First encounter [feat. Nuawa]

Cette journée aurait pu être une journée comme les autres. Une journée tranquille où elle bricole dans le havre entre la lumière verte des lucioles et les rayons du soleil qui filtrent à travers les branches du grand arbre. Ses lunettes de protection sur les yeux, des outils tout autour d'elle ; son esprit est complètement absorbé par cette paire de rollers qu'elle cherche encore et toujours à améliorer. Récemment, elle a songé à augmenter la puissance des propulseurs. Le problème reste la stabilité ; après plusieurs tentatives infructueuses, elle réalise qu'il lui manque une pièce essentielle pour continuer son ouvrage.

Emmenant Sirius avec elle, c'est d'un pas léger et la tête ailleurs qu'elle se dirige vers les quartiers commerciaux de Zaun dans l'optique de trouver un revendeur de pièces détachées pour y acheter un stabilisateur pour ses propulseurs de rollers.

« Si t'es sage, on achètera des morceaux de requineau séché ! »

Déclare-t-elle à l'adresse de son compagnon à qui elle offre une caresse sur la tête. Ce dernier lui rend un grognement affectueux et se presse contre sa main tout en marchant pour en réclamer davantage, ce qui ne manque pas de tirer un sourire à la blonde qui accepte volontiers sa requête.

Bientôt, leurs pas les mènent au cœur de la cité verte où le bruit et la foule se pressent dans les allées, entre les échoppes et les bars adultes, avec la lumière des néons qui danse sous les yeux curieux de la jeune femme qui cherche sa pièce manquante parmi les étals. Ses pupilles sont vives ; elle sait exactement à quoi ressemble ce qu'elle est venue acheter. Mais la vie est ainsi faite que l'on ne trouve pas toujours ce que l'on veut. Parfois, on ne trouve rien du tout. Parfois, on trouve tout autre chose. Au carrefour des destins, l'univers s'aligne de façon bien mystérieuse...

Et alors que cette journée qui aurait pu être comme les autres étire ses heures dans la cité de Zaun, le regard d'Andromeda se pose sur celui d'une jeune femme bien singulière dont l'aura l'attire immédiatement. Andromeda voit bien qu'elle n'est pas d'ici ; cela renforce sa curiosité alors qu'elle s'approche tranquillement, laissant une distance raisonnable entre elle et l'inconnue. Ce qui n'est pas le cas de Sirius qui s'élance dans sa direction et qui se stoppe net devant elle, une patte levée et marquant l'arrêt alors qu'il regarde avec grand intérêt quelque chose qu'elle ne peut pas encore voir.

La blonde se presse entre les passants pour rejoindre son compagnon qu'elle attrape gentiment par le collier pour le tirer vers l'arrière et laisser de l'espace à la jeune femme qui semble tout droit venue d'une autre galaxie.

« Désolée si il vous a fait peur, il n'est vraiment pas méchant ! »

Elle lui offre un sourire sincère alors que son regard se retient de détailler l'inconnue de la tête aux pieds. C'est difficile pour elle de tenir tranquille sa curiosité, tout comme c'est parfois difficile de tenir tranquille celle de son chien qui renifle aux pieds de son interlocutrice avec un air intrigué.

Alors que leurs regards son profondément ancrés l'un dans l'autre, le temps de la découverte, le temps de la connexion, Andromeda sent quelque chose d'incroyable lui parcourir les veines. C'est quelque chose de beau, bien différent de ce qu'elle a toujours connu à Zaun. Et cette beauté singulière lui met du baume au cœur sans qu'elle ne puisse s'expliquer pourquoi. Sirius a relevé la tête après avoir cherché toutes les odeurs qui lui étaient inconnues sur la vastaya et il est allé tranquillement s'asseoir à côté de sa maîtresse.

« Oh oui, nous sommes très liés ! »

Un air de fierté passe dans la voix de la blonde alors qu'un sourire franc vient glisser sur ses lèvres. Elle est reconnaissante de ce jour où elle a rencontré son compagnon, et pas une heure ne passe sans qu'elle ne remercie le destin pour avoir fait se croiser leurs routes.

« On s'connaît depuis toujours, je l'ai trouvé quand il était encore bébé. »

Elle dépose une caresse sur la tête de son animal qui remue gentiment la queue. Mais alors la curiosité devient trop forte pour Andromeda qui se demande d'où peut venir une créature aussi unique que la jeune femme qui se tient devant elle. Le son délicat de la clochette lorsqu'elle fait un mouvement, son visage rassurant et pétillant à la fois, sa tenue hors du commun qu'on ne trouve certainement pas à Zaun, son aura indescriptible qui capte l'attention de beaucoup de passants... Il y a un éclat de magie qui flotte dans l'air alors que le regard de la blonde se pare d'étincelles de curiosité.

« D'où est-ce que tu viens ? Je n'ai jamais vu quelqu'un comme toi ici. »

Aucune animosité dans sa voix, aucun sentiment de rejet ni de jugement. C'est plutôt une incroyable admiration et un désir d'en savoir plus sur la créature qui lui fait face. Même Sirius, pourtant l'esprit incapable de tenir en place, ne semble pas encore s'être lassé de sa contemplation.

Sans qu'elle ne puisse mettre de mots exacts dessus, elle ressent le voyage, la liberté et la douceur. Quelque chose qui la transporte agréablement et qui fait battre son cœur avec un peu plus de vigueur.

La blonde est irradiée par le sourire qu'on lui adresse. C'est qu'ici, ce n'est pas commun de recevoir autant de gentillesse dans la rue venant d'une personne inconnue. Alors, bien volontiers, elle laisse son sourire se faire plus large encore. Voilà le genre de rencontres qui laisse un goût de douceur dans une journée. Une rencontre pas si improbable puisque visiblement son interlocutrice voyage énormément, bien qu'elle soit originaire d'Ionia. Andromeda aimerait aussi voyager, ça l'a toujours attiré et cette envie se fait de plus en plus pressante au fil des années. C'est juste qu'elle n'a pas encore eu l'occasion de partir, entre les missions avec les Feux Volants et l'aide qu'elle apporte à Ekko. Le timing n'a pas été bon jusqu'ici, mais elle sent que bientôt elle pourra quitter le Havre pour parcourir le monde avec son compagnon.

« Je m'appelle Andromeda, mais ici tout le monde me connait comme Supernova. »

D'habitude, elle ne donne pas son nom à des étrangers. C'est toute l'utilité d'avoir un surnom d'ailleurs ; éviter de s'étaler sur des informations personnelles. A vrai dire à Zaun il faut savoir être vigilant et se protéger de tout... Mais pourtant elle ferait bien volontiers confiance à cette jeune femme qu'elle vient de rencontrer. Des aprioris, certes, mais quel mal pourrait lui vouloir une vastaya venue d'Ionia ?

« C'est un joli prénom, Nuawa. »

Elle fait glisser les syllabes entre ses lèvres, comme une douce poésie. Ce nom n'est pas d'ici, il inspire l'exotisme et ça lui plait bien. Et en plus, elle a sincèrement l'air d'apprécier Sirius qui se laisse approcher sans mal. Ça aussi la rassure. Si son interlocutrice était pourvue de mauvaises intentions, il l'aurait senti et aurait averti sa maîtresse.

« Je peux te montrer la ville si tu veux, je connais tous les bons endroits ! »

Un nouveau sourire franc vient éclairer son visage alors qu'elle lui tend la main en guise d'invitation. Voilà que sa journée s'apprête à prendre un tout autre tournant que ce qu'elle aurait imaginé. Mais Andromeda aime les aventures, les surprises et les rencontres positives comme celle-ci. Son regard est rempli de sympathie et de curiosité mêlées ; elle est enjouée à l'idée de montrer Zaun à quelqu'un qui ne la connaît pas, surtout qu'elle lui réserve le meilleur pour la fin. A condition qu'elle accepte le tour, bien évidemment. Et peut-être que la vastaya pourra la faire voyager aussi en lui parlant de tous les endroits qu'elle a visité ?

Andromeda, parfois, elle est comme une enfant. Malgré la dureté de sa vie et de son passé, malgré les épreuves et les coups bas, elle a gardé sa capacité à s'émerveiller pour tout un tas de choses et alors son visage semble perdre dix ans. Son regard est pétillant, son sourire sincère et lumineux comme celui d'un gosse. C'est peut-être parce qu'elle a eu la chance d'être trouvée par Ekko et d'avoir terminé de grandir avec les Lucioles. C'est peut-être parce que Sirius lui donne envie de mener la meilleur existence possible. C'est peut-être simplement parce que le fond de son être est comme cela ; lumineux malgré la noirceur du monde qui l'entoure.

Alors quand l'inconnue accepte de se laisser guider dans Zaun, Andromeda laisse toute sa gaité prendre le dessus et se met à trottiner entre les passants, souple et agile à force d'habitude. Elle semble ne jamais toucher personne même si les passants sont nombreux, comme un coup de vent léger dans les rues de la cité verte.

« On va commencer par le Cultivair ! »

Un peu de verdure pour quitter le verdatre, cela lui semblait un bon point de départ. Et puis ce n'était pas très loin du grand marché de Zaun où elles se trouvaient. S'assurant que sa compagne de route était toujours derrière elle, la blonde continua de se frayer un chemin dans les allées pour finalement arriver dans ce qui semblait être une impasse avec une barrière en bois.

« Tu te sens de grimper ? Sinon j'te fais la courte. »

Mais sans attendre la réponse de sa nouvelle camarade, elle grimpe sur des caisses pour se hisser sur le haut panneau de bois en prenant garde à ne pas s'enfoncer une écharde dans le doigt. De toute façon, elle n'aura aucun mal à redescendre si jamais Nuawa a besoin de son aide. Mais elle a la sensation que la vastaya peut tenir le rythme derrière elle, largement. Alors elle continue de grimper puis se laisse glisser de l'autre côté de la barrière opaque où une nouvelle ruelle très étroite se dessine.

« On y est bientôt. »

Déclare-t-elle comme pour rassurer sa comparse sur le fait qu'elle sait où elle va, lui offrant un sourire charmant tout en profitant de cet échange de regard pour s'imprégner de la beauté singulière de la vastaya. C'est incroyable une telle rencontre, se dit-elle en sont fort intérieur, charmée par cette créature qui semble cacher autant de mystères et d'histoires qu'elle même a volé de bouts de pain quand elle était jeune. Une question lui vient alors, simple mais pourtant curieuse sachant que celle qui l'accompagne n'est pas humaine :

« Au fait, tu as quel âge ? »

Sa camarade est, comme elle s'y attendait, aussi agile qu'un oiseau dont les ailes déployées l'émerveillent encore plus. Il y a quelque chose de magique dans Nuawa qui lui plait beaucoup. Elle n'est pas accoutumée à cela, ici la magie n'est pas très répandue et on jure plutôt par la technologie ou le shimmer. Alors voir cela a quelque chose d'enchanteur dont elle profite allègrement. La blonde se sent chanceuse, en cet instant, d'assister à un tel spectacle. Puis elle écoute attentivement la réponse à la question qu'elle lui a posé. 180 années, c'est énorme pour elle !

« Non, je me demandais simplement. Tu as dû en voir des choses durant ta vie ! »

Elle est à la fois envieuse et admirative, cette idée que la vastaya cache mille secrets et aventures se renforçant dans son esprit. Son intérêt grandit, de même que son sourire qui ne s'arrête plus. Cette journée est une bonne journée, pleine de lumière. Elle continue tranquillement son ascension dans les ruelles de la ville et se fraye un chemin de mur en mur, puis de toit en toit pour arriver par dessus les serres du Cultivair et offrir la meilleure vue possible à Nuawa, une vue d'ensemble sur les jardins magiques de Zaun – comme elle aime à les appeler. Toute cette végétation exotique et variée lui donne encore plus envie de voyager. Elle voudrait voir de ses yeux toutes les espèces naturelles que le monde peut offrir.

« Je pense que tu as eu la chance de contempler des trucs bien plus merveilleux, mais c'est quand même un endroit que je trouve très joli. Enfin, tu vois, pour Zaun... »

Un chat passe alors sur le toit à proximité d'elles, bientôt aboyé par Sirius qui est resté en contrebas mais qui les suit de loin. Le chat, conscient que jamais le canidé ne pourra l'atteindre, le snobe complètement et vient se frotter entre les deux jeunes femmes comme pour narguer davantage le chien, réclamant des caresses qu'Andromeda lui accorde volontiers avant de se concentrer de nouveau sur les jardins sous serre.

« Tu vois la plante là-bas avec les trucs violets ? Je l'aime beaucoup, si je pouvais en faire pousser là où j'habite ce serait bien, mais avec l'air de la ville c'est impossible. »

C'est pour cela qu'elle aimait beaucoup cet endroit ; Zaun n'était malheureusement pas le terrain propice à faire pousser son petit jardin et c'était déjà miraculeux que l'arbre du Havre soit aussi luxuriant, alors si elle pouvait contempler de la végétation quelque part, pourquoi s'en priver ?

« Après je te propose qu'on remonte dans le haut de la ville sur la promenade, à la limite de Piltover. Il y a un marché là-bas et des restaurants, tout est super chic. »

Suite à cette proposition, elle cale sa tête entre ses paumes, les coudes reposant sur le toit après avoir allongé ses jambes pour se mettre à plat ventre pour mieux profiter de la vue.

Andromeda sent une pointe d'ego l'envahir alors que Nuawa complimente la cité dans laquelle elle a grandit. Oh certes, ce n'est pas elle qui s'occupe de ces magnifiques variétés de plantes qui n'auraient jamais poussé sans les mains expertes et l'attention pointilleuse des jardiniers du Cultiv'air, mais tout de même, elle se sent flatté de pouvoir montrer de belles choses à une créature aussi impressionnante que la vastaya. Comme une enfant qui se sent fière d'avoir montré quelque chose de nouveau à un adulte. Comme Sirius qui, toujours en bas à les attendre, remue dignement la queue car il sait qu'il est bien sage. La blonde lui envoie d'ailleurs une nouvelle friandise depuis sa position ; friandise qui est avalée sans aucune forme de délicatesse, ce qui provoque un léger rire de la jeune femme.

« Oui, je suis née ici. »

Déclare-t-elle alors qu'elle s'étire longuement et s'installe maintenant sur le dos, regardant à travers le gris zaunien qui est beaucoup moins épais à cette altitude. Cela lui donne envie de montrer autre chose à Nuawa. Un endroit où l'air est presque aussi propre que celui de Piltover, comme elle le lui a proposé un peu avant.

« Merci, c'est gentil. »

Elle prend le compliment avec plaisir et a envie de la flatter en retour... mais tout lui semble un peu trop disproportionné. C'est que Nuawa, elle est jolie comme les fleurs violettes et rares qu'elle lui a montré plus tôt. Et elle est originale, hors du commun, comme un éclat de lumière pure dans la ville de Zaun. Mais elle ne dit rien et se contente de se relever après avoir laissé au chat une dernière caresse. Elle regarde la vastaya avec les yeux pétillants, prête à continuer la visite.

« Tu vas voir, la promenade, c'est vraiment pas la même ambiance que le reste de Zaun. On dirait presque Piltover... mais en moins prétentieux. Même si les gens qui ont les moyen de vivre là-bas le sont un peu, prétentieux. Enfin j'trouve. Mais c'est que mon avis. Et celui de Sirius. »

La voilà qui parle maintenant comme si elle savait ce qui se tramait dans la tête de son animal. Comme si son chien pouvait émettre un jugement de la sorte... Après tout, on en sait rien, se dit-elle dans le fond. Elle s'accroche finalement à une gouttière pour se laisser glisser jusqu'à l'étage inférieur après un dernier regard sur la serre. Il faut redescendre pour remonter ; c'est comme ça que fonctionne Zaun. Cela va vite de se perdre lorsqu'on ne connaît pas.

L'air et plus doux et le temps tout relatif lorsqu'on est en bonne compagnie. C'est le cas pour Andromeda aujourd'hui, elle qui pensait juste bricoler ses rollers et acheter du matériel pour terminer son projet, la voilà embarquée dans une visite guidée des plus beaux endroits de Zaun, du moins ceux qui valent le détour. Mais pas avec n'importe qui ; avec une vastaya haute en couleurs qui ne cesse de la surprendre par sa grâce et son expérience de vie.

« C'est un plaisir, vraiment ! »

Et un nouveau sourire franc vient illuminer son visage alors qu'elle se met presque à trottiner avec un air guilleret, comme une enfant.

« Dis moi, raconte moi, c'est quoi les endroits les plus beaux que tu aies vu de ta vie ? »

Elle est curieuse et envieuse de voyager par les mots, de s'imaginer les paysages qu'on pourrait lui conter, de rêver à des territoires majestueux et remplis de secrets et de trésors. Trésors pour les yeux, pas pour l'aspect matériel. Andromeda n'est pas cupide, loin de là.

Tout en discutant, elle continue son ascension jusqu'à la promenade de Zaun où les marchands et les restaurateurs s'active dans leurs habits élégants qui rappellent les bas quartiers de Piltover, ceux qui se prennent pour la noblesse alors qu'ils ne sont qu'à peine bourgeois. Cela l'amuse beaucoup, elle a l'impression que tout le monde est costumé pour une mise en scène. D'ailleurs, elle se prend au jeu et cueille une fleur le long d'une vitrine pour venir la mettre dans ses cheveux, avant de faire une courbette exagérée devant Nuawa.

« Bienvenue dans la promenade. »

Elle s'invente une voix précieuse, avant d'éclater d'un rire franc qui lui vaut les regards de quelques passants curieux ou dérangés par ce raffut. Sirius s'éloigne un instant pour renifler le bas d'une table de restaurant, avant d'être délogé par un serveur et de revenir près de sa maîtresse, la bouille ravie par toutes ces nouvelles odeurs qui lui arrivent jusqu'au museau.

Andromeda lui offre une petite caresse sur la tête et se remet en marche dans les hauts quartiers de Zaun, transportée par l'air bien plus pur qui émane de cet endroit, regardant parfois en direction de sa nouvelle amie pour voir les réactions sur son visage.

Andromeda écoute les récits de la vastaya avec une attention impeccable, ses yeux se remplissant d'étoiles alors qu'elle s'imagine soudain parcourir le monde avec Sirius, comme si soudainement sa vie était un film d'aventure contemplatif avec des super beaux plans et une musique incroyable. Le Mont Targon est probablement l'un des endroits qu'elle aimerait le plus visiter, rien que pour les étoiles qui sont plus visibles là-bas que n'importe où ailleurs en Runeterra.

Elle raconte les fois où sa vie a été en danger ; peut-être que l'adrénaline l'aide à se sentir en vie ? Mais la blonde ne va pas lui demander cela, pas encore, la question lui semble trop intime pour une première rencontre. On ne sait jamais quelle corde sensible on peut effleurer avec ce genre de sujets et elle n'a pas envie que cette bien chouette balade se termine en eau de boudin.

Finalement, la conversation revient sur Zaun alors que sa nouvelle amie la complimente après avoir enfilé un foulard sur sa tête pour jouer le jeu avec elle.

« Et encore, tu n'as pas vu le meilleur ! »

Annonce la plus jeune en se frottant les mains d'impatience tandis que Sirius donnerait presque l'impression d'hocher la tête pour confirmer ses dires. Andromeda a toujours eu cette tendance à humaniser son animal, à le voir plus expressif qu'il ne l'est probablement en réalité. A moins qu'on suppose qu'elle puisse voir des choses dont les adultes n'ont plus conscience grâce à son âme d'enfant qu'elle a gardé dans un coin ? En tout cas, elle se sent pousser des ailes en compagnie de la vastaya qui complimente sa ville natale là où bien des gens de l'extérieur n'auraient eu que dégoût et préjugés.

Un coup d'œil à l'heure pour se rendre compte que les minutes ont filé à toute allure et que la journée est déjà bien avancée. Ce n'est pas plus mal, se dit elle pour se consoler du fait qu'elle n'a pas envie que cet instant prenne fin, la nuit c'est encore plus joli. Elle pense alors au dernier endroit qu'elle souhaite absolument lui montrer, ce fameux "meilleur pour la fin" qu'elle lui garde de côté non sans une impatience difficile à dissimuler.

Elle attrape un morceau de pain dans une panière laissée à l'abandon par des clients sur une table, le déchire en deux et en propose la moitié à Nuawa en enfournant son morceau sans plus attendre dans sa bouche.

« Il est bon leur pain ici, il est frais. »

Assure-t-elle la bouche pleine de ce met qui lui semble bien délicieux comparé à la plupart des repas qu'elle a l'habitude de manger. Sa démarche se fait alors plus trottinante tandis qu'elle observe tout ce qui se passe autour d'elle, comme si elle découvrait elle aussi le lieu pour la première fois. Son regard finit par se porter vers Piltover alors qu'elle s'arrête pour attendre sa camarade.

« Un jour si tu veux, je t'emmènerais à l'observatoire de la haute ville pour voir les étoiles. C'est vraiment magique ! »

Une invitation, dans le fond une promesse, un espoir que cet instant dure plus longtemps qu'une journée. Car au delà du fait qu'elle s'amuse bien à faire visiter la ville à quelqu'un d'étranger, la présence de la vastaya lui apporte un sentiment de paix intérieure mais tout à la fois de turbulence qui lui plait beaucoup. C'est quelque chose qu'elle n'a pas ressenti depuis longtemps et elle espère en profiter le plus possible.

Leur périple dans la Promenade touche bientôt à son terme alors qu'elles ont vu l'essentiel de ce qu'il y avait à voir pour le moment par ici. La réflexion de Nuawa tire la jeune zaunienne de sa démarche sautillante tandis qu'elle semble réfléchir aux propos qui viennent de lui arriver aux oreilles. C'est vrai, en y pensant, qu'elle essaye inconsciemment peut-être de conserver son âme d'enfant et sa capacité à s'émerveiller. Probablement parce qu'ici il faut trouver des façons de survivre à l'air toxique et à l'ambiance criminelle qui s'étend un peu partout. Probablement parce qu'il faut se raccrocher à tout ce qu'il y a de beau pour oublier tout ce qu'il y a de laid en ce monde. Une façon pour la jeune femme de faire face à la réalité, elle qui se bat contre ceux qui apportent le malheur à Zaun, elle qui donne de son temps à des gens encore plus démunis qu'elle... il lui faut bien compenser cette misère d'une façon ou d'une autre. Après cette réflexion qui lui a semblé durer cinq minutes mais qui n'a fait le tour de son esprit que quelques secondes, elle reprend la parole.

« Et bien j'imagine que je suis bon public et que j'ai la chance de voir encore les choses du bon côté ! »

Son regard est un peu triste derrière son sourire. Elle sait que tout le monde n'a pas cette chance et que c'est aussi probablement grâce à Ekko qui, malgré son caractère plus endurci au fil des années, a su préserver sa capacité à voir le bon qui existe en ce monde. Cela lui fait penser, maintenant que le soleil a entamé sa descente derrière l'horizon, qu'il est temps de se remettre en route vers le meilleur endroit qu'elle a gardé pour la fin.

« Oh non, je n'ai pas d'heure pour rentrer, il n'y a pas grand chose à faire ces jours-ci ! C'est pour ça que j'en profitais d'ailleurs pour bricoler un peu mes rollers. Je te les montrerais ! »

La tristesse disparait complètement de ses pupilles alors qu'elle attrape gentiment la main de Nuawa pour la guider de l'autre côté de la Promenade où elles vont entamer une redescente dans Zaun par des passages que les habitants de longue date de la basse ville connaissent bien.

« Viens ! La nuit va tomber, c'est le moment. »

Sans dire un mot de plus, préférant garder le suspens avec son regard désormais malicieux, la voilà qui lâche la main de la vastaya pour pouvoir déambuler et s'agripper aux murs et aux gouttières qui permettent de glisser d'étage en étage vers l'intérieur de la cité verte. Les lumières de la ville viennent remplacer le soleil qui ne filtre qu'à de très rares endroits en Zaun. L'endroit où elle habite à la chance de recevoir de la lumière naturelle en journée, mais elle voulait le lui faire découvrir de nuit car elle trouve cela encore plus magique. Après avoir traversé une bonne partie de la ville, la nuit est définitivement tombée.

Finalement, elle tire une lourde porte arrondie derrière laquelle se trouve l'Eden. Au milieu de ce havre de paix, le grand arbre trône fièrement, illuminé par toutes les lucioles qui dansent dans un balais aérien spectaculaire qui rappelle à la jeune femme les étoiles qu'elle aime tant. Autour d'eux, des rires et des cris d'enfants qui jouent résonnent. Ici tout se mêle ; vastayas, humains, nés-magiques ou modifiés par la technologie hextech, tout le monde vit en harmonie dans cet espace tout droit sorti d'un rêve. Il est difficile de se dire qu'un pareil endroit peut exister au beau milieu de Zaun, et pourtant...

Le sourire de fierté et de bienveillance qui illumine les traits d'Andromeda à cet instant est sans pareil. Oui, c'était bien chez elle ici. Jamais elle ne pourrait être plus reconnaissante envers une personne qu'elle ne l'était envers Ekko qui lui avait montré cet endroit, qui l'avait recueillie, qui lui avait fait confiance au point de se reposer parfois sur elle pour gérer le havre quand il ne pouvait pas le faire. Alors elle était heureuse de faire découvrir l'Eden à quelqu'un qui avait probablement presque tout vu de ce monde.

« Bienvenue chez moi ! »

Dit elle en rivant ses iris sur le visage doux de Nuawa, ses joues prenant une légère teinte rosée.

Caught a vibe (woo, woo)
Baby, are you coming for the ride ? (The ride, the ride, the ride)
I just wanna look into your eyes (your eyes, your eyes)
I just wanna stay for the night, night, night