hoist the colours — neeko

— Notre histoire commence en des temps immémoriaux, sur une île lointaine dont le nom n’est plus connu de nos jours. Il existait trois soeurs, plus belles que le jour, plus belles que les dieux. Il existait trois soeurs et des dieux en colère mus par la jalousie.  Juchée sur un tonneau au milieu du navire qui vogue vers Ionia, tu contes une légende sous les yeux ébahis et les oreilles ouvertes d’un public qui n’y était pas spécialement favorable. Quelques goélands raillent dans les cieux, tournant en rond au dessus de l’embarcation pour la quelle tu as payé de lourdes et tintantes pieces d’or, mais tu sais qu’eux aussi t’écoutent. Tout comme le font les quatre ou cinq personnes qui te regardent avec leurs yeux de poisson frit souvent trop incultes. Et pourtant, ça ne te dérange pas de parler, quel que soit l’auditoire tu as cette capacité à raconter ce que les gens désirent, à raconter de vieilles légendes, plus ou moins interessantes pour fasciner un auditoire qui ne s’y interessait pas à la base. La jeune femme refusa les avances de l’un des transfigurés qui fou de rage abusa de son corps au milieu d’un vieux temple. Tes mots sont forts, et touchent un auditoire qui semble satisfait, qui semble fasciné. Suspendus à tes lèvres, tu continue de parler de cette vieille légende, ne s’arrêtant quelques instants que pour boire une longue gorgée de cette bière dégueulasse que l’on te sert à bord. C’est alors que la déesse dont le temple avait été souillé choisit dans un sursaut de cruauté et de bétise de la punir elle plutot que le gredin. Une pause pour que le public reste attentif, une nouvelle gorgée, et tu finis ton histoire sur une note assez sombre. Et elle demeura maudite pour l’eternité, des serpents à la place des cheveux, pétrifiant quiconque oserait la regarder, si loin de sa beauté d’avant, si loin de son charme d’antan.

Des applaudissements, la morale de l’histoire offerte sur un ton badin, et avec un sourire tu sautes du tonneau qui te servait de scène pour aller folâtrer au milieu des badauds qui font le voyage de Bilgewater vers Ionia. Quelques personnes peu reccomandables, quelques guerriers que tu supposes Noxien rejoignant leurs colonies, et d’autres sur les quels tu n’as guère envie de t’appesantir. La plèbe n’est pas nombreuse mais elle est colorée et peuplée de personnes dont les attitudes et les envies sont toutes différentes. Et toi ? Que vas tu faire à Ionia, mue par une motivation de revoir le Placidium, d’y participer à certains cours, et peut être aussi d’enfin mettre la main sur les secrets de Fea’lor. Tout vient à point à qui sait attendre, et alors que tu aperçois ta jeune apprentie non loin, tu hésites mais finalement ne te rapproches pas d’elle. Elle est bien assez grande pour se débrouiller toute seule, et toi, t’appuyant sur la rambarde, tu continues d’admirer les occupants de ce bateau, leur inventant une vie dans ton esprit.

Neeko est certaine d'une chose : elle veut quitter cet endroit. Si ce n'est pas les odeurs de monstres marins en décomposition ou celle des ivrognes qui croupissent sur le port, le sho'ma totalement éteint de Bilgewater ne t'invite pas à t'attarder davantage. C'est dire, tu n'oses plus déambuler à visage découvert.

D'un humain à l'autre, tu te frayes un chemin jusqu'au quai que l'on t'a indiqué. La vue du bateau qui te mènera jusqu'à la terre promise, Ionia, te procure un tel soulagement que tu oublies pour une seconde ton apparence de matelot éborgné.

▬ Pfiou.. Neeko enfin partie !

Réalisant ta bourde aux regards curieux qui se dressent dans ta direction, le caméléon se mue à nouveau, dans un élan de panique. Et tu gères très mal la panique. Une maladresse en cachant une autre, tu interpelles. Certains tentent de t'attraper au vol, d'autres t'insultent - pourquoi d'ailleurs ? toujours les gros mots - et au final, le vacarme auquel tu avais réussi à échapper se déroule de nouveau. Bilgewater, c'est plus jamais.

Tant bien que mal, tu réussis à semer tes ennuis. Sauf que le bateau est parti. Sans toi. Oh non, Neeko va devoir encore faire l'oiseau. Tu passes ta tête hors de la petite ruelle où tu t'étais cachée, pour être sûre que la voie est libre avant de t'envoler. C'est crédible : un goéland qui sort d'une décharge de poissons décharnés. Tu tires la langue à ces malotrus qui te cherchent encore parmi les caisses et les échoppes. Enfin.. à la façon d'un goéland.

Tu rejoins sans mal le navire en quelques battements d'ailes et tu te fonds dans la masse qui tournoient autour du mats ; tu t'amuses un peu, au lieu de chercher le moment idéal pour te poser. Il y a du monde, difficile de passer inaperçue. Mais Neeko rime avec malice. Si si, c'est vrai. Qui trouverait suspect un oiseau qui vient se reposer sur la rambarde ? Personne.

Quand passe devant toi un employé de la croisière, tu lui files dans le dos, empruntant un instant son enveloppe pour te glisser jusqu'à la cale, avec la marchandise. Au moins ici, tu seras tranquille. Tu n'attends pas d'être complètement jetée dedans pour réapparaître sous ton véritable jour. Espérons qu'aucun ne tique sur la queue multicolore qui vient de se glisser en douce sous la trappe.

La choppe de bière est assez lourde et même si leur alcool ressemble à de la pisse adoucie avec des herbes, tu la bois tout de même. C’est clairement pas le meilleur alcool que tu ais pu boire, mais quelques fois, la faim justifie les moyens, et tu n’es pas capable de continuer à passer trop longtemps sur ce bateau de manière sobre. Peut être parce que maintenant que tu as raconté une belle histoire et que tu t’es fais un peu de monnaie tu t’ennuie, ou peut être parce que tu ne trouves clairement rien d’interessant à faire par ici. La traversée est encore longue, et tu pousses un soupir en continuant à regarder les gens, dans cette optique de peut être en tirer de bonnes histoires ? Ou juste peut être de te changer les idées.

Et pourtant soudain, c’est une espèce de goeland un peu étrange qui se rapproche du navire, jouant autour du mat avant de commencer à agir de manière un peu etrange. Et peut être que c’est parce que tu t’ennuie un peu que tu l’observes davantage, peut être qu’en temps normal iel serait passé inapercu, peut être que … Mais voila que le goeland devient l’un des marins, et tu fronces les sourcils, encore plus amusée par l’idée qu’il y’ait un métamorphe a bord. Cette magie est rare, et bien sur certains la pratiquent encore, se transforment en chat, en faucon, ou en tigre, mais prendre l’apparence de qui que ce soit de cette manière, ce n’est pas quelque chose que l’on croise tous les jours.

Un mouvement rapide, tu esquisses un sourire et tu finis par poser ta bière sur la rambarde avant de t’inserer a la suite du goéland, curieuse de ce qui se passe. Quelques pas, un moment d’inatention de la part des gros tas qui constituent l’équipage et tu t’inseres dans la cale toi aussi, guère genée par l’idée que tu puisses te faire prendre, tu auras toujours un mensonge sur le bout de la langue aprés tout.

— Drole de goeland Lance tu alors de manière pas vraiment hasardeuse, en regardant la jeune personne à la queue multicolore qui vient de foncer dans cet endroit chargé de marchandises. Et drôle de cachette pour un vastaya. Une façon comme une autre de lancer une conversation aprés tout ? Probablement.

La lumière passe péniblement entre les planches du pont et tu t'enfonces à tâtons dans la cale. Ouch. Tu retiens un gémissement de douleur quand ton orteil rencontre une caisse, et tu sautilles en le serrant entre tes doigts, et c'est ta queue qui bouscule quelque chose. Tu n'aimes pas frauder de la sorte, ça te tend.. et te rend plus maladroite que jamais. Tout ce qu'il faut pour être le moins discrète possible.

A califourchon sur la cargaison, tu zigzagues entre les barils et les coffres, à la recherche d'une cachette. Un vide ou plein de pains au fromage t'irait à merveille ; alors tu commences à soulever chaque couvercle, te fiant à ton odorat et au toucher. Il y a des choses dont tu préfères ne pas savoir la composition dans le lot.

▬ Oh.. !

Un doux parfum fruité attire ta tête dans l'un des fûts. Tu n'as pas mangé depuis un moment, et ce n'est pas les variétés de poisson qu'offrent Bilgewater qui te donneraient l'eau à la bouche. Ils ne verront pas qu'il en manque un ou deux. Tu t'empiffres joyeusement, sans savoir que t'as été suivie, et prise en flagrant délit de surcroît.

La voix n'est pas grave, ni même agressive, mais elle te surprend, au point que t'en perds l'équilibre et tombe de ton perchoir, le derrière en premier. Si elle ne te voit pas de manière concrète, elle peut suivre la luminescence de tes appendices, qui avec le choc, se sont dressées sur ta tête. Vite, tu dois broder quelque chose avant de te faire jeter dehors.

▬ N-Neeko vérifiait juste que marchandise bien à sa place !

Tu as toujours été curieuse Sjaël, et peut être finiras-tu par dessus bord dans les eaux inhospitalières de la baie de BIlgewater, ou plus loin dans l’Océan, mais serait-ce vraiment une mort aussi ridicule que ça n’y parait ? Probablement. Tu es sure que ton apprentie trouvera une solution pour te ramener sur le bateau ou sur la terre ferme si c’est le cas. Peut être. Ce n’est pas le sujet cependant, car dans cette cale pour l’heure il n’y’a que toi et une étrange créature dont les queues lumineuses se mettent à remuer et à briller. Un rongeur ? Un félin ? Tu n’as guère idée de ce à quoi tu as à faire, mais le sourire reste sur tes lèvres, et alors que tu sembles effrayer la créature, tu assistes à sa chute en tachant de ne pas rire. Le sourire perdure néanmoins, alors que tu arques un sourcil mi amusé et faussement contrit.

— A sa place dans son estomac je suppose ? Tu essayes bien entendu de ne pas paraitre trop critique, aprés tout ce n’est clairement pas ce que tu recherches, et si tu sens que la créature est un peu stressée, tu secoues finalement la tête. Je ne suis pas un garde, et je ne suis pas ici pour te jeter du navire, tu peux continuer ton festin. La voix est sincère, elle ne pourrait pas être autre chose, et un peu douce aussi, rassurante tu espères. Comme cette voix que tu as usé autrefois quand tu donnais des cours, comme cette voix que tu uses pour rassurer des animaux blessés.

Et si tes yeux fixent les appendices lumineux qui virevoltent devant toi, tu hausses les épaules et t’appuies contre un des murs de la cale. — Tu devrais regarder le troisieme tonneau sur le mur Est, je crois qu’il y’a des petits pains à l’interieur. Le ton reste amusé, et tu n’es pas ce genre de personne à juger, au contraire, un leger méfait de temps en temps.

— Si je peux me permettre, qu’es tu ? Juste une curiosité. Naturelle peut être. Incorrigible aussi.

Tu marques un léger silence, qui te paraît trop long au bout d'à peine deux secondes. Très gênant. Visiblement, le second degré et toi ne font pas la pair, et tu agites ton regard de gauche à droite, nerveuse. Tu ne sais plus où te mettre.

▬ Oh ! Ouf.. Neeko a eu peur ! Hahaha !

Un petit rire t'échappe alors que l'atmosphère se détend aussitôt, et tu reprends ton goûter l'esprit tranquille, comme si de rien n'était. Tes mains débordent de fruits, au point qu'ils ne pourront pas tous loger dans tes joues à la fois. Tu en oublierais presque cette présence à tes côtés, plongée dans ton activité illicite. Mais ça, c'est jusqu'à ce qu'elle prononce les mots magiques. Tu te dresses, en alerte, et frétillant telle l'enfant que tu es. Tu es peut être à deux doigts de lui sauter dans les bras. Vraiment à deux doigts.

▬ Haan ! Des pains aux fromages ! Neeko en rêvait !

Est-ce que ton interlocutrice vient sans le savoir de signer un contrat d'amitié pour seul motif de t'avoir révélé cette information capitale ? Oui. Et déjà l'une des meilleures à ne point en douter.

Avec l'excitation, t'es pas très futée, et tu confonds l'est et l'ouest. Rien de bien grave, cette nouvelle connaissance te guide patiemment jusqu'à ton but, et les dieux savent qu'elle en aura besoin dès à présent, de patience. Tu exultes en ouvrant le tonneau, comme si tu venais de déterrer un trésor millénaire. Ce sont juste des pains. Bien dorés et garnis, mais des pains - il en faut peu.

Tu as toujours eu une nature généreuse, surtout quand il s'agit de partager un pique-nique. C'est pourquoi tu t'approches, sans même une once de méfiance. Tu apparais dans une lueur, tes grands yeux accompagnant tes mains tendues, avec en leur creux ce modeste casse-croûte.

▬ Bon appétit, gentille voyageuse !

Tu mords à pleines dents le tiens, et ton visage fond dans la gourmandise. Sans que tu te rendes compte, tu t'illumines à nouveau, et de joie. Aaaah.. c'est trop bon. Neeko ne s'en lassera jamais.

▬ Je suis Oovi-Kat ! C'est.. une tribu très ancienne de Vastayas. Tu veux que Neeko te raconte son histoire ?!

Si tu aimes manger, tu aimes encore plus manger avec quelqu'un d'autre, et encore plus manger en contant tes origines, dont tu es si fière. Ils sont rares les gens à s'intéresser à votre race, sinon pour les mépriser, ce qui explique que tu la fixes avec une insistance à laquelle il sera difficile de résister.

Ce voyage s'annonce palpitant, tout compte fait.

Neeko. La créature se nomme Neeko, et si tu as décidé que c’était une vastaya, tu sais néanmoins qu’elle est particulièrement étrange, spéciale ? Oui, probablement. Alors finalement c’est ce qui te pousse à t’amuser de la situation, et même a plaisanter avec elle, à lui indiquer la source de quelques pains dans un tonneau, et à … t’émerveiller de son enchantement. Quelques instants tu te demandes si elle est une enfant, mais tu te souviens alors que les vastayas, ont une vie longue et spéciale, et que les âges sont bien différents chez eux comme chez les mages comme toi. Qu’importe tout cela, tu la regardes avec cet air amusé alors qu’elle se rue d’abord sur les tonneaux du mauvais coté, puis sur les autres, trouvant enfin le graal qu’elle convoitait tant.

Curiosité naturelle, interêt pour la nouveauté tu ne bouges pas de la où tu es installée, et alors qu’elle te tend un petit pain que tu observes quelques instants, tu lui offres finalement un nouveau sourire. — Merci Neeko ! Bon appétit à toi aussi. Contrairement à elle tu prends ton temps avant de picorer dans ton dû, jouant avec quelques fruits secs qui se trouvent à la surface, tandis que tes yeux reviennent finalement de plus en plus sur la dénommée Neeko, cette créature étrange un peu, et passionnante à la fois.

— Tu peux m’appeler Sjaël. Une présentation offerte parce que tu trouves ça plus poli et que quelques fois tu essayes de te conformer a des normes aux quelles pourtant parfois tu n’adhère pas. Ça n’a que peu d’importance en réalité, et si la jeune créature semble vraiment dans une extase totale avec ses petits pains, tu ne peux que sourire, arquant un sourcil interessé au vu de la réponse qu’elle vient de t’offrir.

— Une Oovi-Kat ? Vraiment ? Cette fois tu sautes sur un des tonneaux pour t’y asseoir, et le regard que tu lui offres est chargé d’intérêt et de curiosité. J’ai entendu le nom de ta tribu sans jamais en savoir davantage, je serais ravie que Neeko m’en raconte davantage sur ses origines oui. Et cette fois tu croques dans le pain en la regardant, attendant un récit dont pour une fois tu seras le public.

Sjaël. Tu te le répètes pour le marquer dans ta mémoire. Il est joli ce nom mais.. comment ça s'écrit au juste ? Neeko c'est simple : deux syllabes qui rebondissent. Niiiii.. KO. Et si tu divagues un instant sur cette confusion dont seul ton esprit très actif est capable, la curiosité de ton interlocutrice te ramène au sujet principal. En fait, le simple fait de mentionner les Oovi-Kat anime une flamme en toi que tu ne peux contrôler. Comme beaucoup d'autres choses.

▬ Chi tu connais le nom de ma tribu.. alors tu chais que Neeko est vastaya !

Tu ne finis pas ta bouche que tu t'attaques déjà à préparer ton long monologue. D'un tonneau à l'autre, tu vas piocher des fruits, des baies, et plein de variétés différentes - et délicieuses, qui seront tes instruments dans ton explication. Et tu les places sur le parquet instable du bateau qui tanguent au désir des vagues, en plusieurs tas.

▬ Tout ça, c'est vastayas. Gens oiseaux, poissons, chats.. il y en a de toutes les formes !

Tu écartes certains fruits, plus colorés et plus juteux que le reste de l'inventaire. Ils donnent envie et brillent au contact des rayons du soleil pourtant furtifs.

▬ Et là, c'est tribus plus anciennes. Proches de Vastayasha'rei, les premiers vastayas. Les Oovi-Kat sont ici !

Tu lèves la tête en direction de la femme, parce que tu veux être sûre qu'elle suit. Tu réunis un amas de tomates cerises pour constituer ta défunte famille. Un grimace qui annonce la suite de ton récit et avale ton enthousiasme.

▬ Nous vivions seuls sur une île. Tous heureux avec la nature, les animaux et les fleurs. Mais il y a eu un accident et.. Neeko est la dernière maintenant.

Avec ton index, tu pousses l'un des fruits au sommet de la pile, qui dégringole en éparpillant ses semblables. Et ces pensées de ta vie lointaine te ramènent à cette solitude que tu ressens depuis lors, que pourtant tu t'efforces à surmonter. Tu te replies un peu sur toi-même, les genoux contre ta poitrine alors que ta queue vient s'enrouler doucement autour de toi, pour te réconforter.

▬ Ma tribu me manque..

Tu enfouies ta tête au creux de tes bras, tout à coup morose, avant de ramener ton regard vers ta nouvelle amie. Elle aussi semble seule, tu en as le pressentiment. D'une petite voix, curieuse, tu lui demandes.

▬ Et Sjaël.. elle a une tribu ?

Si toi tu prends ton temps pour te repaitre de ce pain aux fruits qui te semble néanmoins appétissant, ce n’est pas le cas pour la jeune vastaya qui déjà prépare un immense festin sur le sol de la soute. Devrais-tu l’en empêcher ? Non. Tu te contenteras de verifier que personne ne pénètre dans ce qui sera votre antre le temps d’une longue histoire ou du moins tu l’espères. Tes yeux couleur de glace ne quittent néanmoins pas la petite silhouette à la queue de caméléon alors que tu hoches la tête. Comment douter qu’elle soit une vastaya aprés tout? Avec ses traits si caractéristiques. Mais tu es une bonne élève Sjaël, et tes yeux se plissent alors que tu remarque que les fruits ne sont pas forcément la pour être mangés, mais plutôt pour agrémenter ce qu’elle te raconte. Un peu comme tu peux le faire toi avec tes runes lumineuses, une autre histoire assurément. Peut être lui montreras tu plus tard.

L’histoire est agréable au début, et puis quand les tomates cerises s’écroulent tu pousses un soupir triste, en secouant la tête de compassion. Quelques pas te suffisent pour te rapprocher de Neeko, t’agenouillant en face d’elle, sans oser la toucher pour la réconforter. — La vie n’a pas été tendre avec Neeko. Personne ne mérite de se retrouver seul aprés tout. Les Oovi Kat semblaient être une tribu fascinante. et tu voudrais savoir ce qu’il s’est passé mais certaines questions ne semblent pas judicieuses. Pas sur le moment. Alors tu attends quelques instants, et cette fois, la question de la jeune caméléon morose te surprend.

Alors tu t’appuies sur une caisse derrière toi, et tu perds ton regard dans le vide. — Peut être, plus ou moins. Quelques instants se passent où tu hésites entre verité et mensonge, ta capacité à broder autour d’une vie qui est la tienne pour fuir des questions malaisantes toujours si prompte à réagir. — J’ai quitté ma famille il y’a longtemps pour parcourir le monde. ou peut être que ta famille t’a quittée, c’est une autre histoire. Et avec le temps j’ai eu de multiples tribu, de multiples amis, une apprentie même. Tes mots se font plus doux durant quelques instants. Au fond, la tribu n’est elle pas celle que l’on se crée ? Neeko s’est elle fait des amis dans ses périples ?