THE VAULTED ROAD ▬ Diana

Léona grimpa rapidement la pente, faisant cliquer ses armes contre son armure d’or. Son souffle était court mais régulier, le poids de la protection ne l’entravait plus réellement et elle se déplaça avec agilité sur les pourtours rocheux. Des soldats Solaris l’accompagnaient dans la traversée du Mont Targon, à la recherche d’un jeune homme qui s’était enfui avec une ennemie. La mission de La Lionne était de protéger son peuple de la duplicité des Lunaris. Elle aussi, à l’époque, avait été amoureuse avant de se faire trahir symboliquement par l’élue de son cœur. Et, forte de la douleur qui l’étreignait encore un peu, la guerrière retrouva de l’énergie pour pousser vaillamment sur ses jambes, augmentant son allure.

En face de la déesse se trouvait le couple, au bord d’un pic bordant une falaise. La lune se déplaçait dans le ciel, venant couvrir le soleil, troublant le jour pour apporter la nuit. Voulant les arrêter avec un peu trop de zèle, un archer envoya une flèche bourdonnant vers eux, fauchant l’amante du jeune garçon alors même que la protectrice tentait de l’empêcher. C’était déjà trop tard, le carreau se ficha dans la panse de sa victime en dévoilant des gerbes écarlates. Le crépuscule était désormais entièrement tombé, éloignant les rayons solaires protecteur pour dévoiler la perfide lune.

Sortant son épée, prêtre à bondir pour arrêter son protégé, Léona resta bouche bée devant la scène qui se déroulait devant elle. Un chemin se dessinait sous les pieds du fuyard à la manière d’une aurore boréale, filant vers les cieux pour se perdre dans les constellations nocturnes. Légèrement surprise et défaite, la reine s’apprêtait à rebrousser chemin lorsqu’elle vit Diana, perchée en hauteur. Son regard, méfiant, laissa bien vite place à une appréhension. Devaient-elles se battre ? Ici ? À l’oraison même du Mont Targon ?

Sans le jour, la manifestation du Soleil était moins forte, moins puissante. Mais le constat d’un déséquilibre ne suffisait pas à convaincre la rouquine de faire machine arrière. Si elles devaient s’affronter, peu importait si la joute était en sa défaveur. Léona devait lui montrer la force de la lumière à tout prix, quand bien même devait-elle percer les ténèbres avec ses lances incandescentes.

Ses pupilles se mirent doucement à briller, d’abord avec douceur puis avec agressivité. La main gauche de la paladine se resserra sur la poigne de son bouclier, les muscles sous tension. Il lui suffirait d’une seconde pour se mettre à couvert et se protéger des attaques de sa Némésis. Sa lame de zénith vibrait doucement, illuminant ses contours par des éclairs mordorés. De la fumée sortait de la bouche de la gardienne, la chaleur semblait se tordre autour d’elle pour accompagner la colère sourde qui grondait, menaçant d’exploser comme le tonnerre pendant un orage.

De tous les sentiments que pouvaient éprouver la trentenaire, c’est bien la haine qui prit le dessus en premier lieu, bien avant l’amour ou l’empathie. Ce n’était pas tant contre la Lunari qu'elle était dirigée. Cela venait de l'impression d'avoir d’avoir échoué, d’avoir manqué l’occasion de lui montrer le droit chemin.

─ Diana, siffla La Lionne en se mordant les lèvres. Tendant le bras droit, la femme de l’aurore pointa celle du crépuscule de la pointe de son glaive. Pourquoi es-tu là ?

Depuis leur départ en bas du pic, tu les avais suivi. Veilleuse protectrice de ces âmes qui se retrouvaient, éveillant en toi une souffrante mélancolie, appelant pour toi de lointains souvenirs que tu pensais taris. — Ils ne le seraient jamais, jamais assez, jamais trop loin, et même si ton devoir était le plus important, cette petite fille curieuse de tout, découvrant des premiers émois ne disparaitrait pas, elle s’effaçait juste pour laisser sa place au mépris lunaire que tu étais devenu. —  La scène était magique, alors que la nuit et le jour se rencontraient dans les cieux, les amants se retrouvaient et quelques instants durant tu cru à un nouvel espoir pour Targon, le renouveau dans les nouvelles âmes, dans les générations qui franchiraient un fossé que vous n’aviez réussi à franchir.

La flèche du Solari brisa à la fois tes rêves et leur moment, et c’est la main sur ton arak que tu t’apprêtas à agir, un tel crime ne resterait pas impuni, et tant pis si une nouvelle fois ta route croiserait celle d’une aurore radieuse au terme d’un combat. Le moment s’arrête néanmoins, et suspendue au mouvement du jeune traitre Solari — les seuls qui au fond trouvaient grâce à tes yeux — tu le regarda s’avancer en ayant foi en lui, en leur amour, portant sa dulcinée sur le chemin qui n’apparaissait aujourd’hui que pour eux. Un chemin que jadis toi même avais suivi.  

Autour de toi, le bouclier lunaire brillait dans ces nuances argentées qui te caractérisaient depuis que la lune t’avait choisi, et tandis que les amoureux devenaient de nouvelles constellations, tu laissas tes yeux se perdre sur les alentours. Elle était toujours la, incarnation d’un soleil, rayonnant d’une colère que tu reconnaissais malgré ces mètres - et ces années - de distance entre vous. Elle était la, et tu pouvais la voir sur ses gardes, la main sur son épée, les pupilles brillant d’une agressivité qui semblait être la marque de chacune de vos rencontres. Elle était la oui, prête à se défendre d’une des attaques, et toi quelques instants durant tu la fixas de ton regard bleu nuit hanté par la connaissance.

La nuit vous entourait désormais, et elle t’était préférable, néanmoins alors qu’elle même te haranguait d’un sifflement acrimonieux, tu baissa ton arak, signifiant ton envie de ne pas causer un combat inutile de plus. L’homme qui l’accompagnait, l’assassin, n’était pas oublié, mais si tu ne le voyais plus dans les environs proches, tu osais espérer qu’il ne soit pas un problème maintenant.   — Leona. Son nom n’avait plus entre tes lèvres la saveur qu’il put avoir autrefois. Je ne faisais que m’assurer que toi et les tiens ne causeraient guère plus de victimes que d’usuelle. L’amertume toujours présente dans tes propos, tu montra les cieux d’un mouvement de tête, avant de fixer à nouveau la femme solaire qui te faisait face. Tu avais l’avantage, sur un flanc de colline surélevé par rapport à elle, tu pouvais fuir ou attaquer, même si une voix en toi t’empêchait de faire l’un ou l’autre. Es-tu contente de toi ? Les choses finissent bien, pour eux, mais tu sais comme moi que cette flèche aurait pu causer bien plus de dégats. Acerbe, ton ton ne pouvait être autrement, malgré les fragrances de mélancolie et de tristesse qui s’y trouvaient aussi.

Le son de sa voix troubla Léona par son austérité, par la neutralité avec laquelle Diana interpelait son ancienne compagne. La Lunari ne semblait pas agressive mais son ton était acerbe, tranchant, comme la lame qui brillait dans ses mains. Lorsqu’elle évoqua l’archer, La Lionne se mordit les lèvres de frustration. Elle avait essayé de l’en empêcher mais était arrivée trop tard. Plutôt que d’admettre sa défaite et l’erreur de son soldat, la guerrière préféra se draper dans une cape de fierté, quitte à s’enfoncer dans une situation déplaisante.

─ On ne sait jamais ce qu’on peut attendre des gens comme vous. Il sera réprimandé pour son acte mais assurément pas puni, c’était une faute provoquée par les vôtres, par la duplicité que l’on vous connait trop bien.

En parlant, la reine s’avança doucement, marchant en direction de son interlocutrice en prenant bien soin de ne pas se montrer trop menaçante. Si elles devaient combattre, la Manifestation du Soleil devait trouver un moyen de renverser la vapeur. En hauteur et sans l’aide du jour, l’Aurore était vulnérable aux traitrises lunaires.

─ Un jour, souffla-t-elle, un jour tu te rendras compte de l’idiotie que tu as commises en nous quittant. Nous t’avions tout donnée mais ça ne te suffisait pas, rien ne te suffisait jamais. Même pas moi.

Elle coupa sa phrase dans un silence honteux, troublée par le sens de ses mots. La défaite que représentait la femme à la peau diaphane était doublement sa faute. D’abord, elle n’avait pas réussi à lui inculquer correctement sa religion, à lui montrer ses bienfaits. Ensuite, sa personne même n’avait pas été suffisante pour la retenir, pour contenter sa curiosité. C’était sûrement ce dernier constat qui la peinait le plus. Léona ne suffisait pas à Diana. Et cela lui faisait mal, infiniment.

─ Que faisons nous ? S’exclama-t-elle en écartant les bras, dévoilant son torse amuré. C’est l’occasion parfaite pour finir ton œuvre. Tu as hésité la dernière fois, tu n’étais pas assez forte pour me condamner. L’es-tu désormais ? Es-tu venue mettre un terme à notre histoire ?

Elle pivota sur elle-même pour lui montrer le paysage. La lune renvoyait des éclats presque bleutés sur l’équipement de la paladine. Ses pupilles brillaient de mille feux, comme pour faire concurrence à la nuit qui la menaçait. Un phare dans une mer de ténèbres, pensa-t-elle. Peut-être verra-t-elle ma lumière ?

─ Je suis dans ton domaine au moment où tu es la plus forte. Je suis seule devant le crépuscule mais je ne faillirais pas. Quand bien même tu souhaiterais m’abattre, je te démontrerais la puissance du Soleil et de sa vérité. Tu ne me fais pas peur, Diana. Le prénom autrefois adoré avait été maintenant prononcé avec une pointe de colère.

Plus que jamais tu étais épuisée de ces combats incessants entre les lunaris et vous, plus que jamais tu étais épuisée de ces morts que les Solaris causaient et de ce qu’ils apportaient comme méfaits sur cette terre magique que tu avais juré de protéger. Et que tu tentais de protéger des menaces extérieures - le sang d’un chasseur avait orné ta lame pendant quelques heures durant - ou des menaces que les fanatiques d’un Soleil Ultime pouvaient apporter. Un soleil d’ailleurs dont l’incarnation se dressait face à toi dans son armure brillante, étincelant malgré les rayons de la lune. Magnifique, comme à l’accoutumée, mais aussi cruelle et dure, comme elle l’était devenue. Qu’étaient devenues ces deux enfants que vous aviez été, timides âmes partageant un baiser qui resterait le seul souvenir d’un temps désormais révolu ? Deux femmes ameres s’affrontant sans cesse et se brisant sans répit, voila ce que vous étiez, et ce que vous seriez toujours.

— Es-tu sure de cibler les bonnes personnes en parlant de duplicité ? N’es-tu pas encore prête à reconnaitre que ce peuple que tu défends et chéri cache à tous une vérité pourtant nécessaire à entendre ?  

Elle s’approchait de toi, et pourtant tu ne quittais pas ton repère qui te donnait une vision précise sur les alentours ainsi qu’une possibilité de t’enfuir, ou d’attaquer, si le besoin s’en faisait sentir. Et pourtant, tu sentais cette conversation nécessaire, tu sentais ce moment important, comme d’autres avec elle avaient pu l’être.  Quelque part Diana, tu cherchais cette complicité que vous aviez pu avoir par le passé, mais alors qu’elle s’avançait tu ne voyais qu’une femme enchevêtrée dans une religion qui l’avait rendue folle, un symbole du fanatisme ambiant, une personne que d’autres avaient modelés pour respecter une image qui n’aurait pas du lui convenir. En un sens, Leona te faisait de la peine.

Mais la peine était peut être partagée, et ses mots te heurtèrent plus qu’ils ne le devaient. Même pas moi.  Les mots te touchaient ils par une vérité que tu préférais fuir ? Ce n’était pas qu’elle n’était pas suffisante, elle aurait pu l’être, si l’environnement n’avait pas été d’un fanatisme toxique, mais elle était déjà formatée par des Solaris assoiffés de monopole, et tu n’aurais pas pu la sauver. — En un sens Leona, tes mots étaient plus doux, presque comme si tu voulais qu’elle ne les entende pas. je ne t’ai pas suffis non plus. Et ton regard presque d’acier se plongea dans le sien comme si tu essayais de lui faire comprendre qu’elle n’était pas la seule à avoir été blessée.

Et pourtant, vous ne parleriez pas vraiment de sentiments, vous n’étiez plus ces jeunes femmes que vous aviez pu être, brillants des aspects qui vous avaient été conférées, vous étiez destinées à davantage, a un avenir plus grand, que vous passiez à vous opposer l’une à l’autre. Elle te provoquait, et quelques instants durant tu te perdit dans le regard lumineux de ses yeux, étoile guide au milieu de ténèbres qui ne t’effrayaient pas.

— Je ne veux pas t’abatre Leona. Tes mots plus fort que jamais, d’un ton ferme et déterminé, résonnèrent dans la montagne autour de vous. Je ne l’ai jamais voulu. Ce n’était pas folie qui s’emparait de toi, mais tu te raccrochais à un fil minime d’espoir, cet espoir qu’elle puisse enfin comprendre. Je ne suis pas celle qui attaque la première, j’aimerais que tu te souviennes de ça. Je ne veux pas me battre, je le fais parce que c’est une nécessité, alors que ceux de ton peuple et tu insistas bien sur le ton lui montrant que ce n’était plus le tien, que ça ne l’avait probablement jamais été ne font jamais que chercher à éradiquer ce qui est différent.

Finalement tu te laissais submerger par des émotions qui n’étaient pas la haine, mais cette incompréhension, cette mélancolie, cette tristesse aussi que la simple présence de Leona guide des rangs ennemis provoquait chez toi. — Mais tu n’as jamais cherché à voir plus loin que ce que les Solaris t’inculquaient. Et pourtant tu avais cru à une époque qu’elle était capable de te voir toi. Alors vas tu une fois de plus rendre fiers tes fanatiques, et me porter le premier coup ? Laisse parler cette colère que j’entends dans ta voix.  

Les mots de Diana s’évaporèrent comme des gouttes d’eau, évaporés par la colère bouillonnante de Léona. Elle ne savait plus comment se comporter devant son ton calme, presque protocolaire. La Lionne, à son habitude, faisait irradier ses sentiments : elle ne cachait jamais ce qu’elle ressentait bien longtemps, ne pouvant contenir le flot de ce qui la parcourait intérieurement. Contrairement à Lunari, toute en retenue. Son commentaire sur le peuple Solari dessina une moue renfrognée sur le visage de la brune solaire.

─ Tout est toujours si manichéen chez toi. Ne nous n’exterminons pas ce qui est différent, mais nous faisons attention à protéger notre mode de vie, à protéger les nôtres des dangers extérieurs. Et à raison, par ailleurs, puisque nous avons une histoire qui nous a montré à de nombreuses reprises que nous ne pouvions faire confiance à nos voisins.

La dernière pique de la demoiselle fit hérisser les cheveux de la guerrière. Que voulait-elle dire ? Que la paladine était limitée, qu’elle ne pouvait voir plus loin que les traditions qu’on lui avait inculquée ? Mais pourquoi vouloir chercher ailleurs lorsqu’on avait la vérité en face de soi ? Que pouvait-il exister de plus que la chaleur réconfortante du Soleil ?

─ Tu as toujours voulue être différente, sortir de la norme. Si tu avais été adoptée par des colombes, tu te serais voulu cygne. Nous avons été béni par des puissances qui dépassent les défauts de la mortalité, mais tu tiens toujours assidûment à te comporter comme une gamine rebelle. C’est en désolant.

La déesse s’approcha encore, faisant cliquer son armure en avançant déterminée vers sa cible. Devait-t-elle l’attaquer en premier ? Ce serait lui donner raison, elle n’avait pas spécialement envie de la combattre. Mais la voir se donner ainsi le beau rôle faisait enrager la reine de l’Aurore. Tout au fond de son cœur, la demoiselle se sentait insultée. On venait lui cracher son mépris au visage, souillant sa foi et celle de son peuple par la même occasion. Diana était ingrate.

─ Je vais peut-être te donner raison, fit-elle en continuant à marcher. Viens, je vais te faire plaisir, contenter ton désir enfantin de reporter la faute de ta vie misérable sur quelqu’un d’autre.

Les mots dépassaient évidemment la pensée de la trentenaire mais que pouvait-elle dire d’autres ? Ironiquement, c’était la gardienne qui se comportait comme une enfant, cherchant à tout prit le conflit pour se sentir exister dans le regard de son interlocutrice. Que Diane m’aime ou me déteste, qu’importe du moment qu’elle pense à moi, hurlait sa conscience.

Au moment où Léona s’apprêtait à courir pour s’enfoncer dans sa haine, brandissant son épée en direction de celle qu’elle avait adoré autrefois, un cri fit trembler la montagne, l’écho répercutant la voix de la monstrueuse créature. Une silhouette gigantesque cacha la lune avant de se déposer près d’un lac, sous le regard surpris de Léona qui, changeant de direction, lançait une dernière phrase à Diana  :

─ Tu as de la chance, l’univers a décidé de te sauver de ma fureur. Quelqu’un doit protéger le Mont Targon.

Tu n’avais pas de mal à rester plus calme qu’elle Diana, elle était la fureur du soleil, et tu étais la lune pondérée, calme malgré les asperités qui se voyaient quelques fois à la surface, pale et patiente. Tu étais devenue beaucoup Diana, depuis que la Lune t’avait fait son héraut et désormais alors que tu regardais Leona, tu ne pouvais que voir à quel point vous étiez différentes. Un rire t’échappa néanmoins, plus amer que les précedents. — Venant de quelqu’un comme toi, je ne sais même pas si je dois prendre tes mots pour une tentative d’humour. Vous ne faites pas que proteger les votres Leona, vous tuez les votres et quand vous ne le faites pas volontairement vous les laissez mourir, parce qu’ils ne vous ressemblent pas. Quand les votres ne seront qu’une dizaine, incapables de se défendre face aux réelles ténèbres nous en reparlerons. Et l’amertume au fond revenait toujours à la charge quand vous vous croisiez toutes les deux. Ce sentiment que vous n’étiez plus faite pour partager les mêmes espaces, plus faites pour vous comprendre, vous qui pourtant vous compreniez si bien à l’époque.

Un soupir quitta tes lèvres, et tu secoua la tête à ses mots. Ils ne te touchaient pas, elle était comme tu le lui avais dis, limitée dans son raisonnement, et tu étais fatiguée de vouloir lui montrer la réelle voie. Tu t’étais jurée au fond que tu ne ferais jamais comme eux, jamais tu ne forcerais tes croyances en qui que ce soit, jamais tu ne forcerais des moeurs que les autres refusaient. Alors tu la laissa quelques instants t’insulter, sans que cela ne te blesse réellement. Ce qui te touchait plus que de raison était la façon dont elle continuait à se fourvoyer, à penser qu’elle devait être unique, seule incarnation d’une lumière qui pourtant n’attendait que sa contrepartie.

La provocation vint entre tes lèvres finalement, et c’est un sourire délicat qui suivi ses mots. Elle était l’enfant de vous deux, celle qui refusait de voir plus loin que le bout de son nez, celle qui agissait comme l’enfant prodige que l’on avait toujours gatée sans lui reprocher jamais le moindre de ses torts. — Je t’attends Leona, rends ton peuple heureux et élimine moi, puis quand viendront les réelles ténèbres et que vous serez seuls, personne ne viendra plus pour vous.  Mais tes mots auraient pu avoir plus de saveur si un cri déchirant n’avait pas fait trembler la montagne.

Tes sourcils se froncerent et sans même répondre aux mots de Leona tu lui emboita le pas, nimbée dans cette lumière lunaire tandis que tu courais à sa suite dans la direction de la silouhette immense posée non loin du lac.