INCURSION DE BRUME - IONIA [mini évent]

C’était une véritable honte, le summum de la déchéance, une indignité absolue, la disgrâce ultime : Shen, l’Œil du Crépuscule, le premier parmi les égaux du triumvirat dirigeant le Kinkou, le garant de l’équilibre entre deux mondes perdait le sien, d’équilibre. Sous un ciel à peine étoilé, dans une nuit d’encre, il était sorti à l’air libre et regarda autour de lui pour s’assurer qu’il était seul. Il ne l’était pas totalement mais ce n’était pas important, le principal étant qu’Akali ne soit pas là sinon il n’entendrait jamais la fin de ses moqueries. Il tituba difficilement en direction du bastingage, contrairement à ce qu’il avait espéré la brise marine ne l’aidait en rien, les roulis du navire suffisait presque à le faire tomber alors qu’il tentait tant bien que mal, enfin plus mal que bien, de rester sur ses jambes à l’aide de ses bras. Lorsqu’il posa les mains sur le bois épais et lourd du bastingage en question il céda et vida le contenu de son estomac dans l’eau sombre. Dans d’autres circonstances il aurait pu avoir des remords, au moins pour les esprits qui habitaient les profondeurs, mais vu que l’océan n’avait pas envie de faire preuve d’une quelconque pitié à son égard il n’en fut rien.

S’agrippant au bois du garde-corps comme un naufragé à sa planche, il jura lorsqu’une vague particulièrement haute secoua le bâtiment, l’éclaboussant au passage, s’il avait été incapable de sentir l’absence d’esprits dans les parages il aurait pu croire qu’ils lui renvoyait ce qu’il avait vomis au visage. Il se pencha pour vomir à nouveau mais il n’avait déjà plus rien dans le ventre et de la bile âcre lui brûla la gorge. Ce fut un Shen aussi pâle qu’un freljordien qui s’en retourna, comme il était parti, en titubant, vers sa cabine. Il se demandait encore pourquoi est-ce qu’il avait décidé de partir avec son ancienne élève au lieu de rester tranquillement à Ionia, là où il n’y avait pas d’océans démoniaques.

Toutefois s’il était capable de sentir qu’il n’y avait pas d’esprits, qu’ils soient en colère ou non, il était capable de sentir qu’au moins un esprit, pas si loin que ça, était en détresse. Et ce n’était pas n’importe lequel en plus de ça. Le ninja s’assit en tailleur sur le pont et s’essaya à de la méditation, ce qui eut une réussite mitigée mais suffisamment pour qu’il puisse se relever. Les pieds collés, aussi droit qu’il fut capable dans les circonstances, les mains prenant des positions rituelles millénaires, sa forme physique se mit à se désagréger jusqu’à ce qu’il ne restât plus rien de lui.

Lorsqu’il réapparu ce fut derrière un ancien ami, un ancien frère. Il fallait croire que le destin, ou les esprits divins qui régissaient le monde, avaient un sens de l’humour assez tordus pour planifier des retrouvailles amères de la sorte : à nouveau Shen et Zed étaient dos à dos. Des shurikens d’ombres s’écrasent contre un bouclier aux couleurs violacée. Se penchant légèrement en avant, ce qui fut de nouveau d’une facilité déconcertante maintenant qu’il n’était plus sur ce tas de planches maudits, il dégaina son arme spectrale et coupa en deux une ombre ayant échappé au contrôle de son maître qui lui sautait dessus toutes lames dehors. Aux pieds de Shen, pour quiconque s’y intéresserait, se trouvait quelques copeaux de bois qu’il avait amené par inadvertance bien que ce fut une petite vengeance mesquine qu’il n’aurait pas regrettée s’il s’en était rendu compte.

Lorsqu’il se tourna vers Zed ce ne fut pas pour l’attaquer. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait, loin de là, mais comme pour Khada Jihn, il n’était pas certain de pouvoir arrêter la menace qui pesait actuellement sur Ionia et une alliance de circonstance s’imposait. Or si le maître des ombres était trop obtus pour s’en rendre compte, ce dont l’Œil du Crépuscule doutait mais il avait retenu la leçon chèrement acquise : tenter de comprendre ce qui se passait dans la tête de Zed et en déduire ce qu’il ferait était vain. Alors il posa sa main sur l’épaule de son ancien frère, les yeux du ninja s’éclairèrent d’une lueur bleue et pendant un bref instant la perception du monde de Zed changea. Si voir les horreurs commises dans le monde physique par la brume n’avait pas suffit il put voir les effets de cette dernière sur le monde spirituel. Il retira ensuite lentement sa main, pendant un battement de cœur tout au plus le maître des ombres put voir le monde spirituel et physique se superposer avant que sa vue ne redevienne normale.

Sans dire quoi que ce soit, sa main serrant la poignée de son arme à s’en faire blanchir les phalanges, Shen se lança dans une course effrénée en direction du placidium.

HRP : Shen apparaît derrière Zed et lui montre ce qu’il voit comme il a fait avec Akali avant de courir sauver l’esprit en détresse tel le chevalier en armure rutilante qu’il est.

Il s’assit en tailleur, ses mains bougeant selon des schémas ésotériques pour canaliser l’énergie dont il aurait besoin, il sentait déjà le ki traverser ses veines alors qu’il se concentrait sur sa respiration. Il aurait besoin de tout le calme qu’il pouvait obtenir. Comme Kennen lui avait dit le jour où il avait remplacé son père : il se devait d’être comme l’œil d’un cyclone ; inamovible, imperturbable quand bien même le monde devait s’effondrer autour de lui. Il n’eut pas besoin de se tourner vers Zed pour le sentir, le déplacement d’air alors que les lames fixées à son avant-bras sortirent de leur emplacement suffit.

« Tes ombres te contrôlent déjà, ne laisse pas la brume faire d’une pierre deux coups. »

Cela suffirait-il à ce que Zed reprenne le dessus ? Shen n’en avait aucune idée, il ne pouvait qu’espérer. Dans le cas contraire il espérait qu’il serait assez rapide pour transformer un coup mortel en une attaque particulièrement douloureuse. Le ninja lia alors son esprit à celui des rivières et attendit, c’était à son tour de prendre une partie de la souffrance sur ses épaules, c’était un fardeau qu’il connaissait très bien. Comme il s’y attendait il ne fallut pas longtemps pour que des sentiments qu’il avait pris soin d’enterré ne refasse leur apparition. Il n’avait pas de peur à exploiter alors la brume du s’attaquer à autre chose : sa jalousie.

De la brume se détacha une masse amorphe qui s’affina pour former une silhouette, d’abord sombre, elle prit petit à petit des couleurs, du relief, des formes plus distinctes. Elle était magnifique, belle comme au premier jour où il avait posé les yeux sur elle, Yvenai approchait de lui avec toute la grâce d’une danseuse, un éventail masquant parfois un sourire espiègle et parfois ses joues rosissantes. L’élu de son cœur était juste devant lui lorsque le cœur de Shen s’arrêta, contrairement à la femme qu’il observait avec l’œil d’un amoureux éperdu alors qu’elle passa à coté de lui pour poursuivre son chemin. Il se releva, se retournant son cœur rata un battement en la voyant se jeter dans les bras d’Usan. Les mains de Shen formèrent des poings sans qu’il ne s’en rende compte, ses phalanges blanchirent sous la pression.

Lorsqu’ils échangèrent un baiser s’en fut trop pour l’Œil du Crépuscule qui se jeta sur celui qu’il considérait autrefois comme un frère, toute lame d’acier ionien dehors. Yvenai repoussa Zed pour se mettre en face de lui et lorsque le ninja se rendit compte de ce qui allait se passer c’était trop tard. La seconde qui suivit il était à genou, son aimée dans ses bras. Shen aurait aimé bouger, faire quelque chose pour la blessure qu’il avait infligé malgré lui mais le sang d’Yvenai qui imbibait ses vêtements l’ancrait au sol.

« Ecoutes. » Lui susurra-t-elle en levant une main faiblarde vers lui mais au lieu de lui caresser la joue comme elle en eut l’habitude tant d’années auparavant, son indexe ne laissa qu’une mince trainée sanglante sur son masque. « Ecoutes-le. »

Elle répéta son injonction et le ninja fut de nouveau capable de bouger bien que ce ne fut que son cou, il tourna la tête pour voir un homme athlétique aux cheveux blancs avec une couronne d’un vert spectral. Shen pouvait alors entendre des petites voix, comme les vagues s’écrasant au contrebas des grandes falaises au sud de Navori. Le roi s’approcha avec une démarche affirmée, sûr de lui, d’un geste de la main il fit disparaître la blessure d’Yvenai. Le ninja le regarda alors comme le sauveur qu’il était. L’aimée du ninja se releva et tendit une main secourable à Shen pour qu’il fasse de même. Alors qu’il allait s’agenouiller pour remercier son nouveau souverain par son service un cri perça la cacophonie de voix qui se battaient pour l’attention de Shen.

Elle était certes lointaine mais c’était une corde à laquelle la partie plus rationnelle de l’Œil du Crépuscule, celle qui savait qu’Yvenai n’était pas là mais au manoir de son époux avec ses deux enfants ; celle qui savait que jamais Usan n’aurait osé le trahir en embrassant celle qui fut sa fiancée. Il avait reconnu la voix de Zed qui perçait la brume, l’enjoignant à lutter ; ce qui fit s’estomper l’illusion de la brume, remplaçant ses visions par une douleur difficilement supportable mais qui au moins ne laissait que peu de doute sur la nature de son adversaire.

Il n’avait pas bougé, toujours assis en tailleur Shen poursuivait son rituel pour apaiser l’esprit, pour aider ceux qui y étaient relier à supporter plus facilement le fardeau qu’ils partageaient.

incursion de la brume

Placidium, Navori, Ionia

997A.N.

La noiceur. Les ténèbres. L'obscurité. Pendant un long moment c'est tout ce qu'il y a. La lueur que Tamryn tentait de protéger de son propre corps semblent complètement étouffée par le mal envahissant les terres. Cette fumée noires étouffantes s'insinut partout, à travers sa bouche, son nez, ses pores. La douleur est indescriptible et la guerrière ne peut plus dire si elle est toujours consciente ou inconsciente. Elle ne voit plus rien, ne sent plus rien, n'entends plus rien. Il n'y avait que la douleur et la noiceur. Partout. Son coeur était dans une étreinte mortelle et maléfique, battant de plus en plus lentement, sa respiration presque arrêtée.

Lentement, des mots susurrées retentissaient au loin, imperceptibles au début, avant de prendre lentement en force avec la douleur. Des promesses de vengeance, de pouvoir et de force atteignaient ses oreilles par des voies éthérées, d'outre-tombe. Des promesses de paix, de repos... La noirceur s'inséraient toujours à travers son corps et Tamryn pouvait la sentir prendre le contrôle, la transformer, les promesses de pouvoir et de force se faisant sentir dans son sang et ses muscles tandis que la magie maléfique tentait de la convaincre de laisser son corps se modifier sous son emprise.

Sa tête se faisait plus lourde tandis qu'une couronne de magie noire tentait de s'y former. Ses poumons brûlaient violemment à l'intérieur d'elle, à la recherche d'une respiration et son coeur se glaçait... Les promesses étaient douces à ses oreilles et le combat si difficile... Le froid qui prenait son corps était si tentant. Il engourdissait ses sens et son esprit...

Pourquoi était-elle là? Pourquoi souffrait-elle autant? Son identité même semblait se perdre dans la noiceur...

Jusqu'à ce qu'une voix retentissent et d'autres lueurs apparaissent de nouveaux. À l'intérieur d'elle, un feu brulant brisa l'emprise engourdisssante du froid qui menaçait de la faire oublier et la faire succombre. Tamryn reconnu immédiatement les flames dorés de son esprit-ardien qui semblait étrangement irrité, à travers une certaine inquiétude pour sa protégée.

Puis, Tamryn se sentit tomber, sans force, sans tonus pour atterir lourdement au sol, sans même tenter de se protéger. Sa respiration était haletante et difficile, son corps ne tremblait que sous l'effet de la douleur toujours présente et de l'épuisement totale qui venait de la saisir. Elle sentait encore le froid à travers son corps, mais le feu ardent de Khol le gardait éloigné. Un liquide chaud s'écoulait de ses yeux, se oreilles et son nez. Le goût de cuivre dans sa gorge lui indique que cela était du sang.

Elle peina à se tourner sur le côté pour tenter de se relever, mais complètement vidée, elle ne pouvait que rester au sol à regarder les alentours. La guerrière identifia la femme qu'elle avait déjà rencontré et avait brusquement traiter, elle se rappela également la voix qui l'avait tirée du froid comme étant la sienne, des figures de lumière se tenaient près d'elle, représentant les autres, la lumière qui avait éclairé les ténèbres. Puis il y avait la Vastaya, toujours au sol, et un autre, un inconnu, elle voulait dire quelque chose, l'aider, le supporter, elle voyait en lui se qu'elle était à peine quelques instants avant.

"B... ats..." Les mots étaient rauques dans sa gorge tandis que la corruption l'assaillaient toujours, mais sans trouver prise cette fois, son esprit et son âme protéger par le dragon-esprit qui l'habitait. "Toi..."

Rester éveillée était particulièrement difficile, mais Tamryn redoutait que si elle succombait à l'inconscience, le mal prendrait le dessus.

Résumé : Tamryn est super épuisée après tout ça et est au sol à ne plus pouvoir rien faire. LA Brume a encore une certaine emprise sur elle, mais pas complète et grâce à son dragon gardien, elle continue de résister, mais à peine.