MISSIONS : INCURSION DE BRUME : IONIA

La rétorque de Sjaël eut le mérite de lui avoir écorché un sourire sur son visage. Il aimerait en autre aussi convaincu, mais il ne peut pas s’empêcher de penser que fuir est une honte. C’est ainsi. Trop de fierté, sans doute.

Le groupe avait avancé encore et finalement, une fois arrivée, l’ambiance fût à nouveau plombée par un profond sentiment de malaise. Un dernier bâillement lui avait décroché la mâchoire, tandis que l’appréhension s’était emparée du couple. Muramasa était encore un peu somnolent, mais l’agitation de son démon l’en sortit. Le commentaire de Rakan aussi. La réaction de Xayah. La tête penchée de Nuawa dangereusement penchée au-dessus de la surface de l’eau. Diverses réactions qui l’avaient poussé à rester attentif.
Sa main s’était posée sur le pommeau de son sabre et ses doigts resserraient par réflexe celui-ci, ainsi prêt à le dégainer en cas de besoin. Son agacement s’était adouci. Grâce à sa nuit de sommeil, mais aussi grâce aux paroles rassurantes de la conteuse. Il ignore sa présence dans un premier temps et se rapproche du bord pour mieux poser ses yeux sur la surface de l’eau.

« Pas sans un peu d’aide, en tout cas. Je doute que celui à qui je pense soit dans le coin. » Une esquisse en coin, triste, s’affiche brièvement avant de disparaître. Le sérieux était de mise. Muramasa avait répondu aux commentaires de Rakan, mais la suite ne semblait pas être raisonnable et laissait comprendre une idée insensée derrière la tête : « Qu’allez-vous leur expliquer ? Qui nous dit que cette chose restera à nous attendre sagement ici. Elle sera peut-être ailleurs demain, ou partout à la fois. On n’en sait rien du tout, ce qui risque de donner un rapport bien maigre ou rapporter des choses qui se savent déjà. »

Ce n’était pas tant sa fierté, mais son sens du devoir qui était en train d’être tordu. Le second de Sett se refusait d’opérer un demi-tour maintenant, si proche du but. Si proche d’avoir ses réponses. Il mordait peut-être à un hameçon tendu, mais il ne compte pas pour autant se laisser abattre aussi facilement.

Tu sais. dit-il en s’adressant à son démon à travers son esprit, reprenant : Si j’ai accepté ton marché, c’était pour ne plus avoir à fuir. Pour devenir plus fort et pour faire face aux obstacles, afin de protéger mon peuple. J’ai peut-être échoué ce jour-là, mais je n’ai pas oublié ce qui m’a fait dire oui. Eh puis, je m’ennuierais sans toi. Alors ne t’en fais pas, quoi que soit cette chose, je ne la laisserais pas te faire du mal. Muramasa s’allume une cigarette. Ça faisait longtemps après tout. Il tente de rassurer son démon et ses esprits.
« C’est toujours les mêmes qui bossent, visiblement… » lance-t-il un peu plus taquin, le sourire aux lèvres plus large. Assez pour entrevoir ses canines. Il désigne du regard Nuawa sans l’interpeller pour ne pas briser sa concentration.

Soudain, un *plouf* retenti.
Muramasa avait jeté sa veste à la va-vite sur la rive et venait de plonger la tête la première. Une fois de plus, dans la gueule du loup. Il avait pris deux-trois bouffées de courage sur sa cigarette, avant de l’abandonner elle-aussi sur le bord, à côté de sa veste.

• HRP Muramasa rassure son démon, se décide à mouiller le maillot et plonge à la source du problème. Littéralement. #inchallah.

Des mots sincères sont prononcés au plus profond de son âme, tentant de tendre la main à celui qui lui tient compagnie depuis des années maintenant, mais rien à faire. Il est terriblement têtu et obstiné. Comme lui, malheureusement. Impossible d’avancer, mais si la parole ne suffit pas, alors il lui prouvera par les actes. À quoi bon perdre son temps à discuter pour aucune réponse en finalité ? À quoi bon tenter de négocier, avec des sourds ? Cet élan de folie, le ciel peut remercier son agacement en crescendo et son impatience. Sa bonne conscience, celle qui s’efforce de garder le cap même en eau trouble, n’apprécie pas ce plongeon. Il ne le réalise que bien trop tard, lorsqu’il entend sous la surface Nuawa l’avertir de la présence de trois requinaux corrompus.

Honnêtement ; En quoi est-ce surprenant ?
Il fallait s’y attendre, à ce que cette “source” soit gardée par quelque chose.

Le guerrier remercie néanmoins leur venue, car cela signifie qu’il y a bien quelque chose à garder là-dessous, pour que de tels êtres attaquent l’intru qu’il est. Il s’efforce de garder la tête froide pour deux, puisque son démon ne semble pas disposer à en faire de même. Néanmoins, ce vent de panique qui souffle sur son âme ne le laisse pas indifférent.
Il attise les braises de sa propre angoisse. Muramasa s’efforce de garder pied, quitte à ce qu’une horrible sensation de nausée le prenne aux tripes en ayant l’intuition d’avoir fait le mauvais choix. Son regard se fixe sur les crocs aiguisés des créatures, à tel point que les appels de Rakan et de Xayah ne sont qu’un bruit sourd en fond. Son unique corne remonte à la surface, signe qu’il a reculé des profondeurs et il profite de ce retour à l’air plus ou moins frais pour reprendre une bonne bouffée d’oxygène.

Elle n’est pas aussi agréable qu’il ne l’aurait cru. Ses yeux lui permettent de voir que ses compagnons d’infortunes se démènent pour le sortir de l’eau maudite. Cela le fait sourire. Voir rire, puisqu’un rictus nerveux s’échappe. Est-ce qu’il a seulement envie de sortir ? Cependant, il y a une pointe de gêne sur son visage. Il les met en danger, n’est-ce pas ? Eux-aussi, abruti. souffle son démon, louant le raisonnement censé de cette petite troupe, tout en ajoutant une pression supplémentaire dans l’esprit de son hôte.

Cela dure, jusqu’à ce que la propre patience de Muramasa soit atteinte. Cette fois-ci, il ne prononce pas un mot. C’est une colère silencieuse, alors qu’il échange un regard avec les requinaux qui l’entourent, comme s’il les défiait de venir. Le lieutenant de Sett n’a pas des méthodes aussi douces que Nuawa, en termes de négociation. L’eau rendait ses mouvements plus lourds, moins fluides, plus pénibles, mais ce n’est pas assez pour éteindre les flammes de sa combativité. D’autant que ceux-ci sont assaillis par les assauts de Rakan, par les plumes de Xayah, par les lames de vent de Sjaël et distrait par le poulpe de Nuawa, ce qui ne fait que lui donner une raison supplémentaire de croire à la réussite dans cette périlleuse et audacieuse entreprise.
On n’est pas tout seul sur ce coup-là, alors bouges toi le cul ! À moins que tu veuilles être la princesse à sauver ? Pas moi en tout cas. ordonne Muramasa à son démon. L’eau se met à bouillir tout autour de lui, signe que même celle-ci l’entoure, ses flammes se manifestent et elles forcent le passage, imposent leur chaleur, jusqu'à créer de la vapeur à la surface au contact de l'air frais. « Si je dois transformer tout ceci en vapeur et en filet de poisson pour atteindre ce que je veux, j’vais certainement pas me priver si près du but… tss ! » marmonne-t-il, ses dents pointues serrées.

Il vaut au moins voir ce qu’il y a là-dessous, ce que ces choses gardent.
Muramasa profite de l’assaut pour replonger et re-disparaître sous la surface. Cette fois-ci avec son arme en main. Il tient celle-ci entre ses dents pour libérer ses mains, qui sont occupées à le faire nager. Dès lors que l’un des requinaux s’approche, il s’arrête et s’arme immédiatement pour lui trancher les ailerons et l’éviscérer sans aucune autre forme de procès. Une idée lui vient alors ; si ces créatures sont réellement des requins, est-ce que saigner l’un d’entre eux sera un appât suffisamment appétissant pour qu’ils lui fichent la paix ? Une raison supplémentaire pour que sa lame vienne arracher les écailles de ses assaillants.

• HRP
- Muramasa va pas se laisser abattre (sans surprise) et va profiter que tout le monde protège son petit cul pour plonger et aller inspecter les profondeurs de la rivière.
- Il s'est armé et si un requinau cherche à lui entraver la route malgré toutes les rafales de ses alliées, il va pas y aller par quatre chemin et il va tenter de l'éviscérer.
- Il prépare également une colonne de feu, mais je considère qu'il a un petit temps de chargement, vu qu'il est dans l'eau. Donc pour le moment, il a surtout fait monter la température de l'eau à force de s'enflammer doucement, mais sûrement. Là, le thermostat est encore à 80° /pan.

Quelque chose avait changé dans l’air. Un sentiment d’apaisement s’installe et soulage sa conscience, jusqu’à lors harcelée par cet esprit démoniaque. Celui-ci semble reprendre du poil de la bête d’ailleurs ; à la bonne heure ! Ce n’était pas tout. La sensation d’étouffer n’est plus, cette pression sur ses épaules non plus et il n’y a plus grand-chose qui justifierait cette attitude fulminante. Il y a une accalmie dans cette montée en température, le temps que ses yeux se posent sur la statuette. La brume semble retourner dans les bras de celle-ci, immobile au fond des eaux. Muramasa n’avait aucune idée de qui elle pouvait représenter, car il a beau être plus vieux qu’il en a l’air, il reste trop jeune pour connaître toutes les histoires qui ont forgé celle de ce monde.

Tout ce qu’il observe pour le moment, c’est le lien entre cette statuette à l’effigie d’une reine visiblement, à en juger par son accoutrement et surtout cette couronne sur sa tête, les requinaux attaquant et la brume réduite qu’ils laissaient dans leur sillage. L’envie de la saisir pour la remonter à la surface est grande, mais ne serait-ce pas plus prudent de la détruire, s’il s’agit en effet de la source du problème ?
La question mérite un temps de réflexion. Un temps que le demi-démon prend pour mémoriser l’objet tout en réfléchissant sur son sort, alors que son corps est à l’arrêt au fond de ces eaux et qu’il est tout proche. Quelques brassés se font pour empêcher la poussée d’Archimède de faire effet et de temps-en-temps, il regarde ce qui se passe à côté de lui. La dernière créature corrompue est toujours prisonnière des tentacules du poulpe invoqué par Nuawa. Il fige du regard celle-ci, comme s’il avait l’intuition qu’avant de détruire cette statue, il y avait encore une « clé » à obtenir pour. À moins que celui-ci chercherait à venir de lui-même en sentant sa source menacée, comme l’avait fait le précédent éventré…

Une pression sur son bras le sort de sa réflexion et l’étonnement de voir Xayah n’est pas caché. Non seulement l’un de ses compagnons, le voyant tarder à ressortir, est venu le chercher. Mais en plus, il s’agissait de la vastaya dont l’animosité envers les humains n’était plus à prouver.

S’il était dans un premier temps interloqué, cela n’avait fait que le presser à prendre une décision. Rakan allait très certainement lui en vouloir, s’il ramenait sa dulciné immolée, mais s’il s’assure qu’elle soit dans son maigre périmètre, dans l’œil du cyclone, pour être hors du champs d’attaque, tout devrait bien se passer. De la pointe de son katana, Muramasa désigne la statuette, puis trace une direction. Celle-ci s’arrête vers le dernier requinau. Il cale le tsuka de son katana entre ses dents pointues, puis saisi son autre arme. Celle-là même qu’il avait utilisé pour immoler les cadavres des éclaireurs. Ses yeux semblent bruler, au sens propre, comme si l’essence démoniaque le dévorait et le pressait de terminer, avant que ce feu magique ne s’éteigne sous la quantité d’eau. Avec ces quelques indices, il était très facile pour Xayah de comprendre ce qu’il comptait faire. Ce qu’il savait le mieux faire : détruire.

Muramasa inverse la prise. Ce bras qu’avait saisi Xayah pour l’inviter à remonter se retourne et c’est la main du demi-démon qui attrapa celui de la vastaya. Ou peut-être celle du démon, puisque sa peau était couleur charbon et sa poigne agressive. Difficile à dire, avec si peu de luminosité dans les profondeurs. Il l’attira à lui sans plus de cérémonie. Le doute était permis ; voulait-il la tuer ? Avait-il joué la comédie jusqu’ici ? Ne valait-il pas mieux que ces créatures qui les avait attaqués ? Ou que ces humains qu’elle détestait tant…

Des questions qui n’auront pas de réponse dans l’immédiat, puisqu’une seule seconde s’est écoulée entre le moment où il l’a rapproché de lui et celui où il a planté cette large lame noire sur la statuette, dans l’espoir de la briser. Cette fois-ci, il y avait bien moins de finesse. Les flammes, qu’il cumulait jusqu’à maintenant, finissent par exploser, s’élever jusqu’à la surface, en ressortir, puis vers les cieux. Il semblait y avoir un visage dans ses flammes, qui se dessine. Un visage malfaisant, souriant. Difficile à dire s’il s’agissait de la volonté du démon ou de celle du l’humain qui poussait un râle rempli de colère et de haine, ou bien si cela n’était que l’explosion de cette volonté.

Une chose est sûre, c’est que ces flammes forcent sur l’eau pour la repousser si elle résiste ou pour l’évaporer dans le cas contraire Au centre de cette tornade, le guerrier tenait la vastaya dans l’œil pour ne pas qu’elle s’en écarte et finisse, elle-aussi, balayée par l’incendie explosif tout en forçant sur son arme pour détruire cet objet maléfique. Comme un éclat de lucidité humain, alors que sa part démoniaque prend le dessus et le dévore.  

• HRP Étant donné qu'ils sont sur la même longueur d'onde maintenant, Muramasa se laisse dévorer par la force de celui-ci et fait tout péter en colonne de feu, comme il comptait le faire au poste précédent. Il tient néanmoins Xayah pour qu'elle soit à l'abri, au plus près de l'œil du cyclone (lui quoi) et il cherche à tout détruire. La rivière, le requinau qui reste, la statuette, l'état sec de Rakan /pan ; Bref, purification par le FEU et il donne tout ce qu'il a !

Un “merde” s’enferme dans une bulle d’air et remonte à la surface sans pousser le moindre son. À quoi bon ? Le fracas que Muramasa vient de provoquer suffit à comprendre ce qui se passait sous la surface de l’eau. Comme si tout le poids d’une véritable colonne venait de lui retomber dessus, il s’enfonce et perd de vue la vastaya qui était venue la chercher, projeter dans l’autre sens. Ses yeux ardents, la faute à leur couleur et à sa magie, jettent un regard plein de haine à cette statuette. Il grogne, mais n’aura pas le plaisir de jurer, de râler, de pester contre cette fichue bonne femme de pierre, puisque l’air lui manque.
L’instinct de survie lui disait de n’offrir aucune entrée à toute cette eau qui l’entoure. Il plaque une main, retient toute ouverture, mais ses poumons lui donnaient la désagréable sensation d’imploser de l’intérieur. Il tapait à la porte, réclamait leur dû, alertait ses mécanismes de défense et ordonnait à son cerveau de l’air. De l’air, de l’air, de l’air que diable ! Deux ordres contradictoires impossibles à traiter en simultané. L’attente, le goût d’inachevé, la baisse de puissance également après une telle énergie relâchée.

Finalement, ses yeux remplis de haine commençaient à se fermer. Ils continuaient de dévisager cette statuette et cette main, tendue comme s’acharnant par désespoir, finit par se baisser. Au bout du compte, elle lui a peut-être ce qu’il méritait à mettre ses compagnons en danger, à les blesser même, cette reine immergée.

Et toutes ces belles promesses, abruti…
Muramasa ne répond rien. Il s’endort et finalement, à l’instant où il s’en allait, une ombre floue vient. Ça ne pouvait pas être Xayah car, sans vouloir se vanter d'un accident aussi tragique, ses assauts laissent des marques brûlantes.

Il aura tout le loisir de constater qu’il s’agissait de Sjaël une fois à la surface, puisque celle-ci le tire vers le haut et sa tête cornue émerge à temps. Il tousse grossièrement à plusieurs reprises pour expulser l’eau, qui s’était infiltré dans ses poumons à force et une fois ses esprits, ainsi que sa respiration surtout, retrouvé, Muramasa rétorque : ”Merci…” L’idée de faire une plaisanterie lui traverse l’esprit, mais à ce même instant, ses yeux se posent sur Xayah et une grimace déforme ses traits jusqu’à lors très calmes, voir inexpressifs. ”Mais je suis pas certain que… *kof kof* Ça emballe beaucoup de monde, que mes flammes vous sèchent, après ce qui vient de se passer.”
Il faut être réaliste ; Dans l’état où sont Xayah et Rakan, il y a déjà deux Vastayas sur trois qui ne vont pas apprécier le prochain feu de camp. Muramasa se hisse hors de l’eau, puis tant sa main à Sjaël pour l’aider à sortir à son tour. Il lui doit bien ça, même si c’est une maigre compensation. ”Et maintenant ?”

Une bonne question.
Même s’il y avait eu quelques beaux accidents de parcours, plus ou moins brulants, ils ont bien plus qu’une simple localisation et quelques suspicions à ramener. Ils ont une preuve et potentiellement un sombre histoire à raconter pour la conteuse du groupe, afin d’expliquer ce qu’elle a à sa ceinture.