lointain de l’Espace, Veigar a compris que l’on pouvait absolument tout manipuler, rendre mauvaise et dévastatrice une magie d’un mage avec beaucoup de persuasion et de la torture… pendant longtemps… trop longtemps...
« Pourquoi tu ne devrais pas lui faire confiance ? … »
Parce que personne ne nous mérite !
« … Parce qu’avant de voir Annie, la plupart vont voir ta magie. Et même les mages eux-mêmes, ceux qui sont le plus aptes à te comprendre, peuvent parfois se montrer trop ambitieux et voudront se servir de toi ou s'approprier ton pouvoir. Ais confiance partiellement en ces personnes, même si ça te paraît bizarre…
Tu pourras mieux retomber sur tes pattes si jamais le pire doit arriver. »
Pourquoi j’ai tant dramatisé… ? Oh parce que c'est sans doute ce que j'avais l'intention de lui faire avant qu'on se mette à palabrer...
Attends, quoi, qu'est-ce qu'elle vient de dire ?!
« Tu veux envoyer Tibbers pour manger les méchantes personnes ??? »

Cette fois, le rire du yordle est poussé aux éclats. Sa nervosité palpable est d’un seul coup balayée comme par enchantement. Annie est si sérieuse dans sa proposition qu’il n’a pas pu s’empêcher d’y être sensible…
« C’est un peu trop tard, Annie. Mais ce n’est pas grave… »
Gros mensonge. Tu es un menteur Veigar…
« Tibbers est encore trop petit pour manger ce genre de méchantes personnes comme celle-là. Tu crois qu’il peut encore grandir ? Tu devrais y réfléchir, ça peut être pratique pour vous défendre, tous les deux. »

Il a lancé un regard taquin vers Tibbers, qui soyons honnête, pour un yordle cette peluche aux airs de carnivore est déjà bien assez imposante.
« Il serait d’accord si je reste là… pour la nuit ? »

Aucun moyen de savoir où il se trouve exactement, malgré les indications des panneaux de tout à l’heure et à part en se repérant avec les étoiles il n’a pas de moyens de retrouver sa route pour partir du pays…
« … Protéger le pays avec Monsieur Swain ? As-tu vraiment un intérêt à faire cela ? »
Peut-être est-elle simplement loyale et reconnaissante envers ceux qui l’ont aidé…
« Moi, je voyage. En fait, j’ai atterri près de ce village parce que je … je me suis perdu. »
Ghnngn… Elle va se moquer, j’en suis sûr !
« Enfin, quand je dis perdu, je veux dire que je me suis trompé de chemin, mais ça n’est pas si dramatique car j’ai pu vous rencontrer, toi et Tibbers. »
C’est bon elle détourne le sujet gênant vers un autre sujet !
« J’en ai appris beaucoup sur ma magie, mais il me reste plein de choses à apprendre. Retiens bien ceci Annie : Tu ne cesses jamais d’apprendre. Si tu penses avoir terminé, c’est qu’il reste quelque chose à découvrir ou à inventer.
Cesser d’apprendre, c’est un peu comme mourir à petit feu… »

Pourquoi lui dit-il toutes ces choses ? Veut-il simplement lui épargner toutes les mauvaises choses qu’il a vécues ? Est-ce que c’est simplement parce qu’il se revoit en elle, lorsqu’il avait encore des rêves plein la tête … ? Avant que le monde ne le transforme et que sa magie ait servie à autre chose qu’à ce qu’il imaginait. A cette époque lointaine, qu’il peine à se souvenir, où il est parti de chez lui pour voyager, apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur ce monde et sur les nombreuses merveilles qu’il renferme.
Des merveilles, oui… Et il a appris à ses dépends à voir les horreurs aussi, qui ont pris une place bien trop importante dans sa tête.

Moi je fais un grand hochement de tête à Veigar. Oui Tibbers il parle vraiment.

Télépathie ? C’est quand on peut parler dans nos têtes, c’est ça ? « Bah moi non plus je sais pas faire ça ! Je sais faire que la magie de feu. » Mais j’aimerais trop pouvoir parler en cachète avec d’autres personnes. Je pense pas que je puisse apprendre à faire ça un jour, mais c’est toujours chouette à imaginer.

« Tibbers il sait réfléchir par lui-même tu sais, sauf qu’il me le dit à chaque fois. Pourquoi il voudrait pas m’en parler ? » Après tout c’est mon meilleur ami Tibbers. Moi je lui dis toujours tout, et lui aussi il me dit tout. Parce que c’est comme ça que ça marche des meilleurs amis !

Je ris un peu.  « C’est pas parce qu’il est grand et fort qu’il est pas timide ! » Après peut être que c’est pas parce qu’il est pas timide qu’il ne parle pas aux autres. Je sais pas trop, je devrais peut être lui demander. « T’as vraiment peur de rien ? Parce que moi j’ai peur de plein de choses ! Mais c’est parce que je suis encore une petite fille. Quand je serais adulte comme toi, j’aurais peur de rien moi aussi. » Parce que c’est comme ça que ça marche, pas vrai ? Les adultes ils ont peur de rien ?

Mon cœur il est toujours serré, parce que Papa me manque. Maman aussi, mais je crois pas qu’elle est dans le pays des gens heureux. « Oui je suis sûre qu’il existe ! Parce que sinon, ils iraient où les gens qui sont morts ? » Après je pense qu’on peut pas savoir tant qu’on est pas morts, mais je vais pas me laisser mourir pour le découvrir.

Je souris à ce que dit Veigar. Ma famille n’est pas très loin de moi ? Je savais pas ça moi, alors je suis contente de le savoir maintenant. Peut être que Papa peut veiller sur moi de là où il est ? C’est peut être pour ça que j’ai réussi à me débrouiller alors que j’étais une petite fille toute perdue.

« Comment ça prudent ? » Mon sourire est encore plus grand sur mon visage. « Oui avec Tibbers je suis en sécurité ! Personne peut me faire du mal. » Et ce sera comme ça pour toujours !

Veigar, il rit. Alors ça me fait super plaisir ! « Oui c’est une magicienne Madame Sjaël. Elle était très gentille avec moi, elle m’a renseigné sur comment je devais apprendre à contrôler ma magie. »

J’ai des étoiles dans les yeux sur ce que dit Veigar sur ma magie. Mon feu est déjà un art alors que je sais pas encore bien le contrôler ? C’est trop chouette ça ! « Je me souviendrais de ce que tu dis quand je commencerais à l’étudier. J’essayerais de faire attention. » Parce que même si ça peut pas me toucher avec Tibbers, ce serait dommage que je fasse du mal à quelqu’un que j’aime bien à cause de mon feu.

« Quand je serais grande et que je serais utiliser ma magie parfaitement, j’espère qu’on pourra se battre ! » Amicalement bien sûr. Moi je veux pas d’un combat qui pourrait tuer Veigar, ou qui pourrait me tuer. Mais ça pourrait être amusant de s’affronter plus tard, pour que je devienne encore plus forte !

Oui. Pourquoi je pourrais pas faire confiance à Monsieur Swain ? Il est pourtant si gentil avec moi. Alors j’écoute ce que dit Veigar, et j’ai mes sourcils qui se froncent. « Mais moi ça me dérange pas de prêter mon pouvoir à Monsieur Swain. Parce que lui il a des pouvoirs super puissants aussi, alors je vois pas pourquoi il s’intéresserait seulement à mon pouvoir. » Après si Monsieur Swain me fait quelque chose de pas bien, Tibbers lui fera payer ! Ou alors si on est pas assez forts, on s’enfuira. Je verrais bien comment ça se passe dans le futur. « Tu me dis ça parce que des méchantes personnes ont voulu se servir de toi ? Ou c’est juste un conseil d’adultes parmi tant d’autres ? » Parce que les adultes ils aiment trop donner des conseils qu’ils suivent pas toujours en plus ! Je suis peut être une petite fille, mais j’observe bien.

J’arrête de froncer les sourcils et je fais oui de la tête, toute souriante. « Tibbers mange souvent les méchantes personnes ! C’est sa façon à lui de me protéger. » Mais pas que ! « Puis comme ça il peut se nourrir aussi ! » C’est important de bien manger, pour bien grandir. C’est ce que Papa me disait souvent.

Je suis déçue. J’aurais bien voulu aider Veigar, mon nouvel ami. « Tant pis alors. Ce sera pour une prochaine fois. Si jamais on veut te faire encore du mal, tu me diras hein ? » Maintenant que Veigar sait où je vis, il pourra revenir me voir !

Des personnes peuvent être encore plus grandes que Tibbers ? Vraiment ? Oh non. Alors j’espère que Tibbers pourra devenir encore plus grand ! « Je sais pas trop s’il peut encore grandir… » Même Tibbers ne sait pas lui-même.

« Bien sûr que tu peux rester toute la nuit sur son ventre. Il t’aime bien comme je te l’ai dis. » Il faudra juste qu’on parte avant que Monsieur Swain ne se réveille parce que sinon on aura fait la mission ninja pour rien.

Je hausse mes épaules à la question de Veigar. « Je sais pas quoi faire d’autre alors oui je serais contente de le faire. » C’est pas une mauvaise chose, si ?

Voyager, c’est chouette. C’est comme Madame Sjaël qui erre dans les différents pays. Moi maintenant que j’ai trouvé un endroit où rester je pourrais pas voyager. Mais ça me dérange pas parce que je suis bien là où je suis.

Je fais un regard triste à Veigar. Le pauvre il s’est perdu. « Tu vas réussir à retrouver ton chemin ? Après si tu veux tu peux rester vivre avec moi et Monsieur Swain ! Comme ça on sera tout le temps ensemble. » Je pense pas que Veigar acceptera, mais j’essaye quand même ! Surtout que là il dit qu’il est content qu’on se soit rencontrés ! Enfin il le dit pas vraiment, mais c’est que je comprends et ça me touche. Parce que c’est une super rencontre que je viens de faire.

On parle encore de la magie, et Veigar me donne encore un conseil pour mon apprentissage. « J’apprendrais tout le temps alors ! Sauf quand je voudrais m’amuser ou me battre. » Mais vu que j’ai ni d’amis, ni d’ennemis ici, et bien je perdrais pas beaucoup de temps sur mon apprentissage. C’est un peu triste, mais peut être que c’est pas plus mal finalement.

Elle ne sait pas faire de télépathie. Annie avoue ne pas savoir faire quelque chose que Veigar ne sait pas faire lui-même. Une pression en moins, hop!, elle est balayée. Pendant un court instant, il a bien cru qu’il allait devoir lui poser des millions de questions sur ce secret bien gardé pour comprendre comment une petite fille est capable de parler par la pensée avec un ours en peluche.
C’est tout de même assez étrange qu’elle dise ne pas savoir le faire mais que Tibbers semble “réfléchir par lui-même tout en lui disant à chaque fois ce qu’il pense”.
Hmmm…
La question d’Annie laisse Veigar songeur et elle n’a pour réponse qu’un haussement d’épaules.
Penser qu’un ours pelucheux puisse être capable d’avoir des secrets pourrait lancer ces deux là dans une thèse magique sur Tibbers…

Le rire de la magicienne du feu fait sortir le petit sorcier de ses pensées farfelues. Il reste silencieux un moment où il ne fait que la regarder.
« Tu as peur de plein de choses ? Comme quoi ? Tu trouveras rarement des personnes capables de te tenir tête, tu es une mage de feu… »
Non, lui n’a peur de rien, ni de personne.
« Je n’ai aucune raison d’avoir peur. »
Non, non… Il ne craint personne…

Un bref instant, Veigar esquive le moindre élément du regard pour venir se concentrer sur un point précis dans le ciel étoilé. Il ne veut pas qu'elle sache... qu'il craint bien des choses et dont la plupart sont bien enterrés au fond de sa tête sans vouloir les déterrer...
Fort heureusement pour lui, Annie pose une nouvelle question qui est… assez difficile d’y répondre.
« Où est-ce qu'ils vont les morts ? Je crois que ça dépend de comment ils sont morts... Je crois ? C’est compliqué… Je t’avoue que je n’y connais pas grand chose dans ce domaine … »
Est-ce que les personnes magiques persistent après leur mort, d’ailleurs ? Faut-il croire en ces mythes de l’après-vie ? Bouarf ! En tant que Yordle, sa vie peut s’étirer sur plusieurs centaines d’années sans qu’il est besoin de se poser ce genre de question métaphysique. Mais Annie n’a pas le même avantage en tant qu’humaine…
« Franchement, j’espère qu’on va, au moins, là où nous avons envie d’être. »
Quel est l’endroit où je me sens le mieux… ? Existe-t-il quelque part ?

Annie sourit de plus belle et réagit sur l’insistance de Veigar. Être prudent, toujours rester sur ses gardes, c’est une de ses règles principales. Sans ça, tout pourrait leur arriver. C’est parce qu’ils sont si particuliers qu’ils doivent être plus méfiants que tous les autres…
« Tu as de la chance d’avoir Tibbers et d’être bien entourée ! »

Elle ne semble pas être au milieu de requins… Bien qu’elle soit un peu jeune pour se rendre compte de certaines choses, elle semble déjà plus mûre et intelligente qu’elle laisse paraître. Derrière ses airs d’enfants, Veigar y voit un quelque chose que d’autres de son âge n’ont pas…
« Tibbers peut t’aider en cas de danger. Moi je dois faire plus attention…  »

Le petit magicien lâche un petit sourire devant la joie d’Annie.
« Tu veux te battre contre moi ? Vraiment ? »
Cela ressemble-t-il à un défi digne du Maître du Mal ? Quand tu seras plus grande, oui… Tout est possible.
Intrigué, Veigar continue d’écouter cette jeune fille à la fois surprenante et pleine de mystères.
« Je disais ça parce que j’ai croisé beaucoup de sorciers qui ne s’intéressaient qu’au pouvoir. La magie peut rendre… ambitieux. Trop ambitieux et… »
Ghngnn… sacrément accro si tu veux l’avis d’un expert …
« … et parfois ils vont se montrer très agressifs et ils voudront te faire dû mal. Ces méchantes personnes dont je te parlais, elles ont eu ce qu’elles voulaient de moi. Parce que je n’avais pas le choix. »
Pourquoi est-ce que je lui raconte tout ça ?!

Le fait qu’Annie sourit et rigole de la manière dont Tibbers peut la défendre fait sursauter Veigar de surprise. Elle est … déroutante ! Suffisamment pour retirer toutes mauvaises pensées et vilaines intentions du petit sorcier, parfois irrité et troublé par ses souvenirs, faits de violences et de douleurs…
« Si jamais on veut encore me faire… du mal ? A moi ?! »
Comment ça “est-ce que tu me diras” ? Elle m’offre son aide ???
« Tu veux que je te le dise ? Ah… Hahaha ! »
Mais je n’ai besoin d’aide de PERSONNE !
« … Merci … Annie… »

Le mot a mis du temps à sortir d’une bouche intimidée par la spontanéité de la magicienne. Pourtant, il est touché et pense vraiment ce qu’il dit. Peut-être parce que les constellations sont alignées ou parce qu’il est dans un très bon moment, mais Veigar semble s’être considérablement radouci. Pouvoir parler avec une personne qui lui ressemble, c’est une occasion trop belle… trop rare aussi.
« T’inquiète pas, Tibbers est déjà suffisamment grand pour qu’on puisse se reposer sur lui ! »

Le mage noir est plutôt rassuré de savoir qu’il ne risque pas de se faire dévorer pendant son sommeil. Dans le doute, placer un maléfice, au cas où l’ours aurait un petit creux, est toujours possible. Mais enfin… Il s’agit de la peluche d’Annie. Cette dernière, si elle se met en colère, peut faire  bien plus peur que Tibbers…
« Rester avec toi ? Je ne peux pas… J’ai encore pas mal de choses à faire. Je cherche à en savoir toujours plus sur la magie. C’est pour ça que je voyage ! »

Et aussi parce qu’il ne sait pas tenir en place ! Il lui faut toujours plus de découvertes et de connaissances ! Veigar a toujours si faim de savoir…
« Tu apprendrais bien plus en faisant comme moi. Voyager, ne pas avoir d’attache et ne rendre de compte à personne, sauf si tu y gagnes quelque chose. »

Veigar se met à bailler longuement, passant instinctivement sa manche devant sa bouche. Il attrape son chapeau pour le garder contre lui, pendant qu’il se couche confortablement sur le ventre de Tibbers, toujours docile et accueillant.
Annie va encore pouvoir le voir… mais le détail semble moins le gêner qu’à leur rencontre.
« Dis… Je t’ai montré ma magie… Tu veux bien me montrer la tienne ? Je peux voir… ton feu ? »

A cette demande, Veigar donne presque l’impression de vouloir grignoter tout ce qu’Annie fera qui ressemblera de près ou de loin à de la magie. Il se sent excité juste à l’idée de pouvoir regarder et dans le doute il fait en sorte de ne pas présenter d’intention hostile juste en mettant son sceptre sur le côté. C’est, après tout, la source de ses pouvoirs et aussi ce qui lui permet de faire ses coups bas, sur les autres mages, notamment leur piquer une partie de leurs pouvoirs… Parce que c’est encore plus excitant de réussir à comprendre et d’obtenir la puissance de ce qui anime un né-magique. Sa lumière, son ombre, son étincelle ou ses ténèbres, selon la forme, l’odeur et la présence qui prend une place intégrante dans son existence de mage.

« J’ai peur des adultes méchants, ceux qui veulent me séparer de Tibbers. J’ai aussi peur de créer des incendies qui tueront des personnes que j’aime bien. » C’est déjà arrivé avec Papa, et j’ai peur que ça se reproduise avec quelqu’un d’autre.

Je souris à Veigar quand il me dit que je n’ai pas de raisons d’avoir peur parce que je suis une mage de feu. C’est si puissant que ça les mages de feu ? Est-ce que c'est aussi puissant que les mages noirs ?  « Oui mais je reste une petite fille qui sait pas encore bien contrôler ses pouvoirs donc c’est pas facile de ne pas avoir peur. »

Moi j’admire Veigar parce qu’il a peur de rien ! « T’as de la chance alors ! » Oui, parce que la peur c’est pas évident à gérer. Parfois ça me fait pleurer quand j’ai trop peur. Et c’est pas chouette de pleurer.

« Oui c’est pas facile de savoir quand on est pas encore morts. » En tout cas moi je préfère imaginer de belles choses sur la mort. « J’espère que t’as raison ! Moi j’espère pouvoir retrouver mon Papa quand je serais morte. » C’est qu’il me manque, Papa.

Je fais oui de la tête quand Veigar me dit que j’ai de la chance d’avoir Tibbers et un bon entourage. C’est vrai que sans eux, je serais bien plus triste.

C’est sûr qu’avoir Tibbers à mes côtés me rassure beaucoup plus que si j’étais toute seule. Même si je sais utiliser le feu, je sais pas si ça aurait été suffisant pour me protéger des méchants et de ceux qui me veulent du mal. « Mais toi t’es trop fort, t’as pas besoin d’un Tibbers. » Je fais un regard rassurant à Veigar. Même s’il sait déjà qu’il est super fort, je pense que ça fait toujours plaisir quand ce sont d’autres personnes qui le disent aussi.

« Oui je veux me battre avec toi ! Mais pas maintenant. Plus tard quand je serais grande ! » Sinon ce serait pas du jeu, je risquerais de perdre tout de suite. Je suis pas si bête moi pour confronter Veigar maintenant.

Je fronce les sourcils quand Veigar me raconte l’histoire des méchants sorciers. Le pauvre. Je sais pas ce qui lui ait arrivé, mais ça a pas l’air d’être une histoire joyeuse. « Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ces méchants sorciers ? » J’espère qu’il va me répondre. Même si c’est pas une histoire chouette.

Je fais un regard sérieux maintenant. « Oui je veux que tu me le dises, comme ça avec Tibbers on pourra te protéger, et plus personne te fera du mal ! » Parce que c’est comme ça que ça marche les amis. Ça s’entraide !

Veigar qui me dit merci, ça me fait super plaisir ! Alors d’un coup je lui fais un gros câlin, même s’il aime pas les caresses. « C’est normal ! » Mais je me retire vite pour pas qu’il s’énerve. Parce que je suis sûre que c’est quelque chose qui pourrait l’énerver.

Je suis un peu triste parce que Veigar ne peut pas rester avec moi. Ca fait longtemps que je n’avais pas trouvé quelqu’un avec qui je passe un bon moment. Mais c’est comme ça, et je peux rien y faire. Il doit suivre sa vocation, et je dois l’accepter. « J’espère que tu trouveras plus de magie alors ! Mais tu m’oublies pas, hein ? » Je serais triste que si je revoyais Veigar dans le futur, qu’il ne sache plus qui je suis. Une chose comme ça me briserait le cœur à coup sûr !

Pour l’instant j’ai pas envie de voyager, mais si ça passe mal avec Monsieur Swain, ça peut être une bonne idée. Si jamais ça arrive, je suivrais les conseils de Veigar et avec Tibbers on partira à l’aventure ! Comme on faisait dans la forêt. « Je verrais plus tard, mais merci de me dire tout ça. » Je pense qu’un jour où l’autre, ces conseils pourront m’aider.

Veigar a l’air fatigué. Moi je le suis pas, parce que je passe un trop bon moment en sa compagnie. Il se couche et il me demande de lui montrer ma magie. Faut que j’essaye de le faire sans tout brûler. « D’accord, je vais te montrer. » C’est la première fois qu’on me demande ça, alors je suis contente. Je fronce les sourcils pour me concentrer en ouvrant la main droite. La boule de feu met un peu de temps à apparaitre, mais j’y arrive quand même. Je sais pas encore garder le feu dans ma main, alors je la jette droit devant nous. « Maintenant l’arbre il est en feu, je suis désolée. » J’espère que ça va pas mettre le feu à tous les arbres, sinon je m’en voudrais trop !

Avoir peur est un sentiment naturel. Pourtant, Veigar ne veut pas que ça se sache… Il semble refuser l’idée même d’exprimer une once de crainte qui peut se faire remarquer. Ce n’est pas digne d’un grand méchant tel que lui !
Bien sûr qu’il a peur, lui aussi… Que ce soit des méchantes personnes ou même de n’importe qui capable de l’atteindre. C’est pour se protéger qu’il utilise ses dons pour engendrer toujours plus de maléfices. C’est aussi pour éviter d’avoir à regarder certaines choses en face…
Peut-être que s’il parvient à faire davantage confiance aux autres, il se rendrait compte qu’il n’est pas obligé de faire du mal pour ne plus avoir à craindre l’ombre qui trône dans son esprit nerveux… ?
« Ton Papa … »
Ce n’est pas facile d’ignorer ses peurs, surtout lorsqu’on est si jeune et que l’on a déjà beaucoup souffert. Veigar a assez d’égard envers Annie pour ne pas lui poser plus de questions sur ce qui a bien pu arriver à ses proches. La douleur, c’est un truc qu’il connaît bien et qu’il s’est empressé de mettre dans une boîte avec la peur et tout ce qui peut l’empêcher de conquérir le monde !
« Peut-être oui… Peut-être le retrouveras-tu un jour. »
Un petit rire traverse le museau du yordle.
« Je suis très fort, ouais ! Et un jour, le monde entier le saura ! »

Annie ne semble pas effrayé à l’idée de combattre un jour le mage noir. Il ignore comment il doit prendre cette information tant cette idée l’intrigue. Elle est déjà capable de brûler tout ce qu’elle veut, rien qu’en ayant la volonté de le faire. Doit-il la craindre maintenant … ?
Ne sera-t-elle pas inarrêtable à l’âge adulte ?
À ce moment-là, je serais encore plus puissant que n’importe qui !
« Qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? … »
Je devrais esquiver le sujet…
« Ils m’ont convaincu d’adhérer à leur cause, Annie. »
Penser à autre chose… à n’importe quoi d’autre qu’à cet endroit maudit !
« J’étais leur prisonnier … Et après un moment, je suis devenu leur complice. »

Pendant combien de temps est-il resté là-bas ? Les jours se sont confondus en mois, puis en années… Cette époque remonte à loin et Veigar fait tout pour la caparaçonner dans un coin de son esprit. Peut-on vraiment oublier quoi que ce soit et vivre une vie normale, après tant de souffrance ?
« Tibbers, hein ? C’est clair qu’il pourra nous protéger ! »
“Nous” ?
Finalement, il parle d’eux comme s’ils allaient un jour se retrouver dans ce genre de situation dangereuse où Annie viendrait l’aider…
Est-ce si impossible à concevoir, petit maître du mal ?
« Qu’est-ce que tu… ?! »
C’est comme le jour où on lui donne un gros câlin comme celui qu’est en train de lui offrir Annie. Jamais il ne l’aurait prédit … et pourtant … !
« … »

Veigar ne bouge plus pendant l’échange et aussi étonnant que cela puisse paraître (mais il ne faudra jamais le lui rappeler) il ne semble pas s’énerver. Il la laisse faire, puis l’observe avec un regard surpris tandis qu’elle s’éloigne.
« T’oublier ? Je n’oublie jamais rien, saches-le ! »

Comment il peut oublier une rencontre avec une autre magicienne ? Il doit se souvenir de chaque visage porté par ces personnes exceptionnelles qui naissent dans ce monde qui ne les accepte pas. Avec un peu de chance, dans un avenir très proche, lorsque Veigar sera le plus grand Seigneur incontestable du Mal, il pourra être suivi par les autres. Ils auront le choix entre le suivre ou être écarté de son chemin… !
« On se reverra, c’est certain. »

Veigar reste encore éveillé grâce à sa franche curiosité de voir Annie à l'œuvre. Il peut sentir la magie naître et se matérialiser en une boule de feu. La vue de ces flammes, si parfaites, fascine le yordle.
« Tu te débrouilles déjà très bien ! »
Enfin, si on oublie qu’elle peine encore à garder sa magie dans sa paume… Très vite, Annie semble être obligée de balancer la boule de feu comme s’il s’agissait d’une balle. Le problème c’est qu’elle est beaucoup plus dangereuse qu’un simple objet …
« Ah, ça ne fait rien. Attends… »

Afin d’éviter que le bois autour de l’arbre se mette aussi à brûler, Veigar lève son sceptre pour faire apparaître quelque chose. Une boule d’énergie se dégage du ciel et atterrit sur l’arbre en feu pour étouffer les flammes. Plus rien ne brûle, mais maintenant on y trouve un trou dans le sol …
Veigar ne peut pas s’empêcher de rire, un peu mesquin.
« Ils vont être surpris demain matin en revenant par là… »
Il se tourne vers Annie et hausse les épaules.
« T’excuses pas. Tu as encore pas mal de choses à apprendre.
Tu as déjà envisagé de porter quelque chose pour t’aider à garder le feu dans ta main ? C’est ce que je fais. C’est plutôt pratique pour éviter des désagréments. »
Il lui montre en faisant bouger ses trois doigts de la main droite, celle qui porte le grand gant.
« J’ai vu que tu te concentrais pour faire apparaître ton feu, mais tu pourrais peut-être aussi apprendre à le faire disparaître lorsqu’il est en train de brûler quelque chose que tu ne veux pas brûler. Tu penses que tu pourrais le faire ? »

Pourquoi est-ce que ça l’intéresse tant ? Et surtout pourquoi il se met à lui donner autant de conseils ?!
Est-ce la perspective de pouvoir un jour la recroiser et la combattre qui la rend si pédagogue ?
Décidemment, plus le temps passe, plus la vie semble être encore capable de surprendre le mage noir Veigar, pas si prompt à tout détruire dans ses beaux jours…

Oui Papa je le retrouverais un jour, j’en suis sûre ! Alors je réponds pas à Veigar parce que pour moi c’est évident que quand je serais au pays des gens morts, je retrouverais Papa.

Je ris un peu quand Veigar dit qu’il est très fort. « Je te crois ! Si le monde entier n’entends pas parler de toi, j’en parlerais pour toi si tu veux. » Je pense que je me suis fais un ami, qui plus tard quand je parlerais de lui, les gens seront tellement effrayés qu’ils oseront pas me faire du mal ! Même si Tibbers me protège et que je fais du feu, ce sera toujours un plus de protection !

Comment peut-on être prisonnier et devenir amis avec ceux qui nous mettent en prison ? C’est un peu bizarre, mais je pense que si Veigar a fait ça, c’est pour se protéger. Je sais pas trop vu que j’ai pas vécu ce qu’il a vécu. Je me gratte la tête, en écoutant ce qu’il dit. « Le principal c’est qu’aujourd’hui tu sois libre de ces mauvaises personnes ! »

Si un mage noir tel que Veigar affirme que Tibbers pourra nous protéger, c’est que c’est vrai ! Et ça me fait plaisir d’entendre ça. Je fais oui de la tête toute souriante, et juste après je fais mon câlin rapide à Veigar. Heureusement il se met pas en colère. Je pense que c’est parce que j’ai été rapide en le faisant ! Mais je suis rassurée. J’ai pas envie que Veigar se remette en colère, parce que là on passe un bon moment sur le ventre de Tibbers en dessous des étoiles.

« Alors si tu m’oublies pas, je t’oublierais pas non plus ! » De toute façon j’arriverais pas à oublier un ami. Même Marguerite je l’oublie pas même si elle est morte.

Je fais ma démonstration de magie à Veigar, et mon sourire s’agrandit quand il me dit que je me débrouille déjà bien. Moi j’ai trop hâte de m’améliorer ! Et si je panique un peu de créer un incendie dans la forêt, Veigar il l’éteint en quelques secondes avec sa magie. Je le fixe alors, avec de nouvelles étoiles dans les yeux, admirative. « Trop fort ! »

« C’est pas grave, au moins j’ai pas brûlé toute la forêt, et pour une fois j’ai tué personne. » Je pense que c’est une bonne chose que je sois contente de n’avoir tué personne sans raison. Monsieur Swain serait fier de moi s’il me voyait. Mais faut pas qu’il me voit vu que je suis sortie en cachète.

« Comment ça de porter quelque chose ? » Est-ce que Veigar, il parle de ses gants ? D’ailleurs est-ce que ses gants ils sont magiques ? Faut que je lui demande après ! Quand il aura fini de me donner des conseils pour que je m’améliore. J’hausse mes épaules quand il me dit si je suis capable de faire disparaitre le feu que je crée, mais je sais pas. « Je pense que je suis capable faire beaucoup de choses, mais je sais pas encore comment faire. » Mais j’espère apprendre bientôt. Parce que si je peux éviter de tout brûler à chaque fois, j’aurais moins de problèmes.

« C’est vraiment dommage que je sois avec Monsieur Swain, sinon moi je t’aurais suivi pour que tu puisse me faire devenir une grande mage de feu ! » Parce que Veigar il me donne de bons conseils sur ma magie. Tant pis. Peut être qu’un jour quand on se reverra, je pourrais le suivre si quelque chose de mal se passe avec Monsieur Swain.