I need a glass of milk ▬ Annie&Sjaël

Papa est là. Maman aussi. Je me sens bien, parce que je suis avec ma famille. Non… Pourquoi ils brûlent maintenant ? Je ne comprends pas. J’ai envie de pleurer, mais je n’y arrive pas. Je veux crier, mais je n’y arrive pas non plus. Qu’est-ce qui se passe ?! Je veux mes parents ! Je veux qu’ils arrêtent de brûler !

Mes yeux s’ouvrent. Ils sont tous mouillés. J’ai encore fait un gros cauchemar. Ce n’est pas juste ! Je serre fort Tibbers dans mes bras pour arrêter d’être triste. Il me rassure. Je me sens alors un peu mieux, et je me relève. Parce que cette nuit j’ai encore dormi dehors. Mon lit me manque. On dormait mieux dedans avec Tibbers. Je regarde autour de moi, et il y’a toujours les mêmes arbres qu’hier soir. Sauf les plus petits. Ils sont morts. Je le sais parce que Tibbers les a mis en feu avec le Monsieur qui voulait me prendre avec lui hier soir. Moi je voulais pas qu’il m’emmène. Il m’a fait peur le Monsieur. Je suis sûre qu’il était méchant. Parce qu’il a dit « Tu vas venir avec moi, que tu le veuilles ou non. Une petite fille n’a rien à faire toute seule dans la nature. » Après il m’a porté. Tibbers était tombé. Mais le Monsieur ne m’a pas laissé le récupérer. Alors Tibbers s’est mis en colère, et il l’a brûlé.

Maintenant j’ai faim. Je veux un verre de lait aussi. « Tu crois qu’on va trouver une maison avec plein d’adultes qui servent des verres de lait, Tibbers ? » Je crois qu’il ne sait pas. Tant pis. Je vais marcher tout droit, jusqu’à que les arbres disparaissent. Mais je suis fatiguée. J’ai mal aux jambes. Je veux pas marcher. « Tibbers, tu peux me porter s’il te plait ? Je t’offrirais un grand verre de lait comme cadeau, et on jouera au jeu du feu ensemble ! » Tibbers me dit qu’il est d’accord, alors il devient un grand ours tout doux. Je lui fais alors un gros câlin. Mais avant qu’il me porte, je crois avoir entendu quelque chose. Je ne fais pas attention parce que dans cette forêt, y’a toujours des bruits qui font peur.

Noxus n’a jamais été la région que tu ais pu porter au plus profond de ton coeur. Et pourtant ce n’est pas la pire non plus. Bien sur, tu as connu l’occupation du Nord Shurima par des colonies de Noxus, bien sur tu as eu ta dose de connaissances Noxiennes et les choses ne sont pas souvent mal passées avec celles ci. C’est d’ailleurs pour voir l’une de celles ci que tu vagabondais dans les hauteurs de Noxus, non loin des Monts de Fer. Traverser la région qui n’est pas la plus hospitalière de tout Runeterra n’est jamais de tout repos, mais ça ne t’a pas non plus particulièrement derangée. Une bataille contre quelques loups t’a laissé une marque sanglante sur l’avant bras, et quelques déchirures dans le cuir de ta tenue.

— On continue Sjaël. On peut le faire. Forcément c’est une forêt sombre, avec des monstres qui hurlent, mais en même temps, on va pas se retrouver au pays des petits pains d’épice. La route est encore longue. Tu parlais seule oui, mais ce n’était pas si dérangeant que ça, puisque tu étais la seule personne a pouvoir t’entendre. Du moins l’esperais-tu. Pas que tu n’ai une quelconque gène à passer pour quelqu’un de bizarre.

Un moment passa, marqué par le seul son de tes pas sur les branchages de la forêt. Un moment passa où seule dans ton esprit tu restais néanmoins alerte aux sons qui pouvaient présager quelque chose de mauvais. Tu n’étais plus une guerrière depuis longtemps Sjaël mais néanmoins la moindre attaque ne te laisserait pas sans défense. Au lieu d’une attaque ce furent néanmoins des bruits que tu entendis, comme un dialogue lointain entre deux personnes inconnues, dont l’une seule semblait dotée de parole. Curiosité qui ne disparaissais pas, tu accélleras le pas en direction des voix, et baton en mains mais l’air guère menacant tu franchis les derniers metres, surprise de te trouver en face d’une petite fille et d’un …. Énorme ours en peluche. — Mais il est énorme cet ours. Oui, tu aurais pu trouver mieux comme entrée en matière, mais on ne te changerait pas.

Je sursaute en entendant la voix d’une dame. Je me retourne en la fixant de haut en bas, avant d’aller me réfugier derrière Tibbers, toute effrayée. Nous voulait-elle du mal ? Je ne sais pas mais j’avais peur. « Oui Tibbers est très grand ! Et si tu t’approches trop, il te mangera ! » Mais je veux pas que Tibbers la mange. Pour l’instant elle n’a rien fait de mal. En plus elle est jolie la dame. Elle a les cheveux de la même couleur que ceux de Maman. Alors je pense qu’elle n’est pas méchante. Ahhhh. Je sais pas quoi faire. En plus elle a l’air d’avoir plein de bobos. Peut être qu’elle aussi, des méchants lui ont fait du mal ?
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« Madame, pourquoi t’as du sang partout ? » Est-ce que ça fait mal d’avoir autant de bobos ? Moi je sais que quand je tombe, j’ai un peu mal. Mais j’ai jamais eu autant de sang sur le corps. Tibbers m’a toujours protégé pour que ça n’arrive jamais. « Est-ce que moi aussi je peux avoir une épée comme toi ? » Des fois avec Papa, on jouait aux chevaliers avec des bâtons en bois. Peut être que la dame aimait le jeu des chevaliers ? Parce qu’elle avait un bâton comme celui que j’avais quand je jouais avec Papa.

J’étais toujours derrière Tibbers, mais ma tête dépassait quand je posais les questions à la dame. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais moins peur. « Fais attention Madame, dans la forêt il y’a des Monsieurs pas gentils. Y’en a un qui a voulu me séparer de Tibbers, alors maintenant il est mort ! » Je pointe les cendres juste à côté d’elle pour lui montrer que je dis la vérité. Je suis une gentille petite fille alors je préviens la dame pour qu’elle fasse attention. Parce que moi j’ai de la chance d’avoir Tibbers pour me protéger. Mais la dame, elle a pas de Tibbers, donc c’est dangereux pour elle.

Tu te serais attendue à beaucoup de choses Sjaël, mais pas forcément à ce qu’une gamine avec un ours géant ne se retrouve seule dans la forêt. Et pourtant, elle était la, aussi petite qu’un yordle, avec des grands yeux verts et un air presque innocent qui l’était faussement. La menace ne te faisait néanmoins pas peur, et tu arquas un sourcil en la fixant un peu plus, la toisant de haut en bas comme un peintre devant l’un de ses fascinants sujets. — Je n’ai pas prévu de finir comme paté pour peluche, je t’assure. Le sourire restait léger, comme cette femme sans instinct de survie que tu étais probablement quelques fois, comme cette femme trop curieuse qui se brulerait beaucoup plus souvent qu’il ne le faudrait.

La question néanmoins te surpris, et machinalement tu passas quelques doigts sur la plaie qui coulait encore, nimbant les feuilles de ce liquide vital qui était le tiens. Un haussement d’épaule s’en suivit, et tu secouas la tête de cet air las et désabusé. — Ce n’est pas une épée de bois, ce n’est qu’un bâton de marche. Un baton de marche qui t’aidait pour ta magie mais ça, personne n’était censé le savoir n’est ce pas ? Mais avec ton ami … Tibbers, tu as déja une bonne arme je suppose. On dirait bien en tout cas. Si tu devais être totalement honnête, tu avouerais sans mal, qu’au fond, ça te fascinait un peu cette peluche, a moins qu’il ne s’agisse d’un vrais ours un peu laid et pas esthetique du tout.

La petite tête dépassait toujours de derrière ce gros ours, et tu froncas les sourcils en essayant de la voir mieux. Il y’avait quelque chose qui n’allait pas vraiment chez elle, mais tu n’arrivais pas à mettre un doigt dessus. Et si tu n’avais pas répondu à sa première reflexion par rapport au sang, finalement tu passa la main dans tes cheveux, prenant une attitude un peu plus nonchalante - un vrai talent chez toi - malgré ce qu’elle venait de te dire. —  Oui, j’ai croisé certains énergumènes mais… C’est toi qui l’a tué ? Ca n’était pas le premier assassin en face du quel tu tombais, mais tout de même, une petite fille qui réduisait les gens en cendres, c’était une affaire à se faire des bourses d’or grâce à ça non ?

De la pâté pour peluche ? Je savais pas que ça existait. Je suis contente de l’apprendre, comme ça je pourrais en donner à Tibbers quand il aura faim ! Parce que quand il mangeait les méchants, c’était pas de la pâté, ils étaient tout entier. « T’inquiètes pas Madame, moi je veux pas que tu deviennes de la pâté pour peluche. » C’était comme Maman, jamais j’aurais voulu qu’elle devienne la nourriture de Tibbers. Je grimace en imaginant ça.

Je suis déçue. C’est pas une épée qu’elle a la dame. « Pourquoi t’as un bâton pour marcher ? T’es pas vieille. C’est les vieux adultes qui prennent ça. » La dame, elle a pas l’air vieille. Je frotte mes yeux pour mieux regarder. Bah non, je suis pas aveugle, elle est jeune et belle. Sa peau, elle est pas toute froissée. Je comprends pas trop. C’est pas grave.

Maintenant je fronce un peu les sourcils. « Tibbers, c’est pas une arme ! C’est juste mon ami comme tu viens de dire. » Pourquoi elle dit que c’est mon arme ? Elle dit n’importe quoi la dame. Je serais jamais assez folle pour me servir de Tibbers comme d’une épée. « C’est mon protecteur. Il me protège des méchants. » Tibbers se baisse, et moi je lui fais une caresse derrière les oreilles. Il est d’accord avec moi.

Des énergumènes ? C’est quoi ? Des animaux ou des méchants humains ? Je sais pas. Je pose pas la question parce que si je sais pas la réponse, c’est pas grave. La dame elle demande si c’est moi qui aie tué le Monsieur que je lui ai montré. J’hoche la tête, toute fière. « C’était moi hier soir. Des fois moi aussi faut que je protège Tibbers sinon ça veut dire qu’on est pas de vrai amis. Les amis ça s’entraide tu sais Madame. » Je suis contente de parler avec la dame, je pense qu’elle m’aime bien. « Et toi Madame tu tues des gens aussi ? » Je veux savoir si je suis la seule à faire ça. Moi je pense pas, parce que j’ai lu dans un livre que tout le monde tuait pour se protéger des méchants. Puis la mort c’est pas si grave. C’est un endroit où les gens sont heureux. Comme là où sont Papa et Marguerite.

— Et je t’en remercie. . Tu étais tout de même rendue assez perplexe par cette simple rencontre avec une enfant qui ne l’était pas vraiment. La magie semblait crépiter autour d’elle, et des questions se posaient, te traversaient la tête, sans que tu ne les pose pour le moment. Non, pour le moment, tu étais l’interogée, celle à qui l’on demandait des renseignements ou des explications, et toi qui avais l’habitude au fond de conter des histoires ça ne te dérangeait pas. Les rencontres fortuites étaient souvent les meilleures.

— Cependant je sus probablement plus vieille que tu ne le penses. Quelques fois cependant même les jeunes personnes, celles qui marchent beaucoup, s’aident de baton de la sorte, le mien vient de trés loin, c’est comme un souvenir. Joliment ouvragé avec des symboles runiques, il n’était cependant pas un canalisateur comme certains pouvaient le penser. Juste un accéssoire, pour amener les gens à se poser des questions. Comme cette petite fille le faisait si bien.

Le sourire néanmoins resta sur ton visage alors que tu hochais la tête. — Je n’en doute pas oui. Tu aurais pu rentrer dans des détails, qu’un ami, qu’un protecteur, pouvait devenir arme, mais ce n’était pas le sujet sur le moment non. Tu étais davantage interessée par ce tas de cendres a ses pieds, et quelque peu interloquée d’ailleurs par sa question. — Ça m’est arrivé oui. De manière générale c’est quelque chose que je préfere eviter. Sourcils froncés tu la regarda plus en détail, sa petite stature, l’energie qui semblait crépiter dans ses yeux. Tu es une mage n’est ce pas ? La question se posait, alors tu la vocalisa.

Moi je souris à la dame. J’ai pas l’habitude qu’on me dise merci, alors ça me fait plaisir. Tibbers il aime aussi. Il vient de me le dire. Donc je suis contente, et je n’ai plus du tout peur maintenant.

La dame me dit qu’elle est plus vieille que je pense. Moi quand je vois des adultes, j’ai encore du mal à savoir quels âges ils ont. Alors je demande parce que je suis trop curieuse. « T’as quel âge Madame ? Parce que moi j’ai 8 ans ! » Papa disait que c’était pas poli de demander l’âge des adultes, mais c’est plus fort que moi.

Alors comme ça, c’est un bâton qui aide à marcher quand on marche longtemps. Grâce à la dame, j’ai appris une nouvelle chose ! Je dis à Tibbers qu’il peut redevenir une peluche parce que j’aime bien parler avec la dame. Mon verre de lait peut attendre encore un peu. Je tiens le petit bras de Tibbers dans ma main, et je fixe le bâton. « Tu l’as eu où ton bâton ? Je veux le même pour marcher longtemps. En plus les dessins dessus, ils sont beaux ! » J’aime bien. Quand la dame m’aura répondu, j’irais chercher le même !

Mes yeux, ils observent la dame. Pourquoi elle préfère éviter de tuer des gens ? Moi je comprends pas trop, parce que si on tue pas, on est pas en sécurité. « Madame, tu sais c’est mieux de tuer les gens. Parce qu’après ils vont dans le pays des gens heureux ! » Personne me l’a dit, mais j’en suis sûre. Parce que sinon je vois pas où ils iraient.

Mon sourcil il se hausse quand la dame me demande si je suis une mage. C’est quoi un mage ? Je connais pas ce mot. « Non moi je suis une petite fille. » Je lui montre Tibbers sous forme de peluche. « Regardes ! J’ai un nounours, comme les autres enfants. »

Peut être qu’une enfant de cette espèce n’avait pas l’habitude qu’on la remercie comme ça ? Tu ne savais pas vraiment Sjaël, mais tu te retrouvais la en face d’un drole d’energumene, qui te demandait ton age comme si c’était une conversation normale au coin d’un feu et pas du tout une rencontre fortuite au milieu de la forêt ? C’était presque inconvenant, alors ça te plaisait, parce que tu avais tiré un trait depuis longtemps sur les convenances. La réponse était un peu étrange néanmoins, mais tu l’offris quand même — Un peu moins de 200 ans, ça fait quelques années d’écart. Ton sourire se fendit, un peu joueur et mutin à la fois. Puis tu te reconcentras sur la conversation, bien sur tu repondrais à ses questions si elle en avait, et si cela te surprenait qu’elle parle de ton baton ainsi, tu comprenais cependant pourquoi, il était beau et brillait de symboles runiques comme ceux qui étaient tatoués à l’interieur de tes paumes, forcément, cela attirait l’attention des regards enfantins. On me l’a offert il y’a bien des années quand j’étais à Freljord, je crains que ça ne soit un trop long voyage pour toi pour le moment. Puis tes yeux se plisserent, alors que tu penchais ton baton pour qu’elle voit mieux les traces runiques incrustées dessus, les faisant briller un peu juste pour le paraitre. Ce sont des runes, est ce que tu sais de quoi il s’agit ?

La conversation aurait pu rester sur le domaine magique, un domaine que tu connaissais bien, et pourtant, elle deviait encore et tu froncais les sourcils en regardant la petite fille. — Penses tu vraiment que les gens morts aillent dans le pays des gens heureux ? Tes pensées se perdaient un peu, la mort, malgré toute ces années passées, était un sujet qui demeurait on ne peut plus sensible, et machinalement tu portas la main à un pendentif accroché au milieu d’autres autour de ton cou. Tu sais, je pense que tu as raison. Ils sont probablement plus heureux qu’ici oui. Et ton regard se porta vers les étoiles que vous ne pouviez pas vraiment voir pour le moment.

Tu tentais pourtant de fuir un peu cette conversation, et surtout au fond, tu étais quand même assez curieuse. — Rien ne t’empeche d’être une petite fille, et d’être une mage à la fois. D’où viendrait ton talent pour … réduire les gens en cendres sinon ? Logique imparable ? Du moins tu l’esperais.

200 ans. C’est vieux. Moi je comprends plus jusqu’à quel âge on peut vivre. Papa disait que fallait avoir de la chance et être en très bonne santé pour tenir jusqu’à 100 ans. Même Zoé c’est une petite fille et elle est vieille. Je suis un peu perdue. « T’as pris quelle potion Madame ? Pour pas devenir vieille ? » Un jour, moi aussi je l’aurais cette potion !

La dame, elle me montre de plus près son bâton. Je regarde avec insistance. C’était un cadeau. Je trouve que c’est un beau cadeau. « C’est ton Papa qui te l’a offert ? » J’ai demandé si c’était son Papa, parce que le mien, il aimait bien m’offrir des cadeaux, même que ça rendait jalouse Marguerite. Moi je connais pas Freljord, mais j’essayerais de retenir le nom de cet endroit. Même si je peux pas y aller maintenant, j’irais peut être quand je serais grande. La dame elle me dit que les dessins, ce sont des runes. Je connais pas ce mot. Mais je crois qu’elle veut m’expliquer. « Non. Mais tu peux me dire ce que c’est Madame ? » J’aime bien apprendre des choses moi.

Je fais oui avec ma tête quand la dame me pose la question sur le pays de la mort. Je pense vraiment que les gens sont heureux là bas. Je sais pas pourquoi mais je préfère me dire ça. Parce que ça me rendrait  triste de savoir que Papa est dans un pays triste. Je veux pas imaginer ça, alors je secoue la tête. « Oui j’ai raison Madame. » Je la rassure pour pas qu’elle soit triste. Je veux pas qu’elle pense comme quand j’ai pensé à Papa. « Toi aussi ta famille, elle est morte ? » J’espère pas. C’est quand même triste de perdre sa famille. Moi Maman et Papa me manquent. J’aurais préféré qu’ils soient là avec moi. Mais ils sont plus là. Maintenant je dois me débrouiller comme une adulte, et c'est pas facile pour mon âge.

« Mais c’est quoi un mage Madame ? » Je suis peut-être une petite fille mage alors. Même si je sais toujours pas ce que ça veut dire.

Oh ? Alors j’ai un talent ? Je savais que j’étais une petite fille intelligente, mais on m’avait jamais dit que j’étais talentueuse alors je fais un grand sourire à la dame. « Bah je sais pas. Papa me l’a jamais expliqué. Mais je pense que c’est grâce à Tibbers ! » Au début je faisais pas exprès de carboniser les adultes méchants, mais maintenant je le fais parce que c’est devenu notre jeu préféré avec Tibbers. Même si des fois on est en danger pour de vrai. « Après tu sais Madame, c’est parce que j’ai envie de jouer ou parce que je suis en danger que je brûle les méchants. » Là j’ai pas trop envie de jouer parce que je préfère discuter avec la dame. Ca me change un peu.

— Ce n’est pas l’afffaire d’une potion. Je pratique une magie trés rare. Et peut être que tu n’aurais pas spécialement du te vanter comme ça, mais c’était tout de même plus fort que toi, et surtout tu aimais donner des explications. Alors bien sur tu ne voulais pas - et ne pouvais pas - tout dire, mais tu faisais de ton mieux pour t’expliquer avec cette jeune enfant un peu flippante quand même - et ô combien amusante - Non, ce n’est pas mon père qui me l’a offert, ce sont des gens que j’ai aidé qui m’en ont fait cadeau en remerciement de services rendus une histoire que tu ne voulais pas raconter, et sur la quelle tu mentirais peut être si le besoin s’en faisait sentir. Ce n’était pas comme si tu manquais d’idées et d’histoires à offrir aprés tout.  

Et pourtant ce n’était pas une histoire dans la quelle tu allais partir, c’était une leçon. Tu pris quelques instants pour respirer, regardant autour de toi, avant de tendre ta main pour lui montrer les dessins qui y étaient gravés avec de l’encre presque magique. — Les runes, ce sont des symboles que certains arrivent à comprendre et dont ils se servent pour faire appel à de la magie élémentaire ou céleste. Comme ça Et sans sourciller, du bout des doigts tu traças dans les airs un symbole qui ressemblait a un F inversé, alors qu’une petite flamèche se met à briller devant vous. Quelques fois ce sont des sorts utilitaires, d’autres fois… il s’agit de bien plus puissant. et tes yeux restaient fixés sur la flammèche entre vous deux, alors que d’un mouvement de main tu la fis disparaitre.

Mais elle en avait des questions et pas seulement au niveau des runes, pas seulement au niveau de la magie, alors tu pris quelques instants, et la lueur dans tes yeux disparu aussi vite qu’elle était venue. — Probablement. C’est le problème quand on vit trés vieux aprés tout n’est ce pas ? Et peut être que tu ne voulais pas penser à tout ça. Peut être que tu ne voulais tout simplement pas penser à ce que tu avais perdu, et que tu perdrais encore. Tu ne voulais pas surtout au fond, penser à elle parce qu’elle avait été ta vie et qu’elle avait été ta perte.   Qui as tu perdu ? Mais tu posas la question tout de même. Elle était plus forte que toi.

Et si tu deviais vers les mages quelques instants aprés, c’était pour une nouvelle explication. Hochant la tête à ce qu’elle disait. —  On ne brule pas les gens parce que l’on a envie de jouer tu sais ? Mais pour te protéger ce n’est pas si grave. Tes sourcils se froncerent un peu, et puis finalement tu esquissa un petit rire amer à tes propres mots. Je pense que tu as la magie en toi, et que c’est par cette magie que tu animes Tibbers justement. Est ce que tes parents possedaient de la magie eux ?

Alors comme ça la dame c’est une magicienne. « Waw. » J’admire les magiciens moi. Pas que j’en connaisse, mais je trouve ça trop cool. Maintenant je sais que je peux dire au revoir à la potion qui n’existe pas. Tant pis. « Pourquoi ta magie à toi elle est très rare ? » Vu que je suis une petite fille moi je connais pas grand-chose à la vie, donc je demande beaucoup de chose à la dame.

Le bâton ne venait pas de son Papa, mais de personnes que la dame avait aidé. C’est intéressant. Est-ce que ça veut dire que si je rends service à des gens ils m’offriront des cadeaux à moi aussi ? Je veux ! Ca fait longtemps que j’ai pas eu de cadeaux. Sauf de Tibbers. Mais ça c’est encore autre chose. « Ils sont super gentils les gens qui t’ont offert le bâton. »

La dame elle m’explique ce que c’est que les runes. J’écoute attentivement, et j’essaye de retenir les informations. C’est encore une histoire de magie. Et quand la dame elle me fait une démonstration, ma bouche elle s’ouvre, parce que je suis surprise. Elle aussi elle a le pouvoir du feu ! C’est si chouette. Les étoiles, ils quittent pas mes yeux. « Des sorts utilitaires ? C’est quoi ? » Il faudrait que je demande à Tibbers de me trouver un livre de magie pour que je comprenne de quoi il s’agit. « T’es née avec de la magie dans le corps Madame ? Ou t’as appris toute seule ? » La toute petite flamme elle disparait d’un coup. Dommage. « Dis Madame, tu veux bien essayer de me brûler s’il te plait ? » Parce que moi mon feu il me fait pas de mal, mais je veux savoir si ceux des autres il peut me blesser. Faut que je puisse faire attention si jamais je me retrouve de nouveau dans une maison en feu.

Donc la famille de la dame, elle était morte. Comme la mienne. Je suis triste pour elle. « Mais t’as des amis avec qui jouer ? T’as pas un mari et des enfants ? » Si la dame elle a des enfants, je pourrais peut être jouer avec eux ! A part s’ils sont tous morts eux aussi. « Moi j’ai perdu Marguerite et Papa. » Je hausse les épaules. « Après Maman elle est partie un jour mais elle est jamais revenue donc je sais pas. » Moi je suis pas vieille et pourtant j’ai perdu des gens donc j'ai vraiment pas de chances.

Je hausse un sourcil. « Pourquoi je pourrais pas brûler les gens pour jouer ? C’est pas bien ? » Moi je sais plus trop ce qui est bien ou mal. J’ai pris l’habitude de brûler des gens alors…

Ah bon, moi je suis une magicienne ? C’est trop chouette ! Mais pourquoi Papa et Maman m’en ont jamais parlé ? Je suis un peu perdue. Mais apparemment c’est grâce à moi que Tibbers est vivant, donc je suis contente. Et il me remercie à ce sujet. « Non. Papa et Maman avaient pas de magie. » Après peut être qu’ils m’ont rien dit ? Je sais pas trop.

Les questions sur la magie ne te dérangeaient pas, même quand elles concernaient ta magie, et uniquement celle la. Et bien sur tu avais l’habitude d’être un bon professeur, c’était bien pour cela que tu avais pris une apprentie a un moment de ta vie. Même si celle ci, était probablement abandonnée dans une taverne non loin avec la promesse que tu revienne, ou enfin quelque part. Soit, tu n’étais pas ici pour parler de tes échecs, et au lieu de ça tu offris à la petite fille un peu étrange un sourire léger. Et tandis que tu parles de toi, de ton bâton, de sa magie à elle aussi, tu finis par froncer les sourcils et t’appuyant contre un arbre non loin, tu commence à parler avec cette voix trés douce, trés stimulante aussi. Cette voix que tu utilises souvent quand il s’agit de donner des leçons. — Il y’a plusieurs types de magie dans ce monde, la plupart des gens font de la magie élémentaire, comme la tienne, que ce soit du feu, de la glace, de l’eau, ou même quelquefois de la lumière. Il y’a aussi des gens qui maitrisent des magies plus poussées, la Céleste comme le pratiquent les Aspect, la magie du Sang qui est un savoir interdit, et même des transformations. Les runes, sont un mélange de plusieurs choses, en les appréhendant on peut par exemple augmenter sa durée de vie, se soigner, ou même faire des portails qui nous permettent de nous teleporter. Ton regard est doux alors que tu joue un peu avec une breloque a ton poignet.

— Je suis née avec. Comme la plupart des utilisateurs de magie d’ailleurs. Mais comme eux, j’ai du apprendre pour mieux la gérer, tout comme tu devrais le faire toi aussi. Apprendre à te maitriser pour devenir plus forte, pour protéger ce qui t’es cher.  C’est un conseil que tu lui donne, tout comme tu le donnerais peut être à n’importe qui. Et puis tes sourcils se froncent et tu la regarde en secouant la tête. Non, je ne veux pas te bruler, je ne pratique pas les flammes agressives. Une façon de lui répondre peut être, et d’une voix plus douce tu lui rajoutes tout simplement. Et tu ne devrais pas demander ça à n’importe qui, certains pourraient réellement te faire du mal.

Il y’a une autre question, une qui te brule plus que l’auraient fait des feux brulants et violents, et tu hausse les épaules. — En grandissant tu perds cette envie de jouer, je te le promet, et … je n’ai pas réellement besoin de mari ou d’enfant. Cette simple pensée te fait grimacer d’ailleurs, quelle horreur ce serait que de mettre bas à des créatures bipèdes qui essayeraient de sucer la sève de ta vie. Non. Tu n’as pas d’enfants et tu n’en as pas voulu. Jamais. J’ai une apprentie. Et en un sens c’est un peu pareil non ? Elle est comme une enfant que tu élèves, quelqu’un à qui tu tiens et que tu prépare à toute cette vie. Tes sourcils se froncent un peu plus et tu la regarde, Tu es toute seule alors ? Dans cette forêt ? Tu as une maison ? Et pourquoi est ce que tu t’inquiètes pour une inconnue ? Aprés tout, elle pourrait mourrir dans quelques heures qu’elle n’aurait marqué ta vie que quelques secondes.

Mais voila, tu es là et tu essayes de lui inculquer un peu de savoir vivre, une légère notion de survie. — Parce que ça ne se fait pas, en faisant cela tu enlèves des partenaires de jeu à des personnes qui en ont besoin ? Essayer de raisonner par l’absurde était parfois le meilleur moyen de raisonner avec une enfant un peu étrange comme elle. Une enfant qui découvrait sa magie, ce qui te rendait perplexe un peu. Tu es sure ? Personne ne t’a jamais rien appris alors ?

C’est super intéressant ce que me dit la dame sur la magie. Je pense que je vais oublier la moitié, mais c’est pas grave. J’essayerais de retenir l’essentiel. Surtout sur ma magie. Je me gratte la tête, curieuse. « Ça veut dire que d’autres personnes utilisent le feu comme moi ? » Moi je sais pas encore tout contrôler, mais peut être qu’un jour quelqu’un avec la même magie que moi pourra m’apprendre. « J’aime beaucoup tes explications Madame. Tu devrais faire professeur comme métier. » Je connais pas le métier de la dame mais je pense que ça lui irait bien. Elle prend le temps de parler avec une petite fille comme moi et de bien m’expliquer ce que je lui ai demandé.

Alors comme ça je suis née avec de la magie, comme la dame. Moi je pense que si je née avec c’est parce que je suis spéciale donc je suis contente. « Comment t’as appris à la maitriser Madame ? » Est-ce qu’elle avait eu un professeur ou est-ce qu’elle s’était débrouillée toute seule ? Je sais pas. Alors c’est pour ça que je demande.

Dommage la dame veut pas me brûler. « Comment ça tu pratiques pas les flammes agressives ? Toi tes flammes servent juste de lampe torche ? » C’est possible ça ? Du feu qui brûle pas ?  Je sais pas trop. Je hausse mes petites épaules à la remarque de la dame « Oh tu sais Madame si ça m’avait fait trop mal Tibbers m’aurait sauvé. Comme toujours. » C’est pour ça que faut que je réussisse à bien contrôler mon feu, pour pouvoir sauver Tibbers comme il me sauve.

C’est vrai que les adultes ça joue pas beaucoup. Je comprends pas pourquoi ils perdent cette envie parce que  jouer c’est trop cool. « Ils font quoi pour ne pas s’ennuyer alors s’ils jouent pas les adultes ? » Moi vu que je vis comme une adulte maintenant, faut que je fasse ce que font les adultes. Même si j’ai encore envie de jouer.

Alors la dame n’a pas de mari et d’enfants, et elle en a pas besoin. C’est triste un peu. « Pourquoi t’en a pas besoin Madame ? » C’est important de demander. Parce que moi quand je serais grande peut être que je serais comme la dame. Peut être que moi aussi j’aurais une apprentie ! Pour l’aider à… Je sais pas trop. « C’est qui ton apprentie ? Pourquoi elle est pas avec toi ? » Je pose beaucoup trop de questions moi. Mais c’est pas ma faute, je suis une petite fille après tout.

Moi je fais oui de la tête quand la dame me demande si je suis toute seule dans la forêt. « Ma maison elle existe plus, mais c’est pas si grave parce que bientôt je trouverais une nouvelle maison ! » Je sais pas quand, mais je reste positive. Papa disait qu’il fallait toujours rester positif même dans la pire des situations. Alors c’est ce que je fais.

C’est curieux ce que me dit la dame. Elle me dit que brûler des gens ça ne se fait pas. « T’as raison Madame. Je le ferais que quand je serais en danger alors. » Parce que moi la fuite ça me plait pas trop. Sinon après je stresse beaucoup que les méchants adultes puissent me retrouver, c’est pour ça que je les fais disparaitre.

Je fais encore oui de la tête quand la dame me demande si je suis sûre pour la magie de mes parents. « Sûre et certaine Madame. Je savais même pas que mon feu c’était de la magie moi. » Je me gratte la tête. « Non personne m’a rien apprit, pourquoi  ? »

C’est un cycle sans fin celui où tu es le professeur où que tu sois, où que tu te trouves, et toi qui aimerais être égoiste et te perdre en quetes d’histoires tu sais aussi que tu ne peux pas laisser cette enfant sans réponse, même si elle a beaucoup trop de questions. — C’est ce que ça veut dire oui. Beaucoup pratiquent le feu, d’autres la glace, ou d’autres éléments même. Mais chacun pratique cette magie d’une manière qui lui est propre. J’ai ouï dire des histoires sur des mages enflammés qui ne sont plus que des torches humaines, sur des jeunes femmes maniant les rayons du soleil, ou même la lumière, et d’autres encore ne sont que les aspects de la lune ou peut être des étoiles.  Et comme toujours quand tu parles il y’a ce coté un peu precepteur, un peu aidant, tu donnes des leçons mais elles ne sont pas l’absolu. Merci. Peut être que j’y songerais. C’est un mensonge, tu as déja essayé d’enseigner, ça ne finis jamais bien, tu n’aimes pas être objective sur certains sujets, et tu n’aimes juste pas ne pas pouvoir bouger ou disparaitre à ta guise. Par contre, des leçons éphemeres peuvent être offertes et c’est bien ce que tu fais sur l’instant. J’ai eu des professeurs, j’ai appris en me brulant, puis des gens ont réussi à m’aider, des livres l’ont fait aussi. La conversation reste grave, importante, les enfants dotés de magie qui sont livrés à eux même peuvent devenir tellement dangereux.

— C’est exactement ça. Mais tu sais, tu ne peux pas compter sur Tibbers pour toujours te sauver. La vie elle même est dangereuse, ces forêts le sont, et un jour tu rencontrera des personnes qui ne seront pas sensible ni à ton ours, ni au feu, et comment feras tu alors ? Mais la conversation part dans tous les sens, et toi tu hésites un peu avant de finalement lui repondre, a ses milles questions qui commencent déja à te fatiguer. Tu ne fuiras pas, même si l’envie est grande, encore plus quand elle parle de famille ou d’apprentie. Alors tu choisi de ne repondre que d’un simple mouvement d’épaule, ponctué d’une évidence. Ils apprennnent, ils bougent, ils s’occupent, ils travaillent. La vie d’adulte est beaucoup moins ennuyeuse qu’on ne le pense, et jouer n’est pas la seule occupation qui existe et qui offre de la gratitude. . Quant au reste oui, tu garde le silence, elle n’a pas besoin de savoir que tu as abandonné ton apprentie dans un coin - encore - n’est ce pas ? Ou même que tu n’a pas besoin…. Oh, et pourquoi pas en fait ? Et tout comme le jeu n’est pas la seule façon de vivre, tout le monde n’a pas besoin d’être une famille avec un mari et des enfants, ta vie peut être mille fois plus interessante que celle d’être une mère couveuse, je te l’assure. C’est sorti tout seul peut être un peu, pas vraiment le discours à offrir a une enfant, pas ici. Qu’importe, le discours est bien la.

Et tant de choses sont dites, mais elle semble comprendre la leçon alors — Il faudrait que tu tu trouves un professeur, quelqu’un qui soit prêt à prendre le temps de t’apprendre tout ce que tu peux faire. Où vis tu en ce moment ? Le sourire est doux, tu te veux rassurante, meme si l’idée d’une espece de creature de flammes qui ne controle rien, lachée dans les forêts noxienne ne te rassure pas. Quelqu’un de mal intentionné pourrait en faire une arme.

Je suis toujours aussi attentive à ce que me dit la dame même si j’arrive pas à tout suivre. « Je comprends mieux. » C’est faux. Je comprends pas la plupart des choses qu’elle me raconte mais c’est pas très grave.

J’hoche la tête toute fière. « T’auras beaucoup d’élèves qui voudront que tu sois leur professeur, j’en suis sûre ! » Moi j’aurais trop aimé que cette dame soit ma professeure de magie. Alors je pense que les autres enfants aussi.

La dame me dit comment elle a appris à contrôler sa magie. Elle me dit que c’est grâce à des personnes et à des livres. « Tu les a trouvés où les livres de magie ? » Comme ça j’irais les chercher pour pouvoir bien contrôler ma magie aussi !

Je sais pas trop si la dame me fait la morale ou si elle me donne un conseil. Alors j’hausse les épaules, en faisant mon insolente. « Tibbers et moi on est les plus forts ! Personne n’arrivera à nous battre ! » Je préfère croire ça plutôt que ce dit la dame. Même si je sais au fond de moi qu’elle a raison. Parce que je sais pas bien contrôler ma magie.

De la gratitude ? C’est quoi déjà ? En tout cas les adultes font beaucoup plus de choses que les enfants. « Moi aussi je veux travailler. Ça existe les travails pour les petites filles et les Tibbers tu penses ? » Je crois que travailler c’est pour gagner de l’argent. Et même si je peux trouver de l’argent autrement, au moins si j’ai un travail ça m’occupera.

Moi je savais pas que c’était pas obligé d’avoir une famille. Pourtant dans toutes les histoires que j’ai lues, y’a toujours cette fin où le prince sauve la princesse, et qu’après ils vivent heureux avec beaucoup d’enfants. Je pensais que c’était comme ça pour tout le monde. « Alors j’ai pas besoin d’un prince pour avoir une vie intéressante ? » Parce que moi je veux pas d’une vie nulle. Je veux une vie qui m’amuse ! Et Tibbers aussi.

« Quand j’aurais une maison, un travail et de l’argent, je chercherais un professeur oui. » Parce que même si Tibbers et moi on est très forts, je repense à ce que la dame a dit plus tôt. « Je vis dans la forêt et dans les montagnes. » Mais comme je suis curieuse je retourne la question. « Et toi tu vis où Madame ? »

Tu n’es pas vraiment sure qu’elle comprenne en réalité, pas vraiment persuadée qu’elle soit capable, non pas parce qu’elle te semble bête ou quoi que ce soit, ce n’est pas le cas, c’est simplement, qu’elle est jeune encore et qu’aussi pédagogue sois-tu il est quelques fois difficile de réussir à t’expliquer devant n’importe quel public. Pourtant elle te flatte, et tu hoches la tête finalement, laissant un leger rose venir s’installer sur tes joues. « Peut être que j’y penserais un peu plus tard, quand j’aurais fini mes errances. » C’est une sincérité au fond tu aimerais revenir à enseigner. Si tu y arrives avec la jeune vastaya - qui est plus vieille que toi, quand tu as découvert ça tu n’en es pas revenu - pourquoi n’y’ arriverais tu pas avec le monde entier ? C’est pour ça peut être que tu restes assez patiente avec elle et que tu lui explique ce que tu peux. Non tu ne la prendras pas pour élève, une apprentie c’est déja bien assez - et pourtant, si tu savais ce qui menace de lui arriver, les gens qui vont la ramasser, tu y aurais reflechis deux fois - mais ça ne t’empêche pas de lui donner quelques conseils. « Dans des bibliothèques, dans des cités qui n’ont pas peur de la magie, auprés de personnes qui ne la craignent pas. Je supposes que Noxus est rempli de secrets sur les arcanes également. » Tes yeux brillent un peu, d’une etrange douceur. « Tu devrais aller à Noxus Prime, tu y trouverais des réponses j’en suis sure. » au moins Noxus ne chasse pas l’usage de la magie, et tu penses que ce conseil n’est pas si mauvais.

« Il n’est jamais de bon ton cela dit de se croire le plus fort, Tibbers est peut être fort, mais tu n’es qu’une enfant, et que se passera t’il quand quelqu’un qui est bien plus fort que vous viendra ? Que se passera t’il si un mage aquatique se rapproche et vous attaque ? Ou si quelqu’un entrave Tibbers ? » Et pourquoi l’aides tu alors que l’insolence a tendance à t’énerver ? «  Tu es trop jeune pour travailler cependant, des gens devraient s’occuper de toi » Encore une fois, tu voudrais lui conseiller d’aller vers Noxus prime, ou vers d’autres regions, mais qui es tu au fait si ce n’est qu’une ame de passage ?

Et puis tu ris, d’un rire franc et amusé. «  Non. Pourquoi en aurais tu besoin ? Tu es une enfant sauvage qui vit dans les bois avec un ours qui tue des gens, ta vie n’est elle pas déja interessante comme ça ? » Et puis il y’a cette reflexion qui te fait froncer les sourcils, une maison, un travail ? De l’argent ? Tu… Non, en fait tu abandonnes un peu, tu n’es pas ici pour faire la morale à une enfant comme ça. «  Moi ? Je vis un peu partout la où le vent me porte, la où les histoires sont belles. » Un vent se lève déja derrière vous, et tu arques un sourcil. «  Il y’a un village non loin, veux-tu y marcher avec moi? »

Des errances ? C’est quoi ? C’est comme les fantômes qui se baladent ? « Pourquoi tu erres Madame ? T’es vivante pourtant. » Des fois la dame elle me dit des choses bizarres. Mais je pense que c’est du vocabulaire d’adulte que je comprends pas forcément.

Alors comme ça, il y’a des villes où des gens ont peur de la magie ? Avec Tibbers, il faut surtout pas qu’on aille dans ces villes, sinon on sera en danger ! Heureusement que la dame me dit tout ça, parce que comme ça je sais que je dois pas aller n’importe où. « C’est quoi des arcanes ? C’est une magie secrète ? » C’est la première fois que j’entends ce mot. C’est pas évident d’être une petite fille. Parce que y’a plein de vocabulaire d’adulte que je ne connais pas.

« Noxus Prime c’est la capitale c’est ça ? » Faut que j’aille là bas alors ! Je verrais comment y aller plus tard, mais avec de la chance c’est pas très loin. « Tu peux juste me dire quelle ville je dois éviter ? Les villes qui ont peur de la magie ? Même si je retiens pas tout, c’est important que je sache. » Je sais que je suis pas très discrète avec Tibbers, alors vaut mieux pas que je m’approche de ces villes.

« Je préfère pas imaginer. » J’agis comme une petite fille qui veut rien savoir. Parce que après si je pense à ce genre de situation j’ai peur. Et quand j’ai peur, il se passe des choses pas chouettes.

Alors je peux pas encore travailler ? Dommage. Moi je suis déjà prête à être une adulte pourtant. Tant pis. J’attendrais de grandir alors. « Je trouverais une famille qui s’occupera de moi alors ! » Je sais pas quand mais ça viendra. Je demande pas à la dame qu’elle me prenne avec elle parce que c’est pas son truc. Je suis pas bête, je sais qu’elle refusera.

C’est vrai que ma vie à moi, elle est déjà super intéressante. Alors je souris à la dame en me grattant la tête. « T’as raison Madame. » Et j’espère que ma vie sera encore plus intéressante plus tard !

«  Oui je veux bien marcher au village avec toi Madame. » Je tiens fort Tibbers dans mes bras, et je commence à marcher à côté de la dame. « En plus je voulais boire un verre de lait, donc ça tombe bien. » Oui je l’ai pas oublié mon verre de lait ! « Dis Madame, je peux savoir comment tu t’appelles ? »

« Il n’y’a pas que les morts qui errent. » Cette enfant pose trop de questions et tu ne sais comment te sortir de celles ci, ce n’est pas tant que ça te dérange bien entendu et tu as toujours des réponses à offrir, toujours quelques pistes à donner qui puissent être interessantes. Mais parfois, tu dois reconnaitre que les questions enfantines te fatiguent, car tu n’es pas la plus patiente des femmes, alors la pédagogie tombe aux oubliettes. « Non, c’est simplement un autre mot pour désigner la magie. » Et tu essayes Sjaël, tu essayes d’être calme, tu essayes de tout lui expliquer. Alors bien sur tu fronces les sourcils, mais tu hoches la tête.

« Evite tout Demacia, c’est à l’Ouest. Tu ne devrais pas avoir de problemes, c’est quand même assez loin. » Au moins l’avertissement est donné et des conseils sont distillés aussi. Une proposition l’est également, et tu prends quelques instants finalement en murmurant simplement « C’est tout ce que je te souhaite. » car cette enfant mérite une famille, ou du moins des gens qui s’en occupent. Et peut être causeras tu des guerres en envoyant une mage à Noxus prime, mais c’est ainsi, tu n’es aprés tout, tout comme les autres qu’un simple jouet du destin.

« Allons y alors. » Tu n’attends plus finalement, et remontant ton écharpe sur le bas de ton visage tu commences à marcher, lui répondant simplement. « Sjaël, je m’appelle Sjaël. Et toi ? »

Y’a pas que les morts qui errent ? Ah bon ? Moi je croyais que c’était que les fantômes qui erraient, mais si la dame me dit le contraire, je veux bien la croire ! Alors je lui réponds pas, parce que j’ai pas de réponses à lui donner là-dessus.

Les arcanes, c’est un autre mot pour la magie. « Oh d’accord ! » Au moins maintenant je le sais, et si j’entends à nouveau le mot, je comprendrais de quoi il s’agit.

Demancia. Demancia. Demancia. Je le dis plusieurs fois dans ma tête pour surtout pas l’oublier ! Il faut pas que je m’approche de là bas, sinon j’aurais de très gros problèmes. « J’irais pas là bas alors. » La dame elle dit que c’est loin, donc si je reste par ici, je serais pas en danger.

Je fais un grand sourire à la dame quand elle me souhaite de trouver une famille qui s’occupera de moi. « T’es gentille Madame, merci. » Parce que la dame elle est vraiment gentille en plus. Moi j’ai pas l’habitude de bien aimer les adultes. Mais cette dame je l’apprécie bien !

On continue de marcher, et je vois le village pas loin. La dame elle me dit son nom, alors je suis contente et je ferais en sorte de pas l’oublier ! « Madame Sjaël, je suis contente d’avoir parlé avec toi ! » Elle me demande mon nom aussi. « Je m’appelle Annie, et mon ours c’est Tibbers ! Mais ça tu le savais déjà. »

Je vois plein de maisons autour de nous. « Désolée Madame Sjaël, mais on doit te laisser maintenant. Mon verre de lait il m’attend depuis trop longtemps ! » C’est vrai que là mon ventre il le réclame de toutes ses forces le verre de lait. « Je te souhaite que du bonheur Madame Sjaël ! Au revoir ! » Je lui fais un signe de main, puis je commence à courir en direction d’une maison où ils vendent des boissons.

Quelque nouveaux conseils offerts, tu sais qu’il est finalement ce temps où il vous faut reprendre la route, chacune de votre coté. Et si tu espere qu’elle deviendra une bonne personne et qu’elle ne finira pas dans une geole à Demacia ou dans un bateau d’esclave allant vers Shurima, tu sais néanmoins que tu ne peux pas rester avec elle, tu dois retrouver ton apprentie, et tu dois aussi continuer ta route vers Ionia, où des réponses t’attendent probablement. « Je suis également ravie d’avoir fait ta connaissance jeune Annie. » Les présentations faites, tu hoches la tête doucement, avec ceremonie.  Es-tu réellement gentille ? A - t’elle réellement raison ? Tu ne le pense pas Sjaël, parce que tu n’es ni une mauvaise, ni une bonne personne, tu fais ta vie sans jamais te satisfaire. Tu ne réponds pas vraiment alors.

Et finalement tu ris un peu à l’idée de cette enfant qui veut un verre de lait, et sortant de ta poche une bourse avec quelques exemplaires de pieces de Noxus, tu la lui tend. « Tu devrais avoir de quoi t’acheter un repas avec ça. » Un mouvement de ta tête, et puis déja tu commence à tourner les talons. « Au revoir Annie. Que les dieux te protegent. » Il n’y’a plus rien à dire, mais cette rencontre etait… enrichissante oui.

F I N