descriptions :Physique :Une âme au loin, cachée dans l'ombre d'un saule gigantesque, chantait depuis un moment déjà sans changer de couplet, cachant ses cris de détresse et de désarrois. C'est ce qu'il aurait pu penser la première fois, or, elle était simplement perdue, comme bien d'autres auparavant. Le corps qu'il vit appuyé contre le tronc semblait être celui d'une jeune enfant dont le regard se perdit sur l'eau d'un lac à proximité. Quelques roseaux y ressortaient, les nénuphars y étaient rares et la verdure se limitait à l'herbe haute et quelques fleurs sauvages. Pourtant, la vie n'y semblait pas si prospère. Il n'y avait là ni papillons, ni grenouilles, ni oiseaux. Aucun être ne vivait ici. Laissant un silence que seul le vent rompait en passant à travers les feuillages de l'arbre qui les surplombait, accompagné de sa voix. Son regard n'était plus celui des mortels, cela faisait bien longtemps qu'il en était ainsi, et n'ignorait pas ce qu'il s'était passé en ces lieux.
L'enfant le vit, un sourire naquit sur son visage. Cet appel, il le sentait et ne put l'ignorer, ce ne serait pas digne du héraut de l'au-delà. Resserrant doucement l'emprise sur son sceptre couvert de multiples encoches, de ses doigts fins et griffus, il se dirigea en direction de cet hère. Le buste en avant, la créature lévitait au-dessus de la terre. L'herbe s'écartant sur son chemin ne pouvait frôler ses pieds, nus, aux ongles sombres, longs et pointus, trahissant une peau presque décharnée et d'un beige grisé. Dépassant ses chevilles, des jambières fabriquées d'un acier sombre étaient surplombées d'un crâne gravé à hauteur de ses genoux, qui protégeaient ses jambes d'une nature taquine, tout du moins, si la brume sombre qui l'accompagnait où qu'il aille, ne la repoussait pas instantanément à son approche.
- La vue est belle, n'est-il pas ? Sa voix résonnait tel un écho à son être.
À ses côtés, son regard suivit celui de l'enfant. Les deux ne virent certainement pas la même chose. Elle, était perdue un jour de printemps. Un arc-en-ciel arborant un ciel azuré et légèrement nuageux. Le point d’eau était calme, tâché de nombreuses fleurs aux couleurs diverses et variées. Un papillon bleu vint se poser sur le bout d'un des doigts de la fillette, ses ailes battirent une fois, lentement, avant de reprendre son envol. Des poissons nageant dans l'eau attirèrent son attention avant d'être interpellée pas un couple d'oiseaux.
Au contraire de tous, l'être candide n'éprouva aucune crainte quant à sa présence, l'acceptant le sourire aux lèvres, comme s'il s'agissait là d'un ami de longue date. Lui, ne changea pas pour elle, affichant un visage aussi vide d'émotion qu'il était dépourvu de vie. La peau terne collant à ses os, démontrait sa condition de mort-vivant. Des joues creusées, des crocs pointus et des orbites incandescents d'une lueur bleutée et maladive, qui observaient toujours cette âme. Au centre de tout cela, son nez se voyait remplacé par un creux que sa toge cachait légèrement par son armature métallique, celle-ci pointant vers le bas puis se scinda en trois hautes parties s'élevant vers les astres. Le tissu de celle-ci possédait deux variants de rouge, du bordeaux au pourpre foncé, dessinant ainsi des motifs particuliers. Le tout fut accompagné de longs cheveux blancs que ce prélat antique restreignait en majorité, laissant virevolter quelques mèches au gré du vent.
- Seule la mort est d'une beauté incommensurable et incomparable. Fit-il d'un ton envoûté, tel un poète inspiré par sa muse.
Le regard de l'enfant le dévisageait. Il put y discerner de la peine malgré son sourire, tristesse dont elle ne devait pas faire preuve. Non loin, le corps était face à l'étendue d'eau, encore, ne prêtant aucune attention à leur présence.
- Elle l'est, certainement. Mais pourquoi ne pas profiter de ce magnifique paysage ? L'être surnaturel arriva à garder son attention malgré l'intérêt qu'elle portait à cet endroit. Le temps de se demander s'il était encore la cible de son regard, qu'un léger rire enfantin, suivi de doigts spectraux passant sur l'ornement en acier qui protégeait le haut de son torse, lui offrirent une réponse. Celui-ci attirait sa curiosité par les formes qui y étaient taillées. Cette même partie était reliée à un col métallique, lui-même assigné à ses épaulières, qui larges comme elles l'étaient, tranchaient avec son corps long et fin. Des chaînes résidaient sur ces dernières protections, auxquelles fut rattaché un mince bout de tissu qui pendait jusqu’à hauteur de ses genoux, à l'avant comme à l'arrière, d'un pourpre foncé.
- C'est ici que j'ai souhaité la rencontrer, pour la première fois. Afin de ne pas oublier... - Et je suis venu à toi. Se détournant de son regard, elle avança d'un pas vers le lac, sa main chercha à frôler l'eau si claire à ses yeux, s'y perdant quelques instants. Peut-être que des poissons viendraient nager entre ses doigts. Peut-être qu'une grenouille viendrait sauter sur son épaule. Croassant doucement à son oreille, elle irait lui sourire tel un enfant émerveillé. Le batracien s'en retournerait sur son nénuphar et plongerait à l'eau. Peut-être que le papillon vu plutôt, viendrait virevolter autour d'elle, conduisant son regard vers l'arbre. Elle ne pouvait ignorer ce qui reposait à sa souche, mais ne s'enquit pas avec, pas pour le moment du moins. La fillette l'évita afin d'aller caresser l'écorce du bois. Une feuille tomba, portée par le vent, accompagné de plusieurs autres. Lui, s'approchait de l'enfant avec un certain respect, voulant être à sa portée sans que sa présence ne l'incommode.
- Ne te raccroche pas à ces souvenirs. Elle a bien plus à offrir, et toi aussi. D'un geste calme, la créature d'outre-tombe lui tendit sa main libre, la dextre donc. La jeune fille revint à lui, lui prenant des deux siennes sans être répugné par son apparence, tournant à peine celle qu'il lui avait offerte afin d'observer son brassard. Toujours taillé dans un acier sombre, il était surplombé, comme sa paire et ses jambières, d'un crâne peut rassurant. Son regard finit par divaguer sur son épais ouvrage, fournis en secrets occultes et dont lui seul en connaissait les moindres lignes. Le Nécronomicon. Celui-ci était rattaché d'une fine chaîne à une lourde ceinture, dont la tête d'une monstruosité prenant la place de la boucle de ceinture, fut forgée. Celle-ci retenait la longue robe cérémonielle qui recouvrait l'entièreté de son corps, passant sous tous les éléments d'armure qu'il possédait. Ce prélat antique était composé de deux couches : la plus longue et la plus proche de sa peau était d'un pourpre foncé, descendant jusqu'à ses pieds ; La plus raisonnée, d'un rouge bordeaux, recouvrait la première pointant jusqu'à ses genoux.
- Alors, pourquoi t'accroches-tu à toutes ces âmes ? Finit-elle par lui demander.
- - -
Caractère:Le ciel printanier dans lequel l'enfant se perdit, devint d'un rose tirant sur le rouge, teintant de ses couleurs chaudes l'environnement.
- Ne te sens-tu pas plus libre, maintenant ? C'est ainsi que commença sa réponse.
La fillette le regarda, un sourire plus espiègle se fit ressentir.
- J'étais malade, c'est vrai, mais priver une âme de son corps n'est pas un peu trop violent ? Son visage ne changea pas d'expression, bien qu'il dût avouer que c'était osé. Son regard se perdit une nouvelle fois dans celui de la gamine spectrale, sondant son être. Quelque chose s'y cachait, comme à chaque fois, il le savait. Et cet échange était une occasion afin de lui permettre de trouver quoi, le héraut de l'au-delà se devait de trouver les mots justes. Or, il n'ignora pas sa question pour autant. La mort était toujours abrupte lorsqu'elle soutirait l'âme de son réceptacle. Cela restait un moindre prix à payer afin de connaître sa douce étreinte. Afin de pouvoir être libéré de cette illusion qu'était la vie, pour embrasser les plaisirs exquis de l'existence éternelle.
- Lorsque tu arraches des bandages, le fais-tu doucement quitte à en souffrir le plus longtemps, ou le fais-tu d'un coup pour une douleur plus vive, mais bien plus courte ? Ses paroles semblaient la rendre perplexe.
- Nous parlons d'une âme, pas d'une blessure. Me fit-elle légèrement perdue.
- L'âme est comme ta peau, le bandage comme ton corps. L'arracher lentement te fera souffrir bien plus longtemps que de l'enlever d'un coup sec. Qui plus est, ces bandages sont comme le corps : fragile, instable, traître. Tu auras beau prendre toutes les précautions possibles, ils finiront par dépérir, vous accablant de douleurs que vos âmes n'ont pas à subir. La mort bien que violente selon tes mots, vous soutire à ces souffrances inutiles et à de nombreuses autres. Autant y mettre un terme rapidement au lieu d'agoniser inutilement. L'enfant émettait des doutes, restant perplexe face à son discours, il commençait à la perdre de nouveau. Se tournant vers le corps assis au pied de l'arbre, sa tête pencha sur le côté quelques instants. Ils connaissaient tous les deux la suite, c'était une nouvelle chance pour lui. Un groupe de mortel arriva derrière lui, par là où il était arrivé plus tôt. L'être surnaturel put les entendre une nouvelle fois. Les inquiétudes vis-à-vis de leur fille, la peur face à sa personne. Ils avaient quelques armes entre leurs mains, le menaçant avec. Il n'avait que faire de leurs mots et resta avec l'âme enfantine, ne prenant pas la peine de se retourner. Un homme chargea dans son dos, planta sa lame qui traversa son abdomen comme s'il n'était pas réel. Il était une Liche. Un spectre. Un être de l'au-delà. Ce n'était pas une arme de mortel qui aurait raison de lui. Qui plus est, les scènes du passé, restaient au passé.
''- Qu'es-tu, monstre... ?'' La voix de l'assaillant résonnait dans l'air.
''É-éloigne-toi d'elle...!'' Poursuivit-il, apeuré.
''- Pour vous, humains, je suis une abomination. Pour vos âmes en revanche, je suis votre sauveur.'' Ses mots autrefois prononcés résonnèrent également.
''Je ne compte pas partir alors qu'elle souffre.'' S'attendait-il à ce qu'ils le comprennent ? Non. Cela faisait des générations qu'il parcourait cette terre afin de rallier les fidèles à la non-vie. Parmi eux, quelques rares adeptes étaient conscients et en accord avec ses principes, les acceptant volontiers. Pour tous les autres, il se devait d'être plus directe, plus brutal, diraient certains.
Il leur faisait toujours dos. Deux mètres les séparaient, un seul pour celui qui l'avait attaqué. Sentant leur peur et leurs quiétudes, mais l'enfant était celle qui avait le plus besoin de lui. Sous leurs yeux ébahis, une lueur maladive enveloppa sa main droite qui se dirigea sans attendre vers la jeune fille, s'empara d'elle pour en extraire son âme qui devint une pâle copie du spectre qu'il côtoyait depuis peu à ce jour. Le corps, lui, tomba sans vie contre l'arbre, là où reposait déjà celui vu plutôt. Le dernier ne s'entassa pas sur lui, mais disparut sur l'original qui était là depuis que la gamine le maintenait.
Les pleurs, la colère et l'angoisse revinrent envahir les lieux.
''- Pourquoi... as-tu fait ça ?!'' Reprit l'homme.
''- Vous n'êtes pas sans savoir que son corps était mourant. Son âme quant à elle, dépérissait avec, à cause de la souffrance bien trop endurée, demandant simplement la libération.'' Il marqua une pause.
''Si vous ne voulez pas connaître le même sort, partez maintenant ou embrassez la mort comme cet enfant l'a fait.'' Ses paroles résonnèrent à nouveau, pour eux deux.
La Liche n'avait pas à le refaire pour l'avoir déjà fait. Se retournant vers ces individus, certains s'en allèrent sans demander leur reste, il les rattraperait, laissant les parents face à cette réjouissante nouvelle, du moins pour leur âme. Ils voulaient la rejoindre ? Les liens sentimentaux étaient toujours très curieux, si ce n'était dénué de sens pour les adeptes de la vie. Soit. Une nouvelle fois, la lueur maladive s'empara de sa main avant de pénétrer leur corps. Deux nouvelles âmes furent libérées de leur prison de chair. Perdues par le choc de cet instant au contraire de l'enfant, il leur intima quelques mots : passer le doux message de l'inéluctable aux autres, puis s'en allèrent sans tarder, ni sans se soucier de leur fille pour qui ils avaient choisi de laisser leur vie s'éteindre afin de mieux briller dans les ténèbres. D'autres avaient assisté au spectacle. Qu'ils furent leurs amis, ou de simples étrangers, il pouvait ressentir leur confusion et leur hésitation malgré leur approche.
''- Vous ne semblez pas vouloir mourir et pourtant, que faites-vous encore ici ?'' Pas de réponse ? L'avantage de ne plus vivre était de ne pas connaître ces sentiments qui vous paralysaient inutilement lors des instants les plus cruciaux, tels que la peur, le doute, la crainte et bien d'autres encore. Il en était la preuve. Les deux âmes s’arrêtèrent. Une énergie chaude fit son apparition. Elle était faible, mais menaçait ses nouveaux fidèles. Ils osaient ? Aussi fraîchement cueillit, le supporteraient-elles ? Ne souhaitant pas risquer leur perte la créature n'eut pas le choix. Les ayant libérés de la souffrance à l'instant, il n'allait pas les laisser se faire blesser par une magie aussi primitive que celle-ci. Elles se devaient de poursuivre leur existence, libre.
''- Un adepte de la lumière, donc ? Laisse-moi t'ouvrir les yeux sur les illusions dont tu te berces.'' Finit-il par prononcer d'un ton plus sinistre qu'il ne l'était.
D'un geste, le bas de son sceptre frappa le sol. Une énergie sombre l'entoura, similaire à celle enveloppant ses mains et les mortels qu'il visait. Tout ce qui vivait autour de lui dépérissait tandis que ses précieuses âmes lui revenaient grâce à son appel silencieux, qu'elles seules pouvaient entendre. Flottant toujours au-dessus du sol, il se précipita vers le supposé mage. La chaleur qu'il avait réussi à concentrer devint une sphère qu'il lui envoya. Il la para de son sceptre qui la fit disparaître à son simple contact. L’homme était faible, sa magie l'était tout autant.
''- Était-ce mes fidèles ou moi, que tu visais ?'' Une nouvelle fois, sa voix se fit plus grave.
La peur se lisait sur son visage lorsqu'il vit l'âme de son compagnon s'échapper de son corps par la souillure qui accompagnait le chanteur de l'au-delà, alors que lui-même semblait bénéficier d'un sursis. Or, ce n'était pas sa minable protection qui le lui accordait, mais le bon vouloir de la créature. De ses doigts crochus, il lacéra cette peau bien vivante sans la moindre hésitation, ni le moindre remord, laissant à sa brume le soin de passer outre son équipement, le faisant ainsi hurler de douleur. Ce n'était pas que de simples écorchures, non, la magie nécrotique le frappa, offrant à son être une brûlure glaciale qui le consumaient peu à peu. Sa lumière ne l'aida pas, elle ne le pouvait pas. Les douces sensations qu'elle lui avait promises n'étaient que de purs mensonges dans lesquels les humains aimaient tant se complaire, là où la mort était une réalité bien trop brutale pour eux, et pourtant si accueillante.
''- Tu t'es opposé à ma bénédiction et tu t'en es pris à mes fidèles, alors je brûlerai ton âme.'' Sa voix sonna telle une sentence sans jugement.
Son attention quitta cette scène vécue il y avait de cela quelques générations afin de retrouver l'esprit enfantin.
- Je suis leur guide, leur sauveur. Sans moi, ces âmes sont perdues, tout comme toi. Noyées dans la folie de la vie, pensant aveuglément qu'elle est la seule partie de leur existence, alors que la mort leur offre l'éternité. Et pourtant, tous ont peur de cette dernière. Il faut bien quelqu'un pour leur ouvrir les yeux. Je suis là pour ça, pour leur offrir la certitude. Cette vision du passé prendrait fin lorsque l'âme du supposé mage de lumière en faisant partie, trouverait la liberté de sa poigne mortifère, de celle de sa réplique bien entendu. Aucun esprit aussi corrompue était-il à cause de la vie, ne devait rester dans une souffrance éternelle. Après tous, ils n'étaient que des victimes de sa perfidie. Jeunes, fragiles, naïves, ces âmes étaient facilement influençables et avaient besoin d'un guide sincère pour leur montrer la voie.
- - -
naissance d'une légende :L'âme de l'individu vit sa malédiction se retirer, son corps ne l'ayant pas supporté, il était maintenant libre d'embrasser l'existence éternelle qu'il avait tant combattu. Cela faisait combien de temps qu'il était parti déjà ? Un long moment, oui. L'endroit se dévoila enfin à l'enfant qui se refusait de le voir tel qu'il était depuis qu'elle avait cessé de vivre. Son regard put s'ouvrir sur une nouvelle étape, peut-être qu'elle allait pouvoir trouver la paix. Le ciel n'affichait plus ses lueurs orangées qu'elle pensait admirer. Une brume noire les surplombait, étreignant les lieux de son énergie singulière. La nature morte n'arborait plus ses luxuriantes couleurs, le lac était presque vidé de son eau, laissant une terre boueuse, craquelée là où l'humidité n'était plus. Le saule avait perdu son feuillage en plus de sa vitalité, une énergie spectrale le remplaçant par endroit. Le corps reposant contre le tronc n'était plus depuis bien longtemps.
- Je n'y suis pas rattaché, c'est bien plus que ça. Nous sommes intimement lié par l'inéluctable. Elle les attend tous et je me charge de les y guider. Je me dois de te montrer le chemin également, t'offrir la réalité que te cachait la vie. Rester ainsi attachée à tes souvenirs ne peut pas te faire avancer, tu le sais. Reprit-il une fois la réalité face à elle.
- Tu veux dire que je dois les oublier ? Dans sa voix, une touche de tristesse se fit ressentir.
-Libre à toi mon enfant, sache qu'il vaut mieux ne pas les laisser t'envahir. Ce serait souffrir inutilement. La mort est justement là pour t'offrir la paix. Son regard s'ancra dans celui de la Liche.
- Tu ne les as pas abandonnés ? Demanda-t-elle avec un soupçon d'espoir.
- Je me souviens de tout. C'est ce qui me permet de pouvoir prétendre à mon rôle. Comment pourrai-je vanter la beauté de la mort si je ne me souvenais pas des souffrances vécues lors de ma vie ? Sa peine reprenait, semblant s'agrandir, dérivant à l'égard de son guide. Elle s’inquiétait pour lui. Elle ne le devait pas, il avait lui-même choisi son existence.
- J'ai connu la famine et la fatigue, tout comme toi. La curiosité prit le pas sur tous ses ressentis. Cette enfant avait vécu dans la misère aussi, comme beaucoup en soi. Le village dans lequel elle vivait avait fini par s'éteindre à cause de celle-ci, vu qu'aucune nation ne s'était inquiétée pour eux, les laissant à leur sors. Seul la Liche avait fini par entendre leur appel lors de son pèlerinage, pouvant enfin les libérer de cette souffrance.
- Qu'as-tu connu d'autres ? - Une vie tournant autour de la mort. Tel un insecte convoitant sa précieuse lumière. Naître dans les bas-fonds d'une ancienne Noxus n'avait pas été des plus évidents. Celle qui l'avait mis au monde connut la mort en couches, les laissant ses trois sœurs, son père et lui. Une fois capable de se débrouiller, il excella rapidement dans la chasse aux rats. Ce n'était pas glorieux à conter maintenant, mais il fallait bien se nourrir. Sensation qui ne lui manquait pas. Les épidémies étaient fréquentes en plus d'être mortelles. Les habitants furent souvent réveillés par le cri de parents retrouvant le corps froid et inerte de leurs enfants. Cela le fascinait déjà et il se souvint avoir longuement cherché quelqu'un agonisant afin d'assister à son dernier souffle. Il lui fallut attendre que la maladie touche ses proches pour y assister. Son père sombra dans la dépression tandis que lui, veillait sur ses sœurs mourantes avec abnégation, sans jamais les laisser. Cela camouflait une fascination morbide, voulant assister à leur dernier souffle. C'est ainsi, alors que la vie quittait le corps de ses aînées, une par une, qu'une sublime connexion s'était faite en lui vis-à-vis de la mort.
- Connais-tu les Comptables de Kindred ? Sa voix se voulait bienveillante.
Ces pauvres hères servaient la mort comme ils le pouvaient de leur vivant. Ignorant qu'il serait plus utile d'être délivré de leur corps. Le gamin qu'il avait été, fut recruté parmi eux après leur avoir posé une infinité de questions sur leur ordre et les arcanes de la mort, lorsqu'ils vinrent récupérer le corps de ses sœurs. Commençant en tant que fossoyeur et bâtisseur de bûcher, il s'éleva rapidement au rang de collecteur de corps, temps pendant lequel il fut reconnu par ses chants funèbres. Elles étaient devenues de célèbres lamentations mélancoliques qui parlaient de la beauté de la mort et de l'espoir que ce qui lui succédait méritait d'être accueilli. Oui, les âmes endeuillées trouvèrent réconfort et paix à travers ses élégies sincères. Là encore, il s'éleva au sein de l'ordre, travaillant dans le temple lui-même en s'occupant des malades qui vivaient leurs derniers instants. Cherchant un peu plus de sagesse à travers chaque dernier souffle, jusqu'à comprendre qu'il n'avait plus rien à apprendre des mortelles.
- Oui, ce sont eux qui emportent les morts. - Exactement, mais ils ne se contentent pas que de ça. Vois-tu, une personne sur le point de mourir, à peur. Pensant à tort que son existence s'achèvera là, alors qu'elle est le prémices d'un nouveau voyage sans fin. Les comptables sont là pour les accompagner et les rassurer. - Comme toi ? - En quelques sortes, oui. À la différence que je sais ce qui vous attend, vous assurant la certitude, vous ôtant vos doutes et vos craintes, pour que vous puissiez partir en paix. - Et nos souvenirs ? Reprit-elle d'un air plus grave.
- Tu as toujours les tiens. - Oui, mais... Elle n'a pas eu le temps de finir.
- Tes parents ? Ils n'ont pas vraiment accepté l'idée de leur mort à ce moment, leur esprit érodé et fermé à celle-ci, n'est qu'une preuve de leur fragilité. Le choc de cette étape leur à soutiré la mémoire de leur vie passée. Du moins, temporairement. Toi, tu les as conservés. Trop conservé. Tu t'es enfermée dedans pendant de nombreuses décennies, te rendant aveugle au fait qu'ils t'attendaient. Te rendant aussi aveugle à la main que je t'ai tendue plus d'une fois. L'enfant était enfin réceptif à ses mots. Après tant de temps. Son chant ne l'avait pas trahi et elle le réalisait enfin.
- Que dois-je faire ? Son âme était perdue.
- Tu n'es pas forcée d'oublier ton passé. Prends conscience de ton existence éternelle et va retrouver ceux que tu as perdu, ceux qui te sont chers. Va rejoindre tes parents si c'est ce que tu désires. Des mots d'une langue ancienne s'exprimèrent à travers sa voix d'outre-tombe. Exécutant des gestes bien précis de sa main dextre, une brume s'éleva, semblant écouter ses paroles afin de se mouvoir tel qu'il le souhaitait. Un portail se forma à partir de celle-ci. Une fois achevé, il l'invita à le traverser d'un signe de la tête. L'enfant hésita, ses intentions étaient claires, elle ne le prendrait pas. Pas sans lui. Bien. Il s'avança jusqu'à la manifestation de brume, s'arrêtant avant d'y disparaître, la Liche lui tendit sa main pour qu'elle le rejoigne. Les Îles Obscures les attendaient.
Lorsque les mortels n'avaient plus rien à lui apporter, les légendes entourant cet archipel ont accaparé toute son attention. Le poussant à laisser derrière lui tout ce qu'il avait accompli jusqu'ici, c'est-à-dire bien trop peu de choses. La créature se souvint avoir vidé les caisses de cette confrérie, être allé à Bilgewater et avoir convaincu une âme remplie de dette à rejoindre ces lieux sacrés. Plus il s'y approchait, plus son âme s'extasiait face à ce qu'elle avait à lui offrir. À leur offrir. Embrassant cette libération d'une manière si particulière de son propre Requiem qu'il entonnait dans la fascination et la contemplation. Ces lieux lui avaient offert le don de l'existence éternelle et celui de l'offrir à quiconque l'enviait.
La mort avait vu en lui son plus fervent messager.
- - -
la patrie est là où se trouve le cœurSon chœur est celui pour lequel il compose, pour lequel il chante, pour celui qui accueille ses fidèles, ses âmes qu'il libère du joug de la vie afin de leur offrir la beauté de l'inéluctable. Oui, fervent défenseur et représentant de la mort, il est devenu de son plein gré l'émissaire des Îles Obscures, archipel dont les limbes apathiques et les bénédictions de la mort y étaient gâchés, ainsi, il se sentit obligé de devoir les galvaniser, de lever une croisade destinée à apporter la beauté de l'au-delà aux vivants, de mettre un terme aux souffrances de la mortalité, et ainsi, d'initier un âge glorieux de non-mort.
- - -
la magieDe la nécromancie, une énergie mortifère, un blasphème pour la vie elle-même que lui-même exècre, pensant à tort ou à raison que cette fausse lumière, cet espoir, cette tendance aux sentiments n'était qu'une source intarissable de souffrance. Ainsi pourvut de cette énergie maladive, et d'un chant envoûtant porteur de présages funestes, la Liche offre à
presque quiconque croise sa route une mort salvatrice enveloppée de cette Brume ténébreuse.
Peu importe quel pouvoir incombe les vivants qu'il rencontre, la Liche ne fait pas de discrimination, tout comme sa muse. Tous connaîtront la douce étreinte de l'inéluctable, que ce soit de gré ou de force, dans l'immédiat ou dans de nombreux siècles. Toute chose à une fin parmi la mortalité et la mort ayant tout son temps, il compte bien offrir à chacun d'entre nous les beautés de cette délivrance éternelle.
- - -
la brume noireSa muse, celle qui lui a offert toutes les réponses à ses questions, celle qui lui a tendu les bras à son arrivée afin de faire de lui leur plus fervent messager, celle qui lui a permis de partager cette bénédiction avec toutes les âmes de ce monde. Qui qu'en soit l'auteur et le commanditaire, ce roi... Elle n'en était que source de magnificence et de ravissement, hélas, bien trop longtemps ignorée et sous-exploitée.
Normalement restreinte à son archipel, léchant parfois les Îles de la flamme bleue, son expansion était une nouvelle qui le remplissait de joie, enfin... à sa manière. Trahissant une puissance dormante qui s'était enfin manifestée, encore légère peut-être, et pourtant, il pouvait la sentir se répandre peu à peu à travers Runeterra, un sourire inexistant marquant ses lèvres décharnées. Une nouvelle fois, il le sentit au plus profond de son être, il se devait d'être là, de l'accompagner et de la guider afin de rallier chaque âme à sa gloire absolue.
- - -
relationsMordekaiser : un nom que tout noxien a appris à craindre, et bien que les histoires sur sa légende ne sont jamais en accord, la Liche doit bien lui concéder une chose : il offre un but aux âmes dont il a pu s'emparer. Or, si un jour sa soif de conquête venait à le faire tomber définitivement, Karthus se promet d'être là le moment venu afin d'offrir un sens à son existence, et la paix dont il n'a jamais su profiter.
Thresh : un éternel tortionnaire qui emprisonne l'âme de ses victimes dans sa lanterne impie pour les faire souffrir à jamais. Inutile de préciser que le Héraut de l'au-delà ne peut supporter ce dément qui se ferait une joie de lui rire au nez s'il venait à lui faire la moindre remarque.
Yorick : un moine guidant les âmes dans l'au-delà, un fossoyeur creusant une tombe pour chaque mort, un esprit érodé luttant contre la Brume Noire. L'émissaire des Îles attend avec une certaine patiente le jour où il lâchera prise et se laissera étreindre par l'inéluctable.
Soraka : fervente adepte de la vie et protectrice des souffrances qui l'accompagnent, cela n'est pas vraiment pour lui plaire, mais elle a au moins le bon sens de ne pas retenir ceux qui ne veulent pas de son aide.
Kindred : apporter la mort sans laisser les âmes profiter de leur existence éternelle.. À ses orbites, cela reviendrait à composer une chanson qui n'aurait pas de sens.